mercredi 20 novembre 2019

Syrus c’est si s’lave. Le kavashti, exemple d’éxegèse acrobatique de la meguila d’Esther.



Le thème est connu. Tout individu même débutant en matières juives a pu déja entendre que la « meguila d’Esther » est un livre codé.

Tous savent que le nom de D. n’y  figure pas, ou plutôt n’y figure pas « en clair ». D’ailleurs, meguila, qui signifie rouleau ne pourrait-il pas aussi être compris « dévoilement » (en rattachement à la racine g.l.h. qui signifie « dévoiler »plutôt qu’à la racine g.l.l. qui signifie « rouler »)? Et Esther ne serait pas seulement un nom propre, mais renverrait à la racine s.t.r. qui signifie « cacher, dissimuler », le rouleau d’Esther devenant ainsi : « dévoilement de ce qui est caché ».

Et ce jeu de mot est une des règles du jeu auquel nous sommes conviés.

Il y a d’autres règles de la fête de Pourim. Par exemple celle du « nahafokh hou » : tout ce qui concerne Pourim serait régi par la règle de comprendre que ce que l’on nous dit est le contraire de ce que l’on nous dit vraiment, par exemple que le mot « hamelekh » employé seul ne désigne pas le roi Assuérus mais le Roi des rois, et la liste est encore longue.

La reine Vashti a un rôle apparemment secondaire dans cette pièce de théâtre : en parallèle du festin organisé par le roi Assuérus au début de la meguila, elle fait son propre festin, et dès l’acte 2 n’apparaît plus.

D’après la lecture immédiate, elle disparait de la scène suite à son refus de comparaître devant tous les invités, et c’est de cette disparition apparemment fortuite qu’Esther accède au statut de reine.

Le midrach se met littéralement en quatre, en sollicitant les mots à la limite du raisonnable, pour que nous distinguions ce qui est ici autre, ou dissimulé.

C’est une sollicitation linguistique qui ne va pas sans rappeler le classique : « pourquoi Syrus est-il ton frère? » (pour ceux à qui la mémoire ferait défaut voici le texte, la réponse à la question : «  parce que Syrus, c’est six slaves. Et si y s’lave, c’est qu’y s’nettoie, et si c’n’est toi c’est donc ton frère ») et il ne manque pas de sel que ce calembour-tour de force soit à base d’un comparse (Syrus, à qui nous devons le fameux « édit de Syrus ») de notre Assuérus.

Et ici, dans la meguilat Esther, le midrach sollicite le verset « gam Vashti hamalka assta mishté » en soulignant la redondance phonique de ce morceau de phrase, mais comme en introduction, comme pour nous dire  : « elle ne s’appelle Vashti que parce qu’elle fait ce mishté (qui est la totalité de son rôle dans notre pièce), elle ne s’appelle Vashti qu’en résonance au mot Tashtit, parce qu’elle est non secondaire mais fondamentale plus encore que centrale (et pour développement de ce thème, voir mon précédent texte).

Comme pour nous inviter à voir qu’elle n’est pas secondaire par rapport au roi, mais que c’est l’inverse.

Et de nous signaler que c’est elle qui est de sang royal, tandis que lui n’est que partie rapprochée. Et d’où sait-on son ascendance ? D’une acrobatie exégétique intéressante, et qui n’a rien à envier à notre « Syrus-c’est donc ton frère » :
Il est écrit dans Ishaïahou 55, 13 : « 
תחת הסרפד יעלה הדס» (le myrthe s'élèvera à la place de l'ortie) , ce qui désigne Vashti ( Esther étant nommément le myrthe) nous dit le midrach. Et d’où savons-nous qu’elle est appelée Sirpad ?(qui signifie ortie) , parce que sirpad est la contraction de « שרף רפידות » et d’où savons-nous que cela la désigne comme petite fille de Nabuchodonosor ? Du fait qu’il est écrit dans le Cantique des cantiques 3, 10 : « רפידתו זהב » et nous savons que Nabuchodonosor a brûlé les garnitures du temple....

Par ailleurs, le midrach s’évertue à nous prouver que Vashti devait comparaître nue au festin. D’où le sait-il? Du fait qu’il est marquée qu’elle doit venir « ornée de sa couronne ». Si on précise qu’elle porte sa couronne, ce qui va de soi du fait qu’elle est reine, c’est qu’il faut lire « ornée de sa seule couronne », ce qui veut dire, nue à part la couronne.

Mais il ne faudrait pas croire que le midrach cherche à tout prix à nous faire « voir » la nudité de Vashti. Le midrach ne pense apparemment ici non à de la nudité comme signe de débauche, mais à de la nudité comme signe d’humiliation.
Et nous le déduisons encore une fois d’une sorte d’élucubration calembourguesque : Vashti aurait dû être nue, du fait qu’il est marqué en Esther 1, 12 : «
וחמתו בערה בו » (sa colère brûla en lui....et il ne faut pas lire « brûla » mais rapporter le mot « baara » non à la racine b.a.r. (Brûler), ni à la racine a.r.r. comme dans ce verset des psaumes ( 73,20) בעיר צלמם יבזה où contrairement à ce que le lecteur pourrait comprendre il ne faut pas lire que le créateur, « à son éveil, humilie les idôles », mais à la racine a.r.h. et comprendre que le mot « baïr » renvoie à « eriah » qui veut dire « nue ».

Et il est possible que toute ces acrobaties sont là pour mettre en lumière ce que devrait comprendre le lecteur aux prises avec la meguilat Esther, c’est qu’elle ne nous conte pas une intrigue de cour provinciale, de laquelle surgit Esther nommée reine à la manière du personnage qui surgit du mileu du gâteau à la crème, mais qu’elle décrit un des details du rêve de Nabuchodonosor explicité par Daniel : le détail de l’anéantissement de l’empire babylonien, du fait de ses méfaits à l’égard du Créateur et à l’ordre du monde, et au profit d’Israël.

On est invité à comprendre que Vashti est condamnée « le septième jour » (et le midrach nous précise de ne pas croire qu’il est ici question du septième jour du festin, mais bien du septième jour, c.a.d. le shabbat) en tant que petite fille de Nabuchodonosor (et donc dernière survivante de la lignée royale), et dans sa nudité, du fait des mauvais traitements qu’elle a faits subir à l’humanité à travers ses servantes filles d’Israël à qui elle a imposé de travailler nues le shabbat.

Et ces acrobaties devraient pouvoir nous conduire à deux conclusions. La première étant que les rabanims du midrach ont une idée derrière la tête et qu’ils ne reculent devant aucun moyen pour la faire apparaître, la deuxième étant que le thème de Pourim traitant principalement de la dissimulation des desseins divins eschatologiques sous de paisibles décors, le travail (parfois ardu...tant les voies du Seigneur sont impénétrables) de l’éxégète est de faire apparaître cette face cachée au lecteur.


Si on y réfléchit, ce n'est pas une technique fondamentalement différente de la psychanalyse façon Lacan, ou d'une approche Derridéenne et déconstructionniste du texte. D'aucuns voient dans ces méthodes des élucubrations de l'esprit - et logent toute la psychanalyse à la même enseigne - , tandis que d'autres ont le sentiment que ce n'est que par ce moyen que l'on descend dans les profondeurs du texte. 

Lévinas qui n'était ni psychanalyste ni lacanien, mais bien Chouchanien, réfléchissait de cette manière sur les éxégèses même les plus acrobatiques, se refusant formellement à les voir comme des exagérations. Il allait même plus loin, exprimant qu'une fois qu'on a ainsi "sollicité" le texte, on n'a pas atteint la vérité vraie, on a juste approfondi, on s'est donné des clefs d'approfondissement supplémentaire.

Et nous avec nos petits moyens, ne faisons pas autre chose.., 


vendredi 8 novembre 2019

קורותיה של משפחת טאובר, ברקע גורלן המר של חסידויות פילוב וסוקולוב, ושל היהדות בעיירה פולווי, שבדרום מזרח פולין.



קורותיה של משפחת טאובר, ברקע גורלן המר של חסידויות פילוב וסוקולוב, ושל היהדות בעיירה פולאווי, שבדרום מזרח פולין.

אתאר כאן במקביל ובשילוב את אשר התפתח במשפחתי משפחת טאובר, ביחס לפולין ולישראל, בהבלטת הרוח שאיפיינה את הקהילה בה משפחה זו חיה, קהילה שהמנהיגים שלה היו נכדו ואחריו נינו של הקוצקר רבה, בין השנים 1895 ו 1914. 

מאחר ונסגרה אז חסידות פילוב, ושמלחמת העולם השנייה חוללה את הרצח הכללי של כל יהודים במקום זה, אין להפריד תיאור של המקום ממרכיב הטראומה שהתלוותה לשורדים ולצאצאיהם, שיהיו אלה תושבים או צאצאי חסידות פילוב.האם ניתן למצוא סימנים של טראומה זאת היום ?


היהודים התיישבו בפולאווי במרוצת המאה ה 17, כנראה בהזמנת נסיכות קסטוריסקי, שבניה הקימו שם ארמון, וכעבור זמן קצר, את המוזיאון הפולני הלאומי הראשון. עם הזמן, נאלצו בני הקסטוריסקי להגלות את עצמם לצרפת, כאשר את המוזיאון, העביר השלטון לקראקוב, ובזה הסתיימה תקופת הזהב של העיר פולאווי. היא חזרה למימדים של עיירה קטנה. בראשית המאה ה20, נוסדו במקום מכון ללימודים טכניים, וגם פקולטה לחקלאות והגיעו לעיירה סטודנטים, דבר שתרם להתעוררות מחודשת.  ברם, היהודים הם אלה שהביאו לצמיחתה הכלכלית של העיירה, עד למשבר הכלכלי של שנות ה 30 של המאה ה 20. הכתובים אודות פולאווי מציינים את הגעת כמות גדולה של יהודים לעיר בסוף המאה ה 19, ומעורבותם המכריעה בפיתוח הכלכלי של העיר. מצויינת גם פעילותם במישור המוניציפלי, וגם סביב קהילת הסטודנטים. אז, היוו היהודים כשני שליש מהאוכלוסיה הכללית, היו מיוצגים במועצת העיר בשיעור של 25% מהועד, וכאמור, הם לקחו חלק פעיל מאד באומנויות הקשורות לחיי הסטודנטים (דיור, לבוש, בישול ומחירת מוצרי מזון). בשנים של אחרי מלחמת העולם השנייה, שוב התפתחה פולאווי, עד למימדיה הנוכחיים (כחמישים אלף תושבים) אך כבר בלי שום קשר ליהדות.



