mercredi 21 novembre 2012

En ces heures éprouvantes


Quelle est en fin de compte notre situation ? A qui devons-nous poser cette question? De qui attendons–nous la réponse? Nous avons une tendance naturelle à nous tourner en premier lieu vers les journalistes qui sont, eux, sur le terrain, qui sont, eux, informés, qui interviewent eux-mêmes des gens bien informés, ministres ou députés ou introduits dans les pièces où se prennent les décisions. Nous nous tournons aussi vers les commentateurs, journalistes du premier étage, si ceux qui nous communiquent les informations sont ceux du rez de chaussée. 

Nous restons proches de ces deux premiers étages pour de multiples raisons. Tout d'abord, ils ne nous demandent pas de nous fatiguer beaucoup, et nous n'aimons pas escalader les étages. Ensuite, tant que la situation est aigüe, nous avons besoin d'eux, nous avons besoin d'information, nous voulons savoir si une opération terrestre a été ou non déclenchée, nous voulons savoir si de nouveau une ou plusieurs roquettes sont tombées, où c'était, s'il y a eu ou non des victimes, mais plus que de l'information, nous cherchons des réponses.

Nous devons savoir, nous voulons comprendre, tenter d'inscrire ces évènements dans notre vision du monde, afin de ne pas nous retrancher dans une position figée, stéréotypée, qui n'a probablement aucune chance d'engendrer un quelconque changement.

Peut-être cherchons-nous quand même encore à comprendre le présent, le passé, à se faire une opinion sur ce qui engendrera tel ou tel avenir.

J'ai écrit ces lignes pendant la journée du mercredi 21 novembre, une journée qui a été particulièrement éprouvante, ponctuée d'énormément de tirs des deux côtés, ponctuée d'un attentat, et qui s'est en plus close par un cessez le feu qui a bien entendu été salué comme une victoire sur Israël par la rue de Gaza, qui parait deux heures plus tard n'avoir de cessez le feu que le nom, et qui fait donc surtout craindre l'escalade. Et pourtant je publie ces lignes. 

Je voudrais mettre l'accent sur trois topiques vers lesquelles ou en fonction desquelles je sens mon esprit osciller, et je voudrais mettre cet accent en référence aux questions sur lesquelles j'ai ouvert.

La première topique est le présent immédiat.  Ce présent me parait pouvoir être vu foncièrement différemment selon l'étage duquel on l'observe, et aussi selon les escaliers que l'on aura choisi d'emprunter.

De là où je regarde, on voit la guerre. Deux parties sont lancées violemment l'une contre l'autre avec énormément de violence, en utilisant massivement des armes terriblement meurtrières. Et des gens sont touchés, et certains meurent. Mais il est impossible de ne pas voir aussi combien "peu" meurent ( le mot "peu" est obscène dans ce contexte, puisque la mort de chaque individu qui meurt est une tragédie que le mot "peu" ne peut que blasphémer), mais, néanmoins, au prorata des moyens des deux parties, peu meurent de chaque côté. Les armes israéliennes pourraient causer énormément plus de morts qu'elles n'en causent ( il n'a qu'à regarder autour de soi - en Syrie par exemple- pour s'en rappeler), et les roquettes (qui sont en elles-mêmes excessivement meurtrières, quiconque le nie est soi de mauvaise foi soit ignorant complet) ne font (heureusement) que très peu de victimes. 

On peut rester au rez de chaussée, invoquer la chance, se scandaliser quand même de telle ou telle  attaque, mais peut aussi monter un étage. 

Du premier étage, on devra voir que les armes israéliennes ne font que peu de victimes par rapport à leur puissance du fait des israéliens eux-mêmes.  Les israéliens n'ont plus à prouver qu'ils savent viser et il n'y a pas d'autre choix que de voir qu'ils font tous les efforts possible pour n'atteindre que ceux qui, de leur point de vue, le méritent. Ils sont ici le contraire d'une force aveugle. Ce point est peut-être la principale raison pour Israël de ne pas se plier à l'exigence du hamas qu'il n'y ait plus d'éliminations ciblées. C'est à dire quoi ? Ne plus viser ? 

