Lire la presse et y découvrir, exception, un article où
les déclarations des politiques ou des humanitaires ne sont pas
qu’empoisonnements, par exemple ce billet de Jean Quatremer dans Libération il
y a deux jours.
Mais il fait plutôt office d’exception qui confirme la règle que signe que l’information peut montrer un éventail.
Que peut un tel billet contre un éditorial du Monde (le Monde ou l’immonde ?) où on peut lire que Tsahal a repris ses manoeuvres dans l’hôpital Shifa, d’où émane une presque directe condamnation : « Ils recommencent à s’attaquer aux hôpitaux ! » dit-on à peu près automatiquement dans les chaumières.
Pourquoi ne serait-il pas écrit pour décrire le même item : « Tsahal
contraint à ré-intervenir dans Shifa où le hamas a aussitôt réinstallé tout son
artifice guerrier (munitions, bureaux, combattants dissimulés parmi les malades
et les salles de soins voire d’opération » ? Et pourquoi les chiffres
abracadabrants du nombre de terroristes trouvés (éliminés + arrêtés), de la
quantité d’armes trouvées ne sont-ils pas repris et publiés ?
Que peut un billet de Libé, petit (même si un peu grand) journal français face
à la déclaration de la soi -disant impartiale déléguée de l’ONU aux affaires
palestiniennes (dont les accointances palestiniennes ne sont que secret de
polichinelle) selon laquelle « de nombreux éléments attestent d’action
génocidaire de la part d’Israël à Gaza ?
C’est l’édito du Monde qui se termine sur le fait (marginal probablement) que
les palestiniens seraient aujourd ‘hui 6,5 millions. Alors qu’ils étaient
500 000 il y a 75 ans ! Comme génocide, on a déjà fait mieux !
Mais le citoyen lambda, plus abondamment abreuvé d’éditos et de déclarations
internationales, plus facilement sensibilisé par les photos d’enfants en
guenilles et en quête de pain que par la vague conscience (depuis longtemps
effacée - à dessein ?) des massacres du 7 octobre, des bombardements
innombrables, du déplacement massif de populations, de très nombreux morts et
blessés parmi la population de soldats, soldates et réservistes, est bien plus
facilement porté à condamner Israël, quand ce n’est pas à reprendre les slogans
qui ne sont pas moins qu’appels à sa disparition.
La vague d’antisémitisme générée par cette guerre (la plus longue depuis la
création de l’état) est sans précédent. Sans précédent si on la met en présence
de cette situation d’un Israël non agresseur mais agressé.
Il n’est apparemment pas convaincant de rappeler qu’Israël n’a pas cherché
cette guerre, qu’Israël n’occupe plus Gaza depuis 2005, que le
« blocus » ne concerne que les armes (blocus d’ailleurs plus
inefficace que toute passoire). Pour la propagande pro-palestinienne, soutenue
par de grands noms intellectuels et politiques, le 7 octobre n’a été rien
d’autre qu’un mouvement spontané de réaction populaire à l’oppression.
L’opinion qui croit ce mensonge oublie soigneusement de demander comment la
population gazaouite est-elle encore affamée alors qu’un gouvernement assisté
d’énormes fonds internationaux est aux commandes sur le territoire depuis près
de vingt ans, comment n’est-elle pas protégée alors qu’ont été creusés
plusieurs centaines de kilomètres de tunnels, plus quelques
« détails » comme par exemple que c’est Israël qui a construit
l’hôpital Shifa entre autres…
Ceci ne conduirait-il pas directement à conclure que c’est d’antisémitisme
qu’il s’agit bel et bien ?
Comment comprendre autrement la singulière absence de condamnation générale du
hamas de ce qu’est la situation de Gaza, situation de pauvreté, situation
d’absence de protection des civils, situation de tirs sur pays souverains
depuis écoles, agences UNRWA et hôpitaux ?
Comment supporter ce doigt accusateur contre un pays qui se bat pour retrouver
134 personnes ayant été kidnappées depuis leur maison, leur territoire
souverain, ayant été depuis honteusement retenues prisonnières et
vraisemblablement maltraitées quand ce n’est pas abusées sexuellement, quand ce
n’est pas exécutées ?
Comment comprendre cet acharnement tellement sélectif, tellement incomparable
au mode de couverture médiatique dont jouissent d’autres contextes mondiaux
(résolutions à l’ONU, condamnations, plaintes à La Haye sont incomparablement
plus nombreuses contre Israël que contre n’importe quel autre pays au monde.
Combien de condamnations et de plaintes relatives aux tuttsis ? Relatives à la
guerre en Syrie ? Relatives à l’invasion russe en Ukraine ? Relatives aux
mesures turques contre les kurdes, et à Chypre, relatives aux emprisonnements
en Chine et la liste d’exemples est interminable) ?
Comment comprendre le si mineur concert de critiques à l’égard du sort dévolu
aux palestiniens depuis un siècle ? L’intérêt pour leur situation est réduit
aux condamnations à l’encontre des implantations mais celles-ci sont-elles au
centre de ce qui devrait être résolu ?
