mercredi 26 décembre 2012

Ta parole, ma parole...(Léo Ferré - années 60)



Alors que pour le français les paroles s’envolent et les écrits restent, l’hébreu et son codex se sont préoccupés depuis les temps les plus anciens de savoir comment effacer ce qui découle de la parole et qui, sinon, pourrait demeurer indélébile.

Le monde juif voit la parole comme recelant un pouvoir majeur. Au delà de la tradition selon laquelle c'est par la parole qu'a été créé le monde, la question de l'impact de la parole de l'individu sur son quotidien est un sujet envisagé sous de multiples facettes.

Rappelons-nous aussi que le livre de la Genèse est aussi un livre qui relate l'édification de ce poids de la parole. On y évolue du stade où les individus ne se parlent pas et se frappent jusqu'au stade ultime de la prise de responsabilité envers autrui par le biais de la parole, en ayant eu au passage plusieurs variations sur le thème du serment, de la place de la parole dans le rôle que pourra ou non tenir l'individu, et sans oublier la place accordée à l'interprétation des rêves.

Peut-être Freud était-il habité de cette conscience de l’Antiquité, lui qui prétendait que le cerveau humain n’oublie rien, que tout y reste inscrit, toutes les paroles entendues enregistrées.

C’était une préfiguration de ce que les récentes recherches en neuropsychanalyse permettent de confirmer, et que le cerveau droit est le substrat neuronique qui fournit l’espace, le disque dur sur lequel sont enregistrés tous ces messages, en particulier selon un mode d’inscription crypté, subliminal.

Ce ne sont pas les textes dans leur syntaxe qui sont engrangés en ce lieu, ce sont les sensations, les odeurs, les contextes émotionnels.

Curieusement, leur empreinte est probablement au moins aussi déterminante de ce qu’est l’individu que le texte des mêmes paroles, qui est, lui, enregistré dans le cerveau gauche, sous sa forme originelle.

Dans le contexte d’un dialogue imaginé entre le Créateur et Moïse au moment de l’épisode du Veau d’or, le midrach nous dévoile que le miracle de cette prégnance de la parole proférée est qu’il existe une possibilité non de la nier, non tant de la corriger, mais surtout, de l’annuler. En exécutant certaine procédure, il serait possible de remettre le compteur à zéro, non celui du dernier parcours, que l’on sait aisément remettre à zéro à chaque passage à la pompe, celui qui n’est commandé par aucun bouton.

L’individu, qui « sait » - en termes de cerveau droit, c'est-à-dire sans le savoir – que la parole proférée est inscrite, cherche par tous les moyens et depuis son plus jeune âge ce bouton, il cherche inconsciemment toute sa vie durant comment faire cette opération, comment effacer ce qu’il croit être indélébile.

Les moyens psychiques mis en œuvre à l’aube de l’existence et dans les constructions psychiques précaires ou atteintes par la maladie, sont la déconnexion et le clivage. L’infans est persuadé qu’il a effacé alors qu’il n’a qu’enfoui, ou refoulé en profondeur.

L’enfant plus grand atteint une méthode plus semi-consciente et apprend qu’il est possible de nier, de mentir.

L’adulte un peu léger – ou psychopathe - entérinera ce phénomène et s’installera dans un mode d’être quelqu’un qui « n’a pas de parole », tandis que l'adulte lambda reste condamné au conflit interne, ai-je eu raison de dire ? n'aurais-je pas dû dire ? devrais-je dévoiler ? etc..

La Torah propose la sublimation de ces phénomènes échafaudés maladroitement et sans succès par le psychisme soumis aux contraintes de la dure réalité : l’interpersonnel, et non l’intrapsychique, est la structure qui permet d’être délivré du poids de la parole indélébile.

C’est déjà cet interpersonnel qui permet de donner corps à cette parole, qui n’a en fait de poids que si elle est entendue. Le rêve est l’anti – ou l’anté – parole. Tant qu’il n’a pas été prononcé, traduit en acoumène, il n’est que vent. Une fois prononcé et entendu, il devient concret et est une parole inscrite. A ce stade, nous apprennent le talmud autant que la psychanalyse, le rêve est devenu message, la lettre a été ouverte et lue.

Les prophéties ont du poids si elles ont été dites et entendues par l’oreille. Consignées sur papier, elles ont le devenir du papier.

La parole a du poids quand elle a résonné dans une oreille et que le texte, sous forme de vécu émotionnel pour une part et sous forme syntaxique pour une autre part, a été consigné. A ce stade, le déni, le refoulement, le mensonge sont inefficaces, la parole demeure.

Seul l’interpersonnel peut défaire ce terrible mécanisme de solidification accompli par le cerveau humain. Il est possible de défaire, de délivrer, de délier, de rendre nul le serment, le vœu, la parole qui aura été prononcée. Seulement par le truchement de l’interpersonnel sera-t-il possible de corriger le mouvement que la parole aura imprimé à l’univers.

Dans le contexte post moderne, la cure est le lieu de cette délivrance, de cette conjuration, après que pour le monde catholique, la confession en ait été l’ébauche, alors que pour le  monde juif le cerémonial interpersonnel d’annulation du voeu en est le corollaire.

