dimanche 26 juin 2016

אודות בירדמן. סרט גדול . Birdman. Quand un cinéaste partage le travail du psychanalyste avec le public. en hébreu et en français.


Le texte en français - une fois n'est pas coutume - suit le texte en hébreu


לא כל סרט מזכיר את הגדרת הקולנוע כ״האומנות השביעית״. לא אחת, אתה מוצא שבזבזת שעה יקרה או ערב שלם על צפייה במוצר חד מימדי, מעוגן חזק בקרקע ובגובה דשא.
זה אינו מאפיין את יצירתו ה(לפני) אחרונה של אלחנדרו גונזלס אינריטו, הבמאי המכסיקני שכבר התפרסם על סרטיו המורכבים והעשירים.

אתה צופה ב״בירדמן״ ואתה מיד מרגיש איך מוצג לעיניך הרבה יותר מסתם סרט. אמנם, הסרט קשה לצפייה הודות לטכניקת ה״ואן שוט״ באמצעותה הוא צולם, טכניקה שלמעשה מכניסה את הצופה לתוך השאלה המרכזית של סרט זה : ההבדל המהותי הנגרם לחיינו בין כאשר יש בהם רציפות לבין כאשר קטיעות מאפיינות אותם.

אך אין הצופה מגיע בנקל להגדרה זו, והרבה זמן לפני הוא נשאר עם השאלה :״מה זה?״ שאלה שכותרת המשנה של הסרט מזמינה עוד לפני תחילת ההקרנה. מה היא ״התכונה הבלתי צפויה של אי הדעת״ עליה מדובר ?


ואז זה ממשיך. מהנוף הימי המשונה שמוקרן על ההתחלה, ועד הסצנות הראשונות של הסרט עצמו בהן גיבור הסרט קודם יושב בתנוחת לוטוס מטר מהקרקע ללא משענת או כסא, בהמשך מעיף בעוצמה חפצים בחדר באמצעות כוח מחשבתו או רצונו בלבד. בנוסף לזה, הוא שונא ריח של פרחים ובמיוחד הוא מתעצבן על כל דבר וכל הזמן. והמצלמה הזאת שלא נחה לרגע ומובילה אותנו בלי הפסקה לאורך כל מיני מסדרונות חשוכים.

הרבה צופים לא התלהבו, אם לא ממש שנאו את מרכיבי ה״תרגיל״ החושי הזה, המורכב יותר מדי הפתעות, צעקות, אלימות, ותערובת של רצף ואי רצף.

כאן טמון הסימן הראשון שלא מדובר בסתם סרט אלא ביצירת אומנות של ממש. יצירת אומנות, יש בה משהו שיותר מ"פוגש אותך". משהו מתנגש בך ולפעמים פוגע, או אף כאילו פוצע אותך. משהו ששייך להתרוממות, לזקפה האקזיסטנציאלית שיוצאת הימנה. אתה יודע שמשהו פוגש אותך, ובדרך כלל אינך מסוגל להגיד מה. ולפעמים הדבר מחולל התרחקות, ניכור, או זלזול. כפי שהרבה מצאו בתמונותיו של יאיר קליין מקור לעצבים ולזלזול : ״מה ? צבע כחול נשפך ישירות מהקופסה על הבד זו תמונה ? ״. כפי שקרה לפילוסופיה של עמנואל לוינס, לא כולם יכולים ״לחתום״.

גם אינריטו, גם לווינס זכו להכרה ולפרסים בין לאומיים רבים, אבל לא ברור אם כולם מצליחים להבין על מה הפרסים. עמנואל לווינס למשל כותב פילוסופיה דרשנית ביותר, בה הוא תובע את ה״אחריות הבלתי מוגבלת לזולת, לאדם האחר״. מי בכלל על כדור הארץ מסוגל להתכוון או עוד יותר להתחייב לכזו אחריות ?

יוצא שגם לגבי אינריטו, גם לגבי לווינס סקטור מקצועי אחד לא יכול להישאר אדיש והוא סקטור התרפיסטים, סקטור הפסיכואנליטיקאים.

אלה יודעים שהם חתמו על האחריות הזאת. אם לא לאדם עצמו, לפחות למפגש איתו.

והאנליטיקאי רואה את הסרט "בירדמן" ומזהה את עבודתו. הוא למעשה מגיע להבין שיש דמיון בין איך הוא יוצא מהסרט לבין איך הוא יוצא משעות טיפול מסוימות.

הוא אז רואה שלהצפה שהוא חווה בסרט יש מאפיינים שמתארים את עבודתו.

אולי בדיוק כך נראית לפעמים שעת טיפול. עמוסה בפרטים שאי אפשר לזכור את כולם, ובמיוחד מטלטלת. 

ושיטת הסרטת סרט זה היא הדבר המרכזי. כי מול ההצפה הזאת של החיים שואף האדם להתמודד, להיאחז באיזה עוגן, והוא בדרך כלל בוחר בעוגן הרציפות.

וכך גם אנחנו המטפלים, כאשר אנחנו מחפשים לעזור למטופל ליצור את הנרטיב של עצמם, כאשר אנחנו מחפשים לעזור למטופל לבנות ״his story״.

אנחנו אז למעשה ״נופלים" לתוך הספליט, ומתעלמים מהחלק השני של נפש האדם שמונע מהפסקות, קטיעות, מתעלמים מה״סזורה״.

שהרי, שעת הטיפול, כמיקרוקוסמוס של החיים, כוללת גם יחד רציפות והפסקות,  סדר ובלגן, סיפור מסודר ואסוציאציות חופשיות, ויש גם לא אחת "פסטיבל חושים".