La deuxième chose que l'on doit voir de cet étage c'est que si les roquettes ne font que très peu de victimes, c'est du fait des israéliens. C'est grâce à cette prouesse militaro-scientifique qu'est le dôme de fer. Il apparaît que le hamas, lui, vise mal ou ne vise pas, et en tout cas il ne pourrait recevoir aucun crédit de ce petit nombre de victimes vu qu'il affiche ouvertement son voeu de faire le maximum de victimes. 

Donc, il faut impérativement voir que les israéliens sont ici un joueur central de la question du nombre de victimes. Il faut forcément pour cela leur tirer le chapeau. Quel autre pays prend-il ainsi tellement de gants ? Et concernant sa propre population, et concernant la population ennemie ( ne me parlez pas de la Syrie...me parleriez-vous de la Turquie ?  Ne me faites pas rire...).

Et nous pourrions rester à cet étage mais que ferons-nous si nous continuons à monter ? Cela nous conduira à lire des commentaires un peu plus posés, comme celui de Bernard Henri Lévy, qui parle surtout de l'obscénité de la situation et des commentaires qui en sont faits de ci de là (Le Point daté du 22 novembre) , ou comme celui d'Abdulateef Al Mulhin qui souligne surtout le gâchis (papier daté du 19 novembre sur arabnews.com) , mais pourquoi ne monterions-nous pas encore plus haut ? 

Quelle pourrait bien être la définition de cette mythique notion qui s'appelle le miracle ? Il pleut des hallebardes et seul moins d'un dixième de celles qui sont lancées atteignent la population et ça n'est pas un miracle ? Ça ne conduit pas à se poser des questions sur l'analyse de ce présent ? Ça ne pourrait pas conduire à observer la situation en fonction de qui est Israël ? En fonction de son droit ancestral-promis-revendiqué à résider en habitants de droit sur cette terre ? 

Je ne donnerai pas de réponse mais passerai à une seconde topique, celle du passé. Beaucoup s'interrogent sur ce passé immédiat qui est la sortie d'Israël de la bande de Gaza il y a six (sept?) ans. Et de se demander si la situation actuelle ne peut être consécutive à cette sortie. A-t-on eu la situation d'aujourd'hui pour l'avoir semé alors ?

Il n'y a bien entendu pas de vérité absolue ni dans ce cas ni de manière générale, mais on peut aussi dans ce cas choisir l'étage duquel on voudra observer.  

A ceux qui diront que c'est la sortie d'Israël de Gaza qui a créé cette situation de belligérance, à ceux qui diront que si nous n'étions pas sortis nous n'aurions pas eu les deux dernières actions ("plomb fondu" et l'actuelle), je répondrai qu'il ne faut probablement pas regarder le passé seulement jusqu'en 2005. 
Et s'il avait fallu tout d'abord ne jamais rentrer à Gaza ? Est-ce une question moins légitime ?

Je voudrais tenter de donner des arguments pour cette question, arguments qui, je l'éspère, rattacheront cette deuxième topique du passé, à la troisième que je voulais évoquer ici et qui est celle du futur.

Je dirais que je souhaiterais que l'on se mesure à cette question en fonction de la très large question : "qui est Israël ?"

La Bible écrivant en toutes lettres que cette terre est promise à Israël, on a vu par le passé que les termes Israël ou même Palestine ont voyagé d'un groupe ethnique à un autre ( je pense au "Verus Israël", je pense à la version coranique du sacrifice non commis par Avraham, je pense aux inscriptions sur les murs de paris avant la seconde guerre mondiale. "Les juifs en Palestine").

Le conflit biblique entre Yaakov et Esaü est finalement l'archétype de ce conflit. Qui est Israël ? Qui mérite la bénédiction et qui la reçoit ? Les réponses sont dans le texte, et pourtant le conflit subsiste. De même que le fait qu'Avraham achète la caverne de Makhpéla ne l'en rend pas propriétaire aux yeux de tout le monde, de même, le fait que le kkl et les Rotschild aient acheté des terres en Israël ne nous rend pas pour autant propriétaires légitimes de ces terres aux yeux de tous ( De Gaulle dans son célèbre discours du "peuple d'élite, sûr de soi et dominateur" évoque ces "terres acquises de façon douteuse" ).