L’établissement d’un dialogue est le mécanisme par le truchement duquel ce qui est inscrit séparément dans les deux hémisphères cérébraux se trouve catalysé en texte qui a à la fois force concrète et qu’il est possible de « traiter ». La cure est le lieu où ce traitement est optimal et permet à l’individu, par l’élaboration interpersonnelle qu’elle offre, d’atteindre un troisième niveau, supérieur au premier niveau, celui des tentatives intrapsychiques imparfaites, préférable aussi au second niveau, aux mécanismes uniquement binaires, que sont la confession ou le cérémonial d’annulation du vœu.  

lundi 10 décembre 2012

khalom shiltone - on peut bien rêver...



Les rêves sont-ils des futilités ou le fondement de l'existence ? Les rêves relèvent-ils de la prophétie ou des envies secrètes?
Que faire d'un rêve ? L'enterrer ? Le raconter ? Le faire interpréter ? Viser à le concrétiser, à ce qu'il se réalise ?

Cette question suit le monde depuis que le monde est monde. C'est de cela qu'attestent les différents rêves exposés au long du livre de la Genèse, le livre qui présente la mise en place du monde tel que le vit l'individu ( par contraste avec le livre de l'Exode qui présente la même histoire mais à l'échelle collective, ou avec le livre du Lévitique qui présente le même thème sous l'angle du culte rendu par l'homme  à la divinité ). Yossef rêve et ses rêves sont à la fois perçus comme des prophéties et des futilités : "va-t-on venir se prosterner devant toi, ta mère décédée et moi-même et tes frères"? lui répond Yaakov, mais tout en "conservant la chose en lui", autrement dit en lui signifiant que sa "prophétie" ne tient pas debout, mais sans pour autant la traiter par le mépris,  tandis que ses frères le vendent en disant : "on verra bien ainsi ce qu'il en sera de ses rêves", autrement dit en faisant simultanément une chose et son contraire par rapport à ses rêves, c'est à dire en agissant de manière à ne laisser aucune chance aux futilités de devenir des réalités. 

La suite de l'histoire atteste du caractère prophétique du rêve, et atteste de la concrétisation des sentiments de l'avenir auquel Yossef se sentait ou se souhaitait promis.

Freud présente au monde en 1900 le résultat de ses recherches sur le rêve, qui se résument :
- en l'annonce aux mondes scientifique et philosophique que l'homme n'est pas uniquement le fruit de son esprit conscient mais non moins si ce n'est plus, de son inconscient, d'une autre instance présente/cachée en lui, 
- et en la présentation d'une technique de soin psychologique de l'individu nommée psychanalyse. 

Les deux nouvelles continuent cent ans et quelques plus tard à susciter simultanément la même polarisation suscitéedepuis toujours par le phénomène même du rêve. Tous ne croient pas à l'inconscient mais il est devenu une catégorie incontournable, qu'on y croie ou non, la technique psychanalytique est l'objet tout à la fois de curiosité, d'interêt, et de mépris, parfois chez la même personne.

Et ainsi, c'est peut-être ces thèmes du conflit, de la perplexité, de l'angoisse concernant l'avenir qui sont exprimés dans et par le rêve, et qui sont traités  - en fait assez peu différemment - à travers ces thèmes de la prophétie ou de l'inconscient.

Le développement du monde, de l'entité "Israël" telle qu'elle est présentée au long des deux premiers livres de la Bible, sont thèmes de conflit extérieur pérenne entre hommes, y compris entre frères, et sont le thème de conflits internes en l'homme, tels les conflits vécus par Yaacov, dépasser ou non son frère ? bénir un fils plutôt que l'autre ? Céder ou non à son beau père ? épouser telle ou telle femme ? Vivre en Israël ou en dehors d'Israël ? Et, plus loin, se rendre ou ne pas se rendre en Egypte ? Ou à l'échelle collective tel que le livre de l'Exode le présente croire ou non aux prodiges ? Sortir ou non d'Egypte? ,  et plus loin, se rendre ou ne pas se rendre en Israël en conquérant ou en ne conquérant pas la terre.

Nul n'est besoin de préciser en quoi ces thèmes bibliques suivent l'humanité au fil des siècles, sans même changer le décor. 

Et donc une question peut être centrale : que signifie interpréter ?

Ainsi que l'a fait brillament remarquer Rav Médan jeudi dernier à ce cours qui attire chaque semaine plus de monde ( quelques cinq cents personnes en l'état actuel des choses, quelques cinq cents personnes pour lesquelles entendre une parole de poids concernant un texte vieux de trois mille cinq cents ans est une motivation suffisante à modifier l'emploi du temps du jeudi après midi semaine après semaine), le texte ne livre pas l'interprétation des rêves présentés, de la façon dont la première lecture le suggèrerait. La réaction de Yaakov au rêve de Yossef mentionnée plus haut n'est pas l'interprétation du rêve, mais en serait presque plutôt l'antithèse. Les réponses faites par Yossef à l'échanson et au panetier " dans trois jours...", les réponses de Yossef aux rêves de Pharaon "les sept vaches sont sept années..." ne sont pas les interprétations,  tout au plus sont-elles des paraphrases du rêve.

La véritable interprétation des rêves qui impliquent Yossef consiste en la lecture idoine de l'Histoire de la civilisation qui est la sienne, du rôle qu'il se doit d'y tenir, et de la façon par laquelle il doit atteindre ce rôle. 

L'interprétation avisée des rêves est ce qui mène Yossef à prendre les décisions qui sont les bonnes pour lui et pour l'humanité, de même que Yaakov est présenté comme le premier patriarche de l'humanité qui prend ses décisions en fonction des rêves, mais dans la continuité de ce qu'avait innové son grand-père Avraham, qui était mené par un message dont il n'est pas clair combien il appartient à la prophétie, au rêve ou au rêve éveillé. 