פרויד, בניסוחו את ה"חוק הבסיסי של הפסיכואנליזה", שואף לתת מקום גם לחלק הלא מסודר.

נדמה שזה מה שמראה לנו אינריטו, בלבול של החיים, כפי שהמטפל מקבל אותו בשעת הטיפול. 

ונדמה שלזה מכוונת האמירה הזאת על "גדולתו הבלתי צפויה של הלא נודע" : שמטרת הטיפול צריכה לא לחפש להציב רצף מהבלגן, ובשביל זה "להבין" ואז "לדעת" ולשלוט בלא ידוע, ב"לא רציף", אלא שמטרת הטיפול שואפת לכוון ל"פתיחת" ( deployment) המטופל, ל"אחרת מהיות או אל מעבר למהות" כדברי לווינס.



Le cinéma n'est pas toujours le septième art. On se trouve parfois en train de s'être déplacé et d'avoir consacré une soirée entière à ce qui n'est qu'un navet. Il y a des cinéastes qui ont comme les pieds rivés au sol et qui deviennent connus pour des films qui sont désespéramment plats et unidimensionnels, et ceci n'est pas le cas d'Alejandro Gonzàles Iñarritu.

« Birdman » parait dès le premier visionnage "plus qu'un film". On le vit assez difficilement (du fait de la technique oneshot utilisée : la caméra suit les personnages sans arrêt dans les méandres de couloirs sombres au point de presque donner le vertige) et on en sort avec la nette impression qu'on n'a saisi qu'une ou deux bribes de tout ce que contient le film.

Impression qui nous atteint dès le titre. De quoi est-il question ? de quel Birdman prétendûment célèbre nous parle-t-on ? Quelle est cette "vertu insoupçonnée de l'ignorance" plantée en sous-titre sans plus d'explication ?

Et dès que le film commence se succèdent sans transition (one shot oblige!) une surprise après l'autre.

Riggan Thomson lévite ! Et propulse les objets à travers la pièce du seul fait d'une énergie qu'il propage sans l'aide de bras ni de jambes. Et il hait les parfums des fleurs. 

Et il est comme en rage de tout et de rien.

Beaucoup n'ont pas supporté ce défilé de scènes en apparent total désordre, ponctué de gueulantes, de coups, et d'envolées successives d'espoir et de désespoir, jusqu'à la scène finale dans laquelle  Riggan Thomson s'envole finalement dans les airs, redevenu ce Birdman qui l'obsède et dont il ne parvient donc pas à se débarrasser.

Un peu à l'instar de l'exigence morale de Lévinas à laquelle personne au monde n'a la force de souscrire, peu de gens supportent Birdman, encore moins aiment. Lévinas et Iñarritu sont néanmoins récompensés, qui par l'université, qui par des oscars. Un peu comme Yves Klein dont même si personne parmi le public ne comprend vraiment ce qu'il y a d'extraordinaire dans un tableau monochrome, tous sont quand même atteints de la conviction qu'ils viennent de voir de l'art.

Cette excroissance, cette turgescence, cette érection, cette transcendance qui permet à certains rares individus de créer et de poser une oeuvre qui semble l'espace d'un instant occuper tout l'espace vital. 

L'individu nous heurte, son visage, sa présence nous apparaissent soudain. L'art nous envahit, nous fait soudain comme voler à moins qu'il ne nous submerge. On sait qu'on a assisté à quelque chose, et en général, on ne sait pas dire à quoi. 

Certains rejettent. "Un pot de peinture bleue renversé sur de la toile, vous appelez ça un tableau ? « Un film dont on sort comme après un marathon, couru en plus dans le noir, vous appelez ça un film ? ».

La vérité est qu'il ne s'agit ni d'un tableau ni d'un film. Il s'agit d'un vécu qui sort de l'ordinaire, qui déplace, qui peut transcender si on en a la disponibilité ou l'envie.

Comme pour Lévinas, comme pour Iñarritu, une catégorie de l'humain ne peut ne pas être interpellée.

Qui se reconnait dans le rôle de responsabilité illimitée imparti par Lévinas à l'humain sinon le thérapeute, l'analyste, celui (celle) qui sait que la séance, et à travers elle le patient qui la déroule en sa compagnie est sous sa responsabilité ?

Qui à part le même thérapeute se reconnait dans ce que fait Iñarritu défiler devant tous les sens réunis ?

Le thérapeute reçoit un patient et sait qu'il ne pourra que faire un tri, qu'il oubliera ou manquera beaucoup plus que ce qu'il attrapera. Il sait qu'une séance contient bien plus qu'un jet de paroles organisées en narratif rectiligne.

Ainsi est notre vie. D'une part, elle coule, à l'image d'un fleuve qui n'interrompt jamais son cours, d'autre part elle est sans cesse entrecoupée de stimuli, de pensées fugitives, de rencontres, de mouvements parasites du vécu.

Birdman pourrait vouloir représenter un rêve. Et Iñarritu ne serait pas le premier réalisateur à tenter de mettre le rêve à l'écran, après Kurozawa par exemple. 

Mais même dans le souvenir de nos rêves, comme dans notre vie, nous donnons automatiquement l'absolue priorité au continu et laissons de côté délibérément les césures (W. Bion), les coupures, les interruptions.

C'est aussi un des rôles que reçoit, que se donne le thérapeute, d'aider le patient à mettre de l'ordre, à donner un sens, à élaborer son propre narratif, à tisser " his story".

Mais ce que montre Birdman, ce qui me parait être l'intention d'Iñarritu aux sources de ce grand film, est ce que vit, ce que reçoit le thérapeute, parfois heure après heure : l'impact d'un flot qui est tout à la fois, continu et discontinu, fluide et violent, froid et chaud, parfumé et malodoriférant, procurant parfois simultanément plaisir et répulsion, bien être et mal être, et confusion.

