jeudi 1 mai 2025

Bon anniversaire ?


77 ans âge limite d’abonnement au journal Tintin, et dernier anniversaire de l’état d’Israël ?

Sûr que nombreux de par le monde sont ceux qui le souhaitent (je connais même un zouave qui « diagnostique » ainsi la situation…mais à part l’attifement des dits il ne lui manque pas grand-chose…),

Et probablement que ceci était le rêve le plus intime des malades du hamas qui n’ont pas hésité pour sa réalisation à programmer le sacrifice de 75% des habitations de la bande de Gaza et de près de 50 000 de ses habitants.

Et on pourrait se demander si l’état de déchirement interne du paysage politique du pays, lancé près d’un an avant ce tragique 7 octobre, et à peine interrompu par la guerre n’oeuvre pas activement à cette triste fin.

Mais.

Il y a quand même un mais.

Ne manquent pas les analystes politiques pour déraciner les idées de mon triste zouave rouennais et les hauts parleurs du bds et pour regarder une situation moyen orientale plus optimiste : le conflit actuel, le plus long qu’ait connu le pays depuis sa création ne se déroule en fin de compte que contre une très faible partie du monde arabe, surtout si on compare à 1948, le niveau de développement de ce si jeune état reste impressionnant à tous les niveaux, et il convient de rajouter le paramètre qu’aucun des dignes universitaires que l’on lit ou écoute ne prend en compte : celui de l’examen de la situation au plan juif stricto sensu.

Malgré toutes les allégations antisionistes, au nom desquelles l’état d’Israël serait uniquement un colonialisme, pire encore le dernier colonialisme encore en activité, il est impératif d’estimer notre situation non à travers ces analyses, non à l’aune de comparaisons de notre situation par exemple avec l’indochine ou l’Algérie, mais avec un regard en profondeur.

Le peuple juif - n’en déplaise à de tristes Shlomo Sand - a trois mille cinq cents ans d’existence derrière lui et entre autres un gigantesque bagage intellectuel, au centre duquel se tient la Bible mais aussi et non moins le talmud et toute la littérature rabbinique, que l’on pourrait facilement chiffrer en centaines de milliers de pages si ce n’est plus.

Tandis que la France de la séparation de l’église et de l’état regarde tout cela avec un regard écoeuré (littérature religieuse fi ! ), un regard un peu plus fin (un tout petit peu de finesse uniquement est ici requise) permet de considérer ce patrimoine comme un trésor, si ce n’est comme une des principales sources du développement intellectuel, sociétal, moral du monde occidental.

Le fait que cette littérature (magistralement ignorée au double sens du terme par tous ces brillants analystes antisionistes) n’ait pas disparu est en soi un tour de force que l’on doit très probablement au religieux (ce sont les étudiants des yechivot qui ont non seulement lu et conservé mais aussi developpé cette littérature au fil des siècles).

Mais l’existence de l’etat d’Israël est le joker de ce trésor.

C’est grâce à son existence que tout juif au monde, et potentiellement tout individu au monde si il le souhaite, peut aujourd’hui prendre connaissance de ce bagage, le lire, l’étudier et lui aussi l’élargir. Et cela se produit ! Dans toutes les structures qui se sontmises en place et considérablement développées non uniquement en Israël mais très certainement du fait d’Israël, que cela soit au niveau orthodoxe, ultraorthodoxe ou conservative et religieux pour le versant « religieux » , ou au niveau universitaire où d’énormes quantités d’étudiants et de chercheurs consacrent leur vie à lire, étudier, et eux aussi, élargir ce bagage.

Et je ne parle pas de la composante linguistique, qui est bien entendu la pierre d’angle de cet édifice qu’est l’état d’Israël.

On y parle hébreu ! On y parle la langue de la Bible, la langue des Prophètes ! Avraham a vécu il y a 3500 ans, Moïse à peine moins, Ezechiel il y a 2650 ans et notre langue pour acheter à l’épicerie ou pour écrire prose et poésie est la leur !