L'humanité avance ou n'avance pas en fonction des décisions prises par les personnages phares, d'une famille ou d'un peuple, l'individu avance dans telle ou telle direction, ou recule,  en fonction des décisions qu'il prend concernant l'axe selon lequel il oriente sa vie, et tous ceux-ci, individu, chef de famille ou de nation, ont apparemment le loisir de limiter le domaine qu'ils prennent en compte au conscient ou d'y inclure aussi d'autres couches de la conscience.

Manitou définissait ainsi le rôle du rabbin : savoir diagnostiquer son époque, en référence aux Prophéties de la Bible. 

C'est une perspective intéressante, et dont les rabbins pourraient s'inspirer un peu plus, mais c'est une perspective de savoir, non une perspective d'interprétation. C'est une perspective de ce que l'on appellerait le monde religieux, ou le monde de la kabbale, qui sont guidés par la conviction que certains individus "savent", possèdent le savoir, tandis que l'interpétation est une perspective du monde post moderne, perspective du monde tel qu'il est perçu, ou tel qu'est son actualité, monde qui permet de voir qu'il n'y a en fait jamais qu'une seule bonne réponse, une seule vraie vérité à l'échelle de l'homme et de l'humanité, que l'on ait ou non la conviction qu'il y a une seule vérité à l'échelle du Créateur.

L'homme est caractérisé par le fait entre autres qu'il rêve, par le fait qu'il dispose et d'un intellect, et d'une activité onirique. Décidera-t-il de ne pas tenir compte de la deuxième qu'il en rétrécira d'autant le champ du premier et de son impact sur sa réalité. 

Il est fort probable que sa réalité et son avenir seront le fruit des interprétations qu'il aura su ou non donner. Et le texte biblique de la Genèse, élargi à ceux des Prophètes pour l'Antiquité, ceux du talmud pour le monde des derniers deux millénaires, ou dans une non moindre mesure les écrits de Freud pour le monde d'aujourd'hui (même si Freud appartient déjà au passé), sont des outils qui permettent d'élargir le champ de vision de l'homme.

Je dois ma vie au sens propre à l'interprétation que ma grand-mère a su donner à ses propres rêves de la sinistre année 1944, exemple qui a eu valeur à mes yeux - et je suppose aussi aux yeux de quelques autres de ma famille - de mythe ou d'expérience fondateur/trice, et je dois ma vie au sens plus figuré de l'expression à d'autres interprétations, non de rêves au sens propre, mais de dispositions, d'intuitions, d'expériences positives comme négatives, et ceci est probablement le lot de la plupart d'entre nous.

Celui qui sait interpréter les rêves de son prochain a incontestablement du mérite, mais celui qui sait livrer ses rêves à l'interprétation de la bonne personne, puis écouter et agir en conséquence, a probablement non moins de mérite, et est en tout cas non moins avisé.

Le talmud enseigne que les rêves doivent être racontés à quelqu'un qui vous aime et c'est bien évidemment afficher on ne peut plus clairement l'avantage de l'interpersonnel sur une quelconque science universelle des rêves et de leur interprétation qui vaudrait  de façon absolue. l'interprétation n'a de sens que si elle est personalisée, que si elle est proposée à l'individu en fonction de sa personnalité et de son vécu, et que si elle est signifiante pour l'individu et acceptée par lui.

Le mérite particulier et extraordinaire de Yossef, similaire à celui de Freud plusieurs millénaires plus tard, est d'être capable d'interprêter ses propres rêves. Freud ne nous raconte pas les décisions prises par lui suite au travail d'interprétation. Nous savons comment Yossef sait prendre la bonne décision par exemple dans l'épisode de la femme de Putifar, c'est à dire comment il sait ne pas succomber à cette voie immorale d'accès au pouvoir qui s'ouvrirait ainsi à lui si il optait en faveur de ce qu'elle lui propose.

Et ainsi, alors que nous faisons souvent en hébreu la rime entre le pouvoir et l'argent "chiltone"-pouvoir, rime avec "hone"-richesse, peut-être ces épisodes du livre de la Genèse pourraient-ils nous conduire à préférer faire rimer chiltone avec khalome (rêve) : le pouvoir doit découler de l'interprétation éthique des rêves, rêves idéologiques ou rêves politiques. Le pouvoir au niveau national, et le pouvoir, ce qui détermine la vie, au niveau individuel. Cela corrobore un peu les thèmes de "cerveau droit" et de mode d'accès à l'analyse de notre situation géopolitique,  sur lesquels j'ai déjà écrit.

mercredi 21 novembre 2012

En ces heures éprouvantes


Quelle est en fin de compte notre situation ? A qui devons-nous poser cette question? De qui attendons–nous la réponse? Nous avons une tendance naturelle à nous tourner en premier lieu vers les journalistes qui sont, eux, sur le terrain, qui sont, eux, informés, qui interviewent eux-mêmes des gens bien informés, ministres ou députés ou introduits dans les pièces où se prennent les décisions. Nous nous tournons aussi vers les commentateurs, journalistes du premier étage, si ceux qui nous communiquent les informations sont ceux du rez de chaussée. 

