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Palmes est un lieu-dit qui
figure sur les cartes détaillées uniquement. Palmes, est indiqué depuis
l’entrée de l’adorable petit village de Campoussy comme « chemin de
Palmes », « château et chapelle », indiqué par la municipalité
alors que le lieu est privé, non ouvert au public.
Le Château et la Chapelle sont peu éloignés l’un de l’autre, au milieu d’un énorme
espace planté de résineux et de divers autres arbres pour une part, et parsemé
de cistes pour une plus large surface, au point qu’à la période de floraison,
en juin, la montagne parait couverte de neige.
Depuis les alentours du château, ou de la
chapelle, on voit au loin Campoussy, Sournia un peu plus important, et quelques
rochers les uns ordinaires, les autres plus particulier, tel celui qui
ressemble à une mâchoire de crocodile, ou cet autre, le Roc
Cornut, comme posée en équilibre sur un socle, sur lequel un homme seul pouvait
aisément la faire se déplacer jusqu’au jour d’orage où la foudre lui est tombée
dessus, l’immobilisant pour toujours, mais on distinguerait difficilement une
présence. Paysage désert…aujourd’hui en 2021. Combien cela devait-il être encore plus vide en 1944, quand, en plus la route, la
seule route qui relie cette montagne à Prades, n’était qu’un chemin rocailleux.
La chapelle St Just & St Pasteur est du douzième siècle. S'y perpétue – en privé - la tradition de la
Pentecôte avec une cérémonie annuelle réservée aux membres de la famille
propriétaire des lieux et aux proches. A l’arrière de la chapelle, deux cèdres qui furent
plantés il y a quelques 80 ans par la famille (pour les fiançailles de Georges
Jaubert et Marie Rotgé me précise-t-on).
A l’intérieur de la chapelle, un autel en
pierre, quelques colonnades sous l’alcôve, et quelques statues récentes, la
plus remarquable en l’honneur de Jean-Baptiste, se trouve là, don de Jeannot
Soler, en reconnaissance d’avoir survécu à un terrible accident de voiture en décembre
1946.
Jeannot Soler (Sous lieutenant FFI) ainsi que ses parents qui avaient le métayage de Palmes,
ainsi que Michel Perpinya, qui avait 14 ans et logeait en partie à Palmes, en
partie à Mosset, étaient les occupants fixes du château cet hiver de 1944,
quand les soldats allemands firent irruption la nuit du 22 février, nuit de la
mi-carême, dans la petite maison du 1 rue Nationale - nommée de nos jours général de Gaulle - à Prades, maison dans
laquelle vivaient depuis 1940, les familles Fliederbaum (Salomon et Rachel ,
Borenzteijn (Eva et Bernard et leur fils Jeannot), et Friedman (Lonia et sa
fille Odette).
Toutes ces neuf personnes survécurent à cette
irruption grâce à la cachette qu’avaient aménagée pépé (Salomon), Bernard
Borenzteijn et monsieur Sala), pendant les quelques 18 mois où les deux premiers
n'avaient dû ni sortir ni se montrer, suite à l’invasion de la zone libre par
les allemands ainsi qu'une chambre prise sur l'espace du grenier. Dans la
chambre put se réfugier plusieurs mois un neveu des Sala, François, dont le
père se livrait à Cerbère à des opérations illégales aux yeux de la gestapo.
La cachette ne servit qu'une nuit…mais rien n'eut pu mieux justifier sa
création.
Les allemands cherchèrent les habitants de la
maison, menacèrent Jeannot - qui était lui dans son lit - de leurs armes,
interrogèrent les Sala - qui habitaient aussi la maison mais n’étaient pas
juifs et n’intéressaient donc pas les soldats -, et repartirent bredouilles…non
sans avoir mis les scellés. La famille était sauve mais le lieu était grillé.
Quelqu’un dénommé "Monsieur de Prades"
dans les souvenirs d'Irène (était-ce Charles Bauby ?) suggéra que la famille parte
se cacher à Palmes.
Lonia et Odette (grâce à un autre voisin du nom
de Marceau) étaient sous la protection de mademoiselle Quès, institutrice, et
se cachèrent chez elle au village de Vinça, sur la route de Perpignan. Mémé (Rachel) et ses deux
filles (Mathilde et Irène) furent abritées une semaine dans la maison des
Salvador. Les Salvador étaient proches du groupe depuis l'arrivée à Prades.
