jeudi 31 juillet 2014

lettre ouverte à un(e) ami "de gauche"

Je m'adresse à toi sans vraiment savoir si cela aura un résultat, si je recevrai une réponse, si un quelconque dialogue peut émerger entre des individus que parait tenir éloignės l'un de l'autre au moins un océan, si ce n'est un univers.

Je m'adresse à toi en souvenir d'un passé qui n'est pas si éloigné et où j'avais l'impression qu'au plan politique, nos idées n'étaient pas si éloignées.

Je parle d'idées de gauche, d'idées en vertu desquelles, l'individu refuse de rester passif devant les inégalités, devant la pauvreté, idées qui poussent à manifester et à agir contre les discriminations, idées auxquelles je souscris.

Idées auxquelles je souscrivais, mais non sans avoir déjà constaté à l'époque que ceux qui partageaient ces idées se retrouvaient souvent face à moi dès qu'il s'agissait du moyen orient.

Ces idées semblaient pousser un bon nombre de ceux qui s'en revendiquaient à voir en les palestiniens ceux qui faisaient au moyen orient les frais de ce qu'ils détestaient, l'impérialisme, le colonialisme.

Je suis quant à moi venu m'installer en Israël en raison de priorités personnelles. J'ai adhéré à la conviction que cet endroit est celui qui est le plus propice à ce que je puisse me réaliser au plan personnel, tout en n'ayant aucune entrave à l'intégration de mon judaïsme à ceci, j'ai acquis depuis le plus jeune âge la conviction que la Torah n'est pas uniquement une religion mais aussi qu'elle prône un mode de vie, et qu'elle a de tout temps été le livre d'un peuple qui aspire à créer une collectivité, un état en Israël.

Depuis la fin du 19ème siècle, ceci s'appelle le sionisme, cela n'a à mon sens, à son point de départ aucun lien ni avec du colonialisme, ni avec de l'impérialisme, ni avec une situation d'inégalité ou de ségrégation, même si je sais que la concrétisation de ce sionisme nécessite de surmonter un obstacle de cohabitation.

J'ai vécu ces trente trois dernières années en Israël, je m'y suis développé personnellement, professionnellement, nous y avons élevé des enfants Marianne et moi et j'ai trouvé ici énormément de raisons de m'y plaire, ã de multiples niveaux, tout en sachant que la question de notre cohabitation avec les palestiniens n'est toujours pas réglée, tout en ayant cette question sempiternellement présente face à nous.

Cette question n'est pas qu'une question théorique, elle nous a occasionné bon nombre de situations de belligérance, de souffrances de progressions et de régressions au fil des années, et nous voici de nouveau au cœur d'un conflit, qui n'est pas le premier.

Autour de nous, j'ai vu au long de ces mêmes années la carte du monde se modifier, des situations évoluer. J'ai assisté à la réorganisation géographique  et politique de bon nombre de pays, pays qui avaient été fabriqués par la fin de la première guerre mondiale, puis de la seconde, pays qui semblaient laïcs et qui redevenaient religieux. 

Le monde a été ponctué ces trente dernières années de bon nombre de mouvements, quand ce ne sont pas des catastrophes.

Les idées semblent avoir été bien éprouvées au cours de ces années, bon nombre de croyances se sont effondrées, quand ce ne sont pas des empires.

L'antisémitisme que l'on croyait relégué à certains extrémismes, l'antisémitisme dont on espérait que la shoah avait prouvé le potentiel désastreux, est petit à petit réapparu, d'abord par l'apparition des négationnistes de la shoah, en France et ailleurs, puis par le biais de grignotages progressifs.

Depuis quelques années des individus comme Dieudonné ont non seulement pignon sur rue, mais ont aussi un public, qui ne fait d'ailleurs pas grand cas de son antisémitisme, qui vit avec, qui ne s'en offusque pas.

Et même s'il ne manque pas de réactions, de gens pour refuser cette minimalisation, cette banalisation, cela ne semble pas être le sens du courant.

Le courant pousse dans le sens de cette banalisation, de cette acceptation.

Depuis décembre dernier, il est possible de dire "mort aux juifs" dans une manifestation à Paris, il est possible de dire " les juifs dehors", et donc, se re-pose la question du "où ?".

Dans les années d'avant la seconde guerre mondiale, il était souvent écrit sur les murs "les juifs en Palestine". Aujourd'hui, on dit "dehors". Où?

Et pour revenir sur la Palestine, nous israéliens et palestiniens ne sommes pas restés immobiles toutes ces années. Nous nous confrontons depuis plus d'un siècle à une très dure tâche : celle de trouver un modus vivendi, et au risque de détonner, dans ce contexte de conflit violent de ces dernières conq semaines, je dirais que la situation est loin, très loin d'être statique.