Pourquoi devraient-ils être encore des
réfugiés ? Pourquoi avec les sommes d’argent collectées, versées, la population
de Gaza devrait-elle être restée si démunie, si vulnérable ? Qui pointe un
quelconque doigt accusateur de cette situation à l’encontre de leurs dirigeants
? À l’encontre de l’UNRWA ? À l’encontre des pays arabes ?
Comment comprendre que ce concert accusateur contre Israël vient prendre toute
la place et avoir complètement fait disparaître d’autres éléments tellement
plus majeurs, plus frappants, comme par exemple combien Israël, ce pays né ex
nihilo s’est non seulement développé en nombre mais aussi en qualité de vie
ainsi qu’aux plans scientifique, médical, de percée technologique, moral, combien
ce pays a fait renaître une des plus anciennes langues de l’humanité (quand
j’étais enfant l’hébreu était classée parmi les langues mortes), combien
l’étude de la Torah, du talmud, de l’ensemble des textes de la tradition y est
intensive, prolifique, combien s’y réalise un mixage ethnique et culturel qui
n’a son pareil nulle part ailleurs dans le monde ?
Enfin, comment semble encore et encore se reproduire l’inversion des faits ?
L’armée israélienne porte le nom d’« armée de défense d’Israël » et
elle est accusée au quotidien de ses agressions, même quand elles sont
défensives le plus clairement comme par exemple dans la situation actuelle
d’une guerre déclenchée par une invasion meurtrière depuis le territoire
gazaoui. C’est Israël qui est soupçonnée à voix haute et répétitive d’action
génocidaire alors que c’est cette attaque du 7 octobre qui l’était ouvertement,
alors que la barbarie et la façon dont ses perpétrateurs s’en sont vantés
étaient choquantes à tous points de vue, et alors que personne en Israël ne se
vante de tels actes, c’est une supposée barbarie israélienne qui est sur le
banc des accusés à la haute cour internationale de justice. Alors que les viols
du 7 octobre ont pratiquement été relayés vers le monde entier par les
coupables eux-mêmes et en direct, alors que les témoignages directs ont été
entendus, il a fallu que des voix (y compris soi-disant féministes) expriment
leurs doutes sur la véracité de ces faits, puis que soient colportés des bruits
comme quoi les soldats israéliens auraient eux commis de telles actions…
Il y a autour de ce triste théâtre plusieurs catégories de protagonistes. Il y
a les coupables, les victimes, les soldats, les autorités civiles et militaires
nationales et internationales. Il y a aussi les médias, et il y a les
prédicateurs, les engagés de diverses sortes.
Si les coupables le sont ou non, si les victimes le sont ou non c’est l’affaire
de la justice. Les autorités doivent répondre de ceux qui leur sont
subordonnés, mais il est clair que leurs intérêts sont menacés par de tels
faits. Les médias et les engagés eux ne sont menacés par rien et cherchent à
soutenir un camp et enfoncer l’autre.
Et on ne peut s’empêcher de s’interroger sur ce qu’avalise le monde entier
depuis au moins 76 ans, c’est à dire depuis la création (votée à l’ONU) de
l’état d’Israël : le monde qui a mis en place l’UNRWA, c’est à dire un organe
qui a vocation de s’occuper des « réfugiés palestiniens », de père en
fils, c’est à dire, en fait, jusqu’à ce qu’aura disparu l’état d’Israël, un
organe dans les écoles duquel on enseigne une carte du monde dans laquelle le
mot Israël n’apparaît pas, une histoire du monde dans laquelle la shoah n’est
pas mentionnée, au contraire de la bravoure des combattants palestiniens tuant
le soldat sioniste, ce monde est opposé à l’existence même d’un état juif.
Et les meilleurs représentants, les plus militants, de ce point de vue sont
ceux que l’on appelle aujourd’hui islamo-gauchistes, et les plus militants de
cette frange politique sont des juifs. Ces gens sont ceux qui ne voient aucun
antisémitisme dans l’attaque du 7 octobre, ces gens sont ceux qui participent à
la rectification de l’histoire encore avant que les canons ne se soient tus,
ceux pour lesquels Israël est l’agresseur, Israël s’attaque aux écoles et aux hôpitaux,
Israël affame la population de Gaza, Israël bombarde la population de Gaza,
qui, la pauvre n’a nulle part où se protéger… quand les milliards qui ont été
versés n’ont jamais eu d’autre utilisation que la préparation de la guerre afin
de détruire l’état d’Israël, et quand ces milliards ont entre autres été
investis dans la construction de kilomètres de souterrains.
Peut-être est-il temps que de tels articles cessent d’être des exceptions ?
peut-être est-il temps que se fassent mieux entendre les voix de ceux qui
pensent autrement la réalité et l’avenir ? Peut-être est-il temps que le rôle
des médias (re)devienne un rôle d’information permettant l’ouverture des yeux
du monde de ses lecteurs, auditeurs et spectateurs…
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