במאה השמונה עשרה, היתה שם קהילה יהודית מצומצמת, מרוכזת סביב הרחוב הראשי, המוביל לעיר לובלין אשר נמצאת במרחק כ 30 ק״מ, ושמו בפולנית אוליצה לובלסקה.



רבים המסמכים עליהם מופיע רחוב זה כסמל של הנוכחות היהודית במקום, ציורים ובהמשך תמונות, וגלויות.


Ce qui est arrivé à la famille Tauber,
traduction en françaias chaleureusement fournie par Philippe Michard.

En parallèle du sort amer de la Hassidout de Pulawy et Sokolov, et de la communauté juive dans la bourgade de Pulawy, au Sud-est de la Pologne.

Je décrirai ce qu’il en est de ma famille, la famille Tauber, dans ses liens avec la Pologne et Israël, en soulignant l’esprit qui inspirait la communauté dans laquelle cette famille a vécu, communauté dont les dirigeants étaient les petits-fils et arrières-petits fils du Rabbi de Kotsk dans les années 1895-1914.

Cette description de la vie de cette famille et de la hassidout à laquelle elle s'est liée, est indissociable du drame suite auquel on ne trouve plus aujourd'hui à Pulawy ni de survivants Tauber, ni de hassidim…ni le moindre juif. Je fais cette description et tente de déceler chez les survivants et à travers les écrits qu'ils ont laissés la marque de ce drame, et du traumatisme qu'il a occasionné

Les Juifs se sont installés à Pulawy au cours du 17ième siècle, à l’invitation, semble-t-il de la famille princière Kastoriski, lignée polonaise très présente dans l'histoire de la Pologne, dont les fils ont édifié à cet endroit un palais et, après une courte période, le premier Musée national de Pologne. Avec le temps, les fils Kastoriski ont dû émigrer eux-mêmes en France lorsque le Musée passa au pouvoir de Kracovie, et c’est ainsi qu’a pris fin l’âge d’or de la ville de Pulawy. Elle est revenue aux dimensions d’une petite bourgade, à laquelle les Juifs ont apporté la croissance économique jusqu’à la crise économique des années 30 du 20ième siècle. Les écrits concernant Pulawy décrivent quantité d’évènements concernant les Juifs dans la ville à la fin du 19ième siècle, et leur implication déterminante dans le développement économique de la ville. Sont décrits aussi des activités sur le plan municipal, et aussi autour de la communauté étudiante lorsque la ville a transformé son académie en accordant une part au développement de l’Institut Polytechnique et la Faculté d’Agriculture au début des années 20. Les Juifs étaient alors 70% de la population totale, ils étaient représentés au conseil municipal dans une proportion de 25% du conseil, et ils prenaient une part dans l’activité encore plus importante dans les humanités liées à la vie des étudiants (logement, habillement, cuisine et prix des denrées alimentaires).Dans les temps d’après la seconde guerre mondiale, Pulawy s’est développée à nouveau, jusqu’à l’agglomération actuelle (autour de 50000 habitants) qui n’a plus aucun lien avec la judéïté.

Au cours du 18ième siècle, il y avait là une communauté juive réduite,  centrée autour d’une rue principale dirigée vers la ville de Lublin qui se trouvait à environ 30 km, et dont le nom polonais était Ulica Lubelska.

La majeure partie des documents les concernant montrent cette rue comme symbole de la présence juive dans le lieu, d’abord sur les dessins puis sur les photos et les cartes postales.







ר' חיים ישראל מורגנשטרן, נכדו של מייסד חסידות קוצק, ה״שרף מקוצק״, ר' מנחם מנדל מורגנשטרן, נולד בקוצק בשנת ת״ר (1840). הוא למד הרבה אצל מורים ורבנים ובעיקר אצל סבו, ועבר בשנת 1895 לעיר פולאווי, בהיותו כבר ידוע ואהוד, ואחרי שכתב את ספרו ״שלום ירושלים״, אך טרם הוציא אותו לאור. שם, הוא ייסד חסידות פילוב, אליה נהרו מרחבי דרום מזרח פולין הרבה חסידים, וביניהם  יאנקעל׳ה טאובר וחברו הטוב משה מאייער טיטלבאום מהעיר זידלוביץ, לא הרחק מפשיסחא, דרומה מוורשה. בעיר פשיסחא, המקום הרוחני ממנו יצאו חסידות קוצק וחסידות פילוב, כיהנו זה אחר זה ״היהודי הקדוש״ ורבי שמחה בונם, אצל מי למד בזמנו האדמו״ר הראשון, ה״שרף מקוצק״, בראשית המאה ה 19 .

ליאנקעל׳ה טאובר נולדו ארבעה בנים, שניים מהם היו ישראל אברהם (1880) וחיים (?), שקיבלו ככל הנראה את שמותיהם בהשראת השמות של האדמו״ר. שני האחרים לא הותירו לא צאצאים ולא זכר, והשואה היא הסיבה לכך.


Haïm Israël Morgenstern était le petit-fils du fondateur de la hassidout de Kotsk, le « séraphin de Kotsk » Menahem Mendel Morgenstern qui naquit dans la vile de Kotsk dans l’année 5600 (1840), non loin de Pulawy. Il apprit beaucoup chez les enseignants et les rabbins et surtout chez son grand-père, et s'installa  en 1895 dans la ville de Pulawy, étant déjà connu et apprécié, en partie du fait de son livre « Chalom Yeroushalaïm », bien qu'il n’était alors pas encore publié. C’est là qu’il fonda la Hassidout de Pulawy, vers laquelle convergèrent de nombreux hassidim du sud-est de la Pologne, et parmi eux Rabbi Yankeleh Tauber et son meilleur compagnon Moché Mayer Teitelbaum de la ville de Sidlowitz , géographiquement et idéologiquement proche de Pchiskha, au Sud de Varsovie. De cette ville de Pchiskha, lieu d’entre les plus inspirés, sortirent la hassidout de Kotsk et celle de Pulawy, sous l'impulsion du « Juif saint » et  de Rabbi Simkheh Bounem « Rabbi joyeux de ses enfants », chez qui étudia en son temps le premier Admor[1], le « Séraphin de Kotsk » ; au début du 19ième siècle.

De Yankeleh Tauber, naquirent quatre enfants, deux d’entre eux étaient Israël Abraham, et Haïm (1880) qui reçurent comme chacun, semble-t-il, des noms inspirés par les noms de l’Admor. Les deux autres n’ont rien laissé : pas de descendants et aucune trace; la Shoah en a voulu ainsi.




[1]Adonénou Morénou Rabbénou (notre Maître, notre enseignant et notre Rabbin)
יאנקעל'ה טאובר


האדמו״ר מפילוב הראשון, רבי חיים ישראל מורגנשטרן, דאג לחצר חסידית חיה ותוססת, ולהשפעה רוחנית ומוסרית על ההולכים בדרכיו. הוא התיישב, יחד עם חלקם, בבית הארוך ולו חצר אחורית גדולה שלאורך ״אוליצה לובלסקה״ בעיירה, אותו הבית שמסמל לאורך שנים ארוכות את יהדות פולאווי, ובחצר שלו שיחקו  סבתא שלי רחל ואחיה ואחיותיה, יחד עם כל ילדי חצר החסידים הרבים. באופן כמעט פלאי, על אף שכל סימני יהדות פולאווי נהרסו והועלמו, הבית עד היום עומד, על אף שלא נשאר בעיירה אף יהודי אחד.

ישראל אברהם טאובר שנולד כאמור בשנת 1880 בעיירה הסמוכה קורוב, נישא למאטל רוזנסון. אחרי מותה (בשנת 1905), הוא עבר לפולאווי, נישא בשנית לחנה טיטלבאום, בתו של משה מאייער טיטלבאום, והוא עבר להתגורר עם החסידים הקרובים לאדמו״ר, בתוך אותו בית. הבית הניצב בין אוליצה לובלסקה ובין האזור הנקרא אז ״החול״ (כי אז ובטרם בנו עליו, הוא היה רובו חול, מדברי. היום זה נקרא אוליצה פיאסקובה, ״רחוב החול״), ועל שתי קומות, כלל מתחמים רבים, שחלקם שימשו לצרכים הקהילתיים, בית מדרש בעיקר, חלקם (אלה בקומת קרקע הפונים אל הרחוב הראשי) למסחר (כפי שניתן לראות על התמונות ), וחלקם לדירותיהם של חלק מהחסידים, וביניהם משפחת טאובר, ויש תמונות עתיקות עליהם רואים גם עיזים כך שניתן לשער שהיו שם גם דיר, לול ועוד. מאחורי הבית ששרד, שרדה גם החצר, ולא קשה לדמיין כיצד התהלכו שם בעלי חיים, כיצד היו להם מחסה בפינות החצר


Le premier Admor de Pulawy, rabbi Haïm Ysraël Morgenstern, installa une cour de hassidim vivante et joyeuse, et exerçait son influence spirituelle et morale sur ceux qui suivaient ses chemins. La cour trouva tout naturellement sa place dans la longue maison, devanture, étage et grande arrière-cour, le long d’Ulica Lubelska, la maison-même qui fut pendant de longues années le symbole de la judéïté de Pulawy. Dans cette cour ma grand-mère Rachel jouait avec son frère et ses sœurs, en compagnie des nombreux enfants de la cour hassidit. La maison est encore debout mais il n'y reste plus un seul juif.