Quiconque vient en Israël - et même, paradoxalement pendant cette période de belligérance - peut constater combien les populations juive et palestinienne vivent ensemble, se côtoient, malgré la difficulté, malgré les réticences, malgré le mur de séparation, malgré la situation encore problématique de nombreux kilomètres carrés. 

Cela se constate dans un grand nombre de domaines, celui de la santé (hôpitaux et dispensaires), celui de l'université, celui du monde du travail, même celui des relations de voisinage, d'amitié.

Se côtoient ici et sont même en relation cordiale énormément de gens qui n'auraient pas cru que cela serait possible si on leur avait prédit un tel avenir.

La situation est cependant loin d'être idyllique. La frontière, le mur, les difficultés, beaucoup de problèmes existent. Mais il y a cohabitation, on la voit dans la rue partout.

À côté de cela, d'autres ne partagent pas ce vécu, de part et d'autre de la frontière identitaire, ne voient pas cohabitation, restent cantonnés sur des positions conflictuelles, polarisées, agressives.

Mais dans le monde, quelle est la situation ?

L'islamisme s'est énormément développé. Le come back de la religion a touché des millions de gens. Il y a eu aussi des guerres, des mouvements de masse. La guerre Iran-Irak, puis la guerre du golfe, le printemps arabe, puis la guerre civile en Syrie, et j'en oublie  malheureusement un grand nombre, puis récemment l'EI et le mouvement des sunnites qui viennent de réinstaurer un califat, qui tentent de s'approprier un territoire, qui mènent une guerre sanglante, contre les chiites, contre les chrétiens.

Notre conflit avec les palestiniens est-il le même qu'il y a cent ou soixante dix ans?

Est-il encore un conflit territorial entre une puissance colonialiste et un peuple opprimé ?

Notre conflit est-il le conflit le plus important ? Le plus sanglant ? 

J'ai l'impression à lire certains textes de Julien Salingue, à entendre des Michèle Sibony, Jacob Cohen, Stamboul et autres, que ces personnages n'ont pas remarqué combien le monde avait changé depuis qu'ils avaient 20 ans et avaient appris à manifester, à protester, à militer.

Il y a quelques années on pouvait lire sur des stickers en France "un raciste est quelqu'un qui se trompe de colère".

N'es-tu pas en train de te tromper de colère, à continuer à être persuadé(e) que les palestiniens sont persécutés, massacrés par la puissance colonialiste et impérialiste Israël ?

Ne remarques-tu pas quelles différences il y a entre Gaza et la cis-Jordanie ? Entre la situation d'un palestinien en Israël -même si énormément reste à faire - et un palestinien en Jordanie, Arabie Saoudite, au Liban ou en Egypte ou au Qatar ?

Ne vois-tu aucun vice de forme à ce que le système éducatif des palestiniens, de Gaza en particulier -mais aussi en Cis Jordanie -  appellent à tuer des juifs ? 

Es-tu bien sûr que quand un Saramago compare la cis Jordanie aux barquements des camps de concentration, quand un Erdogan compare Israël à Hitler et au nazisme, il convient d'applaudir ou même de se taire ? 

Ne soulèverais-tu pas un sourcil à la constatation (que ce conflit vient de révéler) que l'UNRWA est tout sauf une entité neutre, que les écoles et les infirmeries de cet organisme sont des caches à armes ?

Vis-tu en paix avec ces tunnels qui ont ėté creusés de manière à pouvoir étendre l'impact du terrorisme, en perpétrant enlèvements et assassinats à l'intérieur des frontières d'Israël, dans des terres qui ne sont pas les "territoires occupés" ? As-tu lu les rapports qui démontrent combien de maisons, d'écoles, d'hôpitaux aurait pu construire le gouvernement de Gaza avec l'argent et le béton utilisé à cette machine de guerre ? As-tu entendu qui a construit ces tunnels, combien d'enfants palestiniens sont morts à leur construction ?

Où des enfants meurent à creuser des tunnels au 21ème siècle ?

Est-il possible, grâce à internet, à facebook, de n'avoir vu aucune de ces images qui montrent ces enfants maniant des armes, ces camps d'entrainement militaire ? Crois-tu que ce n'est que propagande israélienne ? 

As-tu lu la charte du Hamas qui prône non la restitution de quelques territoires mais la disparition d'Israël, non pour des raisons territoriales mais islamistes ?

Es-tu sûr(e) de ne pas te tromper de colère ? 

Es-tu sûr(e) de n'avoir pas raté la station à laquelle tu aurais dû descendre, en tant qu'humaniste, en tant qu'individu qui défend des idéaux, et pour bon nombre de cas, en tant que juif(ve) ?

