lundi 13 mai 2024

yom hazikaron - yom haatsmaout 5784

 Qu’on ait des opinions politiques à l’âge étudiant, je suis résolument pour.


Qu’on ait des sentiments sur des évènements qui se passent ailleurs dans le monde, c’est très bien, c’est un signe d’ouverture d’esprit.

Qu’on ait de la sympathie pour une cause plutôt que pour une autre, c’est très compréhensible (j’ai personnellement plus d’empathie pour la cause juive israélienne que pour la cause palestinienne mais cela tient en particulier à mon appartenance ethnique, à l’histoire de ma famille et à mon identification à l’histoire de mon peuple, mais je peux comprendre que quelqu’un soit situé diamétralement.)

Que la cause palestinienne apparaisse plus justifiée que la cause juive (je suis personnellement très identifié avec ma famille qui a vécu en France avant la guerre et pendant la guerre, a subi antisémitisme et a dû vivre cachée, avec une réussite toute relative) je suis prêt à le comprendre : les palestiniens n’ont ni une histoire ni un sort ni une condition socio-économique faciles.

Qu’un palestinien n’apprécie pas la situation post "guerre des six jours" de 1967 (territoires occupés, même si cette situation se justifie sécuritairement en tout cas immédiatement après cette guerre) et même qu’il n’approuve pas la création d’Israël en 1948 (le palestinien ne connait pas la situation européenne, n’a pas vu la shoah, n’a pas participé à l’expulsion des juifs d’Algérie, d’Irak, n’a pas vu les pogroms polonais post shoah) je le comprends aisément,

Qu’un européen ait les mêmes opinions, je le comprends déjà moins bien.

Qu’un palestinien adhère à des mouvements pour la libération de la Palestine, je peux le comprendre aussi : les territoires occupés sont un problème. Que le citoyen européen penche aussi en faveur de cette mouvance, je le comprends encore moins bien, puisque finalement pourquoi ceci devrait-il se gérer par le terrorisme ?

Que le même palestinien finisse par préférer voter pour le hamas dans les années 2000, entre autres parce que ce dernier tient un discours de défense des intérêts individuels et prône l’amélioration des conditions de vie, je le conçois aisément. Cela s’accompagne d’une carte fondamentaliste islamiste un peu gênante, mais, fin vingtième siècle, avant la création du califat islamique, on peut craindre le phénomène mais encore trouver une justification à la dite carte.

L’européen devrait à ce stade commencer à être plus critique : il peut aisément se rendre compte d’une part que l’autorité palestinienne a sombré dans la corruption, qu’Arafat a maintenu par choix les palestiniens en condition d’éternels réfugiés, que le développement de l’islamisme n’est pas sécurisant pour lui, et pour le monde. Mais on a le droit de continuer à rester fidèle à ses choix. Si en plus on a des mentors qui ont un regard très critique sur l’existence même d’Israël, jugée en premier lieu antenne du colonialisme et de l’impérialisme, alors on devient de plus en plus critique à l’égard d’Israël, qui se développe énormément à tous points de vue. Il faut une certaine forme de cécité pour ne voir en Israël qu’une puissance colonialiste, c’est à dire pour scotomiser l’accueil et l’intégration de un million de juifs russes, de juifs éthiopiens, mais bon, on ne peut pas tout voir quand on regarde de loin.

Que le hamas arrive au pouvoir à Gaza après le désengagement d’Israël en 2005 et que cela soit par vote doit faire quand même monter le niveau d’inquiétude, surtout quand les quinze années qui suivent sont ponctuées d’échauffourées militaires, mais il y a des gens qui ont soutenu Fidel Castro, qui ont soutenu Staline encore très tard.