Israël Avraham Tauber qui naquit, semble-t-il, en 1880 dans la bourgade voisine de Kourov, se maria à Matel Rozenson. Après la mort de celle-ci (en 1905), il épousa en secondes noces Hana Teitelbaum, la fille de Moché Mayer Teitelbaum, et se joint aux Hassidim proches de l’Admor, à l’intérieur de cette même maison. La maison se tenait entre Ulica Lubelska et le terrain connu comme « le sable », (car alors et jusqu’à ce qu’il soit construit, il était sablonneux, désertique). Aujourd’hui, il est appelé ulica Piskowa, la rue du sable[1]),  et sur deux étages, qui incluaient plusieurs espaces, partagés selon les besoins communautaires, en Beith Midrash pour une part principale, pour commercer (comme on peut le voir sur l’image) dans une seconde partie (celle du rez-de-chaussée, tournée vers la rue principale), et comme logement du groupe des Hassidim, et entre eux, la famille Tauber pour la dernière partie ; il reste des photographies anciennes sur lesquelles on voit aussi des chèvres, on peut donc supposer qu’il y avait aussi là une bergerie, un poulailler etc.


[1] J’ai commencé par une version avec « profane » pour houl…ça collait presque… tu imagines ….



על התמונה של הרחוב משנת 1924, (התמונה מופיעה בהמשך העמוד, ליד התמונות של מצב הבית היום) וגם על התמונה כאן, בערך מאותה תקופה, רואים כמה בני הבית, חלקם על המרפסות, חלקם ליד הבית, ביניהם ילדים אחדים, ולא מן הבלתי אפשרי  שנמצאים ביניהם אחד או יותר מצאצאי ישראל אברהם טאובר.

Sur la photo de la rue datant de 1924, on voit quelques personnes de la maison, certains sur les balcons, certains à côté de la maison, parmi eux des enfants. Il est possible que se trouvent entre eux un ou plusieurs descendants d’Israël Abraham Tauber.





בשנה הזאת, יחזקאל ורחל, שני הילדים הראשונים של ישראל אברהם, כבר לא היו בפולאווי. יחזקאל, הבכור, זה שנולד לישראל אברהם בהיותו בן 18 בלבד, כבר היה נשוי לבת דודתו (אחותה של אשתו של יאנקעל׳ה) נחומל׳ה גליקליך, והם היו מתגוררים בלובלין. יחזקאל שרת בצבא הפולני. לימים הם הביאו לעולם את שמיל מנשה וחיו בלובלין. חייהם הסתיימו בשואה.


En 1924, Yechezkel et Rachel, les deux premiers enfants d’Israël Abraham, n’étaient déjà plus à Pulawy. Yechezkel, l’ainé d’Israël Abraham, qui était né quand celui-ci était âgé de 18 ans seulement, était déjà marié à la fille de sa tante (sœur de l’épouse de Yankeleh) Nehoumaleh Gliqlikh, et ils habitaient à Lublin. Yechezkel servit dans l’armée polonaise. Ils mirent au monde Chmil-Menache et vivaient à Lublin. Leur vie se termina avec la Shoah. 

יחזקאל טאובר ובנו שמיל מנשה


רחל לא אהבה את הנישואים בתוך המשפחה, ובפרט לא הסכימה שיחתנו אותה לחיים, דודה, כפי שתוכנן היה. היא ביקשה לעבור לעיר הגדולה. הוריה, שנאלצו להסכים, סידרו לה עבודה ומגורים אצל מכריהם, משפחת היינסדורף, אשר להם חנות של מצרכים קולוניאליים, ברחוב כרמליצה, בלב השכונה היהודית (שלימים הפכה לגטו) של ורשה. שם היא הכירה את שלמה פלידרבאום, שהיה בן דוד של יעקוב היינסדורף והיה עובד בחנות. אחרי ביקור בפולאווי, שם קיבל שלמה מחמיו סט מחזורים שנשארו לו יקרים עד יום מותו, היא נסעה איתו לארץ ישראל, ונשאה לו שם, בעיר תל אביב בשנת 1926, בראש חודש אייר.

 
Rachel n’aimait pas l’idée de se marier dans la famille et surtout, elle n’était pas d’accord qu’ils la marient à Haïm, son cousin, comme c’était programmé. Elle demanda à aller à la grande ville. Ses parents, qui s’efforçaient de trouver un accord, obtinrent pour elle un travail et un logement chez des clients, la famille Heinsdorf, qui avaient un magasin d’articles coloniaux, dans la rue Carmelitsa, au cœur du quartier juif (qui deviendrait un jour le ghetto) de Varsovie. C’est là qu’elle rencontra Chlomo Fliederbaum, qui était le neveu par alliance de Jacob Heinsdorf et qui travaillait alors au magasin, elle partir avec lui s'installer en Eretz Israël, et c’est là qu’elle se maria avec lui, dans la ville de Tel-Aviv, l’année 1926.
רחל טאובר ושלמה פלידרבאום בתל אביב בעת נישואיהם ב 1925


אחותה למחצה, לאניה, מספרת כיצד ליוו את רחל כל החסידים וכל בני המשפחה בשירים, בתופים ובמחולות, עד לתחנת הרכבת : היא היתה יוצאת לפלסטין ! עולה לארץ ישראל ! כדברי האדמו״ר חיים ישראל !

לימים, בהיותה בהריון, ובגלל המצב הכלכלי הקשה בארץ, היא ביקשה לעבור לפריס, שם נולדו מאטל ב 1927 ואיטהל'ה (אירן) ב 1931, ושם הצטרפו אליה זו אחר זו אחותה אווה (ובעלה, ברנרד בורנשטיין, אף הוא מפולאווי), אחותיה למחצה סלווה ולאניה, ומאוחר יותר אחיה למחצה אהרון, שלימים נקרא ארנולד.


Avant le départ de Shlomo, le couple passa par Pulawy – où Shlomo reçut des mains d'Israël Avraham un set de makhzorim qui lui fut cher jusqu'au dernier jour, puis il partit seul, et une fois le visa pour Rachel obtenu, elle le rejoint.

Sa demi-sœur, Lonia, raconte comment tous les hassidim et les membres de la famille accompagnèrent Rachel avec des chants, des tambours et des danses, jusqu’à la gare de chemin de fer : elle s’en allait en Palestine ! Elle montait en Terre d’Israël ! Comme pour suivre les paroles de l’Admor, Haïm Israël !


Au fil des jours, maintenant enceinte, et du fait de la situation économique difficile dans le pays, elle chercha à gagner Paris, et c’est là que naquit Matel (Mathilde) en 1927, et Iteleh (Irène) en 1931, et là que, les uns après les autres, la rejoignirent sa sœur Hava (et son mari, Bernard Bornstein, qui, lui aussi venait de Pulawy), ses demis-sœurs Slava et Lonia , toutes deux également mariées à des natifs de Pulawy et plus tard son demi-frère Aaron, qui s’appellerait ensuite Arnold. 
מימין לשמאל, רחל, לאניה, סלאווה ואווה טאובר


כפי שסיפרה לאניה (ילידת 1910) לקראת סוף חייה בצרפת, סבה, ר׳ משה מאייער טיטלבאום, על אף שהיה שותף ליאנקעל׳ה טאובר בסחר ובהשגחה אזורית על מכירת הקמח וטחינתו, לא היה עוזב את בית המדרש. בניגוד ליאנקעל׳ה שהיה מבלה לא מעט זמן בחנות של המשפחה, אולי באחד המתחמים של אותו בניין. בזכרונה של לאניה, משה מאייער לא יצא מבית המדרש אפילו כדי לקבור את אשתו, דבורה לבית קירשנבלאט, בתשרי של שנת 1916, הוא לא פסק ללמוד. היא תארה כיצד ביום פטירתה, עבר משא הלוויה דרך בית המדרש, אז הוא הספיד אותה ארוכות, אך לא יצא יחד עם החסידים שנשאו את הגופה, אלא נתן להם לקבור אותה בו בזמן שהוא דבק בלימודו, כהוראת האדמו״ר, (. זכרון זה נוגד את ההלכה וסביר להניח שלאניה שהיתה אז בת 6 לא יכלה לזכור בכזו וודאות). הנקודה המרכזית הינה ההקפדה המאסיבית של הסב בלימודו בעיני נכדתו.

תקופה זו היתה ימיה האחרונים של חסידות פילוב. האדמו״ר הראשון, רבי חיים ישראל כבר נפטר בגיל 65, בשנת 1906. הוא הותיר אחריו ספר בשם ״שלום ירושלים״ שטרם פורסם, עוד ספר שלא זכה לפרסום, ועוד חיבור שצורף לספר אותו כתב אחד מבניו. בניו המשיכו את דרכו אך עד לשנים של מלחמת העולם הראשונה בלבד.

בהיותו עדיין בחיים, ועל אף שעוד לא הועלה על דפוס, היה ספר ״שלום ירושלים״ מרכזי מאד לאדמו״ר ולחסידיו. קונטרס ״שלום ירושלים״ (כפי שהוא מוזכר במספר מקומות) היה ספר מיוחד מאד, בהיותו בין הספרים הציוניים החסידים הראשונים, אם לא הראשון. (הגר"א  - הגאון מווילנה - וגם האדר"ת - חמיו של הרב ראי"ה קוק, שכיהן כראשון לציון, גם כתבו כל אחד ספר על חשיבות קיום מצוות תלויות בארץ. הם אבל שייכים לזרם הליטאי, ולא לזרם החסידי, והם פחות הובילו למעשה מכפי שניסה האדמו"ר מפילוב) .האדמו״ר השקיע המון מרץ במגמתו הציונית פורצת הדרך. הוא הקים את ״אגודת האלף״ כביטוי לרעיונו המרכזי על פיו יוכל לבוא המשיח אם יעלו עשרים ריבוא יהודים לארץ ישראל, וכאשר האדמו״ר דואג לאלף חסידים שיתרמו כל אחד אלף רובל. רבי חיים שלח את הקונטרס למספר אדמו״רים ברחבי פולין והעולם היהודי וזכה לתגובות חיוביות, למשל מהאדמו״ר מגור, בעל ה״שפת אמת״, לתגובות חיוביות פחות, וגם לתגובות מתנגדות מאד, וזאת בעיקר מצד האדמו״ר מרודוזין. בעזרת בנו, רבי יצחק זעליג, לעתיד האדמו״ר מסוקולוב, הוא גייס כספים, ושלח אותם לרוזן מרוטשילד...שסרב להצעה ולבקשה להירתם לאגודה והחזיר את הכסף לשולחיו.

