vendredi 29 mars 2024

La presse, le monde, ses habitants...

 

Lire la presse et y découvrir, exception, un article où les déclarations des politiques ou des humanitaires ne sont pas qu’empoisonnements, par exemple ce billet de Jean Quatremer dans Libération il y a deux jours.

Mais il fait plutôt office d’exception qui confirme la règle que signe que l’information peut montrer un éventail.

Que peut un tel billet contre un éditorial du Monde (le Monde ou l’immonde ?) où on peut lire que Tsahal a repris ses manoeuvres dans l’hôpital Shifa, d’où émane une presque directe condamnation : « Ils recommencent à s’attaquer aux hôpitaux ! » dit-on à peu près automatiquement dans les chaumières.

Pourquoi ne serait-il pas écrit pour décrire le même item : « Tsahal contraint à ré-intervenir dans Shifa où le hamas a aussitôt réinstallé tout son artifice guerrier (munitions, bureaux, combattants dissimulés parmi les malades et les salles de soins voire d’opération » ? Et pourquoi les chiffres abracadabrants du nombre de terroristes trouvés (éliminés + arrêtés), de la quantité d’armes trouvées ne sont-ils pas repris et publiés ?

Que peut un billet de Libé, petit (même si un peu grand) journal français face à la déclaration de la soi -disant impartiale déléguée de l’ONU aux affaires palestiniennes (dont les accointances palestiniennes ne sont que secret de polichinelle) selon laquelle « de nombreux éléments attestent d’action génocidaire de la part d’Israël à Gaza ?

C’est l’édito du Monde qui se termine sur le fait (marginal probablement) que les palestiniens seraient aujourd ‘hui 6,5 millions. Alors qu’ils étaient 500 000 il y a 75 ans ! Comme génocide, on a déjà fait mieux !

Mais le citoyen lambda, plus abondamment abreuvé d’éditos et de déclarations internationales, plus facilement sensibilisé par les photos d’enfants en guenilles et en quête de pain que par la vague conscience (depuis longtemps effacée - à dessein ?) des massacres du 7 octobre, des bombardements innombrables, du déplacement massif de populations, de très nombreux morts et blessés parmi la population de soldats, soldates et réservistes, est bien plus facilement porté à condamner Israël, quand ce n’est pas à reprendre les slogans qui ne sont pas moins qu’appels à sa disparition.

La vague d’antisémitisme générée par cette guerre (la plus longue depuis la création de l’état) est sans précédent. Sans précédent si on la met en présence de cette situation d’un Israël non agresseur mais agressé.

Il n’est apparemment pas convaincant de rappeler qu’Israël n’a pas cherché cette guerre, qu’Israël n’occupe plus Gaza depuis 2005, que le « blocus » ne concerne que les armes (blocus d’ailleurs plus inefficace que toute passoire). Pour la propagande pro-palestinienne, soutenue par de grands noms intellectuels et politiques, le 7 octobre n’a été rien d’autre qu’un mouvement spontané de réaction populaire à l’oppression.

L’opinion qui croit ce mensonge oublie soigneusement de demander comment la population gazaouite est-elle encore affamée alors qu’un gouvernement assisté d’énormes fonds internationaux est aux commandes sur le territoire depuis près de vingt ans, comment n’est-elle pas protégée alors qu’ont été creusés plusieurs centaines de kilomètres de tunnels, plus quelques « détails » comme par exemple que c’est Israël qui a construit l’hôpital Shifa entre autres…

Ceci ne conduirait-il pas directement à conclure que c’est d’antisémitisme qu’il s’agit bel et bien ?

Comment comprendre autrement la singulière absence de condamnation générale du hamas de ce qu’est la situation de Gaza, situation de pauvreté, situation d’absence de protection des civils, situation de tirs sur pays souverains depuis écoles, agences UNRWA et hôpitaux ?

Comment supporter ce doigt accusateur contre un pays qui se bat pour retrouver 134 personnes ayant été kidnappées depuis leur maison, leur territoire souverain, ayant été depuis honteusement retenues prisonnières et vraisemblablement maltraitées quand ce n’est pas abusées sexuellement, quand ce n’est pas exécutées ?

Comment comprendre cet acharnement tellement sélectif, tellement incomparable au mode de couverture médiatique dont jouissent d’autres contextes mondiaux (résolutions à l’ONU, condamnations, plaintes à La Haye sont incomparablement plus nombreuses contre Israël que contre n’importe quel autre pays au monde. Combien de condamnations et de plaintes relatives aux tuttsis ? Relatives à la guerre en Syrie ? Relatives à l’invasion russe en Ukraine ? Relatives aux mesures turques contre les kurdes, et à Chypre, relatives aux emprisonnements en Chine et la liste d’exemples est interminable) ?