Lui, employé à la mairie, elle, Juliette, directrice de l'école maternelle et
bibliothécaire de la bibliothèque municipale, de laquelle Lonia était une
lectrice assidue. Joseph Salvador, dont la fille Renée était en classe avec
Mathilde, travaillait à la mairie et il leur procura des fausses cartes
d'identité, avec lesquelles elles partirent tenter de retrouver un représentant
par qui elle pensait pouvoir se faire aider, ce qui s’avéra une fausse piste.
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Salomon (pépé) et Rachel (mémé) Fliederbaum avec Mathilde et Irène. |
Ceux qui ne pouvaient
prendre le risque d’être vus au grand jour, pépé (Salomon), et les Borenzteijn
auxquels se joignirent Shlomo Borenzteijn et Léni (la fiancée de Jacques
Borenzteijn qui se trouvait depuis deux ans en Espagne), partirent pour Palmes.
La chapelle, en principe inutilisée et fermée
était un des
lieux de réunion des maquisards de
Rabouillet-Sournia (aussi nommé« Maquis de Sansa» qui participera à la
libération de Perpignan le 18 Août 1944). Le
château, qui n’était en fait plus qu’un donjon du moyen-âge auquel étaient
adossées quelques espaces dont une bergerie, était habité par les Soler, deux
parents leur fils, Jeannot, alors âgé de 18 ans, et Hugo, ami de Jeannot.
Au fil de l’hiver et du printemps, Rachel et ses
filles, ainsi que Lonia trouvèrent finalement à s’installer à L’Isle Jourdain,
tandis que les habitants de Palmes se tenaient dans la clandestinité, tenus au
courant de l’évolution de la guerre en particulier par Jeannot Soler qui allait
tous les jours à Campoussy, un peu aux courses, surtout aux nouvelles.
Tout le monde attendait alors le débarquement
des alliés qui n’en finissait pas de ne pas se produire, malgré de nombreux
signes avant coureurs.
C’est début juin que la partie de famille de
L’isle Jourdain reçut un message de ceux de Palmes : « venez nous
rejoindre, nous partons en Espagne » !
L’Espagne est relativement proche de Prades et
ses environs. 35 kms à vol d’oiseau. Et beaucoup de gens passèrent la frontière
par les montagnes, dans le sens Espagne-France au moment de la guerre d’Espagne
en 1936, ou comme Pablo Casals fuyant le régime franquiste en 1950, et dans le
sens France-Espagne pendant la guerre de 39-45.
C’est ainsi qu’Yvette et ses parents, Yehiel et
Malche Buzyn, n’étaient plus à Prades alors qu’ils y avaient aussi atterri
après la rafle du vel d'hiv de juillet 1942. Ils étaient passés en Espagne,
poursuivant après vers le Maroc où ils vécurent jusqu’à la libération. C’est
ainsi que se trouvait en Espagne Jacques Borenzteijn, frère de Bernard et de
Shlomo, qui réussissait - enfin, de son point de vue - à les faire se décider à
tenter le passage.
Ce n’était pas un passage de tout repos. Les
Pyrénées ne sont pas terriblement enneigés l’hiver mais le climat est rude.
C’est la montagne. Et puis les allemands surveillaient farouchement la
frontière.
Rachel reçut la carte et se mit immédiatement en
route. Non pour se joindre au convoi comme l’y invitait Salomon. Pour s’opposer
au convoi.
Elle avait la conviction intuitive qu’il ne
réussirait pas. Ayant déjà rêvé en janvier 44 que quelqu’un lui disait :
« à la mi-carême, ils viendront vous chercher », et la
« prophétie » s’étant tristement réalisée, elle était loin de prendre
son intuition à la légère. Les discussions au sujet de l'Espagne existaient
entre les membres de tout ce groupe depuis 1940, et le groupe était clivé.
Jacques était le "chef" du pour, Rachel, le "chef" du
contre.
Elle et les filles firent donc tout le trajet (215
kms qui sont le contraire d’une autoroute fréquentée), en autocar, train, autocar
et voiture à cheval, pour atteindre finalement Palmes le 5 juin dans
l’après-midi.