במקביל, נפטרה בתו ערב יום החתונה שלה, וגם חלתה אשתו במחלה סופנית. שלושת הגורמים האלה, התווספו לביקורת הקשה שהתעוררה כלפי המגמה הציונית יוצאת הדופן שלו, והביאו את האדמו״ר למבוכה קשה ביחס לגורל הפרויקט. נראה שבניגוד לדעת הרוב, וביניהם בניו, שראו באסונות שפקדו אותו סימנים משמיים שהפרויקט נוגד את דעת המקום, נטה האדמו״ר לפרש אחרת את המצב, שלהבנתו לא התרחש בגלל אופי הפרויקט - אופי מהפכני ככל שיהיה - אלא בגלל שאדם שמתחיל במצווה ואינו משלים אותה מתחייב בנפשו. בין כך ובין כך הביא המצב את האדמו״ר לוויתור על מאמציו ועל דרכו, ואולי הביא למותו. רבי חיים ישראל נקבר בעיר פולאווי, ואין היום זכר למקום קבורתו מאחר ובית הקברות חולל ובוטל אפילו פעמיים. פעם ראשונה על ידי הכובש הגרמני הנאצי, פעם שנייה על ידי השלטון הקומוניסטי הסטליניסטי.


Comme l’a raconté Lonia (née en 1910) rencontrée à la fin de sa vie en France, son grand-père, Rabbi Moché Mayer Teitelbaum, même s’il gagnait sa vie avec Yankeleh Tauber dans le commerce et la distribution régionale de la farine et dans la minoterie, ne quittait pour ainsi dire jamais la maison d’étude. Au contraire de Yankeleh qui passait beaucoup de temps au magasin de la famille, peut-être dans un espace de ce même immeuble, Moché Meïr étudiait. Selon le souvenir de Lonia (un souvenir probablement inexact puisqu'il est en contradiction avec la halakha…mais elle avait alors seulement 6 ans) il ne sortit pas de la maison d’étude même pour enterrer sa femme, Deborah (de la maison Kirchenblatt), en Tichri de l’année 1916. Le jour de la disparition de son épouse, Moché resta à la maison d’étude fit une longue oraison funèbre au passage du convoi, mais ne sortit pas avec les hassidim qui portaient la dépouille, et il les laissa l’enterrer pendant qu’il se plongeait dans son étude selon l’enseignement de l’Admor.

C’étaient déjà les derniers jours de la hassidout de Pulawy. Le premier Admor, Rabbi Haïm Israël avait déjà disparu à l’âge de 65 ans, en 1906. Il laissait derrière lui le « Chalom Yeroushalaïm » qui n’était toujours pas publié, un autre livre qui ne le fut jamais, et aussi des cahiers réunis en un livre par les soins d’un de ses fils. Ses fils poursuivirent son chemin mais pour quelques années seulement.

Lorsqu’il était encore en vie, et alors qu’il n’était pas encore élevé au statut de référence, le livre « Chalom Yeroushalaïm » était déjà central pour l’Admor et ses Hassidim.  Le kountrass(recueil) « Chalom Yeroushalaïm » (comme il était qualifié dans nombre de lieux), était un livre très particulier, parmi les premiers livres hassidim sionistes, si ce n’est le premier. L’Admor avait investi beaucoup d’énergie dans le mouvement sioniste qui vivait ses premiers jours en ce 19ème siècle. Il créa une association, le « faisceau des mille » comme l’expression de son idée centrale qui, dans sa bouche, pourrait amener le Messie si vingt mille juifs montaient vers la Terre d’Israël, et selon les statuts de laquelle l’Admor prenait à sa charge que mille hassidim réunissent chacun 1000 roubles.

Rabbi Haïm envoya la brochure à de nombreux Admorim dans tous les coins de la Pologne et le monde juif, et reçut des réactions positives, par exemple de l' Admor de Gour, l' auteur du « Sfat émét », des réactions moins positives, et même des réactions d’opposition absolue, et cela surtout du côté de l’Admor de Rodozin. Avec l’aide de son fils, Rabbi Isaac Zelig, qui deviendrai l’Admor de Soqolov, il récolta de l’argent, qu’il envoya au baron de Rotshild …qui refusa la proposition et la demande d’être associé à ce groupe et renvoya l’argent à l’envoyeur.


Au même moment, sa fille mourut le soir de son mariage, et sa femme aussi tomba malade d’une maladie incurable. Ces trois facteurs renforcèrent la dureté des critiques envers un mouvement sioniste insolite comme l’était le sien, et opposèrent à l’Admor un obstacle difficile à franchir pour l’avenir du projet. Il semble que contre l’avis de tous, et en particulier, de ses fils qui voyaient dans les malheurs qui lui étaient comptés les signes divins que ce projet allait contre les voies de Dieu, l’Admor proposa d’interpréter autrement la situation : celle-ci, selon son entendement, n’était pas empêchée du fait du caractère du projet- caractère révolutionnaire comme tout ce qu’il était –mais parce qu’un homme qui s’est engagé à une mitsva sans parvenir à remplir son engagement est passible de mort. D’une façon ou d’une autre, la situation imposa à l’Admor d’abandonner ses efforts et ses voies, et peut-être cela entraîna-t-il sa mort. Rabbi Haïm Israël fût enterré dans la ville de Pulawy et il n’est aujourd’hui aucune trace du lieu de sa sépulture ; plus tard, le cimetière a été profané et abandonné,par deux fois : La première par les envahisseurs nazis, la seconde par le pouvoir communiste stalinien. 


על פי הפסטור ירוסלב בטור, גבעה זו מסמנת את המקום בו נקבר האדמו"ר

בניו, רבי משה מרדכי, רבי יוסף, ורבי יצחק זעליג, ואחיו רבי צבי הירש מקילובה, בעל ה״עטרת צבי״, המשיכו את דרכו ואת חסידות קוצק. הראשון הוסמך כאדמו״ר פילוב אחרי מות אביו והמשיך את דרכו אך במיתון ניכר. הבנים התנגדו הרי לכך שגאולה תוכל לבוא מעלייתם של יהודים לא שומרי מצוות, בניגוד לדעת אביהם שהיה פתוח הרבה יותר בנושא זה, ורבי משה מרדכי הוא למעשה זה ש״סגר״ את החסידות, בעזיבתו את פולאווי לטובת וורשה, בגלל שריפה גדולה בפולאווי, ובגלל מלחמת העולם הראשונה. רבי משה מרדכי נפטר בוורשה, כאדמו״ר פילוב, אך לא הותיר אחריו שום ממשיך דרכו...אולי בגלל מאורעות מלחמת העולם השנייה והשואה. הוא השאיר אחריו ספר בשם ״מדרש משה״, שהוא פירוש על התורה, אוסף דרשות.




Ses fils le Rabbi Moché Mordékhaï, rabbi Yosef, et Rabbi Isaac Zelig, et ses frères Rabbi Tsvi Hirsch de Qilouva, auteur du « hatéret tsvi », poursuivirent son chemin et la Hassidout de Kotsk. Le premier fût investi comme Admor de Pulawy après la mort de son père et poursuivit dans ses voies au milieu de difficultés évidentes. Les fils étaient en désaccord avec l'idée que la rédemption pourrait advenir au milieu de l’émergence de Juifs qui ne gardaient pas les mitsvot, se démarquant ainsi du chemin que leur père avait tracé, bien plus ouvert qu'eux sur ce sujet, et rabbi Moché Mordékhaï eut le triste privilège de « fermer » la hassidout en quittant Pulawy pour Varsovie en 1915, du fait d’un grand incendie de Pulawy et de la première guerre mondiale. Rabbi Moché Mordekhaï disparut à Varsovie en 1939, très peu avant la shoah, comme Admour de Pulawy, mais il n’a laissé personne qui aurait suivi son chemin… en particulier du fait des évènements de la seconde guerre mondiale et de la Shoah. Il laissa derrière lui un livre au nom de « Midrash Moché » commentaire de toute la Torah, écrits sur base de ses drashot hebdomadaires.



שמואל חיים לנדאו (1892-1928)שהיה מראשי תנועת הפועל המזרחי בארץ ישראל,ומוכר לקהל הרחב תחת ראשי תיבות שמו (שח״ל), היה מתלמידיו וממשיכי דרכו המובהקים של האדמו״ר הראשון, ולא מן הנמנע שאיש זה מסמל את אשר ארע לדעותיו הכה ציוניות : אלה שדבקו בו הצטרפו לתנועות הציוניות, ואלה שהתנגדו לדעותיו לא רצו להישאר מזוהים עימו ואף עזבו את התנועה החסידית.

כאמור, דעותיו לא היו כה ציוניות בלבד, אלא שהן היו בהשראת ה״קוצקר רבה״ גם ״כה קיצוניות״. אדמו״ר קוצק הרי לא הצליח להיות גם יחד ״אינוועלט״ ו״אוסוועלט״, כלומר לא הצליח גם להעמיק בחיפוש אחר האמת, בהתבודדות ובניתוק, וגם לתפקד כמנהיג מעורב בחיי היום יום, מחובר לחסידיו ופנוי לענות לשאלותיהם, ואולי כך גם היה בנו. אבל השערה זו לא מתיישבת יפה עם הכריזמה שהיתה לרבי חיים ישראל בצעירותו, אליו הצטרפו רוב חסידי קוצק עת ייסד את חסידות פילוב כפי שצויין לעיל.

בנו השני, רבי יצחק זעליג מורגנשטרן עבר לעיר סוקולוב ונמנה שם לאדמו״ר חסידות סוקולוב. הוא נפטר ב 1929 ובנו (אחד מ 11 ילדיו) שהמשיך את דרכו נספה באושוויץ. מספר בנות מתוך שמונה בנותיו הגיעו ארצה.

אחיו רבי צבי הירש פירסם אף הוא ספר בשם ״עטרת צבי״ ובתוכו חלקים שנכתבו על ידי האדמו״ר הראשון, רבי חיים ישראל. הוא גם הוציא לאור ספר בשם ״שארית ישראל״ ובתוכו תוספות ל״שלום ירושלים״ מכתבים אחדים , וכמה דרשות.