Comment comprendre le si mineur concert de critiques à l’égard du sort dévolu aux palestiniens depuis un siècle ? L’intérêt pour leur situation est réduit aux condamnations à l’encontre des implantations mais celles-ci sont-elles au centre de ce qui devrait être résolu ? 
Pourquoi devraient-ils être encore des réfugiés ? Pourquoi avec les sommes d’argent collectées, versées, la population de Gaza devrait-elle être restée si démunie, si vulnérable ? Qui pointe un quelconque doigt accusateur de cette situation à l’encontre de leurs dirigeants ? À l’encontre de l’UNRWA ? À l’encontre des pays arabes ?

Comment comprendre que ce concert accusateur contre Israël vient prendre toute la place et avoir complètement fait disparaître d’autres éléments tellement plus majeurs, plus frappants, comme par exemple combien Israël, ce pays né ex nihilo s’est non seulement développé en nombre mais aussi en qualité de vie ainsi qu’aux plans scientifique, médical, de percée technologique, moral, combien ce pays a fait renaître une des plus anciennes langues de l’humanité (quand j’étais enfant l’hébreu était classée parmi les langues mortes), combien l’étude de la Torah, du talmud, de l’ensemble des textes de la tradition y est intensive, prolifique, combien s’y réalise un mixage ethnique et culturel qui n’a son pareil nulle part ailleurs dans le monde ?

Enfin, comment semble encore et encore se reproduire l’inversion des faits ? L’armée israélienne porte le nom d’« armée de défense d’Israël » et elle est accusée au quotidien de ses agressions, même quand elles sont défensives le plus clairement comme par exemple dans la situation actuelle d’une guerre déclenchée par une invasion meurtrière depuis le territoire gazaoui. C’est Israël qui est soupçonnée à voix haute et répétitive d’action génocidaire alors que c’est cette attaque du 7 octobre qui l’était ouvertement, alors que la barbarie et la façon dont ses perpétrateurs s’en sont vantés étaient choquantes à tous points de vue, et alors que personne en Israël ne se vante de tels actes, c’est une supposée barbarie israélienne qui est sur le banc des accusés à la haute cour internationale de justice. Alors que les viols du 7 octobre ont pratiquement été relayés vers le monde entier par les coupables eux-mêmes et en direct, alors que les témoignages directs ont été entendus, il a fallu que des voix (y compris soi-disant féministes) expriment leurs doutes sur la véracité de ces faits, puis que soient colportés des bruits comme quoi les soldats israéliens auraient eux commis de telles actions…

Il y a autour de ce triste théâtre plusieurs catégories de protagonistes. Il y a les coupables, les victimes, les soldats, les autorités civiles et militaires nationales et internationales. Il y a aussi les médias, et il y a les prédicateurs, les engagés de diverses sortes.

Si les coupables le sont ou non, si les victimes le sont ou non c’est l’affaire de la justice. Les autorités doivent répondre de ceux qui leur sont subordonnés, mais il est clair que leurs intérêts sont menacés par de tels faits. Les médias et les engagés eux ne sont menacés par rien et cherchent à soutenir un camp et enfoncer l’autre.

Et on ne peut s’empêcher de s’interroger sur ce qu’avalise le monde entier depuis au moins 76 ans, c’est à dire depuis la création (votée à l’ONU) de l’état d’Israël : le monde qui a mis en place l’UNRWA, c’est à dire un organe qui a vocation de s’occuper des « réfugiés palestiniens », de père en fils, c’est à dire, en fait, jusqu’à ce qu’aura disparu l’état d’Israël, un organe dans les écoles duquel on enseigne une carte du monde dans laquelle le mot Israël n’apparaît pas, une histoire du monde dans laquelle la shoah n’est pas mentionnée, au contraire de la bravoure des combattants palestiniens tuant le soldat sioniste, ce monde est opposé à l’existence même d’un état juif.

Et les meilleurs représentants, les plus militants, de ce point de vue sont ceux que l’on appelle aujourd’hui islamo-gauchistes, et les plus militants de cette frange politique sont des juifs. Ces gens sont ceux qui ne voient aucun antisémitisme dans l’attaque du 7 octobre, ces gens sont ceux qui participent à la rectification de l’histoire encore avant que les canons ne se soient tus, ceux pour lesquels Israël est l’agresseur, Israël s’attaque aux écoles et aux hôpitaux, Israël affame la population de Gaza, Israël bombarde la population de Gaza, qui, la pauvre n’a nulle part où se protéger… quand les milliards qui ont été versés n’ont jamais eu d’autre utilisation que la préparation de la guerre afin de détruire l’état d’Israël, et quand ces milliards ont entre autres été investis dans la construction de kilomètres de souterrains.