Il n’y avait que peu de temps, le passeur ayant
annoncé que le lendemain matin était le jour propice au passage et qu’ils
partiraient aux aurores.
La discussion fut âpre. Seul Salomon se laissa
convaincre. Les autres partirent.
Et le sort voulut que ce jour était celui du
débarquement. Irène se souvient de Jeannot Soler revenant surexcité de
Campoussy, essoufflé et criant « les alliés sont là ! », tandis
qu’Irène, âgée alors de 13 ans, les cherchait des yeux alentour et ne parvenait
pas à les apercevoir.
La nouvelle s’était répandue comme une trainée
de poudre…si bien qu’un gradé du bureau de la gestapo de Prades jugea que le
moment était venu pour lui de déserter.
Les allemands entreprirent de le chercher,
lancèrent toutes leurs troupes à sa poursuite…et c’est le petit groupe des
Borenzteijn qu’ils trouvèrent, et arrêtèrent.
La cerise sur ce tragique gâteau est qu’à leur
vue, Eva s’évanouit de frayeur et disparut dans les cistes. Les allemands ne la
virent pas. Quand elle revint à elle, il n’y avait plus personne aux alentours.
Elle n’osa pas retourner à Palmes et se rendit tant bien que mal à un des
proches villages (Sournia ou peut-être Sirach ?) où
une femme du village la recueillit…avant de la dénoncer quelques heures plus
tard.
Les Borenzteijn furent envoyés à Drancy et sont
parmi les 1156 personnes ayant constitué l’avant-dernier convoi pour
Auschwitz, numéro 76, qui partit le 30 Juin 44.
Ne revint que Léni…dans les catastrophiques
états physique et mental que l’on peut imaginer.
Palmes avait tourné au vinaigre. Et en plus, ce
lieu aussi étant grillé, il fallait fuir à nouveau.
Les Soler proposèrent gracieusement leur
appartement de Perpignan, où la famille Fliederbaum finit la guerre avant de
remonter en septembre sur Paris « reprendre la vie normale » ou
plutôt redémarrer à zéro, dans l’ambiance générale de rationnement et de
règlements de comptes.
L’histoire de Palmes resta importante dans la
mémoire familiale, évoquée de ci de là, et ressurgit deux fois.
La première lors de la visite à Jérusalem de
Maurice et Hélène Ruiz, anciens bons voisins de Wissous. Lors du repas
familial, et eux ayant aussi quitté Wissous pour aller s’installer sur les
lieux d’enfance de Maurice, à Villefranche de Conflent, le sujet de la guerre
passée à Prades fut évoqué, ainsi que l’épisode Palmes. Maurice sursauta alors
: « comment connaissez-vous Palmes ? Ma sœur est une des propriétaires de
l’endroit ! ». La demi-sœur de Maurice, Solange, était mariée à Philippe Bauby.
Irène et Henry rendirent à leur tour visite aux
Ruiz, et retournèrent alors à Prades ainsi qu’à Palmes, et rendirent visite à
mademoiselle Quès.
Nous y étions passés l’été de mes treize ans…par
hasard (c’était l’été qui suivait mai 68 et les projets originels n’avaient pu
se réaliser, on opta donc pour Prades) mais les hasards existent-ils ? Jeannot
avait perdu la vie juste après ses treize ans…et un Jean, fils de sa cousine
germaine et meilleure amie de l’enfance, revenait sur les lieux presque
exactement au même âge….
Ils s’y rendirent une nouvelle fois, en 1996,
accompagnés cette fois par Ayala et Ichaï, pour participer à la cérémonie de
remise posthume de la médaille des justes aux Salvador. Ce jour, ils frappèrent
à la porte de la maison de l’avenue du gl de Gaulle, purent entrer…et constater
que la cachette était toujours intacte ! 52 ans plus tard !
Prades aussi était restée centrale dans la
mémoire familiale. Tant de membres de la famille y étaient passés. C’est là-bas
que Yankeleh, premier mari de Lonia, et donc père d’Odette, mourut du typhus suivi
de complications cardiaques et fut enterré à Perpignan.
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Jacques, Lonia et Odette
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Prades, petite bourgade au pied du mont du
Canigou, a ainsi beaucoup d’atouts, et une assez riche histoire. Accueil des
exilés de Menton, accueil de républicains espagnols, accueil de l’exode
parisien, et aussi depuis l’arrivée de Pablo Casals, festival de musique
annuel.