Bon nombre de juifs ont épousé ces idées antisionistes du fait du sentiment d'avoir été comme trahis par le judaïsme, qui aurait "dérapé" en colonialisme, en que sais-je ? 

Ces juifs ne devraient-ils pas se sentir aujourd'hui trahis non moins par cette extrême, dont il devient difficile de savoir si elle est extrême gauche ou extrême droite tant ces deux paraissent tant se retrouver, se juxtaposer ( comme par exemple quand Jacob Cohen se retrouve assis à la Main d'Or aux côtés de Dieudonné) ?

Ne devrais-tu pas reconsidérer un peu ces positions auxquelles tu es peut-être accroché(e) comme à un radeau en perdition? 

Ne devrais-tu pas te demander s'il est opportun aujourd'hui de se revendiquer précisément de l'extrême ? 

La situation des palestiniens d'Israël qui s'est énormément améliorée -  ceux pour lesquels il y a eu amélioration et ils sont nombreux - ne s'est pas améliorée ni du fait de l'acquisition de ce droit à "l'autodétermination" pour lequel milite chroniquement je ne sais qui depuis cinquante ans, ni du fait d'accord de restitution de territoires, ni du fait d'arrêt de construction dans ces mêmes territoires, ni encore moins du fait de vociférations dans les rues de Paris ou sur des plateaux de télévision.

Il ne serait peut-être pas si faux de se demander (ou de leur demander) si l'amélioration de leur situation n'est pas plutôt le fait d'une normalisation, si parfois les entreprises israéliennes installées dans les territoires ne pourraient pas plus servir les palestiniens que les desservir, s'ils ne préfèrent pas mille fois être palestiniens en Israël que nulle part ailleurs dans le monde.

Ne devrais-tu pas te demander quelle cause tu soutiens en fin de compte ? Et quelle cause tu contribues à desservir ?

Voilà les questions que je voudrais te poser, toi chez qui, avec qui j'ai grandi, toi qui crois en de belles idées qui continuent à m'interpeller, mais toi qui me parais aujourd'hui tellement aux antipodes de ce que je vis.

Me répondras-tu ? 

Aurons-nous un dialogue ?

Est-il possible ?

L'avenir nous le dira.


lundi 28 juillet 2014

chair à canon, chair à opinion


Un matin calme semble avoir régné ce matin sur Israël.

Ils n'ont plus de munitions ? Plus de moral ? Ce sont les exigences d'Obama et du conseil de sécurité ? Roch hodech ? 
Il est à craindre que cela ne soit qu'Idl Fitter, et la fin du ramadan.

Mais profitons de ce calme pour faire semblant d'avoir droit à un peu de répit, à un peu d'atmosphère de vacances, en cette fin d'un mois qui ne nous aura donné aucune tranquillité.

Et je ne parle pas des combattants, avec lesquels est tout mon cœur, ceux qui même si je suis au calme, sont probablement au moins tendus vers l'action sinon au cœur de l'action, ceux qui alors que je suis à l'ombre sont sur le terrain, ceux qui à la différence de moi, ne dorment ni dans leur lit ni des nuits entières, ceux, enfin, qui éprouvent sans cesse la peur, le bruit assourdissant des canons, le feu des explosions, et surtout qui côtoient la mort sans savoir combien de temps elle ne les atteindra pas.

Je parle du peuple. C'est à lui que je m'adresse. Celui du monde occidental et du monde arabe. Celui qui est scindé en plusieurs groupes. Le groupe des actifs et celui des oisifs. Le groupe des concernés et celui des pêcheurs à la ligne. Le groupe des pro israéliens et celui des pro palestiniens. Celui qui voit dans ce conflit un conflit territorial, et celui qui est convaincu de la prédominance du facteur religieux.

C'est le monde qui est l'acteur principal, parce que c'est lui qui donne les clés aux dirigeants.

Les pêcheurs à la ligne et les oisifs donnent les clés aux extrémistes et n'empêchent pas les évolutions de se faire.

Les observateurs, ceux qui viennent de passer trois ou même cinq semaines au rythme des images et des informations, sont en devoir de profiter du répit qui leur est laissé -  avant de retrouver les impératifs d'une nouvelle année scolaire, familiale et professionnelle - pour se repencher sur les données qui leur sont passées sous les yeux et entre les mains.

Il est impératif de se demander combien la foule - dont nous sommes tous - a été manipulée, et par qui. Il ne convient pas uniquement de se le demander pour pouvoir se conforter dans son particularisme étroit et continuer à démoniser l'ennemi, il faut se poser les questions pour leur donner des réponses.

