jeudi 21 février 2013

Combats de titans - quelques associations sur le combat que se livrent l'hiver et le printemps


Quelle tourmente !

Des météorites ont effleuré la terre, faisant exploser quelques milliers de vitres, provoquant 500 blessés en Russie. On a frôlé une nouvelle élimination d'espèces comme celle qui avait en son temps frappé les dinosaures.

La Corée du nord a effectué un véritable essai de bombe atomique, en présence de spécialistes iraniens.

En Syrie, les gens continuent à mourir, plus de 90000 à ce jour ont déjà trouvé la mort dans cette version locale du printemps arabe. Au passage, quelques opérations discrètes-secrètes sont (peu) visiblement menées, qui provoquent l'élimination très incertaine, très temporelle, très locale, de ces nouvelles espèces que sont les armes chimiques, biologiques ou atomiques, ainsi que de plus vieilles et non moins tenaces comme les généraux, qu'ils soient iraniens affectés au commandement de forces libanaises ou assimilés. 

Un pape, parmi les plus grands plénipotentiaires de l'univers quoique basé dans le plus petit état qui soit,  démissionne pour se retrouver rétréci – serré dans une pièce de 2 mètres sur 2. Il y en a qui n'appelleraient pas cela une démission mais bien une élimination, et qui ne parleraient pas pour sa nouvelle situation de vie de moine mais de vie de prisonnier. Les italiens croyants ont témoigné de cet éclair gigantesque et vertical qui de leur point de vue a souligné le fait. J'étais à Rome et j'ai vu cet éclair. Il est vrai qu'il eut été bien difficile de ne pas le voir tant il fut massif, titanesque, ce vendredi matin 7 février à 6H35 du matin. 
 
En Israël a commencé le procès du ministre qui a semble-t-il le plus et le mieux œuvré à endommager l'image de notre pays ces dernières années. Cela conduira-t-il à sa condamnation ? À son emprisonnement ? On est en droit d'y croire, si ce n'est de le souhaiter, Israël aux qualités démocratiques tant décriées en occident ayant quand même prouvé ces dernières années que son système judiciaire n'est pas totalement inféodé au pouvoir de l'ombre.

La semaine dernière, disparaissait à Jérusalem David Hartman, un des monuments du judaïsme en renaissance, le créateur de ce courant qui s'appelle "Modern orthodox", théologue, penseur, éducateur. Une figure de proue.
A la knesset, c'est Ruth Kaldéron qui lui a rendu hommage, au cours de son propre discours d'entrée en fonction comme nouvelle parlementaire. Ruth Kaldéron qui a grandi intellectuellement en partie chez Hartman, qui a créé ces nouveaux lieux (Eloul et Alma) d'étude des textes juifs, où se pressent les non religieux, et qui enrichissent incontestablement la phénoménologie locale. Un discours qui était en fait l'étude – claire, et magistrale, et intéressante, et riche d'enseignement - d'une page de talmud, tandis que le malheureux Rav Ovadia Yossef trouvait approprié de ponctuer son "cours" hebdomadaire du samedi soir de qualificatifs péjoratifs et en dessous de tout niveau à l'encontre du chef de parti de la sus-nommée.

En avril prochain vont commencer les livraisons de gaz à partir du gisement israélien Tamar, faisant entrer notre pays dans une ère nouvelle.

Et ce dimanche matin, ce magistral arc en ciel complet sur les collines de Judée, venant rappeler combien cette année la fête de l'amandier a été extraordinaire, cet arc qui éclairait de ses feux ce paysage maculé des milliers d'amandiers en fleurs, qui entièrement blanc, qui rose, qui déjà habité de feuilles vert tendre. L'arc comme le veut sa nature, était le signe que l'hiver cohabitait avec le printemps, le tonnerre et la pluie avec le beau temps.



C'est une saison tellement particulière, où les contraires se côtoient, où la lumière est déjà vive, où le printemps est déjà là, avec ses couleurs, sa floraison, l'éclatement des bourgeons, la renaissance des espèces, et où en parallèle c'est encore tellement l'hiver.



Un peu comme dans notre actualité, où on dirait que c'est l'hiver, que la situation intérieure n'est pas plus rose que l'image de marque de notre pays, que les politiciens sont de piètre niveau, que le paysage politique ne parait pas attrayant, que les intellectuels qui ont disparu n'ont pas encore été relayés par de nouvelles figures…. à moins d'y regarder de plus près, et de constater que les bourgeons sont là.

