vendredi 3 novembre 2017
Le judaïsme de la 621ème mitzva.
Le judaïsme est défini par la notion de mitzvot, qui sont des valeurs intégrées et converties en devoirs.
Avraham aurait donc été le premier à répandre cette façon d’être, son histoire se trouvant rattachée à une alliance avec le créateur, alliance transmissible à qui entérinera ce message avant tout moral.
Les années et l’histoire ont accompli leur oeuvre et s’est développé petit à petit « le judaïsme » du double fait de la mise en place d’une descendance distincte et organisée en famille puis en peuple, et du message écrit et porté par ce peuple, nommé Torah en premier temps puis enrichi au fil des années de toute une littérature.
Le troisième pendant à cette identité est son rattachement géographique à la terre d’Israël, en trois temps, temps des patriarches, temps des hébreux puis époque du sionisme.
Des intellectuels comme le rav Kook, grand rabbin de Palestine jusqu’en 1935, et grand contributeur moderne au bagage juif, ont ainsi conceptualisé le judaïsme comme pourvu de trois composantes peuple d’Israël, Torah d’Israël et terre d’Israël.
En parallèle de cela joue un rôle majeur le lien aux autres familles de la terre, que cela soit quand Israël se trouve sur sa terre, ou quand il en est chassé et exilé.
C’est une dynamique de compétition, de jalousie, de rivalité, dont les juifs trouvent l’origine dans les liens familiaux des pères fondateurs de la nation, encore avant l’epoque des trois patriarches mais surtout depuis lors.
Le christianisme qui se met en place peu après la destruction du temple de Jerusalem par les romains en 70 de notre ère, et qui se développe à partir de Rome et de l’Europe, où se sont trouvés exilés bon nombre de juifs, proclame son identité comme « verus Israël », autrement dit le véritable descendant et héritier du message biblique, les juifs, ne reconnaissant pas Jésus comme le messie ayant de ce fait fait fausse route et ayant ainsi provoqué leur propre perte.
Les rabbins du talmud, préoccupés de la survie du judaïsme même en situation de totale dispersion de ses membres, font passer le judaïsme d’une phase nationale à une phase a-géographique et mettent en place tout un système de pratique des mitzvot, comptabilisant celles mentionnées dans la Torah, et ajoutant encore quelques unes, pour aboutir à un nombre de 620.
Être juif, jusqu’à l’émancipation consiste à rester rattacher génétiquement au peuple et à pratiquer ces mitzvot.
La rivalité avec le peuple juif devient chronique et donne lieu à deux mille ans de tribulations et d’épisodes d’antisémitisme plus ou moins discriminatifs, plus ou moins sanglants.
Les choses prennent une nouvelle tournure avec Hertzl et la naissance du sionisme, né de cet antisémitisme et des restes de l’attachament multiséculaire à Jérusalem, mentionné par les juifs pratiquants plusieurs fois par jour (quatorzième bénédiction de la amida dite trois fois par jour, sans compter les différentes fêtes du calendrier dans lesquelles Jerusalem a toujours une place).
Cette nouvelle tournure est celle d’un renouveau incontestable et massif et fulgurant du judaïsme.
Cent ans après le premier congrès sioniste réside déjà en Israël un peuple de plusieurs millions d’habitants, composés de juifs de toutes les provenances, cent vingt ans après (c’est à dire de nos jours),le pays compte déjà plus d’habitants que plusieurs pays d’Europe, plus de juifs qu'en dehors du pays, et est le lieu d’un énorme élan démographique, technologique, scientifique, culturel et intellectuel.
Une petite partie des habitants, mais dotée d’un très fort poids démographique reste farouchement rattachée à la pratique antérieure au sionisme, niant même ce dernier pour bon nombre d'entre eux, le gros du peuple vit une vie de modernisme sans se sentir trop concerné par la place à donner au judaïsme dans leur quotidien, tandis qu’une autre partie des habitants de ce même pays voient dans son organisation, son développement, le lieu privilégié de la mise en place de ce qui est contenu dans les livres, de ce qui a été pensé et réfléchi sans discontinuer au fil de plus de trente siècles.
Cet « agenda » s’articule en termes de politique tout autant qu’en terme de recherche au sens académique du terme mais fait déboucher sur un très fort clivage du monde juif.
Tandis que les juifs d’Israël vivent un judaïsme quotidien qu’ils le souhaitent ou non, et ont à leur porte la possibilité de participer à son épanouissement, les juifs de diaspora se retrouvent pour leur énorme majorité complètement relégués dans le sillage d’un batiment qui avance de plus en plus vite et avec lequel la distance ne cesse de s’accroître.
Ils ne dominent pas la langue, et surtout perdent pour ainsi dire chaque jour du terrain, leur quotidien ne croisant le judaïsme que très occasionnellement. En fait, la plupart d’entre eux sont confrontés à leur judaïsme presque uniquement par le biais de l’antisémitisme et de ses vagues. Certains s'accordent même le luxe d'être farouchement "anti', qui "antireligieux", qui "antisioniste", n'ayant nullement conscience du caractère hautement nocif de leur attitude.
Tandis que les habitants d’Israël, nullement débarassés de la menace de l’antisémitisme s’y mesurent de façon structurée, diplomatique et militaire principalement, ce qui ne met plus ni le judaïsme en danger, ni ses membres tant que l’équilibre militaire est en leur faveur, les juifs de diaspora se retrouvent involontairement à avoir presque changé d’identité, à vivre un judaïsme inféodé principalement à la question de cet antisémitisme : le combattre, y résister, le subir, le mesurer, veiller sur la profanation des cimetières, à la création de lieux du souvenir (jardins, musées, monuments), et à celle de l’assimilation. Le premier combattant agressivement, et le second en douceur, mais non moins violemment pour ce qui est des résultats.
Leur judaïsme est celui de la 621ème mitzva, celle de la préservation de..
De quoi en fait ? La plupart d’entre eux ne savent déjà plus répondre à cette question
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