Les guerres modernes se jouent sur le terrain de bataille et sur celui de la communication, ceux de l'information et de la désinformation.

Que d'informations, de désinformations, d'images, de messages n'ont-ils pas défilé sur tous les canaux de communication ?

Comme d'habitude, ont circulé énormément de photos de malheur, de résultats de bombardements, et ces photos étaient légendées, afin de provoquer le dégout, la condamnation, l'appel à dénonciation de massacre, de génocide, afin de faire défiler et crier le peuple..

Il est temps - malgré le surcroit de dégout que cela occasionne - de revenir sur ces messages, afin de se poser les bonnes questions.

Qui a diffusé sciemment des photos de massacres de Syrie, ou d'Irak, ou d'événements anciens pour les imputer à l'armée israélienne ?

Qui est allé au plus loin possible dans la.cruauté et l'abject, par exemple en diffusant les photos des cadavres de la famille Fogel assassinée en Israël il y a trois ans avec une légende accusant Israël d'avoir commis ce crime ?

Qui a accusé l'armée israélienne d'avoir tué 20 personnes dans une école de l'ONU alors qu'un seul obus israélien égaré était certes tombé dans la cour de cette école mais apparemment sans provoquer de dégâts humains (dixit rapport de l’enquête dont je crois à la probité et publié ce matin) ?

Qui a accusé Israël de commettre un génocide, d'être pire qu'Hitler ?

Qui – quel organe international prétendument neutre - a exigé de mener une enquête précisément des crimes de guerre israéliens sans prendre en considération ni les roquettes tirées sur Israël, ni les incursions par les tunnels, ni la diffusion des images et des informations comme les deux exemples ci-dessus, sans même demander une enquête symétrique sur les deux bords ?

Qui a une fortune personnelle inimaginable alors qu'ils ne devraient qu'être salariés d'un gouvernement ?

Ceux qui ont étudié l'histoire de France se rappellent comment tant le roi Louis XVI que la reine Marie Antoinette étaient dans l'ignorance la plus totale de la vraie situation du peuple. 

Le peuple français n'a pas mené une révolution propre de son début à sa fin, et cette révolution n'a pas empêché que la France soit à nouveau menée par un empereur peu de temps après, mais le peuple a exigé de corriger ces terribles perversions d’une humanité dans laquelle des dirigeants sont à des années lumière des peuples qu’ils sont sensés diriger, et il a œuvré pour cela, ne s’est pas contenté de se départager entre pécheurs à la ligne et veaux qui défilent dans la rue.

C'est le peuple qui doit utiliser l'arme dont on le dote - puisqu'enfin ceux qui diffusent ces images, ces désinformations, sont des dirigeants qui fondent leur action sur le fait que la conscience humaine se soulèvera à leur vision - et l'utiliser à bon escient.

Si la reine Marie Antoinette a pu - et cela devait être - être accusée, puis jugée, puis condamnée puis exécutée pour avoir pêché par ignorance, que doit aujourd'hui faire le peuple à des dirigeants qui en plus d’être dansd l’insouciance des conditions de vie du peuple, le manipulent, s'enrichissent à leurs dépens, font mourir tout ce qui ne fait que faire avancer leurs desseins personnels pervertis ?

Les soldats et surtout les pacifistes ont beaucoup dénoncé la guerre et ont inventé le terme de chair à canon.

Les soldats israéliens ne sont pas de la chair à canon. Ils sont le peuple, et cela se voit tant le peuple est avec eux, tant le peuple pleure chaque mort, et il s'agit ici  en Israël d'une situation dans laquelle "chaque homme a un nom".

Les habitants de Gaza n'ont de citoyens que le surnom. Ces enfants pour lesquels les camps de vacances sont des camps d’entrainement militaire ne sont que des enfants faits soldats et ne ils ne  redeviennent des "enfants" que quand on peut agiter devant l'occident un plus grand nombre de victimes.

Les manifestants qui hurlent dans les rues du monde aux "massacres" de Gaza sont non de la chair à canon mais de la chair à opinion, de la chair à tumulte. Les dirigeants qui les y exhortent méritent des sorts comparables à ceux de Louis XVI et Marie Antoinette, parce qu’ils manipulent sciemment l’opinion du monde au compte de la population de Gaza. Et ceux qui poussent ainsi la foule à hurler sont aussi ceux qui ont des intérêts personnels et qui s’enrichissent et enracinent leur puissance sur le dos de tous ces malheureux

A la différence de la chair à canon, que l'âme quitte, la chair à tumulte a une âme, une conscience, un libre arbitre.