Paco Ibañez, un des rares amis de gauche dont Israël peut se targuer, hébréophone de surcroît, chantait il y a quarante ans à propos de l'Espagne d'après Franco "annunciamos algo nuevo". Cela ne s'est pas tellement concrétisé pour l'Espagne. Peut-être en fait parlait-il d'Israël. 

dimanche 10 février 2013

Rome, objet d'assez peu de ressentiment de nos jours


Rome, où nous atterrissons à trois, Yaara, Marianne et moi ce vendredi 1 février, par temps frais mais ensoleillé, est habillée d'ocre, de jaune et de marron-gris, 

pavée de gris, pierrée de gris foncé, 

dallée de noir, de texture plus ou moins régulière selon l'ancienneté du sol, mais en continuité les uns par rapport aux autres. Comme si Rome l'antique était fondue parmi Rome la nouvelle, l'antique via Appia proche de César Balbo, peu éloignée de Pierre de Coubertin, le palais des expositions d'art moderne à cinq minutes du Colosseum, le temple et les statues de Castor et Pollux jouxtant le palais de Venise, érigé en l'honneur du roi de l'Italie moderne Victor Emmanuel.

Les églises sont en nombre incalculable, et chacune possède comme des dépendances sous la forme de tel collège épiscopal, telle université pontificale, installés juste en face ou dans la rue voisine. Et les pizzeria et les gelateria rivalisent en nombre avec les églises. 

Les styles sont entièrement imbriqués, parfois sur un même bâtiment, les obélisques donnant la réplique aux colonnes romaines ou grecques, Jules César et Trajan aux côtés de la cour de cassation.

Face au forum de Trajan, compté jadis parmi les merveilles du monde, deux moines tibétains en ostensible lévitation semblent donner la réplique pèle mêle à l'hypothèse herculéenne, à Newton ainsi qu'à Copernic, sur les lois de l'équilibre et de la gravitation.


Côté vie juive, Il n'y aurait pas ainsi d'"ancien ghetto". Il y a le ghetto, comme si rien ne devenait ancien à Rome, où les modernes ferrari croisent sans morgue les antiques fiat "cinquecento". Le ghetto où le judaïsme est affiché au grand jour, où les restaurants cachères le crient bien haut, où viennent acheter et se cotoyer, semble-t-il, juifs et non juifs.



La lecture ou même l'étude du plan de Rome ne laissent en rien prévoir l'effet que fera le lieu quand on y parviendra. La via corso figure ainsi sur la carte comme une large avenue, apparemment eu égard à son statut de rue reliant la place centrale, piazza Del poppulo, au palais majestueux de Venise, alors qu'elle est étroite comme la rue Saint Sulpice à Paris. La rue des quatre fontaines monte ainsi presque comme un funiculaire depuis le rue du Triton alors que ceci est insoupçonnable sur le papier.

Les romains - ainsi que les romaines - sont esthétiques, aux traits fins et rectilignes, à la peau mate, le front haut et dégagé, le sourcil fourni, le regard incisif et vif. Ils sont élégamment habillés, pas de gros, même les clochards n'ont aucun pan de vętement qui sorte du pantalon. Les entendre parler est un vrai plaisir tant la langue chante et tant elle est ponctuée d'intonation, d'intention, de caractère. Leur contact est agréable, ils répondent avec le sourire, ont toutes les explications prêtes à être fournies à la plus discrète demande.

A la synagogue, les juifs sont incontestablement romains, typés comme eux, chantant comme eux, leur tefila pourtant rigoureusement authentique rappelant un peu la messe en particulier du fait de cette prononciation si particulière de l'hébreu, selon laquelle Israël devient Israëlle, et Yerouchalaïm devient Yerouchalaïmme, comme cela s'écrit en romain, Gerusalemme.

La synagogue de la rue César Balbo n'a probablement rien à envier à l'église moyenne locale....toutes proportions gardées, et à condition de ne pas porter ses yeux sur les dites églises, dont la plus modeste doit être au minimum dix fois plus enjolivée et ornée que notre modeste lieu de prières. Couverte de peintures murales, éclairée de jolis vitraux, elle n'atteint pas le niveau du musée italien de la rehov Hillel à Jérusalem, mais peu s'en faut. La tefila du shabbat matin se clot sur une cérémonie inattendue : un couple de la communauté célèbre en grande émotion et devant le Aron hakodesh ouvert...ses 40 ans de mariage au chant de kol khatan vekol kala entamé par le rav Arviv, suivi par le choeur.