Cette langue n’est pas seulement parlée par le peuple, mais par ses composantes qui ne se sont retrouvées que grâce à l’existence de ce pays.

Les juifs d’Irak, d’Ethiopie, de Russie, de France, d’Afrique du nord, se connaissaient-ils jusqu’au mouvement sioniste ?

A ma connaissance, le premier lieu où des juifs ashkenazes et sefarades se sont cotoyés est la France depuis 1961, mais Israël est le premier véritable lieu de leur remise ensemble…au point que de plus en plus nombreux sont les analystes qui considèrent le clivage ashkenaze sefarade comme dépassé.

L’état et le peuple israélien sont une véritable renaissance des composantes de l’identité juive et il est clair que c’est ce qui est le véritable moteur de ce développement prodigieux qui s’est réalisé ici en si peu d’années.

Malheureusement, la situation de laquelle j’écris ces lignes est une situation de guerre, de conflits, de clivage.

Guerre avec le hamas. Sommes-nous en guerre contre les palestiniens ? Probablement un petit peu. Ils sont le bastion du monde arabe qui n’a pas renoncé à s’opposer à l’existence de l’état d’Israël. Mais c’est principalement la mouvance hamas-frères musulmans-islamiste qui nous fait la guerre. Non guerre d’opposition a un quelconque colonialisme, guerre de religion.

Les deux millions d’arabes israéliens ne sont pas en guerre. La vie avec eux se poursuit. Elle n’est pas entièrement normalisée, mais ceci est vraisemblablement en cours.

Clivage intra israélien ? Peut-être celui-ci serait bien le plus grave de nos problèmes.

Comme dans le cas du hamas, ce sont les extrémistes de la situation qui l’enveniment, et ils sont malheureusement depuis la dernière consultation électorale au devant de la scène.

Peut-être la solution viendra-t-elle d’initiatives comme « le quatrième quart » qui tente de gérer ce quatrième quart du premier siècle de l’existence de l’état, à coup de rencontres, colloques, discussions, avec comme rèsolution de départ de donner plus d’impact aux 80 % des sujets sur lesquels seraient d’accord l’ensemble des citoyens qu’aux 20% qui les séparent.

Joli programme, à l’image de ce que ressent tout israélien je pense : cette population est bonne. Ce mixage a réussi, si on en juge au degré de solidarité, de bénévolat, de bonne volonté ambiants, composante qui paradoxalement paraît entièrement distincte de la représentation politique.

Il faudrait en déduire ce que beaucoup savent déjà : la démocratie est peut-être le moins mauvais système de société créé jusqu’ici mais il ne fait pas émerger les meilleurs, sinon ceux qui ont les coudes les plus aiguisés, et savent très bien mettre de côté la moralité, la rigueur, autres valeurs…ancrées dans le bagage ci-dessus mentionné.

Et les palestiniens de Gaza ? Ils sont apparemment le malheureux dindon de toute cette tragédie qu’on aurait bien préféré qu’elle ne soit qu’un débat, ou une farce..

Il n’y a en Israël pratiquement aucun apitoiement pour la guerre à Gaza, destruction et victimes humaines, et cela pose peut-être question.

Aucun doute que la principale réponse est le 7 octobre. Ils ont vraiment commis une énorme erreur, en plus d’un énorme massacre barbare ce jour. Ils ont attiré toute l’armée israélienne sur leur minuscule et surpeuplé territoire, et ils ont aussi creusé les tombes de la considération interpersonnelle de la part des israéliens.

Le hamas ne les a pas seulement ignorés pendant ces 18 ans de pouvoir durant lesquelles il n’a creusé que des tunnels offensifs, et n’a pas oeuvré pour la population autrement qu’en cultivant sa haine pour Israël et les juifs, il les a en fin de compte sacrifiés sur l’autel de son extrémisme religieux barbare.

Puisse cette 78 ème année qui s’ouvre aujourd’hui être une année de reprise, de réoptimisation de la situation, que les otages encore à Gaza reviennent bientôt, et que les morts de cette guerre non encore achevée ne l’aient pas été pour rien.