Freud dans son génie créatif et révolutionnaire a ainsi édicté la règle fondamentale de la psychanalyse : dire, sans censure, tout ce qui passe par la tête, et donner ainsi l'occasion au psychisme de donner un temps de repos à ce perpétuel combat entre ordre et désordre.

Iñarritu montre que le vécu humain est superposition du continu et de l'interrompu, du désir et du besoin. Dans ce combat, nous tentons encore et encore d'arraisonner le discontinu, d'anéantir l'imprévu, de surmonter les obstacles. Et c'est dans le flot non censuré des associations libres que peuvent évoluer librement et côte à côte ces catégories de l'humain que nous jugeons antinomiques et que nous maintenons donc à bonne distance l'une de l'autre.

Tant que nous avons le contrôle. Mais peut-être le film vise-t-il à montrer l'individu comme hors contrôle, et, en prime, montrer les « vertus insoupçonnables » de ce qui se produit en pareil cas ?

Les critiques font remonter ce sous-titre au rôle important dévolu dans la film au personnage de la critique de spectacles. Thomson s'oppose à elle, elle lui annonce qu'elle va "descendre" sa pièce, parce qu'elle ne supporte pas qu'un acteur de cinéma - donc qui ignore tout du théâtre - ait ainsi la prétention de monter une pièce à Broadway. 

Même si les critiques occupent une place centrale dans le monde du spectacle (Anouilh avait intégré un personnage de critique torve, méprisant, dans plusieurs pièces, une façon de lui "tailler un habit pour l'hiver", Cyrano de Bergerac parait non moins obsédé par la critique), et ainsi, même s'il n'était pas étonnant qu'Iñarritu aussi ait succombé à la même angoisse, je préfère chercher une cause plus noble à l'apposition de ce sous-titre.

Il s'agit ainsi à mon sens non tant de ce que Thomson, acteur devenu producteur, ignore, que des vertus de l'ignorance pour tout être humain.

Et ne serait-ce pas un des programmes de la cure psychanalytique - surtout dans le monde américain - que d'amener le patient à découvrir non tant ce qu’il a refoulé comme conflictuel, mais ce qui sommeillait en lui, et n’avait jamais été « déployé » ? C'est une des vertus de la cure que de lui permettre de découvrir cela par d'autres biais que l'apprentissage ou le savoir, et cela passe nécessairement par un affranchissement du thérapeute de sa propre quête du « tout comprendre et tout savoir».

Cela fait écho au « autrement qu’être » de Lévinas, défini par lui comme se situant « au-delà de l’essence ».


lundi 13 juin 2016

pour accueillir Ouri. מילות ברכה לכניסת אורי

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Jerusalem, 7 sivan 5776.

Les noms sont aux premières loges dans la paracha Bamidbar où apparait le premier recensement des enfants d'Israël dans le désert (on notera au passage le paradoxe que le livre Chemot traite principalement du désert, tandis que dans le livre Bamidbar, il y a trois recensements et profusion de noms et de nominations) et au long duquel sont nommées les figures principales d'Israël.

Il y a ainsi d'une part association de la personne et de son nom au niveau individuel, et d'autre part comme membre de la collectivité et du nom qu'elle y porte, qui lui y est donné. 

Puisqu'en fin de compte un nom est le résultat d'une nomination et qu'il y a toutes sortes de processus qui mènent à l'octroi d'un nom.

Est-on ainsi nommé du fait de notre aspect ? Du fait des qualités ou de particularités qui apparaissent, qui sautent aux yeux dès la naissance ? Ou en souvenir de telle ou telle personne ou de tel ou tel  évènement ? 

Betsalel, le célèbre signataire du Sanctuaire, ayant donné trois mille ans plus tard son nom à la principale école israélienne des arts, aurait ainsi selon une source talmudique été nommé en référence à ses qualités. Qualités qui apparurent précocement pour le moins puisque le dit Betsalel aurait accompli le Sanctuaire à treize ans à peine..

Et le talmud ne se prive pas de se vanter puisque l'histoire est suivie de la question : "et comment sais-tu qu'il avait treize ans?" et de la réponse à la question (qui dépasse le cadre de notre propos. Voir Sanhedrin 69:).

Betsalel est dans la tradition le fils de Ouri..dont il est le seul acte connu.

Ouri -biblique - est celui qui donne naissance à un architecte-décorateur de réputation multi millénaire ! Tout le monde n'a ainsi pas le mérite d'avoir été inclus dans le Livre des Livres.

Il est celui dont le fils laisse apparaître ces qualités dès la naissance, à moins qu'il n'ait été celui qui sut voir les talents innés de son fils encore aux premiers instants.

Ce qui serait peut-être la raison que ce nom "ma lumière" lui ait été donné. En référence à certaines qualités d'effacement personnel au profit de son prochain, comme si sa lumière était d'être source d'éclairage, comme si était "ma lumière "celui qui projette la lumière, celui qui me permet de voir.

Mais pourrait-on aussi être conditionné par le nom que l'on porte, qui nous a ainsi été octroyé ? Ne manquent pas les exemples d'enfants qui ont, à travers leur nom, en quelque sorte "agi" l'inconscient de leurs parents.

La meguila Ruth que l'on a lue le lendemain de la nomination d'Ouri Yossef, fils de Elie et Ayala, petit frère d'Éviatar et de Yahav, met justement en lumière comme des essais de réponse à ces questions autour de la nomination, autour de la part du nom dans le rôle joué sur terre par l'individu.