Nous restons proches de ces deux premiers étages pour de multiples raisons. Tout d'abord, ils ne nous demandent pas de nous fatiguer beaucoup, et nous n'aimons pas escalader les étages. Ensuite, tant que la situation est aigüe, nous avons besoin d'eux, nous avons besoin d'information, nous voulons savoir si une opération terrestre a été ou non déclenchée, nous voulons savoir si de nouveau une ou plusieurs roquettes sont tombées, où c'était, s'il y a eu ou non des victimes, mais plus que de l'information, nous cherchons des réponses.

Nous devons savoir, nous voulons comprendre, tenter d'inscrire ces évènements dans notre vision du monde, afin de ne pas nous retrancher dans une position figée, stéréotypée, qui n'a probablement aucune chance d'engendrer un quelconque changement.

Peut-être cherchons-nous quand même encore à comprendre le présent, le passé, à se faire une opinion sur ce qui engendrera tel ou tel avenir.

J'ai écrit ces lignes pendant la journée du mercredi 21 novembre, une journée qui a été particulièrement éprouvante, ponctuée d'énormément de tirs des deux côtés, ponctuée d'un attentat, et qui s'est en plus close par un cessez le feu qui a bien entendu été salué comme une victoire sur Israël par la rue de Gaza, qui parait deux heures plus tard n'avoir de cessez le feu que le nom, et qui fait donc surtout craindre l'escalade. Et pourtant je publie ces lignes. 

Je voudrais mettre l'accent sur trois topiques vers lesquelles ou en fonction desquelles je sens mon esprit osciller, et je voudrais mettre cet accent en référence aux questions sur lesquelles j'ai ouvert.

La première topique est le présent immédiat.  Ce présent me parait pouvoir être vu foncièrement différemment selon l'étage duquel on l'observe, et aussi selon les escaliers que l'on aura choisi d'emprunter.

De là où je regarde, on voit la guerre. Deux parties sont lancées violemment l'une contre l'autre avec énormément de violence, en utilisant massivement des armes terriblement meurtrières. Et des gens sont touchés, et certains meurent. Mais il est impossible de ne pas voir aussi combien "peu" meurent ( le mot "peu" est obscène dans ce contexte, puisque la mort de chaque individu qui meurt est une tragédie que le mot "peu" ne peut que blasphémer), mais, néanmoins, au prorata des moyens des deux parties, peu meurent de chaque côté. Les armes israéliennes pourraient causer énormément plus de morts qu'elles n'en causent ( il n'a qu'à regarder autour de soi - en Syrie par exemple- pour s'en rappeler), et les roquettes (qui sont en elles-mêmes excessivement meurtrières, quiconque le nie est soi de mauvaise foi soit ignorant complet) ne font (heureusement) que très peu de victimes. 

On peut rester au rez de chaussée, invoquer la chance, se scandaliser quand même de telle ou telle  attaque, mais peut aussi monter un étage. 

Du premier étage, on devra voir que les armes israéliennes ne font que peu de victimes par rapport à leur puissance du fait des israéliens eux-mêmes.  Les israéliens n'ont plus à prouver qu'ils savent viser et il n'y a pas d'autre choix que de voir qu'ils font tous les efforts possible pour n'atteindre que ceux qui, de leur point de vue, le méritent. Ils sont ici le contraire d'une force aveugle. Ce point est peut-être la principale raison pour Israël de ne pas se plier à l'exigence du hamas qu'il n'y ait plus d'éliminations ciblées. C'est à dire quoi ? Ne plus viser ? 

La deuxième chose que l'on doit voir de cet étage c'est que si les roquettes ne font que très peu de victimes, c'est du fait des israéliens. C'est grâce à cette prouesse militaro-scientifique qu'est le dôme de fer. Il apparaît que le hamas, lui, vise mal ou ne vise pas, et en tout cas il ne pourrait recevoir aucun crédit de ce petit nombre de victimes vu qu'il affiche ouvertement son voeu de faire le maximum de victimes. 

Donc, il faut impérativement voir que les israéliens sont ici un joueur central de la question du nombre de victimes. Il faut forcément pour cela leur tirer le chapeau. Quel autre pays prend-il ainsi tellement de gants ? Et concernant sa propre population, et concernant la population ennemie ( ne me parlez pas de la Syrie...me parleriez-vous de la Turquie ?  Ne me faites pas rire...).

Et nous pourrions rester à cet étage mais que ferons-nous si nous continuons à monter ? Cela nous conduira à lire des commentaires un peu plus posés, comme celui de Bernard Henri Lévy, qui parle surtout de l'obscénité de la situation et des commentaires qui en sont faits de ci de là (Le Point daté du 22 novembre) , ou comme celui d'Abdulateef Al Mulhin qui souligne surtout le gâchis (papier daté du 19 novembre sur arabnews.com) , mais pourquoi ne monterions-nous pas encore plus haut ? 

Quelle pourrait bien être la définition de cette mythique notion qui s'appelle le miracle ? Il pleut des hallebardes et seul moins d'un dixième de celles qui sont lancées atteignent la population et ça n'est pas un miracle ? Ça ne conduit pas à se poser des questions sur l'analyse de ce présent ? Ça ne pourrait pas conduire à observer la situation en fonction de qui est Israël ? En fonction de son droit ancestral-promis-revendiqué à résider en habitants de droit sur cette terre ? 

Je ne donnerai pas de réponse mais passerai à une seconde topique, celle du passé. Beaucoup s'interrogent sur ce passé immédiat qui est la sortie d'Israël de la bande de Gaza il y a six (sept?) ans. Et de se demander si la situation actuelle ne peut être consécutive à cette sortie. A-t-on eu la situation d'aujourd'hui pour l'avoir semé alors ?