Chmouel Haïm Landau (1892-1928) qui était à la tête du mouvement hapohel hamizrahi en terre d’Israël, connu de la communauté sous ses initiales comme le Chahal, était parmi les élèves qui avaient suivi clairement la voie du premier Admor, et cela fait de cet homme comme l'illustration de ce qu’il est advenu de la pensée de l'admor :les uns la quittent en adhérant au mouvement sioniste nationaliste, les autres la quittent et abandonnent au passage tout mode de vie religieux.

Il faut dire que sa pensée n’était pas tant sioniste, qu'en phase avec celle du Rabbi de Kotsk, ce qui veut aussi dire  extrémiste. L’Admor de Kotsk ne sut être aussi « invelt » que « aussveldt », c’est-à-dire qu’il ne réussit pas en étant aussi plongé dans sa recherche de la vérité, dans son isolement et sa rupture, à assumer  son rôle de guide engagé dans la vie de tous les jours, lié à ses hassidim et disponible  pour répondre à leurs questions, et peut-être son fils était-il ainsi. Même si un tel portrait ne s'accorde pas avec le charisme du Rabbi Haïm Israël, que suivit la majorité des hassidim de Kotsk quand il partit fonder la hassidout de Pulawy.




Son second fils, Rabbi Isaac Zelig Morgenstern passa à la ville de Sokolov et servit[‏W2]  là comme Admor des hassidim de Sokolov. Il disparut en 1929 et son fils qui suivit son chemin périt à Auschwitz. Quelques-uns de ses huit enfants parvinrent en Israël.

Son frère Rabbi Tsvi Hirsh publia cependant un livre du nom de « hatéret tsvi » (la couronne de Tsvi)[1], qui contient des passages qu’il a écrit avec l’aide du premier Admor, Rabbi Haïm Israël. Il publia aussi le livre Le reste d’Israël (Chéharit Yisraël) et en particulier les suppléments à « Chalom Yérouchalaïm », quelques lettres et quelques drashot



[1] Ou en jeu de mot "la couronne du cerf" ce dernier symbolisant Israël










נראה שה״מדרש משה״ וה״עטרת צבי״ הוצאו לאור בוורשה בשנות השלושים. בעשרים השנים האחרונות הם שוב הוצאו לאור על ידי צאצאי חסידות קוצק שהתגלגלו לישראל.

משפחת טאובר מצדה, הפנימה כנראה את ההערצה לציונות בחלקה, ולרעיונות ההשכלה והסוציאליזם בחלקה האחר. אם יחזקאל ושלמה, הבן הראשון והבן האחרון של ישראל אברהם, בחרו להישאר בפולין, ונספו בשואה יחד עם אביהם, כל האחים האחרים יצאו מפולין.

על תמונה זו, שצולמה בפולאווי בסוף שנות ה 20 של המאה העשרים, רואים את פעילי תנועת החלוץ, וביניהם, לאניה טאובר, סלבה טאובר, יהושע מלרד בעלה להמשך, ועוד מספר יהודי פולאווי שסביר להניח, חלקם נולדו למשפחות חסידיות וחלקם ליהודים שלא השתייכו לחצר החסידית.


Il semble que Midrash Moché et Aterét Tsvi furent publiés à Varsovie dans les années trente. Au cours des vingt dernières ans, ils ressortirent à l’instigation de ses descendants de la hassidout de Kotsk installés en Israël.

La famille Tauber adopta, semble-t-il, son admiration pour le sionisme d’une part, et les idées de la Haskala et du socialisme d’autre part. Tandis que Yehezkel et Chlomo, le fils aîné et le dernier fils d’Israël Abraham, choisirent de rester en Pologne, et disparurent dans la Shoah, ensemble avec leur père, tous les autres frères et sœurs quittèrent la Pologne.


Sur la photo qui a été prise en Pologne pendant les années 20 du siècle dernier, on voit des membres du mouvement sioniste, et parmi eux, Lonia Tauber, Slava Tauber, Yoshua Milrad qui devint son mari, et encore plusieurs Juifs de Pulawy dont probablement certains sont nés dans des familles hassidim, et d’autres Juifs qui n’étaient pas affiliés à une cour hassid. 




רחל כאמור עלתה ארצה, וזה כנראה היה יותר בהשפעת מלצ׳ה - אחותו של שלמה - ובעלה יחיאל בוזין שהיה להם בעיקר אידיאל סוציאליסטי. גם יאיר, אחיה למחצה, עלה ארצה, ועם הגעתו לארץ הצטרף לקיבוץ קרית ענבים, אבל לא בטוח כמה עלייתו היתה בחירה ציונית או בריחה מתופת מלחמת העולם השנייה, וכמו כן לא ברור כמה הצטרפותו לקיבוץ היתה פרי החלטה אידיאולוגית שלו או של הסוכנות היהודית ומשרד הקליטה שהעבירו אותו לשם אחרי שהייתו במחנה עתלית עם הגעתו לארץ.


Comme on l’a dit, Rachel monta en Erets Israël, et cela, semble-t-il était plus sous l’influence de la sœur de Salomon Maltcha et de son mari Yéhiel Buszyn qui y allaient eux, surtout au nom d’un idéal socialiste.  Yaïr aussi, son demi-frère, monta en Israël et arrivé en Eretz, se joint au kibboutz Kyriat Anavim, et il n’est pas certain que cela ait été un choix sioniste mais plutôt celui du moment, en pleine seconde guerre mondiale, et de la même façon, il n’est pas évident de savoir combien la décision de rejoindre le kibboutz était le fruit d’une décision idéologique personnelle ou celle de l’agence juive ou du bureau de l’intégration qui l'a fait passer là d'autorité après le camps d’Atlit où étaient accueillis alors les immigrants arrivés en Terre d’Israël. 



ציור פרי ידיו של יאיר על מחנה עתלית

בהמשך, לאניה ובעלה, אווה ובעלה, סלבה ובעלה יהושע, וארנולד אחיותיה ואחיה, הצטרפו אל רחל ואל שלמה בצרפת. סלבה ובעלה יהושע ניסו להשתקע בצרפת, יהושע אפילו הגיש מועמדות לסמינר הרבני בפריס, ממנו נדחה בגלל רמתו הנמוכה בשפה הצרפתית, והם עברו כעבור זמן מה מצרפת לישראל, אבל לא מבחירה חופשית אלא בגלל שרשויות צרפת דחו אותם. הם התיישבו בתל אביב. דבורה, בתם הראשונה התחתנה לימים עם עמינדב חרמוני, הבן הראשון שנולד בקיבוץ שריד שבעמק יזרעאל, והם עברו לשם עד מותם.
ב 1935, רחל לקחה את שתי בנותיה, מאטל ואירן (איטל'ה) לביקור בפולאווי. מטרתה היתה כנראה כפולה : לבקר את משפחתה ולהראות את בנותיה, אך גם לשכנע את אלה שנשארו בפולין לעזוב ולהצטרף אף הם למשפחה בצרפת.

Comme on l’a dit, Rachel monta en Erets Israël, et cela, semble-t-il était plus sous l’influence de la sœur de Salomon Maltcha et de son mari Yéhiel Buszyn qui y allaient eux, surtout au nom d’un idéal socialiste.  Yaïr aussi, son demi-frère, monta en Israël et arrivé en Eretz, se joint au kibboutz Kyriat Anavim, et il n’est pas certain que cela ait été un choix sioniste mais plutôt celui du moment, en pleine seconde guerre mondiale, et de la même façon, il n’est pas évident de savoir combien la décision de rejoindre le kibboutz était le fruit d’une décision idéologique personnelle ou celle de l’agence juive ou du bureau de l’intégration qui l'a fait passer là d'autorité après le camps d’Atlit où étaient accueillis alors les immigrants arrivés en Terre d’Israël.

Ensuite, Lonia et son mari, Eva et son mari, Slava et son mari Yehochua, et Arnold, ses sœurs et son frère, s’associèrent à Rachel et Salomon en France. Slava et son mari Yehochua passèrent quelque temps de France puis partirent en Israël, non du fait d’un choix délibéré mais parce que les Français de les y ont poussés…en les expulsant. Ils s’installèrent à Tel Aviv, Dvorah, leur première fille, se maria à cette époque avec Aminadav Hermoni, le premier fils qui naquit dans le kibboutz Sarid dans la vallée d’Yzréel, et ils vécurent là jusqu’à leur mort. En 1935, Rachel prit ses deux filles, Mathilde et Irène pour aller revoir la Pologne. Son but était double : visiter la famille et montrer ses filles, mais aussi encourager ceux qui restaient en Pologne à quitter ce pays pour se joindre à la famille en France. 



פרויקט זה נתקל בהתנגדותם של ישראל אברהם ואשתו חנה אשר טענו שהחיים בצרפת בעיקר מזמנים התבוללות. על אף הקשר החם לבניהם ולבנותיהם, וגם אולי מפאת גילם, הם בחרו להישאר בפולאווי, שלמה ואשתו ובנם היחיד נשארו עימם. רק יאיר השתכנע ועזב/נמלט כאמור את פולין אפילו אחרי פרוץ המלחמה. אולי ניתן להרגיש את הויכוח האידיאולוגי בקרב המשפחה על התמונה שצולמה עת ביקור רחל בפולאווי. ישראל אברהם ואשתו חנה לבושים בלבוש החסידי המסורתי, בו בזמן שהאחרים הם בעלי חזות מערבית, לא מסורתית.


Ce projet rencontra l’opposition d’Israël Abraham et de sa femme Hana qui considéraient que la vie en France impliquait surtout l’assimilation. Ils choisirent de rester à Pulawy, Salomon et sa femme et leurs enfants restèrent avec eux. Seul Yaïr fut convaincu au point de quitter la Pologne pendant la guerre. Peut-être ce débat idéologique au sein de la famille transparaît sur la photo prise au moment de la visite de Rachel à Pulawy. Israël Abraham et sa femme Hana y apparaissent vêtus en hassidim traditionnels pendant que les autres sont à l’occidentale, et non selon la tradition. 




