dimanche 15 décembre 2013

Allez ! On vous la raconte !



On nous marque dans les sites météorologiques locaux que la précédente similaire remonte à 1878. En février 1950, la situation avait été semblable, mais c'était fėvrier, une pėriode de l'année où il est courant de voir de la neige à Jérusalem. C'est vrai que ce qui n'avait pas été courant cette année-là, c'est qu'à Yafo il y avait eu de la neige. Cette année, le sinaï en a reçu, ainsi que la banlieue du caire, mais pas la côte d'Israël. 
Cette année, l'extraordinaire est principalement que l'on est encore avant la mi-décembre. Moi qui ne suis que depuis 32 ans à Jérusalem, n'ai jamais vu de neige avant le 31 décembre.

Sont tombés à Jérusalem 250 mm d'eau en quatre jours, qui sont le double de ce qui tombe en général sur tout le mois de décembre, qui sont presque la moitié de ce que la ville reçoit en un an, qui sont le record de tout le pays pour cette tempête.

Dès jeudi se sont produites les premières coupures de courant. Certains n'en ont pas eu du tout, certains en ont eu des courtes, certains sont sans electricité depuis jeudi. C'est le cas de l'internat où je travaille, qui est à Abou Gosh, et où le village entier est resté très longtemps sans electricité, mais vu qu'y habitent 100 enfants et  quelques trente adultes, l'armée est venu rajouter quelques générateurs, et il y a à manger et même un peu de chauffage.

A la maison, nous avons eu 7 heures de coupure vendredi, pendant lesquelles la tension est montée ici, du fait que shabbat aprochait, du fait que l'on voyait que le plus dur était encore à advenir, du fait que nous avons un sous-sol protégé d'inondations par des pompes....électriques.

Heureusement Marianne, plus prévoyante et avisée que moi, avait réussi jeudi après-midi à louer un gėnérateur. Un générateur, qui permet de brancher sur lui les deux pompes, mais au prix de bruit énorme, d'émission de gaz d'échappements...on l'a quand même utilisé deux-trois fois vendredi après-midi avant qu'à notre énorme soulagement, l'électricité ne soit revenue, à 19:00.
C'était le début d'un shabbat assez désagréable du point de vue climatique, gris foncé, chutes intermittente de pluies et de neige, ou de "graupel", mais avec chauffage central, chile con carne cuisiné par notre soldate végétarienne de fille, et ambiance familiale chaleureuse, ajoutée d'un repas chez des grands parents bien chauffés et en état tout à fait honorable.
La présence à la synagogue était remarquable, avec au programme un superbe dvar Torah, d'un de la communauté que la coupure d'élétricité chez lui avait contrain à passer shabbat à une heure de marche, qu'il avait fait bravement à 7:00 du matin.

Puis, le chauffe eau a cru de son devoir de faire sauter le courant de toute la maison. Il faut dire que comme à peu près tout à Jérusalem, il est sur le toît, installé pratiquement sans protection, et certainement pas pour tenir des conditions de tempête et de pareil enneigement. Heureusement, il est possible de faire alors monter sur le toît notre éléctricien de fils, assisté de son frère, qui diagnostiquent rapidement la panne et trouvent la solution qui permet à toute la famille de se doucher.

Donc, au final, même en ce dimanche où les rues restent couvertes de verglas quatre heures après l'apparition du soleil, la situation est au total très bonne.
L'architecte a apparemment prévu très correctement l'équipement de la maison, s'il tient des situations d'une fois tous les 60 ans, et qu'il en soit ici officiellement loué.
Les pompes ont encore du travail : celle affectée à l'évacuation du jardin a encore à se préparer à la fonte des trente cms de neige qui recouvrent le jardin, et donc à devoir rester en état de marche pour la semaine à venir. Celle liée au niveau du nahal refaïm enterré sous toute la rue Emek Refaïm et notre rue qui est sa prolongation, devra peut-être aussi se remettre en route, mais elle est apparemment sollicitée surtout au moment où la pluie tombe, ce qui parait ne pas être au programme au moins des trois jours à venir.
Et pour la suite ? L'hiver est encore devant nous. Et il est prévu d'être long puisque l'année est embolismique, mais fort de cette expérience, restons avec bon espoir que la prochaine tempête ou fin de semaine pluvieuse ne nous soit pas pire que celle-ci.

P.s. Les photos dans le diaporama ci-dessus ont des légendes, on ne les voit que si on clique sur le diaporama et que les photos deviennent à taille d'écran.


vendredi 6 décembre 2013

Du synapsique au syntaxique et vice versa.



Les impressions consignées, enregistrées dans l'hémisphère droit à l'état brut, sont à la disposition de l'esprit. Si la voie employée pour les traiter est celle qui traverse le corps calleux et aboutit au cerveau gauche, elles y sont élaborées, deviennent verbales et peuvent être rangées dans les bibliothèques de l'esprit.

La voie peut être autre, et les impressions transformées en musique, en création plastique, ou même demeurer impressions ou sensations.

L'impression reçue mais non transmutée s'accompagne de bien être si elle est au départ impression positive, mais est ressentie comme toxique si elle était au départ impression négative.