Il n'y a bien entendu pas de vérité absolue ni dans ce cas ni de manière générale, mais on peut aussi dans ce cas choisir l'étage duquel on voudra observer.  

A ceux qui diront que c'est la sortie d'Israël de Gaza qui a créé cette situation de belligérance, à ceux qui diront que si nous n'étions pas sortis nous n'aurions pas eu les deux dernières actions ("plomb fondu" et l'actuelle), je répondrai qu'il ne faut probablement pas regarder le passé seulement jusqu'en 2005. 
Et s'il avait fallu tout d'abord ne jamais rentrer à Gaza ? Est-ce une question moins légitime ?

Je voudrais tenter de donner des arguments pour cette question, arguments qui, je l'éspère, rattacheront cette deuxième topique du passé, à la troisième que je voulais évoquer ici et qui est celle du futur.

Je dirais que je souhaiterais que l'on se mesure à cette question en fonction de la très large question : "qui est Israël ?"

La Bible écrivant en toutes lettres que cette terre est promise à Israël, on a vu par le passé que les termes Israël ou même Palestine ont voyagé d'un groupe ethnique à un autre ( je pense au "Verus Israël", je pense à la version coranique du sacrifice non commis par Avraham, je pense aux inscriptions sur les murs de paris avant la seconde guerre mondiale. "Les juifs en Palestine").

Le conflit biblique entre Yaakov et Esaü est finalement l'archétype de ce conflit. Qui est Israël ? Qui mérite la bénédiction et qui la reçoit ? Les réponses sont dans le texte, et pourtant le conflit subsiste. De même que le fait qu'Avraham achète la caverne de Makhpéla ne l'en rend pas propriétaire aux yeux de tout le monde, de même, le fait que le kkl et les Rotschild aient acheté des terres en Israël ne nous rend pas pour autant propriétaires légitimes de ces terres aux yeux de tous ( De Gaulle dans son célèbre discours du "peuple d'élite, sûr de soi et dominateur" évoque ces "terres acquises de façon douteuse" ).

Et ainsi, il faudrait monter encore quelques étages et ne pas seulement se demander qui dans la Bible est le véritable Israël, mais bien dans le monde d'aujourd'hui et de demain qui est le véritable Israël ? 

Le rav Steinzaltz s'est illustré par de nombreux faits extraordinaires (son "talmud" en particulier) mais aussi par cette définition du juif : n'est pas juif celui dont le père ou la mère sont juifs mais bien celui dont les enfants sont juifs.

Et qui sera juif ? Toute la jurisprudence et la loi talmudiques sont là pour attester que la génétique n'est pas en cause. N'importe qui ( ne me prenez pas au mot, ceci est régi par la loi rabbinique) peut devenir juif. 

Être israël n'est pas une question de gènes ou d'ascendance, c'est une question d'identification -dans les faits, parce que le judaïsme lie indéfectiblement les actes à l'identité- à une éthique.

C'est très probablement cette identification qui conduit les dirigeants du pays et de l'armée à viser si précisément. C'est cette identification qui doit aider à répondre à cette question de Gaza. Les juifs ont-ils vocation à occuper un autre peuple ? Ont-ils vocation à opprimer ? Dans le monde d'aujourd'hui, c'est Ariel Sharon (si. le Ariel Sharon) lui-même qui a répondu par la négative le plus publiquement. 

C'est en fonction de cela qu'il faut à mon avis se poser la question de notre légitimité à être ou à ne pas être dans Gaza.  C'est en fonction de cette question qu'il convient de réfléchir sur nos conflits avec les arabes, ou le monde environnant (encore les turcs...).  

Nous avons choisi de nous appeler Israël et nous devons nous rappeler que ce n'est pas un choix gratuit, que nos actes pèsent sur l'image qu'a, qu'a eu et qu'aura Israël dans le monde.

S'il est marqué que la terre est promise à Israël, il n'est en revanche marqué nulle part qu'être Israël veut dire traiter durement son voisin parce que c'est soi-disant le seul langage qu'il comprend. Et si c'est de textes que l'on veut se réclamer, sont écrites bien d'autres choses sur le sujet.

Et bien sûr que ce ne sont pas seulement les textes qui fournissent les solutions aux agressions armées ni aux agressions médiatiques, mais tout dépend à quel étage on décide de se tenir.

Et vous voulez mon avis ? la situation actuelle est un exemple flagrant de miracle. Et ces miracles sont une sorte de légitimisation qui nous est donnée de "quelque part" à demeurer ici. Et on ne continuera à mon humble avis à en bénéficier que si on mérite de s'appeler Israël, c'est à dire pas si on sait se battre ou tuer notre ennemi, ou même le faire taire, mais si on sait avoir un comportement d'Israël.

Qui est Israël ? Celui qui relève le gant de se comporter en fonction de ce qu'impose - suggère la Torah, et c'est un vaste programme, tant à l'échelle individuelle qu'à l'échelle nationale. J'ai l'impression que c'est ce que nous tentons de faire sur les cent dernières années. Et nous ne le faisons pas forcément tous les jours de la meilleure manière. Et la situation actuelle est un acte de cette grande pièce théatrale.

