Une lecture du midrach d’un
psaume ( psaume 148) fait découvrir une chose surprenante : il y est question de
la prière (ce psaume est récité quotidiennement dans la partie ascensionnelle de
la prière dont l’aboutissement est la amida, les 18 bénédictions) et de son
rôle vis-à-vis du Créateur, prière comme visant à le glorifier.
Or il apparait que le terme
utilisé dans ce midrach veut dire glorifier dans la bouche (sous la plume) des docteurs
du talmud et du midrach comme les appelait Lévinas tandis qu’il ne veut pas
moins dire que son opposé dans la Bible, où il s'ignifie critiquer, blâmer !
Les exemples sont ainsi nombreux
d’antinomies au sein d’une même racine littérale ou comme dans notre cas d’évolution
du langage au fil du temps. Quelqu’un est ainsi aujourd’hui couramment MDR…sans
que sa vie ne soit menacée d’une quelconque manière.
Le langage évolue donc mais
aussi le regard, l’évolution du langage pouvant provenir de ou accompagner l’évolution
du regard…
La guerre à Gaza fait donc l’objet
de l’inquiétude du monde au sujet du « massacre » qui s’y produirait,
et nous assistons à un curieux phénomène : alors que le 7 octobre 2023 se
produisait un gigantesque massacre au sens propre, aux caractéristiques
ouvertement génocidaires, un phénomène de barbarie rare entre autres par l’exhibitionnisme
qui l’accompagnait (massacre filmé en live, diffusé par les perpétrateurs
eux-mêmes, exportant films et conversations dans lesquelles ils se glorifiaient de leur
barbarie, et des actes qu’ils avaient commis), alors que ce massacre était
accompagné de toutes les violences humaines connues ( les détailler est
insupportable pour celui qui lit autant que pour celui qui écrit), alors que ce
massacre était commis sur un territoire étranger après destruction de la barrière
frontalière, alors que ce massacre faisait un nombre inimaginable de morts de
civils de tous âges (d’embryons jusqu’aux vieillards), d’une part il ne fut pas
dénoncé par tout le monde (alors que dans le monde occidental il y a en général
unanimité à la condamnation au 21ème siècle de pareils actes) mais d’autre
part se produisait DES le lendemain un retournement de la description des évènements
de cette région.
Israël réagit militairement
et c’est cette réaction qui était condamnée encore dès son commencement. On
entendit rapidement parler de massacre, mais il n’était plus question que des
massacres commis à Gaza par l’armée israélienne, on entendit parler de génocide
et il ne s’agissait que de génocide duquel Israël était soupçonnée si ce n’est
accusée, on condamne les bombardements israélienset il n'est jamais question des tirs incessants de roquettes sur le territoire souverain et jusqu'au centre du pays depuis le sud comme depuis le nord et de façon aveugle menaçant biens et vies humaines .
La cour internationale de
justice fut bientôt saisie (par l’Afrique du Sud, ce bastion des droits de l’homme,
cette Suisse africaine dans laquelle il fait si bon vivre…dans laquelle personne ne se sent en danger) et se prononça à
une majorité terrifiante par une accusation/condamnation, puis une autre, puis
une prononcée par la cour pénale, en particulier d’Israël.
Une députée française --non voix unique loin s'en faut - au
parlement européen s’exprimait vindicativement contre le silence, contre une
insuffisante intervention visant à arrêter….Israël au nom de « un massacre
est en cours…avec bébés décapités (sic) » alors que ces massacres ont bien
eu lieu, et leurs perpétrateurs s’en sont vantés….mais le 7 octobre et par des
palestiniens et alors que jamais ceci n’a été commis par le moindre soldat
israélien, alors que 124 personnes de tous les âges sont encore otages du
hamas et nul ne sait combien sont déjà morts tant ils n’ont pas été visités même une fois par la croix rouge internationale,
n’ont pas été l’objet d’une véritable intervention d’aucune des forces
internationales. On entendit blâmer Israël pour avoir osé frapper la population et y compris des hôpitaux "lieu de soins" alors qu’Israël montrait encore et encore une fois comment le hamas
avait construit des centaines de kilomètres de souterrains voués uniquement à l’attaque
militaire et nullement à la protection de la population, comment les hôpitaux
étaient utilisés à protéger les organisations militaires (salles de réunions,
quartier général), les armes, les terroristes, comment les écoles (installées
et gérées par l’UNRWA) renfermaient des entrepôts de munitions, des rampes de
lancement de missiles.