La population parle le français avec le
pittoresque et fort accent du sud, qui laisse entendre le catalan sous jacent.
C’est ici la Catalogne. Les panneaux indicateurs sont écrits tant en français
qu’en catalan…et peut-être le judaïsme y a aussi un passé : sont restés
célèbres dans la tradition de relativement nombreux rabbins d’époques diverses,
depuis rabbénouYonah, tossafiste connu, qui s’opposa au rambam depuis
Perpignan, jusqu’au Méïri dont les commentaires du talmud sont étudiés jusqu’à
aujourd’hui dans de nombreuses yeshivot desquelles les élèves ignorent tout de
l’histoire et de la géographie locale. Certaine tradition soutient que beaucoup
de portugais d’aujourd’hui ont du sang juif sans le savoir, le même principe
s’applique à la Catalogne, et donc probablement aussi à la population de
Prades.
Serait-ce une des sources d’une certaine
tradition résistante ? Eva aurait donc été livrée aux allemands par une dame peut-être de Sournia ( ou Sirach), mais toute la famille a pu vivre à Prades - où la
population les savait juifs, et surtout la famille a pu être protégée et cachée,
à Palmes pour pépé et les Borenzteijn, à Vinça pour Lonia et Odette, même après
l’arrivée des nazis, par les familles Salvador, Bauby, Sala, Marceau, Quès et
Soler. Pour rattacher cette histoire très
privée de notre famille à l’histoire de la résistance locale, Paul Bauby, père
de Laurent, avec lesquels nous pique-niquons ce 1 août 2021, est né à Prades le
15 avril 1944….3 jours après l’arrestation le 12 avril 1944, puis la
déportation vers Neuengamme de son grand-père, le commandant Michel Doutres, qui
a une rue à son nom à Perpignan, pour avoir dirigé sur cette région le réseau
du Vernet avec des actions de résistance face à l’envahisseur nazi.
La deuxième résurgence de Prades se produisit
quelques 20 ans plus tard, alors que j’écrivais quelques lignes de cette longue
histoire dans le blog, et qu’en 2021, je reçus une lettre : « bonjour,
j’ai lu que vous mentionnez Palmes dans votre blog. J’en suis aujourd’hui le
propriétaire, je suis en cours de rédaction d’un livre sur l’historique de la
propriété et je souhaite communiquer avec vous ».
C’est ainsi que j’entrai en communication avec
Laurent Bauby, qui disait tout ignorer de notre histoire, qui disait savoir
assez peu sur le maquis et ses actions pendant la seconde guerre mondiale, mais
qui était très intéressé à entrer en contact.
Je restai assez évasif dans un premier temps :
cette épidémie de covid laissait entrevoir tellement peu de possibilités de
voyage..
Et puis, la population d’Israël à quelques
irréductibles près se vit vaccinée, et une opportunité se profila. Nous
programmâmes un tour par Prades combiné avec un voyage familial dans les Alpes
(les Alpes et les Pyrénées devraient plutôt être les occasions de deux voyages
distincts…650 kms séparant Prades de la Savoie, mais les routes et les
véhicules sont aujourd’hui très maniables et la motivation emporta le morceau).
Je communiquai nos intentions à Laurent Bauby qui déclina dans un premier temps
(il ne serait pas dans la région à notre date de visite, peut-être son père
voudra-t-il nous rencontrer..) puis me fit soudain savoir qu’il serait
finalement là. Peut-être de ce côté aussi la motivation l’avait emporté.
Rendez-vous fut pris pour le dimanche 1er août…avec
initiale proposition de Laurent que nous nous rencontrions près de Palmes puis
que nous allions nous asseoir dans un restaurant. Je répondis prudemment qu’il
nous faudrait un restaurant végétarien et qu’il valait mieux programmer un
pique-nique.
Laurent annonça qu’il préparait « un
pique-nique végétarien » et on aurait pu déjà entrevoir l’ardeur qui était
dissimulée derrière cette platonique annonce.
Ce dimanche 1er août, où nous arrivions d’un
shabbat passé à Carcassonne en compagnie des Renés, on rencontra donc sur la
place de Sournia, à 10h30 du matin, Laurent Bauby, accompagné de son père Paul
et d’un fort sympathique chien.