Et concernant les voisins ? Eh bien, lisez Al Mulhin et réflechissez-y. Si ça se trouve, nous ne sommes pas leurs ennemis. Il suffirait peut-être seulement de tenter l'aventure. En attendant, et sous l'exhortation du Hamas, ils se comportent comme une meute de chiens déchaînés ou comme un nid de guêpes, et tant que ça sera le cas, ils recevront le traitement qui s'impose, mais c'est un comportement. Rien ne les empêche d'opter pour une autre attitude.

jeudi 1 novembre 2012

Du juif à l'hébreu


Un cours très interessant de rav Yaakov Medan sur la paracha Lekh Lekha met en exergue une controverse entre rabbins de l'époque amoraïms sur la punition qu'aurait reçu Avraham (Nedarim 32a) suite à son dialogue avec D. Avraham se retrouve ainsi confronté à une famine et contraint de partir pour l'Egypte et c'est en contraste avec la promesse qui vient de lui être faite, et il faut donc en déduire que la famine et l'Egypte sont des punitions. 

Les trois amoraïms ont chacun une hypothèse. Pour l'un Avraham aurait été puni d'avoir utilisé les âmes qu'il venait de convertir- pour un second Avraham est puni d'avoir demandé à D. des preuves de sa promesse, pour le troisième, il est puni de la réponse qu'il donne au roi de Sdom en Genèse  . 

Le cours analysait le texte de la paracha en détail et en déduisait entre autres qu'il conviendrait de situer l'alliance entre les morceaux, (Berechit 15,    ) avant l'arrivée d'Avraham en terre d'Israël , et donc de faire apparaître un parallèle de la situation de Moshe à qui l'entrée en Israël est annoncée alors qu'il ne s'y trouve pas, qui peut voir la terre de loin, mais pour lequel l'entrée en Israël ne se réalise pas. 

Rav Medan proposait en outre une lecture très nouvelle de la réponse faite par Avraham au roi de Sdom après sa victoire contre les rois qui avaient kidnappé son neveu Loth : "je ne prendrais pas la moindre lanière de sandale d'aucun de ces soldats". Alors que la lecture traditionnelle de cette réponse voit en elle l'illustration de l'extrème éthique d'Avraham, en particulier aux yeux de Lévinas dont je parlerai plus loin, Yaakov Medan suggère que la faute d'Avraham dans cette situation est de n'avoir pas su aller jusqu'au bout de la situation, c'est à dire, n'avoir pas su répondre au roi de Sdom :"je viens de gagner la guerre, il ne s'agit pas de butin, toute la terre désormais m'appartient. Pars d'ici ! Dorénavant c'est moi qui gouverne ". 

Pour Rav Medan, trois histoires du Tanakh sont ici à être lues en parallèle. L'histoire d'Avraham et du roi de Sdom sus mentionnée, l'histoire de Moshé au buisson ardent, et l'épisode de Guideon (Juges 6-8), où Guideon livre bataille et remporte la victoire contre l'armée de tous les peuples alentours  alors qu'il n'a avec lui que 300 hommes (Avraham en a, lui , 318. la différence est mince). Pour Medan, les trois sont des personnages élus, à qui est faite la promesse de prospérité du peuple en Israël, et qui n'aboutissent pas la situation. Moché faute (faute de frapper) se voit privé d'entrée en Israël, Avraham est envoyé en exil et surtout apprend exil et esclavage de sa descendance pour 400 ans, Guideon refuse ouvertement de prendre le pouvoir après la victoire et se poursuit ainsi la période de chaos alternatif des Juges. 

Interessant de réfléchir sur ce sujet ô combien actuel - mais c'est déjà actuel depuis cent ans ! - de la transformation du peuple juif en peuple hébraïque, de la transmutation identitaire qui est exigée pour passer d'esclave en pays étranger à citoyen libre et actif sur sa propre terre. 

Et peut-être un bon moyen pour mener cette réflexion serait-il de comparer la lecture de Rav Medan, israélien du 21ème siècle, avec celle de Lévinas, philosophe parisien du siècle précédent. Comparer la lecture d'un israélien avec celle d'un israélite de diaspora, comparer la lecture d'un hébreu avec celle d'un juif.

Pour ce dernier (Lévinas, juif-israélite) comme annoncé plus haut, la réponse faite par Avraham au roi de Sdom est le symbole de ce que doit être l'attitude de l'homme juif éthique. Chez Lévinas, éthique et responsabilité avant tout. Chez Lévinas, l'identité juive doit avant toute autre chose dépendre du niveau éthique de l'individu.

Chez Medan, il y a incontestablement un autre regard. Le juif pourrait peut-être même être choqué, il y trouverait les caractéristiques attribuées au tsabbar, chez qui en plus de la mèche sur le front ont poussé d'autres attributs, le culot, la rudesse en particulier et peut-être un certain affranchissement par rapport à certains comportements jugés trop tièdes. On reconnaitrait facilement à travers la lecture de Rav Medan le comportement d'Ariel Sharon décidant de son propre chef de traverser le canal de Suez, et demandant après coup la permission.

Rav Medan dans son cours souligne le temps qui s'est écoulé et du fait duquel le Moché âgé de 120 ans et qui observe de loin la terre d'Israël qu'il n'habitera pas, est bien différent du Moché encore égyptien à qui D. se révèle au buisson ardent. Avraham aussi reçoit l'annonce de la création du peuple juif avant d'avoir même son premier enfant, Guideon aussi est sollicité par l'ange quand il n'est qu'adolescent. 

Rav Medan parlait de l'évolution qui peut se produire, qui se produit en l'homme au long de son existence, et qui fait qu'il peut dans un premier temps se conduire plus (trop?) prudemment que par la suite.