סוף יהדות פולאווי ארע ב 26 לדצמבר 1939. הגרמנים הכריזו על מלחמה ופלשו לפולין ב 1 לספטמבר 1939. ב3 של אותו חודש הם כבר נכנסו לפולאווי, והסיבה לכך הינה כנראה אסטראטגית, מפני שפולאווי נמצאת בין רוסיה לבין וורשה והגרמנים רצו לשמור על גבולה המזרחי של פולין.



La fin des juifs de Pulawy intervint le 26 décembre 1939. Les Allemands déclarèrent la guerre et conquirent la Pologne le 1ier septembre 1939. Le 3 du même mois ils entrèrent dans Pulawy, le motif de cette rapidité étant semble-t-il stratégique, parce que la ville se situait entre la Russie et Varsovie, et que les Allemands voulaient garder la frontière orientale de la Pologne.


כניסת הצבא הגרמני לפולאווי. השער נהרס ב 1945

ב 6 לחודש אוקטובר, הופגזו בתי הכנסת, ונוסד גטו פולאווי, שהיה הגטו השני (אחרי גטו לודז׳) שהוקם בפולין.


Le 6 du mois, ils bombardèrent la synagogue, et au début d’octobre, fondèrent le ghetto qui était le second, après celui de Lodz, qu’ils établissaient en Pologne.








בני משפחת טאובר, יחד עם עוד מספר משפחות ברחו לכפר ברנוב, לא ארחק מפולאווי והתגוררו שם באופן זמני. יאיר סיפר (עת בואו לביקור בפריס בשנת 1954, עם בנו ישראל ואחרי מות אשתו. וזה היה מפגשם הראשון של האחים אחרי 20 שנה) כיצד הם ברחו דרך היער, ואביו על כתפיו, כשהוא מרגיש את דמעותיו על צווריו. הסב יאנקעל׳ה כבר לא היה יותר בחיים, נורה למוות בתוך החנות המשפחתית על ידי חייל גרמני.

בסוף חודש דצמבר, הגרמנים סגרו את הגטו של פולאווי, בדרכם הרגילה האכזרית והאלימה מאד. הרבה יהודים מתו בארוע זה. אלה ששרדו הועברו - ברגל, וזוכרים אנשים אחדים שהטמפרטורה עברה ביום זה את ה 30 מעלות מתחת לאפס - לגטו גדול יותר ובהמשך נשלחו למחנה סוביבור, ממנו לא חזר אף יהודי אחד לעיר פולאווי...עד היום הזה.

ביולי 1943, שלחה לאניה גלויה להוריה לכתובתם בכפר ברנוב, וזא חזרה אליה עם כיתוב : ״אינם בחיים יותר״, ובדרך הזאת, נודע לבני המשפחה הנמצאים בצרפת, את גורלם של אלה שנשארו בפולין. הטקסט של הגלויה מאד טראגי : הורים יקרים, אני לא יודעת אם תקבלו את הגלויה, יש עוד קצת תקווה שאתם בחיים אז אני כותבת. אולי נקבל איזו הודעה מכם ואחרת נשתגע. קיבלנו מידע שמהמשפחה של ברנר לא נשאר אף אחד. האם זה אפשרי ? אנחנו מוטרדות לגבי הגורל שלכם. איפה כל המשפחה ? יחזקאל, שלמה וכל השאר אנחנו פה בסדר, בחיים, הילדיםהולכים לבית הסםר. אני קצת עובדת, גרים באותו בית בדירות נפרדות. הבנות שלכם.


Les membres de la famille Tauber, réunis avec d’autres nombreuses familles fuirent vers le village de Baranov, sans s’éloigner trop  de Pulawy, et y demeurèrent là pendant un certain temps. Yaïr a raconté leur fuite à travers la forêt, lui avec son père sur son dos, et tandis qu'il sentait les larmes de celui-ci dans son cou. Le grand-père Yankele n’était déjà plus en vie, tué par balle dans le magasin familial par des soldats allemands.

Au début du mois de décembre, les Allemands fermèrent le ghetto de Pulawy, à leur manière habituelle, impitoyable et violente. Beaucoup de Juifs moururent pendant ces évènements. Sauf ceux qui réussirent l'exode, à pieds, par un climat effroyable - des gens se souviennent que la température passait alors 30° sous zéro – les autres furent executés ou poussés vers un bâtiment non chauffé où ils moururent de froid. Le ghetto était trop petit, les allemands regroupaient alors les juifs en ghettos plus grands, d'où ils les envoyèrent par la suite au camp de Sobibor, d’où ne revint pas un seul des Juifs de la ville de Pulawy… Jusqu’à ce jour.


En juillet 1943, Lonia envoya à ses parents une carte postale à leur adresse de Baranov, carte au texte poignant "êtes-vous encore en vie ? nous avons appris qu'il ne reste déjà plus de survivants de la famille Borenstein…répondez-nous où nous mourrons d'angoisse…", carte qui lui revint avec cette mention : « Il n’y en a plus de vivants » écrite par la poste polonaise. C’est par cette voie que les membres de la famille qui étaient en France surent le sort de ceux qui étaient restés en Pologne. 





רב העיר, הרב מנדל נוי, נשאר במקום כקברניט הספינה. הוא נלקח אף הוא לגטו האחר, וגם הוא לא חזר.

ביתו הפך לבית חרושת לפראפין, כלומר למחנה עבודה לחלק אחד, ולאורוות הסוסים הגרמנים לחלקו השני. הבית הזה לא נהרס והוא קיים עד עצם היום הזה, כפי שהראה לנו הכומר ירוסלב בטור ביום ביקורנו בעיירה בסוף חודש יולי 2019


La majeure partie de la ville, avec le Rav Mendel Noy[‏W1]  (ornement),tel le capitaine du navire en perdition, restèrent sur les lieux, furent pris vers l' autre ghetto et n’en revinrent pas.

La maison du rav fut transformée en usine de paraffine, c’est dire un camp de travail pour une part, et une écurie pour les chevaux allemands d’autre part. Cette maison n’a pas été détruite et elle existe encore jusqu’aujourd’hui, comme nous l’a montré le pasteur Yaroslav Bator  le jour de notre visite à Pulawy à la fin du mois de juillet 2019.




 [‏W1]Naj en polonais. 




הבית השני ששרד את כל האירועים הוא ביתה של חצר החסידים.



הבית של חצר החסידים ברחוב לובלסקה (היום פילסודסקה) כפי שצולם בשנת 1924 והיום.



נותרו עוד מספר בתים, וביניהם הבית בו נמצאת מסעדה זו, בית שהיה ביתם ומפעל ליצירת בירה של שני אחים יהודים ששמם לא הגיע עד אליי.


La seconde maison qui a survécu à ces évènements est celle de la cour des hassidim.


De nombreuses autres maisons, et entre elles celle de ce restaurant, qui abritait une brasserie de fabrication de bière qui appartenait à deux frères juifs dont le nom n’est pas parvenu jusqu’ici. 




גורל משונה היה לחסידות פילוב. נשאר ביתה. נתפזרו צאצאיה בזרמי העולם היהודי, נעלמו אדמו״ריה.

ואני הקטן, חשבתי שאם אחפש אמצא ואגלה....את מחשבותיהם, של האדמו״ר מפילוב הראשון, או של האדמו״ר השני, או של יוצאי פולאווי, על מה שקרה להם.

אבל מאימתי כותב אדמו״ר על מה שקרה לו ? אדמו״רים אלה כתבו דווקא ספרות ענפה ועשירה, כפי שפורט לעיל, ועוד ישנם קונטרסים, ואגרות ומכתבים ואפילו פנקסים. אבל הם דנים בתורה, ובמועדים, ובסוגיות תלמודיות, ולכל היותר בסוגיות של תפילה, הם דנים בסוגיות שכליות. לא בסוגיות אישיות, לא בסוגיות רגשיות, ולא בסוגיות נפשיות. אופי המחשבה הוא "צניעות", ו"ביטול היש" על פי הדרך החסידית, בקושי ימצא החוקר דיון בסוגיות חברתיות, פוליטיות...על אף שאנשים אלה חוו את המזעזע מכל,(בספר "מדרש משה, ניתן למצוא מספר דרשות מהשנים של מלחמת העולם הראשונה, עת עבר האדמו"ר מפולאווי לוורשה,. אין התייחסות ולו המרומזת ביותר למתרחש מסביב המחבר.
כתב מחבר ה״אם הבנים שמחה״, רבי יששכר שלמה טייכטל, את מחשבותיו על ארועי השואה, אבל הוא כתב ספר עיוני - אפילו אם משיחי נלהב - ולא ספר של מחשבות, לא יומן של חוויות.

וגם יוצאי פולאווי או צאצאי משפחת טאובר לא כתבו. אלה שהיו בפולין עד מלחמת העולם השניה נספו בשואה ומובן מאליו איך לא נשארה מהם אף שורה. אפילו אם הם היו כותבים, ספק אם היה נשאר מזה זכר. אלה ששרדו הוכו באילמות כפי שכל העולם ראה. ממתי החלו ניצולי השואה לספר את אשר חוו ? רק בעשרים-שלושים השנים האחרונות. לאבא שלי, שהיה מאד בריא בנפשו, שהתייתם מאימו בשואה, לקח כארבעים שנה עד שדיבר איתי פעם ראשונה על זה...

וגם היום, חוקרים, פילוסופים, היסטוריונים מתעסקים עם עובדות, עם זרמי מחשבה, ולא עם רגשות. הם כנראה משאירים את זה לספת הפסיכואנליטיקאי.

אין לי ספק שלא הסתגר ה״שרף מקוצק״ מסיבות של אינדיווידואליזם וחיפוש האמת בלבד. גם אם נימק את מעשיו באמירות כגון "איך בין נישט איין אנטיגער" - אני לא איש בן זמנו - קשה לי להעלות על הדעת שהאדמו״ר השני מפילוב שעזב את פילוב לטובת וורשה, ונטש את חצרו כאשר העיר בוערת, עשה זאת מסיבות אידיאולוגיות בלבד,. ואני אף מעז לא לראות שיש להתייחס לכתיבת "שלום ירושלים" כאל כתיבה שכלית בלבד...אבל אין לזה הוכחות כלשהן.. 