Ruth serait ainsi à la fois le prototype de la conversion spontanée au judaïsme, et prédestinée à l'être, à en croire le midrach (Ruth rabba) qui "sait" que Boaz devient veuf précisément la veille de l'arrivée de Ruth en terre de Yehouda. De la même manière que la tradition considère les convertis comme habités d'âme ayant entendu le don de la Torah, ayant assisté au premier Chavouot de l'Histoire juive.

Chavouot et l'histoire de Ruth (ou Avraham) représentant les trois manières d'accession à l'identité : on devient qui on est, d'après le modèle véhiculé par le judaïsme, par l'alternative ou la conjugaison d'évènements déterminants, par l'initiative personnelle ou par volonté extérieure à soi.

Nous vivons dans un siècle qui a amplifié en nous l'adhérence au deuxième mode, mais nous ne faisons pas pour autant fi des deux autres, et Ouri a donc pour l'instant accédé à ses premiers pas d'identité, comme beaucoup de ses pairs, par effets conjugués du premier et du troisième mode.

Il a eu le privilège supplémentaire que tout ceci se passe conjugué à Chavouot.

Ouri sera donc qui il sera. Mais il a déjà dans ses bagages d'avoir un illustre ancêtre, qui sut engendrer un grand artiste, outre ce qui se laisse déjà apercevoir chez ce tellement petit personnage qui, comme ses frères et soeurs, est encore déplacé dans...une bassine.

Fasse le ciel qu'il soit tout ce qui pourra lui être donné de devenir, par l'interaction des mitzvot, de ses bonnes actions, et de tout ce qui l'accompagnera dans la vie.





סיוון תשע״ו ירושלים.

שמות פרטיים ״חוגגים״ בספר במדבר, בו נמנים בני ישראל שלוש פעמים, בשמותיהם של ראשי השבטים ומשפחות ישראל ( באופן פרדוקסלי, שמות תופשים מקום מרכזי בספר ״במדבר״, בו בזמן שמדבר הוא המקום של ספר ״שמות״...)..

איש הרי נושא שם ככלי המבטא את זהותו, כאשר שם הינו גם ביטוי אישי וגם חברתי של הזהות, וכאשר ישנן מספר דרכים להגיע לגיבוש הזהות.

בכמה נהיה האדם מי שהוא פרי זהותו ומעשיו, ובכמה השם שניתן לו מכונן את הזהות שלו ?

בצלאל למשל מקבל לפי התלמוד את שמו לאור תכונותיו. הוא הרי בונה את המשכן, ומוריש את שמו לבית הספר לאומנויות הדגול של מדינת ישראל, כשושת אלפים שנה מאוחר יותר.

ואורי - אביו התנכ״י - הוא זה שנתן לו שם זה וזה המעשה היחיד שהמסורת זוכרת לו. אורי - שהוא ״האור שלי״ תיפקד כנראה בעיקר כבעל יכולת לראות ולהראות את התכונות. כשמו כן הוא. תכונה מרשימה - ומוצלחת אם השם עוד נזכר לאורך כל כך הרבה שנים ונכנס ל״ספר הספרים״.

ומי נותן לאורי את שמו ? בתורה הוא הבן של חור - אבי אבות הנבואה - ושל מרים הנביאה. 

במשפחה שלנו, באופן צנוע הרבה יותר, הוא הבן של אילה ואלי, ואחיהם הקטן של אביתר ויהב.

והוא קיבל את שמו בעקבות אירוע מכונן ידוע, שהתרחש ערב שבועות, ערב היום בו מסופר סיפורה של רות המואביה, המסמלת את ההצטרפות הוולונטרית והספונטנית לעם ישראל.

על פי חג שבועות, נהייה אדם יהודי באופן משולב, פרי שלוש דרכים עיקריות. פרי השם שנתנו לו הוריו, דרך הקולקטיב שמקבל את התורה בהר סיני בחג השבועות, דרך כוונתה של ההשגחה העליונה, ודרך היוזמה והכוונה הפרטית, בעקבות רות או אברהם אבינו.

ועל פי מגילת רות אדם נושא שם בהתאם לתכונותיו, כפי שאומרת נעמי בחזרתה הביתה, עת התושבים והשכנים מזהים אותה :״אל תקראנה לי נעמי קראן לי מרא כי המר שדי לי מאד״ ( רות א, כא), כביטוי ספונטני למה הוא חווה.

על אף העדפתנו המודרנית לדרך האישית והספונטנית, אין אנו שוללים את הדרכים הנוספות, כך שאורי הרך הנולד יהיה באופן חלקי מי שיחליט להיות כש״גדול יהיה״, אך הוא כבר ״נושא עימו״ - בזכות הוריו, ובזכות עיתוי לידתו והכנסתו לברית של אברהם אבינו - מטען עשיר, של אדם שבפוטנציה יוכל להיות ״אור״, נותן אור, מביא חדשות, יצירתיות ועוד.

בינתיים, כאחיו, והודות לקומתו הזעירה, הוא עדיין מתנועע...בגיגית.

שיחיה ויגיע בשלום ובבריאות למצוות, לחופה, תוך מעשים טובים. 


mercredi 1 juin 2016

Lycée français , dernier chapître. כפר שאול שנים 1983-1985

מאז התחלתי לספר את אשר ארע מאז עלינו, אני מצרף לטקסט הצרפתי, מיד אחריו, טקסט כתוב בעברית, קריאה מהנה.


Ainsi que je l'ai déjà exprimé à plusieurs reprises, le lycée français reste affiché dans ma mémoire comme le lieu d'un assez curieux amalgame. 