Eu égard au détail piquant de notre présence à Rome précisément shabbat Yithro, où se trouve écrit en toutes lettres "tu ne te feras aucune statue ni image...", il parait encore plus compliqué de rentrer dans ces églises et d'en observer les ornements comme si de rien n'était. Observer les statues, voir le culte qui leur est rendu, et se souvenir que l'Eglise se prétend(ait?) "verus Israël"...

Les italiens sont ainsi bel et bien les descendants des romains. Il serait impossible de leur nier ceci, cela se voit à leur visage, cela s'entend à leur langage, cela se sent à leur façon de manifester leur rapport au monde, monde des choses, monde de la création. Victor Emmanuelle, Garibaldi ont ainsi des statues que n'aurait reniées aucun empereur romain. Les compagnons de Garibaldi, qui réalisèrent avec lui la révolution ont chacun leur buste de marbre, dans le parfait prolongement de la façon dont chaque sénateur était gratifié d'une telle mise en valeur.


L'Eglise a donc repris ce que faisait la Grèce et l'a augmenté de la tendance naturelle héritée de Rome. L'arc de Constantin est énorme, ainsi que sont gigantesques le Vatican, la place Saint Pierre et les statues des personnages que le catholicisme a sanctifiés. Les peintures de Raphaël, Michel Ange et consors, dans leur surabondance de détails et de couleurs, ne sont que la conversion au pinceau de ce que font les autres au marteau et au ciseau. 



Ce gigantisme habite aussi les palais du Quirinal, 

de l'Assemblée nationale et de la cour de cassation. Non que l'Elysée, l'assemblée nationale ou le palais de justice à Paris soient mesquins, mais leur taille parait plus proportionnelle. C'est la disproportion qui est ici l'élément principal,

La disproportion mais aussi un certain professionnalisme. Il y a visiblement en Italie encore aujourd'hui de nombreux sculpteurs sur pierre, c'est en effet ici que s'étudient la lutherie, la mosaïque, et peut-être d'encore autres artisanats qui ne seront peut-être pas exterminés par le globalisme et la Chine.

Circuler en kipa à Rome est tout à fait possible. On voit que les gens remarquent mais on ne sent d'hostilité à aucun moment. En outre, le port de la kipa donne aux juifs le prétexte à se manifester. Cela nous permet par exemple de parler hébreu avec le marchanf de vêtements chez qui Yaara achète un manteau, cela nous permet, détail plus piquant, de nous faire accoster deux fois aux alentours du Vatican par deux tenanciers de stand de colifichets pour touristes- où on vend fausses pierres, fausses antiquités, petites statuettes en tout genre, attrape touristes et avoda zara de tiroir. Le deuxième ne nous donne qu'un joyeux salut entendu mais le premier engage avec nous une longue conversation en hébreu, me convie à la tefila de minha, nous donne son avis (que nous ne suivons pas) sur ce qu'il est opportun ou non de continuer à visiter. Le garde de l'entrée de l'accès à la basilique Saint Pierre nous gratifie d'un retentissant et joyeux chalom, alors qu'il arbore une croix grande comme une horloge jurassienne.

On va donc - à pied et non en autobus, et donc à l'encontre des conseils d'un autre individu questionné dans la rue - depuis le Vatican au parc Gianicolo, d'où Matan nous a conseillé de jeter un regard d'ensemble sur Rome. Il fait ce jour un ciel entièrement dégagé et une température très agréablement tempérée par un jour entier de grand soleil. La balade est fort agréable ét surtout la vue est au rendez-vous : d'ici, on surplombe et on voit tout Rome jusqu'aux montagnes appeninnes.


Cette quatrième journée s'achève au restaurant végétarien lequel parait beaucoup plus adapté au quartier dans lequel il se trouve qu'à la sorte d'alimentation dont il est l'ambassadeur. Bien que pratiquant des prix assez supportables, il est "designé" de façon très moderne, et surtout occupé par un monde de grande classe, habillé chic, coiffé et brushé, des clients aux garçons, qui parlent, apportent les plats , et nous servent notre eau gazeuse façon grand hôtel la main gauche cérémonieusement gardée derrière le dos. 

Ce n'est pas de cet endroit qu'il nous restera le souvenir de la pasta la plus typique, et ce n'est pas non plus là bas que nous mangerons la vraie pizza romaine, mais c'est là-bas que l'on croira l'espace de quelques heures avoir mangé les fameux artichauts frits "à la juive" comme ils sont communément appelés, c'est là-bas que l'on découvrira le vrai tiramissu, ou tel que le comprennent les romains.