חקר הנפש וחקר המוח של מאה העשרים וראשית המאה העשרים ואחת לימדו אותנו שיש לאירועי החיים השפעה על התנהגויות האדם אם לא על מבנה נפשו. אדם שחווה אירוע טראומטי עלול לצאת מפסי השפיות ולעבור לשגרה צבועה כל כולה על ידי הטראומה. זהו אדם שלא חי ולא ישן באופן רגיל אלא שהוא חי חיי סיוט גם בערנות וגם בשינה. אבל גם האדם שמחלים מאירועים טראומטיים ונראה מתפקד הושפע אף הוא. לא נראה שאפשר לנתק אורח חייו של אדם זה מאירועי חייו. ועל כן, לא רק מעשים של בריחה או של הסתגרות עושה האדם כתוצאה מטראומה. אדם גם עשוי להתגבר על הטראומה ולהתמודד עם טראומות החיים בצורה קוגניטיבית, למשל בהשקעה רבה בנושא מסויים, למשל בכתיבת ספר עיוני. ואם ספר זה נכתב בנושא מיוחד, יוצא דופן למשל, או אם הוא נכתב בצורה מיוחדת, קיצונית למשל, אז יש לראות בבחירהת נושא זו או בסגנון כתיבה זה את הופעתו המוסווית של המרכיב הרגשי, נפשי וגם טראומטי

אדם לא עוזב, או מסתגר בתוך החדר מסיבות אידאולוגיות בלבד, ובמיוחד אם הוא עבר קודם לכך כמה אירועים קשים. אפשר להציע שאם יש לו אמונה בהתבודדות, אז אירועי חייו מחזקים אצלו את האמונה הזו. אבל לא מן הנמנע שאידאולוגיה כזו יוצאת, נוצרת דווקא מן המצוקה. כלומר שהאדם מסתגר כתוצאה מטראומות חייו..

דוגמה לכך בעיניי היא הספר "פרקי דרבי אליעזר". אפילו אם בקורת המקרא מתייחסת לספר זה כאל "ספר "מאוחר", כלומר ספר שלא נכתב על ידי רבי אליעזר עצמו אלא מאוחר הרבה יותר, התבוננות במרכיב הרגשי שצובע את כל הספר הזה  מקשה על תיאוריה זו. הספר כולל גם את הסיפור האישי של רבי אליעזר, שנזרק מבית אביו, שהיה במאבק עם כל בני המשפחה, ואנחנו יודעים מאין ספור דוגמאות מהתלמוד כיצד היה רבי אליעזר במאבקים עם עמיתיו, עם כל בני דורו, עד כדי חרם שהוצא נגדו, ואין אפשרות לקרוא את הספר ולא להרגיש את המרכיב הרגשי של מחברו. זאת כתיבה של אדם סגור, של אדם שאינו סובל מחלוקת, כתיבה של אדם פגוע. 

אפשר להניח שמשה מאייער טיטלבאום ויאנקעל׳ה טאובר כן עזבו את זידלוביץ לטובת פולווי מסיבות אידאולוגיות. בשנות 1870, שנות פריחת החסידות, המון יהודים עברו ממקום למקום, לא רק מסיבות שליליות של אנטישמיות, אלא גם כדי להתלוות למנהיג זה או אחר.

יש עדויות רבות לכך שעם בואו לפולאווי של האדמו״ר הראשון, רבי חיים ישראל מורגנשטרן, נהרו לעיירה הרבה יהודים. יש שכותבים שרוב חסידי קוצק הצטרפו אליו.

אך, קשה יותר לטעון שעזבו צאצאי משפחת טאובר את פולאווי מסיבות אידאולוגיות, ציוניות או אחרות בלבד. בוודאי חלקם - אם לא רובם - חיפשו בראש ובראשונה לעזוב את פולין (ויש להניח שהסיבה המרכזית לכך היא בוודאי פרי החיים בקרב עם שמבצע פוגרומים באופן חוזר) עוד הרבה לפני פרוץ מלחמת העולם השנייה. ואלה שכמו רחל סבתי, מצאו את הדרך לחזור לפולין כדי לבקר, או כדי לשכנע את אלה שנותרו במקום לעזוב, פעלו על אף הטראומה, כאשר אלה שלא חזרו לשם, לא רצו בשום אופן לחזור לשם, מונעו על ידי טראומה משתקת יותר או שרק הצליחו להתכחש כדרך לקויה מאד להתמודד עם קריאת המצב.

המון השתנה בעולמנו מאז הגיע רבי חיים ישראל מורגנשטרן לעיירה פולאווי. כל כך הרבה השתנה שלנסות לאמוד את שינויים מעורר סחרחורת. לא היה אז לא חשמל ברחוב, ולא בתוך הבתים, לא היו כלי רכב נוסעים, לא היו מקררים, ולא מחשבים, וכמובן לא היו מקלידים טקסטים על טבלטים ולא היה טלפון, לא בתוך הבתים ועוד פחות על כל אדם ואדם. ולא היתה מדינה יהודית ריבונית, ומיטוס היהודי הנודד היה הקובע גם בעיני הגוים וגם בעיני היהודים.

על כן, אין לנו להביע תמיה על כך שלא עלה על הדעת של אלה שחיו בעין הסערה לנבא את אשר אוטוטו מתרחש וגם לחשוב את המשמעות הנפשית והפסיכולוגית של אירועים אלה או אחרים על עצמם. פשוטי העם היו עסוקים בהישרדותם, ומנהיגי העם, האינטלקטואלים היו עסוקים במתן קידום חיצוני לאדם, טכנולוגי או פוליטי חברתי. הרבנים דאגו להוביל רוחנית את העם.

היום, ובגדול מאז סיגמונד פרויד, מתמודד העם הארופאי כאשר בהישג ידיו כלי ששמו פסיכולוגיה, התבוננות עצמית, חשיבה אחרת, שלמשל נותנת מקום רב לעולם הרגשי, לטראומה ולהשפעתה בין היתר על האדם.

האם כלי התמודדות זה, שחדר להרבה מקצועות ותחומי עיסוק חדר באותו קצב למערכת הניתוח של המנהיגים הרוחניים, הרבנים ?

נדמה שלא קל לחוקרי מדעי החברה והרוח (היסטוריה, פילוסופיה, סוציולוגיה, גאוגרפיה) וגם לחוקרי הרפואה, לעשות מקום למרכיב הרגשי של התופעות שפוקדות את האדם, או שהאדם אחראי או שותף להתרחשותם, אך נראה שעוד פחות קל לרבנים לעשות מקום למרכיבים אלה.


על כן, כל כך מעט חומר מצאתי כמענה לשאלות של מקומה של הטראומה הנפשית והחברתית בכל מה שארע לחסידות פילוב מחד, ולמשפחה טאובר מאידך.

חסידות פילוב וגם חסידות קוצק נכחדו. יהדות פולאווי נעלמה. אלה עובדות. צאצאים למשפחת טאובר יש היום לא מעט, רובם בישראל, אף אחד לא בפולין, מעט בצרפת, אלה עוד עובדות.

אפשר אכן לסיים התבוננות בקורותיהן של החסידות מחד גיסא, ושל משפחת טאובר מאידך גיסא בציון עובדות אלה.

נראה הרבה יותר מעניין ומעמיק לערב להתבוננות את המרכיבים הרגשיים לכל זה. ניסית לעשות זאת בטקסט זה, מכורח הנסיבות, בעיקר בכוחות הדמיון והניתוח שלי.


Sort étrange que celui des hassidim de Pulawy : Il reste leur maison, leurs descendants sont éparpillés dans les courants du monde juif, et tout de leurs Admors a disparu.

Et moi le petit, je pensais que si je cherchais, j’allais trouver et je révèlerai … leurs pensées, celles du premier Admor de Pulawy, ou du second Admor, ou de ceux qui sortirent de Pulawy, au sujet de ce qui leur est arrivé.

Mais quand donc  un Admor a-t-il décrit ses pensées sur ce qui lui est arrivé personnellement ? Ces Admorim là ont écrit une littérature énorme et riche, aussi difficile à conquérir qu'une forteresse, et il reste aussi des brochures, des comptes et des lettres, même des carnets. Mais ils traîtaient de la Tora, et des fêtes juives, et de sujets talmudiques (sougiot), sujets de prière, sujets intellectuels de tous ordres mais non, jamais ô grand jamais de sujets "humains" ni d’émotions ou d'angoisse de vie et de mort . Un chercheur d’aujourd’hui trouverait difficilement même des jugements ou des avis sur des questions de société, ou de politique, tous thèmes vis-à-vis desquels ils éprouvaient une horreur supérieure à tout.




Rabbi Yssakhar Chlomo Teichtal écrivit dans son recueil « Une mère joyeuse de ses enfants »[1], ses pensées sur les évènements de la Shoah, mais il s’agissait d’un livre théorique – malgré l’enthousiasme messianique – et pas de ses propres pensées, pas un journal de ce qu’il éprouvait.

Et pas plus ceux qui était sortis de Pulawy ou les descendants de la famille Tauber :ils n’écrivirent pas. Ceux qui étaient en Pologne jusqu’à la seconde guerre mondiale disparurent dans la Shoah et il est certain que de ceux-là, il n’est pas resté une seule ligne. Même s’ils ont écrit, on (peut) douter s’il reste de cela un seul lambeau. Et ceux qui ont survécu ont été frappés de mutisme, comme on a pu le voir partout. Depuis quand les survivants de la Shoah ont commencé à raconter ce qu’ils avaient vécu ? Seulement ces vingt ou trente dernières années. Mon propre père, qui était tout à fait sain d’esprit, bien qu'orphelin de sa mère par la Shoah, a attendu quarante ans avant de me parler pour la première fois de cela …

Et même aujourd’hui, les chercheurs, les philosophes, historiens, consacrent leurs travaux à des courants de pensée, pas à des émotions. Celles-ci restent, semble-t-il réservées au divan du psychanalyste…pour lequel la plupart n'ont que peu de considération

Du fauteuil où je suis assis, en retrait du divan, je n'ai aucun doute que le « Séraphin de Kotsk » ne s’est pas enfermé pour des raisons individualistes ou seulement pour rechercher la vérité. Il m’est difficile de penser que le second Admor de Pulawy qui partit de cette ville pour Varsovie, et a abandonné sa cour lorsque la ville brûlait, a fait cela pour des raisons idéologiques, et je n’ose pas imaginer qu’il ait considéré l’écriture de « Chalom Yérouchalaïm » comme autre chose qu'un écrit intellectuel simplement.