On est très loin d'un lycée parisien ou de banlieue, tous relativement formatés Jules Ferry, et dans lesquels l'homogénéité fait loi.

Au lycée français, se croisaient pêle-mêle - et de mes bribes d'expérience toute partielle ces dernières années encore, se croisent encore aujourd'hui -  bon nombre de populations, sur un nombre d'individus assez restreint.

Le lycée français existe aujourd'hui depuis plus de quatre décennies, et un bref regard sur la période qui a précédé mon arrivée, et jusqu'aux années 90, depuis le début desquelles le lycée est resté à la même adresse postale, envoie à de fréquents changements, changement de lieu, changement de tête dirigeante.

Au début de mon "temps", le lycée se trouvait rehov Sokolov et était dirigé par David Perez, puis il passa rehov Massaryik, dans ce qui s'appelle Bet Hapakid, où il fut brièvement dirigé par Guy Mimouni qui céda la place à Moshé Guttel. Le lycée passa ensuite dans ce magnifique domaine de la rehov Shimshon, qui fut depuis séparé en deux parties, une partie abritant jusqu'à aujourd'hui l'antenne hyerosolimitaine du cnrs. Par la suite, en 1991, le lycée passa - devrait-on dire définitivement ?- à la havat hanoar hatsioni, où il fut dans un premier temps dirigé par Odile Cohen Nahmia, puis par Jo Bensimhon, puis aussi brièvement par Shlomo Zemour, avant d'être aujourd'hui dirigé par quelqu'un que je ne crois pas connaître. C'est au stade de ce dernier déménagement que je quittai le navire, passant à temps complet à la psycho., où je repris des fonctions d'enseignement mais seulement quelques années plus tard.

Pour en revenir au "lycée français de Jérusalem", voilà un établissement qui a accueilli jusqu'à 200-250 élèves par année, et qui tourne en général à effectifs plus réduits encore - ce qui est donc très peu. Pour comparaison le lycée d'Antony quand j'y étudiais comptait quelques 3000 élèves. 

Et ce qui est sa caractéristique centrale est à mon avis l'hétérogénéité, et les mondes respectifs de provenances qui séparent l'élève venu sans ses parents, du fin fond de la France profonde, de celui accompagnant les siens dans un mouvement d'alyah familiale, de celle arrivant tout droit du Maroc, ou d'Espagne, ou de Turquie, ou d'Afrique, d'Iran. Certains arrivent de milieux complètement assimilés tandis que d'autres ont baigné depuis leur plus jeune âge dans le milieu juif le plus traditionnel ou dans un milieu sioniste. Certains sont venus en résultante d'élan positif, "par amour de Mordekhaï" tandis que les autres sont là en dernier recours, "par haine d'Aman", certains s'installent en Israël et ce lycée est leur première étape, certains ne font que passer, sont venus un, deux ou trois ans puis sont repartis.

Cette hétérogénéïté à la fois disparaissait derrière le vécu quotidien, et était à la fois très présente, ou peut-être y ai-je été éminemment sensible et l'ai-je donc massivement ressentie ?

L'impression que j'ai eue en passant de l'internat au lycée a été que la même hétérogénéïté envahissait tout autant la salle des profs.

Pour le meilleur et pour le pire, on y était encore plus loin du paysage français qu'en ce qui concernait la population des élèves.

Les profs étaient loin de tous avoir étudié pour le devenir mais il semble que ce paramètre - a contrario - joue ici plus positivement que négativement.

Il s'agit d'une population de professeurs avant tout identifiée à celle des élèves, bien plus que dans le cas d'un prof. issu de l'école normale, du capes ou de l'agrégation et qui se retrouve nommé au gré des caprices de l'administration, auquel cas il doit surtout affronter une population d'enfants souvent très différente de lui, d'enfants locaux tandis qu'il est excentré et a à gérer son propre exil géographique, ceci pouvant se jouer sur de grandes ou petites distances , comme par exemple celle qui sépare Paris-centre de Saint-Denis.

Les enseignants du lycée français de Jérusalem entrent plus directement dans la définition donnée par le chanteur belge Julos Beaucarne du bon prof. : "pour apprendre le latin à John, il faut d'abord connaître John, ensuite le latin" disait-il déjà aux alentours de mai 68.

Venaient ainsi enseigner des gens dont le projet identitaire était plus central que le projet purement didactique, ou que leur propre développement profesionnel importait moins qu'autre chose, un peu à l'instar de ce qui réunit les travailleurs d'éducation spécialisée, où les élans d'adoption, ou d'investissement émotionnel passent avant tout et font parfois tanguer le navire de leur lieu de travail plus fort que ce qu'il peut supporter.

La plupart de ces profs., moi y compris, étaient eux-mêmes en cours d'alyah, et plus, en cours d'intégration dans un pays qui leur était encore partiellement inconnu.

Je me souviens ma première immersion dans le bain de l'armée, en mars ou avril, en compagnie de Guy Mimouni, prof. d'économie au lycée, alors largement plus âgé que moi, et nous deux aux prises avec des ordres, le maniement du fusil, la tente, les gardes, les grades, l'éloignement de la maison familiale...avec près de dix ans de décalage par rapport au conscrit moyen.

J'ai connu tous les profs des dix ans que je passai en tout au lycée français, qui plus superficiellement, qui plus intimement, et si dénominateur commun il y avait, c'était celui du sionisme, et celui-là uniquement serais-je tenté de rajouter.

Tous étaient profondément investis dans l'apprentissage de la nage en eaux israéliennes, qui (les profs d'hébreu) pour être nés sur place, qui (les olim vatikim) pour avoir déjà surmonté cette étape, qui (le gros de la troupe) pour être soi-même aux prises avec cet exercice difficile.