Et ainsi, il faudrait monter encore quelques étages et ne pas seulement se demander qui dans la Bible est le véritable Israël, mais bien dans le monde d'aujourd'hui et de demain qui est le véritable Israël ? 

Le rav Steinzaltz s'est illustré par de nombreux faits extraordinaires (son "talmud" en particulier) mais aussi par cette définition du juif : n'est pas juif celui dont le père ou la mère sont juifs mais bien celui dont les enfants sont juifs.

Et qui sera juif ? Toute la jurisprudence et la loi talmudiques sont là pour attester que la génétique n'est pas en cause. N'importe qui ( ne me prenez pas au mot, ceci est régi par la loi rabbinique) peut devenir juif. 

Être israël n'est pas une question de gènes ou d'ascendance, c'est une question d'identification -dans les faits, parce que le judaïsme lie indéfectiblement les actes à l'identité- à une éthique.

C'est très probablement cette identification qui conduit les dirigeants du pays et de l'armée à viser si précisément. C'est cette identification qui doit aider à répondre à cette question de Gaza. Les juifs ont-ils vocation à occuper un autre peuple ? Ont-ils vocation à opprimer ? Dans le monde d'aujourd'hui, c'est Ariel Sharon (si. le Ariel Sharon) lui-même qui a répondu par la négative le plus publiquement. 

C'est en fonction de cela qu'il faut à mon avis se poser la question de notre légitimité à être ou à ne pas être dans Gaza.  C'est en fonction de cette question qu'il convient de réfléchir sur nos conflits avec les arabes, ou le monde environnant (encore les turcs...).  

Nous avons choisi de nous appeler Israël et nous devons nous rappeler que ce n'est pas un choix gratuit, que nos actes pèsent sur l'image qu'a, qu'a eu et qu'aura Israël dans le monde.

S'il est marqué que la terre est promise à Israël, il n'est en revanche marqué nulle part qu'être Israël veut dire traiter durement son voisin parce que c'est soi-disant le seul langage qu'il comprend. Et si c'est de textes que l'on veut se réclamer, sont écrites bien d'autres choses sur le sujet.

Et bien sûr que ce ne sont pas seulement les textes qui fournissent les solutions aux agressions armées ni aux agressions médiatiques, mais tout dépend à quel étage on décide de se tenir.

Et vous voulez mon avis ? la situation actuelle est un exemple flagrant de miracle. Et ces miracles sont une sorte de légitimisation qui nous est donnée de "quelque part" à demeurer ici. Et on ne continuera à mon humble avis à en bénéficier que si on mérite de s'appeler Israël, c'est à dire pas si on sait se battre ou tuer notre ennemi, ou même le faire taire, mais si on sait avoir un comportement d'Israël.

Qui est Israël ? Celui qui relève le gant de se comporter en fonction de ce qu'impose - suggère la Torah, et c'est un vaste programme, tant à l'échelle individuelle qu'à l'échelle nationale. J'ai l'impression que c'est ce que nous tentons de faire sur les cent dernières années. Et nous ne le faisons pas forcément tous les jours de la meilleure manière. Et la situation actuelle est un acte de cette grande pièce théatrale.

Et concernant les voisins ? Eh bien, lisez Al Mulhin et réflechissez-y. Si ça se trouve, nous ne sommes pas leurs ennemis. Il suffirait peut-être seulement de tenter l'aventure. En attendant, et sous l'exhortation du Hamas, ils se comportent comme une meute de chiens déchaînés ou comme un nid de guêpes, et tant que ça sera le cas, ils recevront le traitement qui s'impose, mais c'est un comportement. Rien ne les empêche d'opter pour une autre attitude.

jeudi 1 novembre 2012

Du juif à l'hébreu


Un cours très interessant de rav Yaakov Medan sur la paracha Lekh Lekha met en exergue une controverse entre rabbins de l'époque amoraïms sur la punition qu'aurait reçu Avraham (Nedarim 32a) suite à son dialogue avec D. Avraham se retrouve ainsi confronté à une famine et contraint de partir pour l'Egypte et c'est en contraste avec la promesse qui vient de lui être faite, et il faut donc en déduire que la famine et l'Egypte sont des punitions. 

