״עלי באר ענו לה. באר חפרוה שרים כרוה נדיבי העם במחוקק במשענותם. וממדבר מתנה וממתה נחליאל ומנחליאל במות ומבמות הגיא אשר בשדה מואב ראש הפסגה ונשקפה על פני הישימון״ (במדבר כא י״ז-כ).
« Monte puits, répondez-lui. Ce puits , des princes l’ont approfondi. Des généreux du peuple l’ont creusé avec leurs bâtons et leur force légiférante ».
C’est le plus beau poème de la Bible. Par sa consonnance, par ses thèmes, et ses oxymores. Parce que l’on ne parle ni ne répond à un puits. Parce que le puits y est creusé par les forces de l’homme alors qu’il est d’origine divine. Parce qu’on ne creuse avec la loi et avec la générosité que dans d’improbables situations.
C’est le puits de la survivance, le puits qui a accompagné le peuple durant son errance dans le désert, désert géographique qui sépare l’Egypte d’Israël, désert spirituel, d’une horde d’esclaves soudain privée de son ordinaire, de sa hiérarchie, de sa paradoxale tranquilité ancillaire. Ce puits les abreuvés physiquement et moralement. Il était avec eux quarante années durant, et en parallèle de la manne, ne leur fit défaut aucun jour à aucun moment.
Multitude livrée à elle-même, dirigée par son bègue berger armé de sa seule houlette, guidée par la colonne de fumée le jour, de feu la nuit.
Et voilà qu’au bout de quarante ans dans ce paysage magnifiquement aride se tarit soudain le puits. C’est la fin du voyage comprennent-ils après s’être d’abord plaints, l’imminence de l’arrivée.
Comment continuer ? Rester dans l’extra-territorialité du désert ? Sans eau ? La manne aussi va bientôt s’arrêter de tomber au quotidien présagent-ils.
Y aura-t-il une alternative à la confrontation avec d’autres peuplades ? Plus sédentaires ? Plus installées ? Installées qui plus est sur la terre promise ?
C’était la situation du peuple sorti d’Egypte il y a trois mille cinq cents ans racontée par le texte biblique, et de la même veine, c’est la situation d’aujourd’hui.
Situation du peuple juif qui n’a pas tout le temps souffert éparpillé parmi les nations, à l’instar du peuple d’Israël au sein duquel tous ne souffraient pas également de la vie en Egypte. Du peuple juif qui a cependant connu les pogroms, l’inquisition, l’oppression, les humiliations, les expulsions, les interdictions d'entrée, le statut de djimmis, le port de la rouelle, avant de parvenir dans certains pays à obtenir l’émancipation, la reconnaissance, la citoyenneté, tandis que les interdictions d’être persistaient ailleurs.
Et puis vinrent les guerres mondiales, la shoah. Et en parallèle les proclamations, la déclaration Balfour, la proclamation de l’indépendance face à l’assemblée du parlement des nations.
Proclamation préparée entre autres par des grands, par des prophètes, par des législateurs.
« Rejaillis, puits ! ». « Répondez nations aux tribuns d’Israël ! » « accueillez ce puits de renaissance soutenue par ses princes, ses tribuns, ses législateurs !» se disait-il en 1948.
Le peuple hébreu biblique après le désert finit son errance et s’installa sur la terre promise…qu’il fallut conquérir bien qu’elle eut été promise par Dieu, bien qu’une partie ait préalablement été acquise par Avraham.
Le peuple juif du vingtième siècle acheva son errance triagiquement interrompue par la shoah, et s’installa sur la même terre…qu’il fallut conquérir, bien que la Societé des Nations la lui ait accordée, bien qu’une partie ait été préalablement acquise par Moses Montefiore et les Rotschild.
« Et du désert vers le présent » poursuit le poème biblique …comme pour laisser croire que le désert le laisse à l’ère des cadeaux…
« Et du présent au fleuve divin, et du fleuve divin aux tribunes, et des tribunes de la vallée du champ de Moav au sommet des sommets, pour se refléter enfin face à l’aridité ».