Après un bref déplacement en deux voitures
jusqu’à l’entrée de Campoussy, là où le panneau municipal indique « chemin
de Palmes, château et chapelle », nous laissâmes notre citadin véhicule
pour nous joindre à nos hôtes dans le 4X4 defender. On entra rapidement dans un
chemin pour lequel il fallait ouvrir une barrière cadenassée et nous
commencions à peine à comprendre.
On arriva rapidement à la chapelle, cadenassée
elle aussi, mais que l’on ouvrit. Elle ne sert donc qu’une fois l’an, et elle
est pratiquement vide hormis quelques bancs et chaises servant à l’annuelle
retrouvaille et l’autel, autour duquel on distingue dans la pénombre quelques
statues, dont celle offerte par Jeannot Soler.
À l’arrière de la chapelle, les deux grands
cèdres, plantés à l’occasion de fiançailles de la famille,
Nous refermons la chapelle, remontons dans la
voiture et reprenons notre itinéraire 4X4 entre les arbres, sur un terrain
accidenté mais que le père comme le fils semblent connaître comme leur poche,
et nous arrivons au château…dont une partie est en ruine. C’est là que nous
pique-niquons, d’un pantagruélique repas…cachère, entièrement préparé par
Laurent et acheté au magasin cachère de Perpignan. C’est arrosé de vin (cachère
également, et il sait que c’est moi qui doit l’ouvrir et le servir), il y a
salades en tous genres, et Laurent est prêt à celle des deux éventualités que nous
choisirons, fromage ou viande (on passe alors du vin rosé au vin rouge), le
tout servi dans de la vaisselle jetable. Il y a dessert (gâteau glacé !),
café…et pousse-café…un armagnac…de 1944 ! Ceci n’a déjà plus de pique-nique que
le fait d’être consommé en situation champêtre et en très chaleureuse ambiance.
Nous aidons Laurent à replier, à recharger les
six à huit glacières dans le 4X4 et reprenons la visite. On passera ainsi par
le rocher crocodile (vu sous un certain angle, on pourrait croire voir une
mâchoire de saurien), par le roc Cornut, pour enfin aboutir au sommet, au col
de Roc
Jalère d’où on voit Prades en bas et le Canigou en
face.
Toute une excursion tant géographique (on scrute
les alentours, on apprend à localiser les villages, à se situer), qu’historique
( ce que faisaient les maquis respectifs, celui qui était plus communiste et
visait à attirer le maximum d’allemands vers l’ouest - la France - de manière à
aider les forces soviétiques, et celui qui était plus d’intérêt anglo-américain et cherchait à informer les alliés tout en provoquant au
minimum la colère de l’envahisseur pour
mieux participer en temps voulu à la libération),
toute une formidable leçon…qui se termine en fin d’après-midi, par l'impression
d'un lien qui s'est créé quatre-vingts ans après n'avoir été que virtuel, et une
séparation que l’on souhaite provisoire.
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Michel zal, et le Canigou |
בתחילת 2021, קיבלתי יום אחד מכתב ובו היה כתוב :
״ שלום, הגעתי אליך בעקבות קריאת הבלוג שלך, אחרי שהתחלתי חיפושים אחרי השם Palmes ואתה
הרי מזכיר את השם הזה. אני הבעלים של המקום (palmes), ואני מחפש לכתוב ספר על המקום הזה שהוא בעל
חשיבות היסטורית, גם על תפקידו במלחמת העולם השנייה, אבל גם בהיותו בן קרוב לאלף
שנה״.
פלמ הינו המקום בו הסתתרו ז׳אנו והוריו, וגם סבא שלי, אחרי
שהגרמנים דפקו בדלת ביתם שבפרד כדי לעצור אותם והם הצליחו אז להסתתר (במחבוא שבנה
פפה). מ״פלם״, בתאריך 6 ליוני 1944 , יום הפלישה לצרפת על ידי הבריטים והאמריקאים,
היום בו התהפכו ענייני המלחמה ובו החלו הגרמנים לסגת מצרפת, בתאריך זה, למר גורלם,
יצאו ז׳אנו והוריו, וגם מי שתהיה בהמשך אימו של הז׳אן בורנשטיין הפריזאי, וגם עוד
דוד של ז׳אנו, יצאו בנסיון לעבור לספרד…והם נתפסו על ידי הנאצים, נשלחו לאושוויץ
וחזרה משם רק לני, אימו של ז׳אן.