C’est encore aujourd’hui
(alors que certaines voix se font entendre entre autres pour dénoncer cette
inversion de la description de la situation) contre Israël qu’ont lieu au quotidien énormément de manifestations (au cours desquelles on peut entendre et voir
réclamée « libération de la Palestine du fleuve à la mer » alors que ceci
n’est rien d’autre qu’un appel génocidaire ipso facto) de par le monde entier,
c’est encore Israël qui est accusée de tous les maux de cette guerre qui ne fut déclenchée que par le massacre du 7 octobre que rien n'annonçait, en territoire israélien.
Ainsi que trop peu de voix le
dénoncent, la solution à deux états est brandie à outrance comme si elle était
la véritable solution, comme si la guerre en cours ne l’était que du fait d’un
refus israélien de l’autoriser, appels qui résultent eux aussi du même
phénomène d’inversion de la situation.
Se pose donc la question du
pourquoi.
Pourquoi c’est Israël qui « commet
un génocide » alors qu’elle n’agit aucunement dans ce sens et alors que l’attaque
du 7 octobre était bel et bien d’essence génocidaire ?
Pourquoi cette exonération du
monde arabe d'une quelconque responsabilité de ce qui se passe en ce moment alors que les palestiniens ne sont nullement les bienvenus dans
aucun de ces pays, alors que les juifs ont été expulsés de nombreux pays arabes
et sont interdits de séjour ou même de passage dans un nombre non négligeable d’entre
eux ?
Pourquoi cet acharnement à
exiger d’Israël un cessez le feu , alors que les otages sont maintenant huit
mois sous la terre au secret et que rien ne parait indiquer que quelqu’un les
rendra spontanément, alors que la célèbre phrase de Golda Méïr demeure
absolument vraie « qu’ils déposent les armes et il y aura la paix, que
nous déposions les armes et nous disparaissons » ?
Pourquoi clamer que c’est
Israël qui empêche les Palestiniens d’exister alors que non seulement ils
existent en Israël mais y vivent, travaillent, étudient, et ont surtout des
liens avec bon nombre de juifs que ce soit en territoires souverains ou
occupés, tandis que le contraire ne se produirait pas automatiquement loin s’en
faut (Israël donne accès au mont du temple aux musulmans et n’a jamais eu accès
(ou très très parcimonieusement) au mur des lamentations quand celui-ci était
sous domination musulmane, et alors que les juifs (et surtout quand ils sont
israéliens) sont personna non grata dans bon nombre de pays musulmans ?
Pourquoi enfin associer à un
prétendu soutien aux palestiniens des appels à la disparition d’Israël, pays
non seulement souverain, pays dont bon nombre de terres ont été dûment
rachetées puis travaillées par les juifs eux-mêmes alors réfugiés pour la plupart d'entre eux, et en outre pays historiquement rattaché au peuple juif ?
Certains politiciens pratiquent
cette inversion au nom de leur propagande électorale, ils se fichent autant des
palestiniens que des juifs quand ce n’est pas détestent autant les uns que les
autres, mais qu’en est-il des journalistes (ceux qui ne sont pas directement corrompus,
payés pour faire avancer telle ou telle cause), qu’en est-il des militants des « justes
causes » (écologiques, anti impérialistes, mobilisés pour le soutien aux
populations dans le besoin, pour les réfugiés) ? qu’en est-il des étudiants
en sciences politiques, en géopolitique, individus prétendûment instruits, auxquels
le savoir et la documentation sont accessibles ?
Le peuple juif serait-il
encore ce peuple déïcide, maudit et à cause de cela exilé, auteur des « protocoles
des Sages de Sion », ayant sous son emprise les capitaux mondiaux ?
Le monde peut ouvrir les yeux
sur la société israélienne et constater son véritable état, observer les
relations des populations juives et arabes (que ce soit dans le monde
hospitalier où c’est le plus visible ou dans le monde du travail en général), mettre
sérieusement à l’examen ces questions si difficiles de l’impérialisme, de la
colonisation, de la coexistence, les individus intelligents, instruits, curieux
peuvent s’informer, venir voir de leurs propres yeux, poser des questions, et
ne pas tomber dans la démonisation et la condamnation aveugles, or beaucoup ne
le font pas. Pourquoi ?
Pourquoi les significations
des mots se transforment-elles au point de devenir antinomiques à ce qu’était
le mot antérieurement ? le midrach ne propose pas d’explication au
phénomène, comme si les Sages ne pouvaient que le constater.
Pourquoi l’être humain est-il
si versatile, si influençable, si enclin à penser les situations par l’intermédiaire
de clichés et d’idées préconçues, pourquoi doit-il penser de manière à se
placer en opposition et toujours désigner un ennemi, de manière à détester autrui ?
Merci Jean pour ton éclairage .
RépondreSupprimerIl est complexe de sortir de la sidération qt à cette inversion .
Lire, s’informer loin de certains médias, est indispensable.