Probablement de ce fait démographique, la salle des profs était elle-même une ligne à haute tension émotionnelle. Le bateau tanguait souvent. Les mouvements interpersonnels y étaient de grande amplitude et les drames n'étaient pas rares, que cela soit au niveau de relations entre collègues, ou que cela soit au niveau de la relation à un employeur souvent mal vécu parce que trop inattentif ou brutal.

Les élèves étaient, pour un certain pourcentage d'entre eux, de familles ayant une relation multigénérationnelle à Israël, de parents ou grands parents ayant eux-mêmes tenté l'alyah par le passé, ou de famille en train de re-tenter le grand saut.

Certains ont poursuivi ce bal, qui accompagne beaucoup de juifs, un peu écartelés entre Israël où ils ont certains vécu un temps, où ils ne sont provisoirement pas mais ils reviendront, où ils ont fait ce qui n'aura été qu'un passage, douloureux parfois.

Il n'est en tout cas pas d'entreprise plus hasardeuse que celle de tenter de quantifier les pourcentages de "réussite" en matière d'alyah. 

Il semble que les profs sont d'une population plus stable à ce regard. La plupart sont restés en Israël,  mais tous n'ont pas été profs au long cours. 

Ceux dont le lycée aura été une étape d'intégration ne sont pas un petit nombre. Ils enseignaient par necessité provisoire et cela ne veut pas dire qu'il s'acquittaient mal de leur tâche, bien au contraire, ne rentrant nullement dans le classique schéma français au nom duquel on est prof pour trois principales raisons : " juillet, août et le ski en décembre puis février".

J'ai obéï moi-même au schéma alyah, ayant été directeur d'internat sans m'être choisi cette fonction comme profession, puis ayant été prof. à temps partiel, au propre comme au figuré.

J'enseignais - en français - et en parallèle menais ma progression professionnelle, "master" de psychologie, puis spécialité en psychologie clinique - en hébreu. Ceci, tandis que notre famille à Marianne et moi s'agrandissait et que nous rencontrions successivement les étapes du voisinage israélien - une fois sortis de l'internat où nos voisins étaient principalement les élèves -, étape de parents d'enfants au gan, puis à l'école israélienne.

Mais j'étais investi au lycée français. Je l'étais avant tout par rapport aux éléves et à ce que je tentais de leur enseigner, mais je l'étais aussi en relation avec l'équipe des profs, et je fus de quelques tempêtes.

Me restent en fait surtout un petit nombre de clichés, de souvenirs visuels de telle ou telle classe, et de quelques scènes, impliquant telle ou telle personne, tel Maïmon qui prenait semble-t-il plaisir à s'exprimer malicieusement en conseil de classe au sujet de tel ou tel élève par les mots :"celui-ci ça fait un temps fou que je ne l'ai pas vu", tandis qu'il notait en braille ce qui se disait autour de lui.

Me reste aussi le souvenir de m'être absenté de mon poste toute une année durant, où j'ai pu - par le soutien actif de mes parents - échanger dans mon emploi du temps dix heures au lycée français par dix heures à l'institut Hartman, où s'était ouvert - une seule fois - un programme d'études intitulé "ta chma" destiné aux francophones. Pour moi qui avais enseigné à ce stade près de quinze ans dans des structures diverses et face à des élèves d'à peu près tous les âges sans avoir jamais reçu pour cela la moindre formation, il aurait été dommage de ne pas profiter d'une telle occasion, d'autant plus que mon père avait immédiatement proposé de la financer.

Le directeur Moshe Guttel avait pleinement soutenu, me garantissant plus ou moins qu'il me gardait la place, et il m'a par la suite encore payé de retour si je puis dire, en me confiant l'année suivante des stagiaires en formation avant de partir en chlikhout enseigner les matières juives dans des structures françaises et européennes.

J'ai pratiquement cessé de côtoyer la quasi totalité de ces profs et des élèves du jour où j'ai choisi de cesser mon activité, au terme de dix ans passés au lycée français de Jérusalem, et des contacts n'ont repris que par l'initiative de Fabienne et l'ouverture de ces pages facebook, à l'exception de deux évènements qui eurent lieu à la hava. Un était la très triste cérémonie qui suivait la disparition de Dan Tellier au cours d'un exercice militaire, l'autre était la rencontre des 40 ans du lycée.





Je devais, de là, passer à l'enseignement de la psycho., uniquement en hébreu, uniquement en cadre post universitaire quelques dix ans plus tard, puis à l'enseignement universitaire des mêmes domaines de la psychologie clinique, encore quelques années plus tard. Je n'ai continué à enseigner la Torah de façon régulière, que dans le cadre privé d'un cours de midrach pour amis, qui existe de façon hebdomadaire depuis maintenant près de trente ans.

Si ce sont les élèves qui font l'enseignant, il conviendra de dire que je n'ai ainsi pratiquement pas cessé cette activité au long de ces bientôt 45 ans, ayant immédiatement échangé l'enseignement au lycée français par une visite annuelle dans les stages de formation e.i.s où je retrouvai cette transmission du judaïsme, pour une période d'encore quinze ans. 

Je raconterai bientôt cette expérience.




שלמה, דוד ועזיז היו המטופלים הראשונים שלי בשנתיים בהן ביליתי והתנסיתי בעולם הפסיכיאטרי.

בנוסף, העברתי מספר בטריות מבחנים אך אני בעיקר זוכר שני אבחונים, אחד של חולה ממש ירוד, הבהפרני, עם המשמעויות הכבדות על מצבו המנטאלי,בואחד, במעון ירושלים, של חולה שנוצר עקב העברה זו סוג של קשר רבת שנים בינו לביני.