L'actualité de cette question est bien entendu notre situation politique d'aujourd'hui et la question du comportement à avoir avec nos voisins ou sur la scène internationale. Beaucoup ont dit en Israël depuis 1967 que l'erreur politique principale commise à ce moment avait été de ne pas enfoncer le clou jusqu'au bout (chacun peut écrire le scénario de ce "jusqu'au bout" à sa guise et y inclure ce que bon lui semble). En parallèle , Yshayahou Leibovitz a, lui , toujours dénoncé le chaos potentiel que la victoire avait donné,c'est à dire l'occupation des territoires.

Et donc quoi ? Le consensus israélien aujourd'hui, qui ne consiste ni à prôner le transfert arabe ni à rendre les territoires, parait fort éloigné de la lecture européenne ou américaine de notre situation internationale. Là où les européens - juifs y compris - continuent à parler de territoires occupés et à ne voir un avenir qu'en terme de restitution de ces territoires, c'est le souhait et le sentiment de bien peu d'israéliens aujourd'hui semble-t-il, ou plus précisément dirait-on que la plupart des israéliens-hébreux sont  persuadés que des villes comme Maaleh Adoumim, Ariel ou même Bet El ou Ofra ne sont pas démantelables et ne seront donc probablement jamais "rendues", alors que l'européen qui se prononce à plusieurs milliers de kilomètres d'ici ne s'élève pas à une telle résolution optique et ne fait pas le détail.

C'est précisément de ces détails qu'il doit peut-être être question, et c'est peut-être de ces détails qu'il est fait allusion dans notre texte qui parle de courroies de sandales.  Pour pouvoir tout à la fois prendre des décisions et tenir compte de ces détails, le dirigeant politique doit-il avant tout être éthique, ou doit-il plutôt être politico pragmatique?

Le dirigeant d'Israël sera éthique ou ne sera pas. Le regard nostalgique sur le 13 juin 1967 n'est que la focalisation sur un mirage. La guerre des 6 jours est notre buisson ardent, l’alliance entre les morceaux de notre époque, l’ange qui s’adresse à Guideon. Ce n’est pas de cela que découle la construction de la réalité du juif qui redevient hébreu. L'histoire ne se fait à l'emporte pièce que de façon exceptionnelle. Dans la vraie réalité, c'est de processus ( ou devrait-on écrire "processi") que se produit l'histoire. Et ces processus ne dépendent pas uniquement du temps qui s’écoule. Ils nécessitent le mûrissement de l’homme. Mûrissement qui naît de l’interpersonnel et qui ne parvient pas à se produire en l’individu seul.Ces processus ne surviendront que si Ariel Sharon saura traverser le canal avec Leibovitz à ses côtés. Le processus doit se faire par le caractère actif du dirigeant mais à la condition que le gardien de l'éthique dîne à sa table, l'avertisse et le supervise. De ce dialogue peuvent naître les conditions que l'individu seul ne peut créer, même en laissant s'écouler du temps, fût-il Avraham, Moché ou Guideon. Seul, il reste prisonnier de ses mécanismes personnels et il reste exposé au manque de confiance, à l'hésitation ou au départ pour la guerre. Accompagné, il peut avancer et construire.  

lundi 22 octobre 2012

Petite autoviographie - la conquête du ruban

Le texte se trouve à la page "rétrospective" du blog, après les épisodes 1 et 2.

vendredi 12 octobre 2012

petite autoviographie - épisode 2



Le texte se trouve à la page "rétrospective" du blog, suite à l'épisode 1.

jeudi 27 septembre 2012

Un outil bien aiguisé.



Le texte se trouve à la page "humeurs" du blog.

samedi 15 septembre 2012

Bonne année 5773 !!



Depuis la Pologne, 



la Turquie,



la France,


Israël,
en mode familial autant que de l'amitié,



au fil des générations,

des réunions familiales,

d'une maison 
à une autre

nous venons comme chaque année, 


vous souhaiter

de tout coeur 
Marianne et Jean
et les enfants


p.s. et si vous trouvez qu'il aurait pu aussi y avoir une photo de grenade ou deux, alors juste, continuez à dérouler...

lundi 10 septembre 2012

poursuivi depuis Grenade?


Suis-je le seul à être interpellé sinon réellement impressionné – poursuivi ? - par la grenade ? Elle m’est véritablement en elle-même source tant d’émerveillement que de questions, me semble pouvoir tout à la fois être tant de différentes choses ! Comme si elle était munie d’une sorte de sur ramification, comme si, sorte de parallèle végétal de l’humain, elle était potentiellement vouée à de nombreux destins, antinomiques pour certains, complétifs pour d’autres. Créature aussi potentiellement multiple que semble déjà en être la première allusion la quantité de grains qu’elle renferme……

Belle de nature, glorifiée déjà dans le Livre des Livres, elle n’échappera pas au poète, elle en a conscience. Mais orner, fut-ce le Cantique des Cantiques, ne fournit qu’une « raison d’être » partielle.

Etancher la soif est déjà plus utile, mais la grenade tournera résolument le dos à ceux qui ne portent intérêt qu’à son jus, et qui poussent en plus l’affront jusqu’à y adjoindre du colorant. N’être qu’instrument de destruction et de ravage ne la satisfait nullement. « Rayez définitivement de la mémoire de l’humanité cette connotation militaire infâmante » dit-elle.

Elle aspire à mieux.