Elle doit retourner comme un gant l'arme dont elle est victime et qui la fait descendre dans la rue, réfléchir sur celui qui lui a mis l'arme dans la main, le renverser et le trainer en justice.

lundi 21 juillet 2014

lettre à mes amis


salut,

merci de prendre des nouvelles.

Au niveau "micro", tout va très bien.

Mais on n'a pas beaucoup de mérite. On est dans un appartement équipé de son propre espace protégé, installé dans une ville qui ne reçoit quasiment pas de roquettes..

Et donc, on dort normalement, on vient de passer un shabbat des plus tranquilles, on est partis ce matin au travail de la façon la plus habituelle du monde  (avec quand même moins d'embouteillages que d'habitude).

En levant un peu plus le nez du clavier, ou de l'intérieur de l'appartement, c'est forcément déjà beaucoup plus préoccupant. Pour l'instant, aucun de mes enfants n'est directement sur place, mais combien de temps cela va-t-il rester comme ça ?

En levant encore un peu plus le nez, je crois savoir que la situation continue d'être sous contrôle pour ceux que je connais, même si leurs enfants sont plus directement impliqués que les miens.

Mais quel sens cela a-t-il de jeter des regards selectifs ?

quoi ? on est contents que ce soit les enfants des autres ?
forcément non. 

Ni les soldats adultes qui sont déjà tombés, ni les soldats rappelés, ni les soldats en cours de service militaire, ni même les habitants des villages bédouins non protégés par le dôme de fer et dont plusieurs ont déjà été touchés, ni même les enfants, femmes, vieilles personnes et simples "citoyens" de Gaza, n'auraient dû laisser leur vie, ou même être blessés dans ce ènième affrontement.

Chez nous, les avis étaient étaient assez partagés avant hier autour de la table familiale, jusqu'à devenir - comme d'habitude...- fortement vocaux, mais la majorité - comme celle du pays je pense - s'accordait à rester sur l'impression que nous ne sommes pas menés en bateau par nos dirigeants, que l'opération est finalement devenue inévitable, que le fanatisme du hamas est quasiment impossible à combattre d'une autre manière, tout en étant impératif à être combattu puisqu'il œuvre en vue de notre destruction.

Je suis très désolé de ces manifestations de condamnation d'Israël, qui deviennent amalgamées à la haine du juif, qui ont lieu à Paris, à Londres, à Istanboul, et dans de nombreux autres pays.

Je continue de souffrir beaucoup de lire ce que dit Erdowan, ce que disent d'autres négationnistes, et chaque fois plus au prorata de l'audience ou des responsabilités de la personne qui parle. Ce que j'ai écrit sur eux dans les précédents posts reste valable.

Je suis quand même soulagé de pouvoir lire - presque trop - d'avis non uniquement écrits par le juif formaté pro israélien de naissance mais aussi par des non juifs, par des musulmans, qui s'expriment en talkback, par leur statut sur FB, ou sur un blog de ci ou de là.

Je déplore un peu tout cet assaut médiatique qui s'exprime sur le net, que ce soit autour des pages des journaux, que ce soit par facebook, mais je pense qu'il est positif. Il permet non seulement aux gens de s'exprimer - et même si le côté impulsif l'emporte souvent sur la réflexion quand il n'y a qu'à cliquer sur "enter" et tout est déjà visible de tous, je préfère que les gens puissent s'exprimer - mais il vient aussi confirmer que le monde n'est pas un tissu monochrome.

Même de Gaza se font entendre des voix autres. Même de l'intérieur d'une manifestation propalestinienne parisienne, quelqu'un a enregistré devant un micro qu'en fait sa conscience le poussait à soutenir Israël !

Il y a forcément aussi pas mal de désinformation dans tout ce fouillis et c'est une donnée à garder en tête constamment. 

Et ainsi, malheureusement, si les traditions sont en Israël de ne pas se marier, de ne pas se réjouir, de ne même pas mener à bien des contrats pendant la période qui sépare le 17 tamouz du 9 av, que nous permettrait d'espérer que tout retourne à la normale pendant cette même période ?

Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage.

Ce que cela n'est pas, c'est un été de vacances. Je comprends ceux qui n'ont pas changé leurs plans et qui sont maintenant en train de se promener dans les montagnes, mais je ne pourrais me voir aujourd'hui ailleurs qu'ici? Et ce n'est pas que je fasse beaucoup pour qui que ce soit, mais même si l'armée ne le fait plus en ce qui me concerne, la situation mobilise. 