שלמה היה איש מבוגר. לסטודנט בן 28 כמוני עת פגשתי אותו לראשונה, הוא נראה מבוגר מאד, על אף שגילו היה 64 בלבד. 
אבל הוא היה מאושפז יותר משלושים שנה, קודם באיזה בית חולים פרטי בגבעת שאול, ואחר כך בכפר שאול.

הפרויקט השיקומי שנפל בשנים אלה על כפר שאול היה נועז. לא הייתי אז מספיק בעניינים ולא העמקתי בנעשה, אבל מדיניות מסויימת כנראה הובילה למהלך זה : לקחת מקום אשפוז של חולים כרוניים ולהטיל עליו דינמיקה של שיקום. חלק מהמדיניות היה בוודאי כלכלי. אישפוז עולה המון כסף לתקציב המדינה והמגמה ה״טיפולית״ נראתה מאד מאד מתאימה למחזיקי הכסף.

עם מרים שרון כפסיכולוגית ראשית נכנסו עוד צוות של פסיכולוגים שביניהם היו יחיאל שרשבסקי ומיכאל שושני. היה במקום אורי שוחט וארבעה אלה הובילו את המהלך מהצד הפסיכולוגי.

הייתי בהדרכה אישית של מיכאל שושני בשנת הפרקטיקום, והייתי בהדרכה של יחיאל ושל אורי בשנת ההתמחות. היו לי עוד הדרכות (מרים, גדי) אבל הן היו פחות משמעותיות כנראה, או שהן ניתנו על ידי פסיכולוגים בכירים פחות והשאירו אצלי פחות חותם. מסלול של התפתחות מקצועית של פסיכולוג כולל שלב של כניסה להדרכה וברוב המקרים ״מדריך מתחיל״ פחות פנוי להעניק למודרך שלו ממדריך מנוסה.

מיכאל ויחיאל היו בעמדות בכירות ואישיותם הרשימה אותי, ונגעה בי. הם גם היו בעלי אמירות תיאורטיות, העבירו חלק מהסמינר קריאה שליווה אותנו וזאת אולי סיבה נוספת למקום שהם רכש ו אצלי.

לטפל בשלמה היה אתגר נועז כבר כתבתי. במובן מסויים, כאב הלב על האיש. כחלק מכניסתי לטיפול בו, הלכתי לחפש בהיסטוריה האישית שלו. הלכתי לבית החולים הפרטי הפתטי הזה. הגעתי למקום עוד יותר כרוני מ״כפר שאול״ ובדרכי לארכיון, נתקלתי במראה שלמעשה זעזע אותי : עבד שם פסיכולוג והוא היה ביום זה עסוק עם איזה חולה שהיה נראה ירוד על כל הבטיו ואופן העבודה שלו היה משונה מה. זה היה סוג של סצנה מתוך ״הנסיך הקטן״. הפסיכולוג היה שולח את האיש לעשות סיבובים ולחזור אליו. סיבוב ולחזור, עוד סיבוב ולחזור, ובמקביל, פנה אליי והסביר לי שהוא ״מנסה ללמד את החולה הזה את מושג הזמן״. זה היה מחזה הזוי. מפגש אמיתי עם עולם השגעון. הפסיכולוג הצטייר בעיניי כמשוגע האמיתי, בו בזמן שהאיש החולה כביכול רק שידר לעיניי מראה של עיפות ויאוש נוראיים, ואת השלכותיה של מחלת נפש כרונית על האדם.

בתיק של שלמה מצאתי את סיפור חייו. את הילדות אינני זוכר, אך היה שם מסופר על פרוץ מחלתו ועל כיצד הסתובב שלמה ערום ברחובות העיר כך שהביאו אותו לאישפוז. לא מן היום הראשון אושפז סופית. היו כמה נסיונות להחזירו למשפחתו אך שלמה שוב ושוב התאשפז, עד שהצטברה תקופה בה היה מאושפז שלושים וחמש שנה. בתקופת כניסתו למחלקת שיקום, כבר לא היתה לו משפחה, בית החולים היה ביתו, ולהוציא אותו לחיות בקהילה, כשותף לעוד אחד או שניים באחת הדירות של משרד הבריאות, היה פרויקט אולי חסכוני אבל לא פחות אכזר, או לפחות מנוגד לרצונו. אני לא זוכר אותו מביע מילולית את התנגדותו. הוא היה פאסיבי מאד. אני לא ליוויתי את יציאתו החוצה. במשך כל שנת הפרקטיקום שלי הוא רק היה בהכנה ושיחותנו לא תמיד סובבו סביב הנושא הזה. חיפשתי בעיקר להכיר אותו, ולהיכנס איתו לקשר. חלקית, זה כן התרחש.

דוד היה צעיר ממנו בהרבה, אבל היה בכל זאת בשנותיו הארבעים המאוחרות, והפסיכוזה שלו היתה עדיין הרבה יותר פעילה מזו של שלמה, שהיה חולה סכיזופרניה רזידואלי במלוא מובן ההגדרה. דוד היה רואה את הזיותיו על קירות חדר הטיפול והיה כמעט אחוז אימה בחלק משעות הטיפול. גם אותו לא זכיתי לראותו מתגורר מחוץ לבית החולים. לא בטוח ששלב זה הגיע.

