La guerre a donc commencé par la barbarie et
nous a surpris un jour de fête et en phase de veille de reprise de nos
affrontements internes gauche-droite.
Combien cette tension intra israélienne a-t-elle
été responsable des évènements, en ayant affaibli l’efficacité des services de
renseignement et notre vigilance, et en ayant donné au hamas illusion de
suffisante faiblesse israélienne ? Les enquêtes répondront à ces questions.
La réaction le jour du 7 octobre a été encore
sous le signe de la surprise et sont tombés grand nombre d’innocents, de la
double faute de la surprise et de la lenteur à la mise en route.
Suite à cela, la capacité du peuple a été
impressionnante, par le nombre de réservistes qui ont répondu ou même devancé
l’appel (quelques 130%), et par le vaste mouvement de volontariat, bénévolat,
solidarité, reléguant le clivage gauche-droite à l’arrière-plan, qui se
poursuit encore aujourd’hui, auquel s’est ajoutée une mobilisation des juifs
(et quelques non-juifs). de nombreux pays qui sont venus ici en particulier
faire de la cueillette et du volontariat en hôpital.
En parallèle, l’opération militaire s’est petit
à petit développée mais a suscité très vite la mise aux oubliettes de la
barbarie, avec dénis et doutes au sujet de la barbarie sexuelle, et de plus en
plus fort le concert des nations pour dénoncer cette opération militaire
réactive, sous prétextes indigestes (et injustifiés) de disproportion et de
génocide.
Les premiers à avoir usé du terme génocide sont
l’autorité palestinienne, abondamment suivis par la gauche et extrême gauche
(islamo gauchiste) européenne et américaine, et aussi par les appels de plus en
plus répétitifs si ce n’est menaçants à cessez-le-feu et sortie de l’armée de
Gaza « avant tout ».
Les palestiniens bien entendu alimentant ce feu
de ce concert aux sons de condamnation de « l’occupation », de
« la violence » et de « l’apartheid ». Autant de termes qui
sont indigestes (parce qu’injustifiés et parce que scandaleux) à l’israélien
que je suis, en ayant bien la conviction d’être représentatif de la majorité
des citoyens du pays.
Israël n’occupe pas Gaza depuis presque vingt
ans. Israël et l’Egypte régulent (ont échoué à réguler s’avère-t-il depuis le 7
octobre) les subsides alloués aux pauvres habitants de la bande de Gaza, et le
concert international qui appelle cette régulation « blocus » et
« prison à ciel ouvert » n’accuse qu’Israël (et non l’Egypte) de
cette situation, dont il se dévoile a posteriori combien elle était impérative
(et aurait dû être encore plus contrôlée) tant le hamas a détourné tout ce qui
était destiné à la population à des fins guerrières et meurtrières et
génocidaires uniquement.
Le concert se poursuit. Il faudrait interrompre
au plus vite l’opération militaire, qui menace la situation sanitaire, qui est
génocidaire, qui parait odieuse parce que guerrière aux bien-pensants du monde
occidental aux yeux de qui rien n’est plus condamnable que la violence et la
guerre, peu importent les situations sur le terrain.
Et précisément qu’avons-nous aujourd’hui sur le
terrain ? Nous avons encore134 otages (dont il est bien clair qu’une partie
n’est plus en vie - peut-être une grande partie…? ), et l’arsenal militaire du
hamas qui n’est pas du tout neutralisé (tunnels, armement et munitions). Nous
avons affaire à une conviction internationale grandissante que les israéliens
mènent et souhaitent une politique d’apartheid, refusant de donner des droits
citoyens égaux aux arabes et aux juifs.
Et surtout se pose et se re-pose la difficile
question du langage à tenir face au monde palestinien et arabe.
L’extrême-droite israélienne (Ben Gvir,
Smotritch, Struck comme principaux porte-voix…entre autres de Natanyahou)
martèle encore et encore qu’il faut plus de force, plus de rigueur dans la
politique et dans les réactions, arguant surtout que le langage du dialogue et
de la non-violence ne sont interprétés que comme de la faiblesse par les
palestiniens. Je ne considère en fait ces personnages non comme représentatifs
de ce qui s’appelle en Europe extrême droite, dans la mesure où il ne s’agit
pas de xénophobes libéraux purs et durs, identifiés à une idéologie fasciste de
base, mais comme sionisto-centrés, l’histoire du sionisme et de la présence
juive sur cette terre passant à leurs yeux comme prioritaire à tout.
Pour ces faucons, notre présence est contestée
ici par principe par les palestiniens et la gauche islamo gauchistes, qui ne
nous considèrent que comme des colonialistes, ambassadeurs de l’impérialisme
américain, qui refusent d’accorder le moindre crédit au sionisme, et le seul
langage que nous devons tenir est celui de l’assurance accompagnée de vigueur.
D’une part je ne me sens pas m’associer à un
discours aussi réductif de l’interlocuteur, « qui ne comprendrait que le
langage de la force », ni idéologiquement ni dans un regard sur le long
terme (que cultive-t-on chez une population avec la force et la crainte si ce
n’est l’hostilité, la haine et le désir de revanche?).