Même si il va falloir rester bien accroché à ses convictions, au fur et à mesure que l'opération militaire va se poursuivre et que les quantités de morts vont forcément aller croissantes comme nous l'a malheureusement prouvé la journée du 20 juillet, je reste persuadé que nous bénéficions jusqu'ici - et je m'excuse auprès des proches de victimes - de protection venant du Haut. Il n'y a aucune autre façon de regarder le bilan des innombrables roquettes tirées jusqu'ici sur presque tout le territoire d'Israël. Invoquer uniquement la technologie et le hasard, 'la chance" me paraissent s'auto condamner à l'aveuglement.

Ce matin, sur « ynet », un article publié à la rubrique judaïsme attirait déjà une centaine de talkbacks, dont bien 90 étaient agressifs. L'auteure, professeur de Bible, et rabbine à la ville, et donc connue comme telle par une bonne partie des signataires de réaction, écrivait en substance que l'histoire biblique, qui nous présente les midianites comme nos pires ennemis -  en Bamidbar 25 :12 et suivants,  ainsi que dans tout le chapitre 31 -  alors qu'ils sont nos cousins (fils d'Abraham et de Quetorah), l'histoire biblique nous enseigne que notre ennemi d'aujourd'hui n'est ni notre ennemi d'hier ni celui de demain, et de déduire que nous sommes tous "midianites".

Ce qu'elle ne mentionnait pas c'est que c'est précisément au sujet des mêmes midianites que les rabbins du talmud avaient innové la formule que je citais dans un précédent billet : "haba lehorguekha, hashkem lehorgo". Qui vient dans l'intention de te tuer, précède-le.

Les midianites de plusieurs bords se font un peu - très peu - entendre, et je suis persuadé que quand leur message deviendra autre, il y aura une majorité en Israël pour les écouter. Mais il faut savoir que cela prendra du temps, et il faut aussi surtout savoir que même si un individu a toujours la potentialité de devenir ton ami, tant que ce qu'il dit est qu'il est ton ennemi, alors il doit être considéré comme tel.

Il est probablement important d'avoir en soi les réserves de moralité qui nous permettront de dialoguer un jour avec notre ennemi, mais pour ce qui est de l'aimer, probablement rien ne doit nous exhorter à cela. Il n'y a pas de commandement "tu aimeras ton ennemi comme toi-même".

Et je dois dire, avant de conclure, un mot sur les cent victimes palestiniennes d'hier.

Il est sûr qu'une bonne trentaine est directement lié à l'incident au cours duquel un semi tank a été touché et sept soldats sont morts d'un coup. En pareil cas, les "forces" se replient pour ramener les morts et les blessés, et les tirs destinés à protéger et assurer ce repli deviennent des tirs tous azimuths. C'est inévitable même si très regrettable.

Il est très triste qu'une autre partie de ces morts soit le résultat d'une politique : celle du hamas d'ordonner aux habitants de demeurer en place alors que l'armée israélienne les a prévenus qu'il devient dégager. Malheureusement, les madianites comme nos pires ennemis même si tu viens dire « mais je les ai prévenus !», en fin de compte, c'est celui qui a appuyé sur la gâchette qui reste avec le mort sur la conscience.

C'est ce que disait Golda Meïr : le plus gros compte que nous aurons avec nos ennemis, c'est qu'ils nous poussent à les haïr.

Mais tant que telle est la situation, il faut manier les armes. 


jeudi 17 juillet 2014

Réponse des Cosaques Zaporogues au Sultan de Constantinople (Ferré - Apo...

comment faire jaillir la paix de la haine ?


On me dit que David Grossman a écrit quelque chose de très joli, et je tente que la partie en moi qui veut le lire l’emporte sur celle qui est tellement éprouvée et écoeurée par ces dernières 24 heures de ballet de cessez le feu arrosés de roquettes, de tentatives d’infiltration, et qui  n’a en bouche que haine.

J’écrivais récemment que je n’aurais pu être journaliste versé dans la prise en pitié des palestiniens car comment faire aujourd’hui ? Je dois rajouter à la liste de ceux dont je suis heureux de ne pas faire partie les politiques, ceux qui vont devoir aller dialoguer avec le hamas.

Dialoguer avec le hamas….et quoi ? se retirer pudiquement de temps en temps pour aller vomir discrètement ?

Dialoguer avec le hamas quand on a en tête les figures haineuses de Hanyeh , de Nasrallah lors de leurs  invectives contre  Israël ? Dialoguer quand on voit la tête de Erdowan en train de re-dire que les israéliens se livrent à un génocide.