עזיז היה גם בשנותיו הארבעים המאוחרות, היה אחד הדיירים של ״מעון ירושלים״, והיה עוד תמונה פסיכופתולוגית : אדם במצב מאד פאסיבי, שרגיל להתחפש למפגר על אף אינטליגנציה לפחות נורמלית. הכניסה לקשר איתו היתה סוג של אתגר. הוא היה מאד רגיל ליחיאל, אותו הכיר עוד לפני הכניסה למעון, והיה ניכר שהוא בעיקר מצטער על כך שנותנים לו לדבר איתי ולא עם יחיאל. הצלחתי בכל זאת קצת לתקשר איתו, ובעיקר למדתי להכיר את חוש ההומור שלו, אותו הוא היה חושף מפעם לפעם ובאופן עדין ודיסקרטי מאד.

גם הוא, וגם שלמה, היו סגורים מאד, מוכנים כביכול להיות מטופלים שלי, כלומר להתיצב פעם בשבוע לשיחה עימי, אבל יצירת הקשר איתם היתה עבודה לא פשוטה.

בכל זאת, נאמנים לפרויקט השיקומי ולמשימה הפסיכותרפויטית, ניהלנו, המדריכים שלי ואנוכי, מתכונת פסיכודינמית כשרה למהדרין. כתלמיד טוב ובעיקר כאדם שהפסיכותרפיה לא הפסיק לעניין ולסקרן אותו בארבעים וחמש השנים האחרונות, נהגתי על פי ההוראות של מיכאל שושני : ״אתה רושם את הכל. כל מה שאתה זוכר, מה שקורה ביניכם בתוך החדר ומחוץ לחדר ואתה בא אליי עם הכתוב. הוא צריך להיות לפחות ארבעה עמודים״. כך עשיתי, כך למדתי המון. אם זה עזר לשלמה, לדוד או לעזיז, זאת שאלה הרבה יותר נוקבת. ובמיוחד שתשובה לשאלה זו דורש קודם כל הגדרת ה״עזרה״ הזאת. במה צריכה פסיכותרפיה לעזור ? את מה אנחנו שואפים להגיע דרכה ? לנושא הזה הקדשתי את תזת המסטר שלי, ובהמשך, את כל השנים בהן עסקתי בפסיכותרפיה, כלומר, עד היום. שאלה בעלת תשובה מאד מאד מורכבת...

פסיכותרפיה הינה יחד עם זאת משימה מאד מאד מעניינת. היא מעמידה שני אנשים אחד מול - או לצד - השני באופן שאין לו שני. ההדרכות היו מאד מעניינות, למדתי מהן המון, וגם נזונתי מהן המון. הניסיון המצטבר של המ.א., במיוחד עם הקשיים העצומים לכניסה לפרקטיקום עשו עליי עבודה שלילית לעומק. כפסיכולוג קליני מתחיל, שלא ממש יצר חברה בקרב הסטודנטים, ושחווה כזה קיץ של דחיות, הייתי בעל דימוי עצמי בגובה הדשא.

אני לוקח על עצמי חלק מהחוויה. הרי, בחרתי לא יותר מדי להתחבר, להתנהג באוניברסיטה כסטודנט חיצוני, שלא חי את חיי המחזור, ואפילו ניתן להגיד שהסתתרתי מאחורי התירוצים של העבודה המסיבית בפנימייה כדי להצדיק זאת, והיה עליי ליזום יותר. אבל באמת שלא הרגשתי הרבה מאמצים לחבר אותי, מהצד של הישראלים, סטודנטים ופסיכולוגים כאחד, בלשון המעטה.

המדריך שלי הראשון, מיכאל, כפי שכבר כתבתי, היה האדם היחיד שמצא את המילים כדי להיות experience near ביחס אליי, בו בזמן שאף אחד מאנשי המקצוע האמונים על אמפטיה והדוגלים בה, אמר לי דבר או חצי דבר ביחס לקושי, לפער התרבותי שמן הסתם הייתי חווה. מצד הסטודנטים כמה מהם עשו תנועות חמימות, וגם לא ציפיתי תמיכה מאף אחד, וכך, באמת, לא באה תמיכה.

שנים לאחר מכן, אדם שלא תמיד פעל בכיוונים שעזרו לי, אמר לי שבאותו קיץ 83, לא קיבלו אותי ב״בני ברית״ לפרקטיקום כי חששו שיהיה לי קשה להצליח להיות גם יחד בעל ניסיון בחינוך וחסר ניסיון בשדה הקליני. מדריך אחר, אמנם בדרך שונה מאד, גם כתב מתוך תוכן של המלצה דבר דומה, שהמעבר מחינוך לטיפול אינו דבר טבעי, בכלל ולי בפרט.

אלה דברים נכונים. כבר כתבתי שמבובן מסויים, נולדתי עם המסוגלות והמיומנות להיות מחנך, ולא כך היה עם המיומנויות הקליניות, שהיה עליי ללמוד אותן. אני גם בדעה שהמיומנויות הקליניות, פסיכותרפיה ופסיכודיאגנוסטיקה, מורכבות יותר, דורשות הרבה יותר למידה ממיומנויות החינוך.

מה שחוויתי ביחס לזה הוא חלק ממאפיין - שלילי - של עולם הפסיכולוגיה הקלינית : מרוב שיקולים וראיית המורכבות, הרבה פסיכולוגים קליניים מגיעים למסקנה שעליהם להענות בשלילה. כביכול כדי לא להזיק במקום לעזור, כביכול מרוב שהמורכבות ברורה להם. התוצאה לגביי היתה כואבת והנזקים עלו על התועלת. 

כך שאם חוויתי את ההודעה על קבלה למ.א. כנס משמיים, לא יצאתי כלל וכלל פטור מקשיי הכניסה למקצוע. אם אדם מעריך יותר את אשר עליו לעמול כדי להשיג אותו, אז אין ספק שהתנאים להערכה גדולה הורכבו עבורי בהצלחה.