Suivit la guerre de conquête de notre siècle une ère d’allégresse, de protection divine, de l’illusion messianique post guerre des six jours. Israël se développa, se fit connaître, apparut sur les plus illustres tribunes, gravit et atteint les plus hauts sommets…mais ne parvint pas à la quiétude annoncée par la fin du poème.
En octobre 2023 réapparut le spectre de temps que tous croyaient révolus.
Amalek attaqua, tua, viola, fit des prisonniers parmi les plus faibles, femmes, vieillards, nouveaux-nés, fit redécouvrir aux descendants des hébreux bibliques les temps les plus dramatiques.
Le pays est conquis, mais la légitimité d’y vivre est à reconquérir.
Le pays est construit, la science, la médecine, la langue hébraïque y fleurissent, ainsi que les déserts, mais le puits doit encore être creusé.
Israël-l’état a même surmonté la question de l’eau avec le développement des techniques de déssalinisation. Le puits qui doit ressurgir est celui de l’étanchement de la soif de quiétude, puits de la concorde, puits de la droiture, trop bouché par la politique, par la discorde, par les tensions intra et intercommunautaires, par les extrêmes.
C’est de cette eau que doit fournir le puits qu’il manque à nouveau.
Eau, comme élément primordial, eau de reviviscence, de renouveau. De laquelle s’abreuver tant physiquement que spirituellement.
Il ne faut pas tant des tribuns, des orateurs, des idéologues, qu'une certaine sagesse.
Celle de laquelle parle le midrach.
« Monte puits, répondez-lui. Ce puits , des princes l’ont approfondi. Des généreux du peuple l’ont creusé avec leurs bâtons et leur force légiférante ».
C’est le plus beau poème de la Bible. Par sa consonnance, par ses thèmes, et ses oxymores. Parce que l’on ne parle ni ne répond à un puits. Parce que le puits y est creusé par les forces de l’homme alors qu’il est d’origine divine. Parce qu’on ne creuse avec la loi et avec la générosité que dans d’improbables situations.
C’est le puits de la survivance, le puits qui a accompagné le peuple durant son errance dans le désert, désert géographique qui sépare l’Egypte d’Israël, désert spirituel, d’une horde d’esclaves soudain privée de son ordinaire, de sa hiérarchie, de sa paradoxale tranquilité ancillaire. Ce puits les abreuvés physiquement et moralement. Il était avec eux quarante années durant, et en parallèle de la manne, ne leur fit défaut aucun jour à aucun moment.
Multitude livrée à elle-même, dirigée par son bègue berger armé de sa seule houlette, guidée par la colonne de fumée le jour, de feu la nuit.
Et voilà qu’au bout de quarante ans dans ce paysage magnifiquement aride se tarit soudain le puits. C’est la fin du voyage comprennent-ils après s’être d’abord plaints, l’imminence de l’arrivée.
Comment continuer ? Rester dans l’extra-territorialité du désert ? Sans eau ? La manne aussi va bientôt s’arrêter de tomber au quotidien présagent-ils.
Y aura-t-il une alternative à la confrontation avec d’autres peuplades ? Plus sédentaires ? Plus installées ? Installées qui plus est sur la terre promise ?
C’était la situation du peuple sorti d’Egypte il y a trois mille cinq cents ans racontée par le texte biblique, et de la même veine, c’est la situation d’aujourd’hui.
Situation du peuple juif qui n’a pas tout le temps souffert éparpillé parmi les nations, à l’instar du peuple d’Israël au sein duquel tous ne souffraient pas également de la vie en Egypte. Du peuple juif qui a cependant connu les pogroms, l’inquisition, l’oppression, les humiliations, les expulsions, les interdictions d'entrée, le statut de djimmis, le port de la rouelle, avant de parvenir dans certains pays à obtenir l’émancipation, la reconnaissance, la citoyenneté, tandis que les interdictions d’être persistaient ailleurs.