Dialoguer avec le hamas quand on voit l’autre dont le nom m’échappe sans cesse, et cela doit vouloir dire que je l’ai effacé, que la malédiction d’effacement du nom a déjà pris nous concernant lui et moi zut ! voilà que le nom me revient, Ahmed Tibi. Lui qui est médecin, qui fut le conseiller de celui qui imagina toute cette mise en scène constante de maintenir les palestiniens dans le rôle de malheureux, lui dans la foulée de qui  le hamas cache ses roquettes dans les écoles, dans les hôpitaux. Lui qui prend l’air grave pour parler de ce pilote ‘moral’ (les guillemets sont de lui)  qui a su tirer sur les quatre enfants sur la plage. Quel air grave.  Quoi ? c’est guignol ?
Ne nous dis pas que tu y crois à ce que tu dis, toi qui parles alors que l’UNRWA vient de révéler qu’il a trouvé 20 roquettes dans une école de ses propres services ?

Quoi Erdowan, égorgeur d’arméniens, toi qui poursuis un manifestant dans la rue en le traitant de « sperme d’Israël », tu y crois vraiment au génocide des enfants palestiniens ?
Toi qui trouves opportun de dire sur les ondes que notre députée Mikhal Shaked te rappelle Hitler, venant de toi, c’est au moins une déclaration d’amour…  Toi qui parais tant vouloir revenir aux temps du sultan, on voudrait réécrire pour toi la lettre des cosaques zaporogues  adressée à ton modèle et reprise merveilleusement par Appollinaire :
 Réponse des Cosaques Zaporogues au Sultan de Constantinople », insérée dans le poème La Chanson du mal-aimé,de Guillaume Appollinaire, pièce maîtresse de son recueil Alcools (1913) :

Plus criminel que Barabbas
Cornu comme les mauvais anges
Quel Belzébuth es-tu là-bas
Nourri d'immondice et de fange
Nous n'irons pas à tes sabbats
Poisson pourri de Salonique
Long collier des sommeils affreux
D'yeux arrachés à coup de pique
Ta mère fit un pet foireux
Et tu naquis de sa colique
Bourreau de Podolie Amant
Des plaies des ulcères des croûtes
Groin de cochon cul de jument
Tes richesses garde-les toutes
Pour payer tes médicaments


Voilà ce que je ne saurais me retenir d’avoir en tête et en bouche si je devais aller dialoguer avec  tous ces personnages qui ne paraissent eux-mêmes n’avoir en eux que haine et fanatisme religieux.

Et pourtant je sais qu’il n’y a pas d’autre issue. La guerre n’engendre que la guerre, et la paix ne naît que de la rédaction conjointe de traités de paix écrits….avec son ennemi.
On ne fait la paix qu’avec ses ennemis, disait Yshaïahou Leibovitz, et heureusement que le traité de paix ne comprend en général pas le paragraphe : « tu aimeras ton ennemi comme toi-même », heureusement que la Bible nous a épargné ce commandement. Qu’en aurais-je fait ?
Et voilà que mes doigts ont jeté tout cela sur le clavier, avant de n’avoir même pu ouvrir le texte de David Grossman.  .
Et j’y suis quand même allé. Je n’y ai pas trouvé le texte lui-même mais un ancien entretien dans lequel il s’exprime sur le texte qu’il a écrit après avoir perdu un de ses enfants au cours de la seconde guerre du Liban.
Il dit qu’écrire après une pareille tragédie est contre nature, de la même manière que perdre un enfant est un évènement contre nature.
Je crains que faire la paix avec le hamas ne soit pas moins contre nature.

Mais, c’est entre aussi pour cela qu’il faut la faire. Qu’il faut tenter de la faire…en ayant la préoccupation technologique adéquate pour être prêts à l’affronter à nouveau le jour où ça l’aura repris.

mercredi 16 juillet 2014

Et qui s'occupe de la question de l'islamisme ?


Vu de l'intérieur, il est clair qu'un bon pourcentage de la population n'aspire pas aux extrêmes.  Les habitants des villages arabes des alentours de Jérusalem, même ceux qui n'ont pas la nationalité israélienne, et a fortiori ceux qui l'ont, n'aspirent qu'à la poursuite de leur situation actuelle. Et rien n'est incompréhensible en cela : ils vivent bien, ont une sensation quotidienne de tranquillité, jouissent de statuts politique et social incomparables à ceux que peuvent imaginer atteindre la plupart des citoyens de la plupart des pays arabes,  et peuvent s'occuper de leur développement personnel.

Ils sont bien évidemment sensibles aux différences d'éthnie, aux particularismes de l'islam, du judaïsme ou du christianisme, mais il se fait entendre suffisamment de voix non islamistes depuis l'intérieur de l'islam pour qu'on acquière la conviction que ce n'est ni aux sources du Coran lui-même, ni aux données géopolitiques qu'il faut s'en prendre.

Aucune solution n'émergera du partage ainsi ou autrement, de la restitution de tel ou tel territoire tant que subsisteront les extrémismes. 