Au vingtième et vingt-et-unième siècle, l’étude de la pensée et les découvertes des neurosciences nous ont enseigné que les évènements de la vie influencent les réactions des humains, si ce n'est la construction même de leur personnalité. L’homme qui a éprouvé des évènements traumatiques est susceptible d'en être imprégné au point de lui occuper toute sa tête et de teindre tout son mode de vie, comme si le traumatisme avait le pouvoir  de générer des individus aux vies entièrement marquées par le traumatisme. Un tel homme ne vivra pas et ne dormira pas de façon normale mais aura au contraire une vie de cauchemar à l’état de veille comme de sommeil. Mais même celui qui est affecté par les évènements traumatiques et qui semble les avoir surmontés, est aussi massivement influencé et teinté par eux. Il ne semble pas qu’il soit possible de séparer ces hôtes indésirables de la vie de l’homme qui les a vécus. C’est pourquoi, il ne s’agit pas de choix idéologique d’enfermement quand c'est le fait d'un homme qui a vécu un traumatisme : c'est ce qu'il fait pour sortir du trauma. L’humain est ainsi fait qu'il peut parfois trouver en lui les voies pour surmonter le trauma et l’affronter par des moyens cognitifs, en se plongeant par exemple profondément dans un sujet particulier, en écrivant par exemple un livre théorique. Et si ce livre est écrit sur un sujet particulier, qui sort de l’ordinaire ou s’il est écrit sous une forme particulière, radicale par exemple, il y aura à voir dans le choix de ce sujet ou dans le style de cette écriture une manifestation particulière de l’élément émotionnel vital ou traumatique.

Un homme ne part pas, ne s’enferme pas dans sa chambre pour des raisons idéologiques seulement, surtout s’il a traversé auparavant ainsi des évènements traumatiques difficiles. Il est possible d’imaginer que s’il dispose d’une aptitude voire une foi qui le portent à la solitude, les évènements renforceront chez lui cette aptitude ou cette foi. Mais ce n’est pas de la neutralité ou de la tranquillité de l'existence qu’une telle idée vient au jour, elle est issue précisément … de la détresse. C’est dire que l’homme traumatisé s’enferme pour sortir de ses traumatismes de vie.

Un exemple de cela à mes yeux est illustré par les Pirkéï de rabbi Eliezer. Même si la lecture historico critique des Ecritures considère ce livre comme un « livre tardif », c’est-à-dire un livre qui n’a pas été écrit par Rabbi Eliezer lui-même mais beaucoup plus tard, l'observation attentive de  l’émotion qui teinte tout ce livre, met en difficulté cette théorie-là.  Ce livre rassemble au-delà des sujets qu'il traîte, l’histoire personnelle de Rabbi Eliezer, et il est impossible de ne pas voir  qu'il étaient, avant de devenir un maître, quelqu'un qui a été rejeté de la maison de son père, qui en était à se mettre en conflit avec tous les membres de sa famille, quelqu'un de qui nous apprenons par maints et maints exemples talmudiques qu'il était massivement en conflit avec ses pairs, avec tous ceux de sa génération, au point de se faire exclure par eux, et il n’est pas possible de lire ce livre sans ressentir la composante émotionnelle de celui qui l’a écrit. C’est l’écriture d’un homme enfermé, qui ne souffre pas la controverse, l’écriture d’un homme blessé.

Il est possible d'essayer d'avancer que Moché Méïr Teitelbaum et Yankele Tauber ont quitté Sidlovietz au profit de Pulawy pour des raisons idéologiques, mais la lecture de l'histoire de ce lieu conduit aussitôt aussi vers l'hypothèse de traumatisme. Et certains vous diront que dans les années 1870, années florissantes de naissance du hassidisme, de nombreux Juifs passaient ainsi de lieu en lieu, pas seulement pour des raisons négatives liées à l’antisémitisme, mais aussi pour suivre un ou l’autre guide, ce sera peut-être le signe qu'ils font le choix de donner plus de poids aux idées qu'au vécu.

Et il y a plusieurs témoignages de la venue du premier Admor , Rabbi Haïm Israël Morgenstern  à Pulawy, suivi de nombreux Juifs de plusieurs villes. Certains écrivent que la majeure partie des Hassidim de Kotsk se rassemblèrent autour de lui, comme si la raison principale de tous ces mouvements de population était l'enthousiasme.

Mais il est plus difficile de prétendre que les descendants de la famille Tauber quittèrent Pulawy pour des raisons idéologiques, sioniste ou autre seulement. Evidemment, une partie d’entre eux – si ce n’est la majorité- cherchèrent d’abord à quitter la Pologne, et il est possible de considérer que la raison principale tenait à cette vie au sein d’un peuple à l’origine de pogroms récurrents déjà nombreux avant qu’éclate la seconde guerre mondiale.

Et parmi eux , certains comme ma grand-mère ont réussi malgré le trauma à agir de façon déterminée, tandis que d'autres, écrasés par l'impact n'ont trouvé comme ressource pour poursuivre leur vie que l'évitement, l'enfermement ou le silence.

Notre monde a bien changé depuis l’arrivée du Rabbi Haïm Israël Morgenstern dans la bourgade de Pulawy. Tellement qu’essayer d’en parler donne le vertige. Il n’y avait pas d’électricité dans les rues ni dans les maisons, pas de moyens de locomotion, pas de réfrigérateurs et pas d’ordinateurs, et bien sûr pas de traitements de texte sur des tablettes et pas de téléphones, ni dans les maisons et encore moins de mobiles pour chacun. Et il n’était pas d’état juif souverain, et le mythe du Juif errant était fixé autant aux yeux des Goïm qu’aux yeux des Juifs.

C’est pourquoi, nous ne devons pas être surpris qu’il ne soit pas venu à l’esprit de ceux qui ont vécu dans l’œil du cyclone de prédire ce qui allait arriver et de penser au sens de la vie et à la psychologie dans ces évènements qui venaient d’ailleurs. Le peuple était simplement occupé à sa survie, et ses dirigeants, les intellectuels, étaient occupés à dispenser les fruits d’un progrès qui lui était étranger, technologique politique et social. Les rabbins, eux, s’inquiétaient d’apporter au peuple sa spiritualité et n'ont pas toujours su veiller à cela de la façon la plus éclairée.

Aujourd’hui, et ceci largement depuis Sigmund Freud, le monde occidental a entre ses mains les outils de la psychologie, l’observation de soi, la pensée de l’"autre", qui les aident à ménager leur place aux émotions, aux traumas et à leur influence mutuelle, des uns sur les autres.

Les rabbins, et en particulier ceux du monde conservatif, réussiront-ils à bénéficier des progrès de la pensée ? certains laissent un espoir, d'autres sont loin de pouvoir le faire.

Il semble qu’il ne soit pas facile pour l'individu en général, les chercheurs en sciences sociales et morales (histoire, philosophie, sociologie, géographie), et aussi chercheurs en médecine en particulier, de faire place à l’élément émotionnel des symptômes qui affectent un homme, et d'intégrer ce paramètre à leurs études, mais il est apparemment encore moins facile pour les rabbins de faire place à cet élément-là.

C’est pourquoi, j’ai trouvé peu de données pour répondre à mes questions au sujet du traumatisme individuel et social de tout ce qui est survenu aux Hassidim de Pulawy en général et à la famille Tauber en particulier.

La Hassidout de Pulawy et celle de Kotsk ont disparu. Les Juifs de Pulawy se sont évanouis. Ainsi la grande partie de leurs œuvres. Les descendants de la famille Tauber sont assez nombreux, la plupart en Israël, quelques-uns en France, ce sont des données.

Et il est en effet possible de conclure de ce qui est survenu à la hassidout d’un côté et d’un autre côté à la famille Tauber avec cette note factuelle.

Il paraît beaucoup plus intéressant et profond de mêler les observations d’éléments émotionnels à tout cela. J’ai essayé de le faire dans ce texte, par la force des circonstances, et surtout par celle de mon imaginaire et de mon analyse personnelle.




[1]Ahim Habanim Semha a été écrit par le Rabbi Yisachar Shlomo Teichtal, publié en 1943 à Budapest. Le titre vient des Psaumes et signifie « Un mère joyeuse de ses enfants … » (Psaume 113, 9 : « Il donne une maison à celle qui était stérile, il en fait une mère joyeuse au milieu de ses enfants. Louez l’Eternel » (Segond) Teichtal a grandi comme un fidèle anti-Sioniste Hassid du Munkatsher Rebbe. Cependant, pendant l’Holocauste, Rabbi Teichtal changea de position pour celle qu’il épousa dans sa jeunesse. Le produit physique de cette introspection est le livre Eim HaBanim Semeicha, dans lequel il se rétracte en particulier de ses précédents points de vue, et argumente au contraire que la vraie rédemption viendra uniquement si le peuple juif se rassemble et reconstruit le pays d’Israël. Beaucoup de ses coreligionnaires virent le livre avec scepticisme, certain allant loin au point de bannir Rabbi Teichtal de leurs synagogues. Dans le livre, Rabbi Teichtal critique sévèrement les Haredim  pour le refus de soutenir les implantations en terre d’Israël. Quand il a été écrit, il s’agissait d’une critique acerbe des institutions juives orthodoxes en particulier Agoudat Israël ; sous l'instigation de l'admor Satmar, frère de l'auteur, le livre a été enterré. Un exemplaire a soudain fait surface ds les années 70, et a alors été largement réédité par l'institut du rav Kook.


מקורות :
יזקר בוך ליהודי פילב. הוצא לאור בשנת 1964 בארה"ב. ביידיש.
חוברת מאת פסטור ירוסלב בטור, הוצאה לאור ב 2011 בפולנית.
על חסידות וחסידים מאת יצחק רפאל, מוסד הרב קוק.