Et puis vinrent les guerres mondiales, la shoah. Et en parallèle les proclamations, la déclaration Balfour, la proclamation de l’indépendance face à l’assemblée du parlement des nations.
Proclamation préparée entre autres par des grands, par des prophètes, par des législateurs.
« Rejaillis, puits ! ». « Répondez nations aux tribuns d’Israël ! » « accueillez ce puits de renaissance soutenue par ses princes, ses tribuns, ses législateurs !» se disait-il en 1948.
Le peuple hébreu biblique après le désert finit son errance et s’installa sur la terre promise…qu’il fallut conquérir bien qu’elle eut été promise par Dieu, bien qu’une partie ait préalablement été acquise par Avraham.
Le peuple juif du vingtième siècle acheva son errance triagiquement interrompue par la shoah, et s’installa sur la même terre…qu’il fallut conquérir, bien que la Societé des Nations la lui ait accordée, bien qu’une partie ait été préalablement acquise par Moses Montefiore et les Rotschild.
« Et du désert vers le présent » poursuit le poème biblique …comme pour laisser croire que le désert le laisse à l’ère des cadeaux…
« Et du présent au fleuve divin, et du fleuve divin aux tribunes, et des tribunes de la vallée du champ de Moav au sommet des sommets, pour se refléter enfin face à l’aridité ».
Suivit la guerre de conquête de notre siècle une ère d’allégresse, de protection divine, de l’illusion messianique post guerre des six jours. Israël se développa, se fit connaître, apparut sur les plus illustres tribunes, gravit et atteint les plus hauts sommets…mais ne parvint pas à la quiétude annoncée par la fin du poème.
En octobre 2023 réapparut le spectre de temps que tous croyaient révolus.
Amalek attaqua, tua, viola, fit des prisonniers parmi les plus faibles, femmes, vieillards, nouveaux-nés, fit redécouvrir aux descendants des hébreux bibliques les temps les plus dramatiques.
Le pays est conquis, mais la légitimité d’y vivre est à reconquérir.
Le pays est construit, la science, la médecine, la langue hébraïque y fleurissent, ainsi que les déserts, mais le puits doit encore être creusé.
Israël-l’état a même surmonté la question de l’eau avec le développement des techniques de déssalinisation. Le puits qui doit ressurgir est celui de l’étanchement de la soif de quiétude, puits de la concorde, puits de la droiture, trop bouché par la politique, par la discorde, par les tensions intra et intercommunautaires, par les extrêmes.
C’est de cette eau que doit fournir le puits qu’il manque à nouveau.
Eau, comme élément primordial, eau de reviviscence, de renouveau. De laquelle s’abreuver tant physiquement que spirituellement.
Il ne faut pas tant des tribuns, des orateurs, des idéologues, qu'une certaine sagesse.
Celle de laquelle parle le midrach.
Le midrach met en parallèle le chant de ce poème en fin des quarante ans de désert, le chant de la sortie d’Egypte(cantique de la mer rouge), et le poème à la gloire de l’assemblée d’Israël (échet h'aïl), de laquelle « la bouche émit la sagesse ».
Il ne faudrait apparemment pas tant une sagesse rationaliste ou politique, ni une analyse géopolitique scientifique, que la sagesse de la générosité, la sagesse de la tolérance vis à vis d’autrui.
C’est de celle-là, de la sagesse transmise alors par un « prophète sans éloquence » que le peuple a besoin, que le monde a besoin, alors et aujourd’hui.
Il ne faudrait apparemment pas tant une sagesse rationaliste ou politique, ni une analyse géopolitique scientifique, que la sagesse de la générosité, la sagesse de la tolérance vis à vis d’autrui.
C’est de celle-là, de la sagesse transmise alors par un « prophète sans éloquence » que le peuple a besoin, que le monde a besoin, alors et aujourd’hui.
Merci , Jean !
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