De retour après 24 ans, impression similaire globale à celle vécue alors dans
le nord de l’Inde : celle d’un pays qui grouille de monde à première
impression, qui parait très sale, où l’idolâtrie est partout, où pullulent les
sans abris….
...et qui laisse voir une toute autre dimension dans tous ces domaines, ainsi que
dans de nombreux autres, après très peu de temps.
Notre première visite, du fort rouge de Agra,
après trois heures de route depuis
une Delhi où nous n’avons eu que très peu de temps, nous fait l’effet de devoir
résister à un assaut, l’assaut que subit le touriste encore avant son arrivée,
assaut destiné à le dépouiller au mieux, à profiter au maximum de son opulence.
Cette impression pousse à répondre négativement à toutes les avances, de guide,
de vente de colifichets, ou de transport en rickshaw.
La première impression aux abords de la rivière Yamouna vers la fin du même
jour, quand un groupe après l’autre s’avance en procession tonitruante, de gens
bariolés, dansant autour d’un chariot sur lequel est installée une statue
entourée d’offrandes de toutes sortes, est d’assister à un culte incontestablement
idolâtre.
Il fait aussi une chaleur torride…à
laquelle nous étions préparés mais qui ne rend pas facile ces premiers contacts.
S’ajoutent à cela les lourdeurs
administratives bien typiques de l’Inde et dont nous avons déjà goûté la
veille au soir à notre arrivée : le douanier, gêné par une imprécision
autour de mon numéro de passeport, celle d’un I qui peut se confondre avec un
1, reste de longues minutes devant son écran, reprend le passeport et l’examine,
relit ce qui figure sur son écran, interroge son compagnon de la cabine
voisine, reprend le passeport, prend l’air perplexe, ceci pendant que les gens
passent et passent et que nous attendons…et ceci pour finalement nous donner
notre visa d’entrée, et en s’excusant ! .
Ici, lors des examens de sécurité de mon
matériel photo, disparait ( provisoirement) le jeton bleu que l’on reçoit à l’entrée
du Taj Mahal et qu’il faut impérativement mettre dans la machine à la
sortie…longs processus qui se terminent toujours bien (tout a toujours sa
solution en Inde) mais qui pèsent sur ces premières impressions.
A notre seconde étape, du matin, après la nuit dans notre auberge pour hippies –
non, nous ne faisons pas une régression : c’est l’hôtel duquel on a la
meilleure vue sur le Taj Mahal.
Il faut cependant y accéder, en affrontant le flot incessant des rickshaws qui entrent et sortent, se croisent, passent entre les piétons, les vaches et les motos.
Pour le lendemain, nous adoptons pour la suggestion de notre
chauffeur Narandra - et qui n’était pas à notre programme et nous nous rendons
à Fadhepur Sikri.
Là, nous outrepassons notre tendance rituelle au refus et acceptons le guide…et en découvrons les nombreux avantages, celui de pouvoir dès lors circuler tranquille, ou quasi tranquille (les propositions d’achat de colifichets se poursuivent mais le guide fait barrage à bon pourcentage d’entre elles), celui de pouvoir découvrir des coins que nous n’aurions pas découverts par nous-mêmes, mais surtout de pouvoir interroger quelqu’un de local sur les spécificités de ce que nous visitons.
L’Inde n’est pas un pays. Plus qu’une grande péninsule, c’est un semi-continent, et ce que nous voyons n’est pas une culture mais une civilisation, plurimillénaire. Ce que nous réussissons à en apprendre au bout de quinze jours est l’équivalent de ce que retire le pinceau après avoir été juste pointé dans le pot de peinture. C’est peu, mais ça permet de dessiner parfois très joliment. Et donc, qui voudra réagir et corriger mes erreurs de néophyte sera le bienvenu.
Le monde : il y a effectivement une surpopulation énorme mais alors qu’il y a 24 ans le slogan « two children is the best » était sur tous les murs, les appels sont aujourd’hui autres. Appels à ne pas gaspiller « do not waste food », appels à circuler prudemment « life is a gift. Drive safely ». C’est à dire qu’il s’agit d’une population d’individus auxquels on s’adresse, individus responsables, ou que l’on travaille à responsabiliser.
Cette surpopulation parait acceptée et même être la base de la vie en société, les gens sont serrés, sur les trottoirs (qui n’existent quasiment pas), sur la route ou dans les gares, aéroports, autobus ou autres. Les indiens ne montrent ainsi aucune réticence à la promiscuité dans aucune de ces situations mais ils ne se poussent pas. Ainsi d’homme à femme. On sent d’une part beaucoup de pudeur (les uns et les autres sont en général vêtus de manière à ne pas montrer leur corps) mais il n’y a pas cette retenue pudique d’un sexe à l’autre, ceci sans érotisation visible. Dans notre avion de retour, il y a un groupe d’étudiants. Passé un bref temps, deux filles viennent se joindre aux trois étudiants qui occupent la rangée à ma gauche, mais de telle étonnante manière qu’ils se retrouvent bientôt assis à quatre sur les trois sièges (dans lesquels trois personnes normales ne se sentent pas avec trop de place), et ils devisent paisiblement, et gaiement (parce que les indiens sont en général gais et rieurs dans leurs échanges verbaux) une heure durant, serrés et en s’en sentant au mieux, sans qu’aucune impression d’érotisation accompagne cela. C’est une séance non sexuée. Ils ne paraissent pas trop habitués à serrer la main mais se prêtent à cette coutume sans afficher de gêne ou de retenue a son égard. Sur la route, ils ne laissent pour ainsi dire jamais le passage, mais c’est parce qu’ils vont se retrouver serrés contre le véhicule auquel ils n’ont pas vraiment refusé la priorité mais tout près duquel ils circulent maintenant. Dans la rue ils ne se bousculent pas mais ils passent très très près, que cela soit à pied ou à moto, les motos circulent ainsi et se croisent dans les endroits les plus étroits.
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