היום, כחמשה חודשים אחרי שקיבלתי את המכתב, אני במטוס עם מריאן
לכיוון ג׳נבה, ומתוכננת לנו פגישה עם האיש הזה ביום 1.8, בכפר Sournia, שנמצא ליד Palmes ואני מתאר לעצמי שהוא ייקח אותנו לבית ממנו הם
יצאו אל מותם.
אימא שלי ״מלווה״ אותנו במחשבה, ובהתרגשות רבה. היא עצמה היתה
בפלם באותו בוקר של שנת 1944…כי מֶמֶה, אימא שלה הגיעה ערב קודם, איתה, ועם מטילד,
במטרה למנוע את ניסיון המעבר לספרד. היא הצליחה לשכנע את פֶפֶה, שהיה גם על סף
יציאה, היא לא הצליחה לשכנע את אחותה, אווה, אימו של ז׳אנו המנוח.
שני פרטים מיוחדים : ז׳אנו נהיה בדיוק בן 13 שבוע ימים אחרי
המעצר שלהם. אני חזרתי רק פעם אחת לפרד, וזה היה בקיץ 1968, כלומר כחודש אחרי
שנהייתי בר מצווה בעצמי. כלומר, הגעתי לפרד בדיוק בגיל שז׳אנו יצא מפרד אל מותו.
כאילו להראות שההיסטוריה בכל זאת ממשיכה ? אירן והנרי לא תכננו חופש בפרד לאותו
קיץ. זה יצא ״במקרה״, בגלל שאותה שנה התרחשה בצרפת מהפכת הסטודנטים, כתוצאה ממנה,
מצב האספקה והתיירות קולקלו לכל הקיץ ומה שהם תכננו לא התאפשר, ואז הם החליטו
לנפוש בפרד. בקיץ זה, טיילנו בפרד, לא הגענו לפלם.
הפרט השני הוא מהפרטים שהחלה אירן לספר לאחרונה, לדבריה אחרי
שהיא לא סיפרה אותם לאיש אף פעם. היא סיפרה שלמעשה אימו של ז׳אנו לא נעצרה איתם
באותו בוקר…בזכות עילפון. כנראה שעם הגעתם המפתיעה והמחרידה של הגרמנים, עם הנשקים,
הכלבים, אווה התעלפה ונפלה בין השיחים, (עם הגעתנו למקום ביום 1.8.21 לפיקניק,
גילינו איך ההר כולו מכוסה לוטם. שיחים אלה פורחים בחודש יוני כל שנה ונותנים להר
מראה מושלג. אווה נפלה בין השיחים בשיא פריחתם ולא נראתה) כך שהם עצרו את כל השאר
(האיש המעביר, וארבעת הנותרים). כשהתעוררה אווה, לא היה סביבה אף אחד. אז היא החלה
ללכת והיא הגיעה עד לכפר סורניה (או שזה לכפר סירק אף הוא בקרבת מקום), שם היא
דפקה בדלת של אישה שקודם אירחה אותה, ובהמשך מסרה אותה לגרמנים, כך שהם בסוף עצרו
גם אותה וצרפו אותה למשפחתה. מסתבר שללא כניעתה של האישה מסורניה-סירק (כניעה למה ? למי ? לפחד ? לשנאת היהודים ? מי יוכל לדעת ?) ,
אווה אולי לא הייתה נשלחת לאושוויץ.
אנחנו מגיעים לפלם ביום זה, 1.8.21, בהתרגשות רבה.
המפגש עם לורן בובי , ואביו, חם מאד. ביחד, אוטו אחרי אוטו
אנחנו נוסעים מסורניה לקמפוסי, שם אנחנו משאירים את הרכב שלנו לצד הכביש ואנחנו
מצטרפים ל 4X4 של לורן.
אם נראה בהתחלה שרכב מסוג זה לא ממש מתחייב, אנחנו נגלה בהמשך
כיצד הוא ממש חובה.
לורן לא ממש מכיר את סיפור משפחתנו, ביחס לפלם. כלומר, הוא יודע
את מה שהוא קרא בבלוג שלי, וזה כנראה מאד ריגש אותו. מה שהוא יודע על פלם, מה
שמחבר אותו לפלם, הוא משהו קצת אחר.