Par contre, que les massacres ouvertement (filmés, enregistrés et donc montrés en live à la télévision) pogromistes si ce n’est génocidaires, ayant entraîné mort de plus de 1200 personnes et destruction massive de nombreux lieux de vie en une demi-journée, continuent à bénéficier d’une sympathie internationale de la part des mêmes étudiants, personnes instruites, ouvertes sur le monde extérieur et dotées d’esprit critique, c’est déjà non uniquement étonnant, c’est révoltant.

Et quand on découvre que toute la politique de presque vingt ans de pouvoir à Gaza n’a conduit apparemment qu’à préparer la guerre, (plusieurs centaines de kilomètres de tunnels uniquement offensifs, inutilisables pour la protection de la population, population demeurée en état de grande pauvreté malgré un énorme soutien international - à ma connaissance, l’UNRWA agence onusienne de soutien aux réfugiés palestiniens est l’agence qui existe depuis le plus de temps. Qui dans le monde reste réfugié soixante-dix ans et transmet ce statut à ses enfants ? ), quand on peut savoir - il suffit de s’informer - que le territoire israélien est quotidiennement bombardé depuis le nord (hizballah), depuis le sud (hamas, djihad islamique) et depuis l’orient (houtim yéménites, iraniens) , et que le pays doit le très faible nombre de victimes civiles uniquement à tous les moyens mis en œuvre pour protéger la population (au prix du déplacement d’un très grand nombre de citoyens) durant les sept derniers mois, au prix de nombre non négligeable de jours où les écoles et lieux d’enseignement sont fermés pour raisons sécuritaires, alors si on continue à ne soutenir que la cause palestinienne, il est difficile d’y voir autre chose qu’un solide et indéracinable parti pris.

Quand on s’associe à des slogans tels que « from the river to the sea Palestine will be free », quand on acquiesce à des propos tels que « que les juifs retournent en Allemagne, en Pologne, en Algérie ( vous y croyez vraiment ? C’est vraiment une proposition qui vous paraît raisonnable ?) alors il est difficile de voir en de tels personnages autre chose que de véritables antisémites, des individus pour lesquels le seul bon juif est le juif mort, mort physiquement ou départi de toute trace de judaïsme, et en particulier celle qui donne l’attachement à la terre d’Israël. Il est temps de renoncer à cet outrageux slogan. Il n'est pas réaliste et il fait honte à ceux qui le scandent.

Aujourd’hui c’est en Israël Yom hazikaron (le jour du souvenir) durant lequel Israël honore la disparition de tous ceux qui ont payé de leur vie la concrétisation du sionisme idéologique en pays réel, et ce soir débute Yom Haatsmaout, jour de l’indépendance, jour anniversaire de la proclamation de l’existence de l’état d’Israël le 15 mai 1948, création votée à l’ONU.

Israël était alors peuplée essentiellement de réfugiés, moins d’un demi-million, et est aujourd’hui une puissance économique, scientifique et militaire dans laquelle vivent bien quelques dix millions d’habitants, juifs et arabes puisqu’Israël ne s’oppose ni à la résidence ni au culte étranger sur le territoire ( combien de juifs vivent en pays arabes ? Quelle liberté d’accès avait – et aurait - le peuple juif à ses lieux saints sous domination islamique ?).

Mis à part le fait que ceci démontre qu’il y a de la place physiquement et pour les juifs et pour les palestiniens, cela montre que les juifs n’ont pas seulement le droit à un état, ils ont la volonté durable de le développer, d’y élever leurs enfants, d’investir dans le développement, et la culture et le social.

L’état d’Israël a aujourd’hui 76 ans. Bon anniversaire ! Et 132 de ses ressortissants sont retenus prisonniers, otages, dans de terribles conditions, après avoir été kidnappés le 7 octobre. Ils seront libérés, et leurs ravisseurs paieront pour leurs crimes.

1 commentaire:

  1. "la proclamation de l’existence de l’état d’Israël le 15 mai 1948, création votée à l’ONU."
    C'était le 14 mai (le 15 étant שבת), la création votée à l'ONU le 29 novembre 1947.

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