Les trois amoraïms ont chacun une hypothèse. Pour l'un Avraham aurait été puni d'avoir utilisé les âmes qu'il venait de convertir- pour un second Avraham est puni d'avoir demandé à D. des preuves de sa promesse, pour le troisième, il est puni de la réponse qu'il donne au roi de Sdom en Genèse  . 

Le cours analysait le texte de la paracha en détail et en déduisait entre autres qu'il conviendrait de situer l'alliance entre les morceaux, (Berechit 15,    ) avant l'arrivée d'Avraham en terre d'Israël , et donc de faire apparaître un parallèle de la situation de Moshe à qui l'entrée en Israël est annoncée alors qu'il ne s'y trouve pas, qui peut voir la terre de loin, mais pour lequel l'entrée en Israël ne se réalise pas. 

Rav Medan proposait en outre une lecture très nouvelle de la réponse faite par Avraham au roi de Sdom après sa victoire contre les rois qui avaient kidnappé son neveu Loth : "je ne prendrais pas la moindre lanière de sandale d'aucun de ces soldats". Alors que la lecture traditionnelle de cette réponse voit en elle l'illustration de l'extrème éthique d'Avraham, en particulier aux yeux de Lévinas dont je parlerai plus loin, Yaakov Medan suggère que la faute d'Avraham dans cette situation est de n'avoir pas su aller jusqu'au bout de la situation, c'est à dire, n'avoir pas su répondre au roi de Sdom :"je viens de gagner la guerre, il ne s'agit pas de butin, toute la terre désormais m'appartient. Pars d'ici ! Dorénavant c'est moi qui gouverne ". 

Pour Rav Medan, trois histoires du Tanakh sont ici à être lues en parallèle. L'histoire d'Avraham et du roi de Sdom sus mentionnée, l'histoire de Moshé au buisson ardent, et l'épisode de Guideon (Juges 6-8), où Guideon livre bataille et remporte la victoire contre l'armée de tous les peuples alentours  alors qu'il n'a avec lui que 300 hommes (Avraham en a, lui , 318. la différence est mince). Pour Medan, les trois sont des personnages élus, à qui est faite la promesse de prospérité du peuple en Israël, et qui n'aboutissent pas la situation. Moché faute (faute de frapper) se voit privé d'entrée en Israël, Avraham est envoyé en exil et surtout apprend exil et esclavage de sa descendance pour 400 ans, Guideon refuse ouvertement de prendre le pouvoir après la victoire et se poursuit ainsi la période de chaos alternatif des Juges. 

Interessant de réfléchir sur ce sujet ô combien actuel - mais c'est déjà actuel depuis cent ans ! - de la transformation du peuple juif en peuple hébraïque, de la transmutation identitaire qui est exigée pour passer d'esclave en pays étranger à citoyen libre et actif sur sa propre terre. 

Et peut-être un bon moyen pour mener cette réflexion serait-il de comparer la lecture de Rav Medan, israélien du 21ème siècle, avec celle de Lévinas, philosophe parisien du siècle précédent. Comparer la lecture d'un israélien avec celle d'un israélite de diaspora, comparer la lecture d'un hébreu avec celle d'un juif.

Pour ce dernier (Lévinas, juif-israélite) comme annoncé plus haut, la réponse faite par Avraham au roi de Sdom est le symbole de ce que doit être l'attitude de l'homme juif éthique. Chez Lévinas, éthique et responsabilité avant tout. Chez Lévinas, l'identité juive doit avant toute autre chose dépendre du niveau éthique de l'individu.

Chez Medan, il y a incontestablement un autre regard. Le juif pourrait peut-être même être choqué, il y trouverait les caractéristiques attribuées au tsabbar, chez qui en plus de la mèche sur le front ont poussé d'autres attributs, le culot, la rudesse en particulier et peut-être un certain affranchissement par rapport à certains comportements jugés trop tièdes. On reconnaitrait facilement à travers la lecture de Rav Medan le comportement d'Ariel Sharon décidant de son propre chef de traverser le canal de Suez, et demandant après coup la permission.