Peut-être est-il temps que de tels articles cessent d’être des exceptions ? peut-être est-il temps que se fassent mieux entendre les voix de ceux qui pensent autrement la réalité et l’avenir ? Peut-être est-il temps que le rôle des médias (re)devienne un rôle d’information permettant l’ouverture des yeux du monde de ses lecteurs, auditeurs et spectateurs…

 

vendredi 22 mars 2024

En ces temps de fête de Pourim

 

Les appels répétés à l’arrêt de la violence sont autant ineptes que les accusations de génocide et d’apartheid proférées à l’encontre d’Israël.

Israël est aux prises avec un monstre qui appelle ouvertement non à son retrait de territoires conquis par la guerre, mais à sa disparition. Les manifestants qui reprennent le slogan « Palestine will be free from the river to the sea » soutiennent cette volonté antisémite, et celle-ci est bel et bien génocidaire.

Même si la question des territoires peut être centrale aux yeux des légalistes européens et américains, la seule légitime réponse à ces appels et à l’état d’esprit qu’ils entretiennent est la création de nouveaux lieux de vie israéliens sur tout le territoire.

Ces appels aveugles à la paix (aux relents de slogans hippies des années soixante) sont intolérables et impardonnables parce qu’ils sont exonération de la barbarie du hamas d’une part, et scotomisation de la double question des otages et de la population déplacée et visée sur le territoire souverain israélien d’autre part.

La guerre ne continue pas tant pour éliminer le hamas que pour ramener les captifs enlevés et retenus prisonniers dans des conditions insoutenables à la maison.

Ceux qui les ont enlevés, qui les maintiennent otages quelque soit leur sexe, leur âge, leur condition physique ou civile, et qui sont ceux qui ont créé un réseau de tunnels à seuls fins de combat, sans aucune intention de pouvoir un jour les utiliser pour protéger la population, sont ceux qui utilisent encore et encore hôpitaux et écoles à des fins militaires, sont ceux qui ont maintenu la population de Gaza en état de réfugiés affamés pendant un demi-siècle, tandis que la communauté internationale versait d’incommensurables sommes d’argent, et sont les seuls responsables de la destruction, de la faim et de la mortalité aujourd’hui à Gaza.

L’Europe et l’Amérique des bien-pensants n’auront pas d’audience en Israël tant que ce message n’aura pas été exprimé haut et fort et sans ambiguïté.

Cette absence de déclarations en ce sens est justification de l’antisémitisme.

N’en déplaise à Judith Buttler et au titre d’intellectuelle la plus influente du monde actuel qui lui est décerné , l’attaque du 7 octobre n’est ni une réaction, ni une attaque armée d’une entité contre une autre, mais un pogrom dans la tradition des pogroms russes et polonais, de celui de Jedwabne et de ses 1600 juifs brûlés dans le silo, celui de Kiev, celui de Kielce, et celui de Hevron en 1929. Ces actes ne sont nullement résistance mais actes de haine antisémite, proclamée à voix haute dans le slogan « will be free… ».

Cette attaque n’était rien d’autre qu’une explosion de haine préméditée et orchestrée (et non qu’une quelconque cocotte-minute de réaction populaire et spontanée comme le dit tristement Michel Warchawski), de haine antisémite indicernée, de barbarie, une attaque non sur les territoires soi-disant conflictuels parce que conquis par la guerre mais sur la terre d’Israël civilement et officiellement attribuée au peuple juif. Cette attaque est une attaque contre le peuple juif, contre son existence, et la seule réponse légitime est l’expression de son existence, que sont la présence sur la terre et le combat pour la vie humaine, en l’occurence, la libération et le retour des otages.

Ce pogrom du 7 octobre, le fait que la souveraineté d’Israël ait été violée ce jour-là et depuis lors par les bombardements innombrables du hamas et du djihad islamique au sud, du hezbollah au nord, des houtim yéménites, le fait que des dizaines de milliers de citoyens en Israël sont déplacés, sont tenus à calculer leur proximité à l’abri le plus proche depuis cinq mois, sont des faits sinon complètement oubliés, au moins négligés et ramenés au rang de détails de l’histoire, et ceci participe d’un antisionisme répandu, paravent d’un antisémitisme qui accueille avec bienveillance l’interdiction au peuple juif d’avoir sa propre terre.

La fête de Pourim fêtée ces jours-ci en Israël et par les juifs du monde entier ne commémore pas un évènement contre le peuple juif dans son ensemble mais un événement paradigmatique de la haine contre le juif, même s’il ne s’adressait concrètement qu’aux juifs du royaume de Perse.

La fête de Pourim est la commémoration du jeûne puis de l’action armée des juifs contre leurs persécuteurs.

Le peuple juif, régulièrement considéré comme peuple du livre devrait non être combattu, persécuté et menacé de disparition mais vu comme ce qu’il est, réellement et potentiellement : le peuple porteur du message par excellence d’humanité, d’éthique et de progrès de l’humanité entière, le peuple véhicule de la Bible et de l’étude et l’actualisation constantes de ses textes.