Exemple : l'enfant de trois ans participe au repas familial dans la maison de ses grands parents, en présence de toute la fratrie de sa mère, de son père, de son grand-père, de son arrière grand-mère, mais en l'absence inattendue de sa grand-mère et de son arrière grand-père, parce que ce dernier a ėté l'objet d'un problème médical soudain. L'enfant ne reçoit pas d'information verbale à ce sujet ( par oubli, et du fait que tous sont préoccupés par la situation) et ne reçoit que les informations non verbales, recueillies par son système sensitif. Il sent la tension, il voit les visages tendus. Il a soudainement un accès de colère, bizarrement dirigé contre le regard de son arrière grand-mère :  il réagit agressivement et lui enjoint de ne pas le regarder. Il finit après quelques minutes, quelques échanges agressifs, quelques tentatives de le discipliner, de le calmer, de le punir, il finit par dire qu'elle a "des larmes dans son visage" ( ce qu'elle ne confirme pas, ce qui confirme qu'il ne voit pas réellement mais perçoit ).

Ce n'est que plus tard dans la soirée, quand il reçoit l'explication verbale de l'absence de son arrière grand-père que son humeur et son comportement rentrent dans l'ordre. Il dit même à ce moment qu'il souhaite prompte guérison, qu'il est sûr qu'on trouvera un bon médicament pour lui.

L'enfant dont la trajectoire a été perturbée affectivement, qui a grandi dans une atmosphère saturée en impressions négatives non verbalisées, qui ne lui ont pas été transcrites en mots, et de plus si de l'agressivité a été manifestée à son égard, peut devenir un enfant à troubles du comportement, ou un enfant à troubles de la communication.

Si pour l'enfant de trois ans, chez qui la structure est encore souple, le comportement rentre dans l'ordre après quelques minutes, pour l'enfant chez lequel il y a eu accumulation de ces situations, auxquelles de l'agressivité dirigée contre lui ou concrètement perceptible a été ajoutée, la structure se solidifie comme telle, et se développe une personalité encombrée de troubles du comportement de façon durable.

Le mécanisme réparateur est celui de l'interpersonnel. Ce n'est pas uniquement que des mots y sont prononcés, c'est que des mots sont prononcés par ceux à qui l'attachement est le plus vif (mère et père en particulier).

Peut-être se produit-il au niveau cérébral ce que Winnicott décrivait en termes psychanalytiques au sujet de l'espace potentiel. L'espace potentiel est comme la latitude interne qui se développe à l'intérieur de l'individu au cours d'un développement normal, latitude qui lui permet de progressivement acquérir de la patience, de la réflexion, des mots pour ses impressions, et la capacité d'être créatif. Curieusement, il semble que cet espace potentiel (interne) se développe du fait que de l'espace est progressivement créé entre lui et l'élément parental. Pour Winnicott, comme pour beaucoup de théoriciens psychanalytiques, l'enfant ne naît pas avec la conscience d'être un individu à part entière, mais il débute au contraire dans l'existence un peu comme un prématuré, partie non dissociée de sa mère. Son individuation est le fruit de sa séparation, une séparation qui doit être progressive et harmonieuse autant que faire se peut, une séparation qui doit se dérouler au rythme de ce que l'un (l'infans) et l'autre (la mère) peuvent accepter, peuvent supporter.

Cet espace interne, virtuel, abstrait, inconscient, analytique, est le produit de la création progressive de l'espace interpersonnel qui se crée petit à petit autour de lui, du fait du relationnel et de l'attachement.

Peut-être le mûrissement des fonctions cérébrales supérieures, sont le fait de la myélinisation, de créations de synapses, et d'autres développement chimiques, physiologiques et électriques internes. Mais peut-être le moteur de l'activation des ces développements du monde interne, cérébral, de l'individu, se situe-t-il dans l'interpersonnel, dans l'attachement, dans la relation, à l'instar de ce qui se produit avec l'espace potentiel.

Le moteur de l'humain parait décidément bien être dans l'interpersonnel, comme je l'écris dans plusieurs endroits, comme je l'écris dans l'article "ta parole, ma parole" de ce même blog, autour des thèmes du livre de la Genèse.

Aux plans philosophique, social ou intellectuel, la place dévolue à l'interpersonnel parait optionnelle : on choisit comme ci ou comme ça, en fonction de ses aspirations.

Aux plans psychologique et probablement neurologique, cela pourrait ne pas être optionnel : on a besoin de l'interpersonnel. On en a besoin pour un développement dans les meilleures conditions, mais peut-être en a-t-on non moins besoin quand il s'agit du thérapeutique - quand il s'agit de corriger des choses qui sont parties de travers, tant dans le psychologique que dans le neurologique.


Le cerveau, étant une structure dont la plasticité n'est plus à démontrer, en perpétuelle évolution tout au long de notre vie, peut peut-être non seulement se développer mais aussi se réparer du fait de l'interpersonnel. Peut-être aussi dans la phase de réparation, le cerveau gauche, des fonctions supérieures peut être réactivé par le biais du cerveau droit, c'est à dire en remontant à la source du trajet normal, en communiquant avant tout des impressions et en second lieu du contenu (par exemple dans le cas de la rééducation)