Et Gaza est la meilleure illustration possible de cela. Ils ne sont pas colonisés par Israël qui a peut-être commis l'imprudence de se retirer de façon unilatérale, sans que l'autre côté soit responsabilisé de la nouvelle situation que cela créait, mais qui s'est bel et bien retiré.

Ils ne sont colonisés par Israël que tant qu'ils le veulent, tant qu'ils ne créent pas eux-mêmes leur industrie, leur autonomie, tant qu'ils restent convaincus qu'ils ne subsisteront qu'au prix de travailler en Israël. 

Ils ne subissent de blocus (blocus de ce qui peut servir à la guerre uniquement. Ils reçoivent sans interruption – et même depuis le début de cette guerre – produits de base, essence, médicaments ) que depuis que le gouvernement du hamas a été installé

Et pourtant le hamas continue d'en venir aux mains avec nous, non par résistance contre occupation, mais bien par opposition fondamentaliste à la seule existence d'une entité juive au moyen orient.

Ce hamas est isolé apparemment, en tout cas de l'Egypte, mais apparemment de beaucoup plus de fractions du monde arabe que cela, et il est en train -comme l'a tristement montré l'expérience d'hier, d'un cessez-le feu refusé en dépit de toute base de bon sens – il et est en train d’entraîner le peuple de Gaza dans l’abîme.

Nul ne se leurre. Ce n'est pas la population qui a refusé le cessez le feu, ce sont des dirigeants extrémistes que l'on pourrait entendre dire : "je refuserai jusqu'au bout, dussé-je faire mourir les habitants de Gaza jusqu'au dernier !".

Et la question qui se pose est : quelles voix devraient se faire entendre pour aider le monde à se libérer de tels tyrans ?

Il faut très probablement aider les populations malmenées, et il faut aussi s'occuper que la mobilisation du vaste monde (les « spectateurs ». Ceux qui regardent la télé, ou même qui descendent un jour manifester puis retournent chez eux)  soit animée du bon sens et non de l'esprit de manipulation - comme l'indignation avant-hier du peuple danois est venue en attester : le peuple danois aurait exprimé son indignation devant les photos d'habitants de Sdérot, surpris assis à leurs terrasses,  à fêter les bombardements de l'armée sur Gaza. Amis danois, les habitants de Sdérot ne vivent pas dans une implantation, ils ne sont pas des colons mais les habitants de l'intérieur de frontières internationalement reconnues. Or ils reçoivent des roquettes depuis 14 ans. N'ont-ils pas le droit d'exprimer un peu de sentiment de revanche ? Surtout quand ils connaissent les règles du jeu des bombardements sur Gaza, bombardements qui sont l'anti thèse de la frappe aveugle, comme tous les reportages le montrent encore et encore.

Il faut donc se préoccuper que la population cesse d'être otage de ces extrémismes.

Et c'est cela le discours que l'on attend des universitaires spécialisés en moyen orient, en orientalisme. Mettez votre savoir au service des politiques, enseignez-leur comment comprendre les messages enseignés, comment se mesurer aux fondamentalismes, comment œuvrer pour éduquer la population dans le sens de la raison et non celui de la déraison.

On a toujours invoqué les intérêts sous jacents et coupables de la "raison d'état". Il existe très certainement de tels intérêts qui font que la guerre a lieu dans tel ou tel endroit du globe, qui font que tel ou tel conflit est plus ou moins médiatisé, mais le gouvernement français parait aujourd'hui clairement intéressé à ce que l'islamisme ne ravage pas la communauté musulmane de France, le gouvernement israélien a clairement intérêt à ce que la voix de la raison l'emporte dans les têtes, tant côté juif que côté musulman.

Que le conflit avec Gaza soit réglé par plus ou moins de force, par plus ou moins de prise du pouvoir sur ce qui se passe là-bas, ne sera que la face émergée de l'iceberg.

Il faut investir au moins autant d'argent dans l'éducation, la correction de l'éducation, la prévention par l'éducation que dans le développement de la protection physique.

Où sont les grandes fondations ? A quand de véritables séminaires, formations, interventions au sujet de ce fondamentalisme dont apparemment on ne fait que surveiller le niveau, parfois il monte, parfois il parait stationnaire, parfois il parait avoir baissé.

Le maire de telle ou telle localité, l’inspecteur régional d’éducation, le préfet de police, le responsable de la force d’intervention, a-t-il l’occasion (l’obligation ?) de comprendre qui enseigne, qui professe quoi aux communautés de sa juridiction ? quelqu’un lui donne-t-il l’occasion de comprendre ces mentalités dont il a la responsabilité ?


Au travail !