Le climat de février nous vaut que le colosseum aura été visité par nous par temps gris et très froid, mais, grâce au progrès, munis d'un audio-vidéoguide qui nous dispense d'avoir à nous joindre à un groupe. Ce n'est pas ici que risque de s'atténuer l'impression de gigantisme dominant : avoir conçu et réalisé il y a presque deux mille ans un lieu de spectacle permettant d'installer près de 50000 personnes, selon un système d'accès finalement plus perfectionné que n'est aujourd'hui l'embarquement à bord d'un avion, laisse admiratif. Entendre qu'avant que ne soient aménagés les espaces sous l'arène aient été donnés ici des spectacles sur l'eau indique que le système comprenait la possibilité de mise en place d'une véritable et immense piscine, ce qui rajoute encore des points aux ingénieurs et aux artisans de l'époque.


Ce colosseum à en juger par les peintures du 18ème siècle aura été à plusieurs reprises en bien plus mauvais état qu'il n'est donné aujourd'hui de le voir. Le lieu n'est pas seulement apparemment en ruines, il a vécu semble-t-il de nombreuses tribulations, pillages, incendies, tremblements de terre, et j'en passe. La lecture de l'histoire du fameux arc de Titus installé non loin, enseigne que ce dernier a une histoire riche en pérégrinations comprenant d'avoir été déplacé, intégré à une muraille, modifié, puis détruit avant d'avoir été re-bâti. C'est finalement le naturel sort de ce qui peut advenir à quelque chose qui traverse ainsi tant de siècles. C'est sur cet arc que se trouve le développement en toutes lettres du fameux et éternel logo SPQR, sigle jusqu'à aujourd'hui de ce qui est réalisé au nom de Rome, au nom de son peuple et de son sénat réunis  : Senatus Populusque Romanus. 

Jusqu'à la traduction en italien d'Asterix, où le terme est expliqué comme indiquant que Sone pazzi quale romani (ils sont fous ces romains), voila bien un logo qui aura déjà eu une plus longue vie que ceux de Levi's ou de Marlboro, et qui aura été signe de gloire et signal de frayeur chez bien des gens.

La suite de la journée de ce mardi puvieux et froid et gris est tristement marqué par deux expériences tièdes. La première est gracieusement offerte à partir des exigences de la cacheroute, qui nous font préférer une adresse juive à une autre pour manger une vraie pizza italienne. Dans ce restaurant Yotvata, cacher lamehadrin, on mange de l'authentique pizza, on trouve les véritables artichauts à la juive, mais on découvre aussi sur la note une plus value de plus de 20% par rapport au prix annoncé sur la carte. A la queston posée au serveur,  on nous explique, en réponse, que c'est la loi à Rome et le cas dans tous les restaurants. Malheureusement, la veille au soir, dans un restaurant de très bon niveau - mais dépourvu de téoudat cacherout - , la même "loi" n'apparaissait pas...La deuxième mauvaise expérience consiste à se faire faire les poches dans un de ces autobus surpeuplés de Rome, dans lesquels la population est loin de paraître ressemblante à celle qui se promène bien habillée, bien maquillée dans les quartiers touristiques. La technique est apparemment très au point puisque le fait d'avoir des poches fermées ne suffit pas à mettre à l'abri. Dans notre cas, un homme demande à descendre et est apparemment obligé pour ce faire de pousser le passager visé contre une femme qui semble n'avoir aucun lien avec lui, mais qui se charge d'opérer rapidement pendant le passage de l'ndividu, ouvre habilement la poche la mieux fermée et la vide prestement.

Le suite du séjour à Rome se fait donc à pied. Dans un premier temps pour continuer notre chemin vers la villa Borghese et la galerie nationale des arts modernes....pour y constater à l'arrivée que l'achat des billets n'est possible qu'en liquide, chose que l'épisode sus mentionné a rendu impossible. On en est donc de rentrer bredouilles et relativement dépités, non sans avoir cependant pu voir la très belle vue sur la piazza del populo que l'on surplombe depuis ce pincio, en pointe sud de la villa Borghese. Le moral revient quand même petit à petit, la marche à pied aidant, et nous permet de goûter ces fleurs de courgettes achetées la veille et que l'on prépare en accompagnement de purée, dans notre appartement pompeusement - mais justement - nommé Bella vista.



Nos essais de terminer la journée par le visionnement du film Gladiateur se soldent par un échec et l'alternative est donc la lecture et l'extinction précoce des feux.

C'est donc naturellement vers cette galerie que nous portent nos pas le lendemain matin, pour passer une excellente matinée dans un très beau musée de peintures et sculpures des 19ème et 20ème siècles, qu'il aurait été très dommage d'avoir manqué.