עבורם, מדובר באתר שנמצא בקרבת גבול ספרד צרפת של ימינו, על
גבול ממלכת אֲרַגון וממלכת צרפת דאז, על גבול ארופה ואפריקה מבחינה טקטונית, אתר
שההיסטוריה שלו היא הסטורייה המשתרעת על פני אלף שנה, כך שהמקרה שמחבר אותנו אל
המקום היה יכול להיות בטל בשישים.
וכנראה שלא כך הוא. האב והבן ממש מרוגשים, עושים לנו קבלת פנים
מושקעת, כאילו האירוע ממש בעל חשיבות עליונה לעיניהם.
באתר שלורן בובי הוא היום הבעלים היחיד שלו, שני בניינים, אחד
הוא החווה, כמעט כולה חורבה, ובה התגוררו בני משפחתנו בין אפריל ליוני 44. אבל היו
כנראה עוד אחרים, ובעיקר נראה שהכנסיה הקטנה היה מקום מפגש של אנשי מחתרת (maquis), ובו היו
כמה מתנגדים וכמה פליטים.
כזכור, כל אלה שנתפשו ב 6.6.44 התגוררו במקום כשלושה חודשים,
אירן, מטילד ומֶמֶה, לילה אחד בלבד.
הבניין השני הינו כנסיה קטנטנה, בה בני המשפחה רגילים לערוך כל
שנה בחג ה pentecôte(המקביל הנוצרי לחג השבועות) סוג של ספק מפגש ספק טקס דתי. וכשאני
שואל ״למה דווקא ביום זה ?״ התשובה הינה שעבור הנוצרים, חג זה הוא החג של קבלת עול
מלכות שמיים האוניברסלי (דבר שמזכיר עוד יותר את חג השבועות).
הדבר המרשים ביותר - אותי - הוא המבנה הגאוגרפי. יש משהו יותר
מגרנדיוזי בנוף, ובמיוחד כשעולים עד לנקודה העליונה מעל פלם, נקודה ממנה רואים 360
מעלות, עד ים התיכון בצד מזרח, עד ההר הגבוה באזור (הר הקניגו) בדרום, וכל היתר,
מתקבלת תחושה של מדבר. מדבר ירוק אמנם, ומדבר מלא בשיחי הלוטם, עצי הארזים, ועוד
המון חורש טבעי משלל סוגי הצמחים, אבל מדבר ריק מאדם. מצד אחד, לכיוון דרום, העיר
פרד, ובדרך אליה הכפר סירק. מצד שני, לכיוון צפון, הכפרים סורניה, קמפוסי ועוד בית
פה בית שם, אבל לא רואים כל תנועת אדם. למעשה, אדם שברח מפרד ומגיע לפלם צריך
להרגיש מאד בטוח. המארחים שלנו גם דואגים להזכיר מספר פעמים שכל כביש שנראה לנו
היום מאד טוב לא היה אפילו סלול לפני שבעים וחמש שנים.
לחשוב שהגרמנים הגיעו עד לחור הזה כדי לעצור עוד קומץ יהודים,
ללא כל סימני תקפנות או אפילו כוח מצדם, מוציא אותי מבינתי. זה כל כך לא הגיונ, כל
כך קיצוני, אכזרי.
וכך הולך היום, בנסיעה 4X4 ועצירות
תוך שהם מספרים לנו בלי סדר על המקום ועל הקשר שלהם, קשר למקום, קשר להתנגדות של
תקופת המלחמה, כשהסוף של הסיור הוא כניסה לחורבה, ואז פורש לורן פיקניק מדהים,
כולו קנוי בחנות הכשרה בפרפיניאן, פיק ניק יותר מושקע מארוחת חג, עם יינות - לפי
בחירתנו לבן או רוזה או אדום אבל הוא יודע שעליי לפתוח את הבקבוקים !, ועם מנה
אחרונה (עוגת גלידה !) ועוד בקבוקוני אלקוהול לסיום הארוחה.
אנחנו מבלים ומסיימים את כל היום הזה בהתרגשות רבה ובתקוה שלא
יסתיים בזה הקשר החדש והמרגש הזה.