D’autre part, force nous est de faire un bilan
au moins provisoire : nous avons été bernés par le hamas (qui n’a mené aucune
politique de construction, de développement, mais qui s’est entièrement et
uniquement voué à chercher comment nous supprimer de la carte, considérant que
nous sommes illégitimes autant à Tel Aviv que dans les territoires occupés), et
nous constatons qu’ils ne sont que l’à peine exagération de ce que pense aussi
la direction de l’autorité palestinienne. Nous avons été trahis par la soi-disant
force pacifiste intermédiaire et neutre (l’UNRWA dont nous disions souvent mais
sans vraiment agir pour rétablir qu’ils étaient franchement et au service des
palestiniens et cherchant à maintenir une situation de population en détresse
plutôt qu’à faire passer des réfugiés au stade de citoyens tournés vers le développement).
Le message éducatif (comme maintes et maintes découvertes et témoignages l’ont
mis clairement à la face du monde) propagé chez les enfants palestiniens est
uniformément un message de haine, nullement un message de construction, en
triste miroir de ce qu’est le message principal adressé aux enfants israéliens,
message parfois trop univoque mais non fondé sur la haine de l’autre.
Et c’est principalement ce sujet du message qui
doit dicter la conduite à adopter pour l’avenir.
Il ne peut être attendu des israéliens qu’ils
soient unanimes sur un message occidental laïque.
La composante religieuse est ici partie
prenante. Les israéliens ne doivent pas être considérés comme une nation
européenne laïque, au sein de laquelle la composante biblique est uniquement
affaire de culte.
Les israéliens n’ont pas un pays en unique
compensation à la shoah, et afin qu’ils soient protégés. Le mouvement sioniste
est bien antérieur à la shoah et est la continuité du message juif
plurimillénaire selon lequel cette terre est celle du peuple juif.
Les tristes évènements du 7 octobre 2023 sont
venus illustrer et rappeler qu’Israël est le lieu au monde où la vie des juifs
est le plus en danger. Et pourtant le consensus israélien est que « nous
n’avons pas d’autre terre » et c’est un consensus enraciné dans le texte
biblique et dans l’histoire juive.
La conduite et la politique à adopter doivent
prendre cet élément en compte, il en résulte par exemple que le peuple
continuera probablement à donner la préférence à un gouvernement qui fera une
place à cette composante plutôt qu’à un gouvernement nourri surtout aux valeurs
occidentales modernes.
Cette composante biblico-religieuse est aussi
aux sources de l’opposition arabe à notre présence et surtout à notre
souveraineté. Il faudra obtenir gain de cause mais l’argument ne saurait n’être
que militaire parce que tel quel il ne sème que la révolte et l’opposition et
la situation qui en résulte n’est que provisoire « jusqu’à la prochaine
guerre », comme a tenté de le réaliser le 7 octobre.
Nous devons exercer notre souveraineté sans
concessions. Nous devons agir en fonction de la Torah, qui nous dit que cette
terre est la nôtre, mais qui n’exige pas moins de nous toute une conduite.
À nous de donner aux non-juifs qui résident
parmi nous le meilleur statut possible, en fonction de leurs intentions, d’un
consensus qui doit s’établir avec nous.
L’UNWRA et le hamas se sont de mon point de vue
totalement et définitivement disqualifiés pour l’après cette guerre, et le
système éducatif des palestiniens doit figurer au même plan que les résolutions
concernant leur armement. Les évènements du 7 octobre imposent que Gaza soit
non dirigée par le hamas, non protégée par l’UNRWA et aussi démilitarisée et
que le message éducatif y soit profondément modifié.
Les palestiniens doivent ne pas conserver de
génération en génération le statut de damnés de la terre-réfugiés, ils doivent
bâtir leur identité nationale et construire des tunnels s’ils aiment ça, mais
pour y faire un métro et non pour y dissimuler un arsenal.
Le monde occidental épris de non-violence est prié d’accorder un peu plus
d’attention à cette situation de 134 otages femmes, enfants, malades et
personnes âgées, et à ce que symbolise le fait que le pays dans sa grande
majorité vit à ce rythme. Ceci afin de mettre une sourdine à cet appel
compulsif à la paix.
Les israéliens doivent maintenir le sionisme en
vie (au cours des vingt dernières années le spectre du post-sionisme a été
maintes et maintes fois brandi) de manière à conserver à ce pays une identité
juive avant occidentale, mais le spectre du fondamentalisme doit aussi être le
signe de l’axe non fondamentaliste qu’il convient de conserver.
Il faudra probablement du temps avant que puisse
se recréer un dialogue israélo-palestinien (il faudra en préalable entendre
suffisamment de voix qui expriment leur désaveu des évènements du 7 octobre,
voix absentes jusqu’ici) mais il est impératif (et primordial) de ne pas
retomber dans ce clivage intra-israélien…qui parait pourtant loin de
s’atténuer.
Bravo pour cette analyse rétrospective et surtout cet essai prévisionnel qu’on voit peu actuellement !
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