Un passage à pied par la via Ripetta, où se trouve l'institut des beaux arts apporte ainsi au touriste curieux la confirmation de ce qui était écrit plus haut, que la sculpture ne fait pas seulement partie du paysage romain, elle parait une base de la culture romaine puis italienne. Le bois est aussi travaillé, pour les volets, les portes et quelques décorations 



mais le penchant pour la sculpture - principalement sur marbre - parait ici largement dépasser la peinture, même en prenant en compte des personnages comme Raphaël, Michel Ange, Léonard de Vinci, le Caravage, et consorts, qui paraissent n'avoir tous été peintres qu'en second choix, quand on ne leur commandait pas assez de sculpture à réaliser. Et ce n'est pourtant pas qu'il en manque, mais combien est-il possible d'en mettre ? 

La majestueuse fontaine Trevi est le parfait exemple de la place que requiert une sculpture, place qu'elle ne trouve pas sur cette minuscule place sur laquelle elle a été tassée, et qu'elle écrase en conséquence complètement.


Et pourtant, alors que tous y ont été représentés, les dieux, les déesses, les anges, les tritons et babouins, les saints, les empereurs, les savants, les hommes politiques et les révolutionnaires, on ne trouve pas à Rome de sculpture à l'effigie de Galilée. Un panneau, non loin de la villa Medici dans la villa Borghese, raconte bien qu'il a été jugé puis réhabilité, mais le Vatican ne semble cependant pas encore prêt à lui rendre hommage en trois dimensions, ayant encore une fois en 2009 annulé le projet.
Le même Vatican, à en croire l'encyclopédie la plus répandue de nos jours, essaie régulièrement, mais sans y parvenir, de faire disparaitre du campo di fiori la statue érigée en l'honneur du nommé Bruno, autre scientifique - mais à qui l'Inquisition ne laissa pas le temps de montrer s'il pouvait égaler ou dépasser Galilée - executé par l'Eglise de 1600, pour avoir eu des opinions qui n'étaient pas de son impérial goût.


Les artisans sont à l'honneur dans la petite via de capelleri qui sort du campo di fiori, et dans laquelle se succèdent les petites échoppes qui d'ébéniste, qui d'artisan tisserand, qui de chapelier ( c'est bien le moins). C'est encore une de ces ruelles pavées il y a au moins cent ans, qui serpente entre de hautes et ocres maisons aux contours de fenêtres travaillés, et au long de laquelle le soleil jette ses rayons.

Rome n'est pas le moindre fleurie en ce tout début de février où on ne trouve qu'un seul arbuste paré de rouge, 

et les gigantesques platanes dont les avenues sont bordées sont entièrement dénudés, occupés qu'ils sont pourtant déjà à se préparer un nouveau manteau d'été. On imagine qu'une fois tous ces bourgeons ouverts et déployés, les bords du Tibre, pourtant très honorables même en février, ainsi que de nombreuses rues ont un tout autre aspect.

 Il n'y a que chez les fleuristes, sur le campo di fiori ou dans les mains des vendeurs de roses au long des restaurants que l'on peut voir à quoi le paysage ressemble quand il est fleuri.

Le café pris à la terrasse, ou la glace consommée sur haut tabouret ou en flânant dans les rues sont quand même au rendez vous et comprennent tout le charme local, quelque soit le climat, même celui du mois de février.

La patisserie cachère bougonnement tenue par les deux petites vieilles permet de goûter de ces patisseries traditionnelles, aux fruits confits et aux amandes, et il n'y a que la mortadelle et tout ce dont elle est le symbole qui doit impérativement demeurer hors champ au visiteur tenu à la cacheroute.


Et pourtant, quelques petites déceptions, comme par exemple au chapitre du papier et de la cartographie. Rome n'est certainement pas unique en son genre en ces débuts de 21ème siècle où l'utilisation du stylo et du beau papier sont complètement out, où même le scribouillard compulsif que je suis s'est aussi mis au clavier et à la tablette pour raconter mes souvenirs de voyage, mais je m'attendais quand même à trouver quelques papiers vénitiens ou florentins, ne serait-ce que ceux de la marque tassoti dont je suis pourtant client depuis de bonnes années, mais il me faut me résigner à la constatation que les papeteries romaines sont exactement les mêmes que celles de Tel Aviv, de Paris, de Jérusalem ou de New York, on n'y trouve aucune production locale, c'est l'empire de la mondialisation qui pris la place - ici tout au moins - de l'empire romain.