Rav Medan dans son cours souligne le temps qui s'est écoulé et du fait duquel le Moché âgé de 120 ans et qui observe de loin la terre d'Israël qu'il n'habitera pas, est bien différent du Moché encore égyptien à qui D. se révèle au buisson ardent. Avraham aussi reçoit l'annonce de la création du peuple juif avant d'avoir même son premier enfant, Guideon aussi est sollicité par l'ange quand il n'est qu'adolescent. 

Rav Medan parlait de l'évolution qui peut se produire, qui se produit en l'homme au long de son existence, et qui fait qu'il peut dans un premier temps se conduire plus (trop?) prudemment que par la suite.

L'actualité de cette question est bien entendu notre situation politique d'aujourd'hui et la question du comportement à avoir avec nos voisins ou sur la scène internationale. Beaucoup ont dit en Israël depuis 1967 que l'erreur politique principale commise à ce moment avait été de ne pas enfoncer le clou jusqu'au bout (chacun peut écrire le scénario de ce "jusqu'au bout" à sa guise et y inclure ce que bon lui semble). En parallèle , Yshayahou Leibovitz a, lui , toujours dénoncé le chaos potentiel que la victoire avait donné,c'est à dire l'occupation des territoires.

Et donc quoi ? Le consensus israélien aujourd'hui, qui ne consiste ni à prôner le transfert arabe ni à rendre les territoires, parait fort éloigné de la lecture européenne ou américaine de notre situation internationale. Là où les européens - juifs y compris - continuent à parler de territoires occupés et à ne voir un avenir qu'en terme de restitution de ces territoires, c'est le souhait et le sentiment de bien peu d'israéliens aujourd'hui semble-t-il, ou plus précisément dirait-on que la plupart des israéliens-hébreux sont  persuadés que des villes comme Maaleh Adoumim, Ariel ou même Bet El ou Ofra ne sont pas démantelables et ne seront donc probablement jamais "rendues", alors que l'européen qui se prononce à plusieurs milliers de kilomètres d'ici ne s'élève pas à une telle résolution optique et ne fait pas le détail.

C'est précisément de ces détails qu'il doit peut-être être question, et c'est peut-être de ces détails qu'il est fait allusion dans notre texte qui parle de courroies de sandales.  Pour pouvoir tout à la fois prendre des décisions et tenir compte de ces détails, le dirigeant politique doit-il avant tout être éthique, ou doit-il plutôt être politico pragmatique?

Le dirigeant d'Israël sera éthique ou ne sera pas. Le regard nostalgique sur le 13 juin 1967 n'est que la focalisation sur un mirage. La guerre des 6 jours est notre buisson ardent, l’alliance entre les morceaux de notre époque, l’ange qui s’adresse à Guideon. Ce n’est pas de cela que découle la construction de la réalité du juif qui redevient hébreu. L'histoire ne se fait à l'emporte pièce que de façon exceptionnelle. Dans la vraie réalité, c'est de processus ( ou devrait-on écrire "processi") que se produit l'histoire. Et ces processus ne dépendent pas uniquement du temps qui s’écoule. Ils nécessitent le mûrissement de l’homme. Mûrissement qui naît de l’interpersonnel et qui ne parvient pas à se produire en l’individu seul.Ces processus ne surviendront que si Ariel Sharon saura traverser le canal avec Leibovitz à ses côtés. Le processus doit se faire par le caractère actif du dirigeant mais à la condition que le gardien de l'éthique dîne à sa table, l'avertisse et le supervise. De ce dialogue peuvent naître les conditions que l'individu seul ne peut créer, même en laissant s'écouler du temps, fût-il Avraham, Moché ou Guideon. Seul, il reste prisonnier de ses mécanismes personnels et il reste exposé au manque de confiance, à l'hésitation ou au départ pour la guerre. Accompagné, il peut avancer et construire.