Même encore ignorant qu’elle ornera un jour la fenêtre ou la table de Reuven Rubin,




elle qui pousse dans tous les jardins de Katamon, s’y sent déjà plus mise en valeur, ce sentiment suscitant en elle le fantasme d’orner les toits des plus beaux immeubles de Jérusalem,



Mais parvenue à un tel degré, symbole de profusion et de couleur, symbole de la Torah, utilisée à de pieuses fins, devrait-elle en rester là ? céder à l’hédonisme ?

Elle n’oublie pas qu’elle fut un jour au service du sacré, au service du Temple ?


Et garde en mémoire ce secret sentiment de noblesse, duquel lui restent le privilège  et l’honneur d’être ornementale au musée, à la maison,


Mais pourquoi ne pas se satisfaire de cette qualité d’apport gastronomique enfin tardivement découverte aux tous débuts de ce siècle ?


Le plus beau des fruits a fin mars un commencement timide,


Quoique vif et hardi,



En mai, elle parsème le paysage de taches rouge vermillon.


En juin, elle hésite, mais choisit, au lieu de se faner, de se transformer.

Comme si une subite impulsion lui dictait de creuser un espace en elle, comme si elle voulait devenir grelot.

Dans cette posture et à cet effet, elle épaissit son enveloppe, mais décide en fait de ne pas se vouer à la musique, et opte quand même pour un devenir fruitier, ce qui paraît dans un premier temps lui coûter sa couleur,

mais c’est cependant ainsi, devenue provisoirement discrète, comme ayant disparu parmi les feuilles de l’arbre, qu’elle grossit, se développe et se remplit.

Et c’est à la fin de l’été que la métamorphose s’achève et que la grenade soudain réapparait, et rougit à nouveau progressivement  comme se parant de ses plus beaux atours en l’honneur de Roch Hachana qui approche et se profile.




C’est alors l’apogée de sa carrière, c’est le soir de cette Nouvelle année, où elle regorge tant de pépins qu’elle symbolise l’abondance et la richesse de l’année qui commence, qu’elle est élevée au rang d’invitée de marque de la table familiale et nationale, trônant au beau milieu de la table, présentée dans le plus beau des ustensiles.














Avec Kippour, elle se métamorphose à nouveau et part se joindre à un ancien fantasme de jeunesse, part rejoindre son acolyte le grelot, pour habiller en sa compagnie les bordures du manteau du Grand Prêtre.

Là, ils forment tout à la fois l’ornement de la plus noble des parures, et le couple de la régénération de la parole, le plein côtoyant, complétant, et utilisant le vide pour donner écho à son propre contenu et le faire résonner et retentir.


Que l’année qui commence nous soit pleine, et vive, et revigorante, et signe de prospérité, et de couleur, et que nous sachions au mieux en être habités et inspirés. 

mercredi 5 septembre 2012

A l'approche de la nouvelle année - un texte en français suivra.


הטקסט הועבר לעמוד "aussi en hébreu" של הבלוג.

mercredi 1 août 2012

quoi de neuf en Europe ? et en psychiatrie de l'enfant ?


Le texte se trouve à la page "humeurs" du blog.

jeudi 12 juillet 2012

Parlons donc de ces Chroniques


Le texte se trouve à la page "humeurs" du blog.

lundi 2 juillet 2012

Au delà du principe de plaisir - petite "autoviographie"


Le texte se trouve à la page "rétrospective" du blog.

mercredi 20 juin 2012

Pour Odette


Il y a bientôt un mois nous quittait Odette, paradoxalement le jour même où nous parlions d'elle chez mes parents, et tandis que ma mère racontait qu'aux dernières nouvelles, par la dernière conversation téléphonique qu'elles avaient eue, elle avait été à nouveau hospitalisée mais se préparait à rentrer à la maison sous quelques jours. 

Odette ne nous était physiquement plus proche depuis de longues années mais nous restait cependant très familière et très chère. Elle venait régulièrement en Israël mais le contact était surtout téléphonique. Pourtant, elle était venue une fois chez nous, encouragée par ma mère à "monter" à jérusalem, elle qui préférait généralement partager son temps entre Tel Aviv et Eilat.

Odette était aux yeux de ma mère un peu comme une petite soeur, un sentiment qui remontait à l'époque où les familles Fliederbaum et Tauber vivaient ensemble.

Ci-dessous, quelques échantillons de leurs souvenirs :


Avant guerre :

Avant guerre, Paris. Mathilde, Irène, Jeannot et Odette;

Irène, Odette et Mathilde.

Odette et son père, Yankeleh Fridman

Mathilde, Jeannot, Odette et Irène.

Après guerre : 
A La Troche, de gauche à droite, Daniel, Simon, Henry, Salomon, Rachel, Irène, Odette et Lonia.
Lonia, Odette et Henri Gumanster qui éleva Odette comme un père dès le lendemain de la guerre.
Irène, Salomon et Odette





Mathilde et Odette
Odette, Irène, Berthe, Claude, Rachel.


Odette et Véronique, en visite chez l'oncle Salomon et la tante Rachel


Odette avait toujours manifesté un sentiment spécial à mon égard, j'étais toujours particulièrement bien accueilli par elle (ainsi que par Lonia et Henri), que ce soit à la boutique de la rue Ledru Rollin, à La Troche, où même la seule fois où je me rendis rue de la voute.

יהי זכרה ברוך

vendredi 8 juin 2012

Livres d'Histoire


Le texte figure à la page Humeurs du blog.

dimanche 3 juin 2012

De la jeunesse du nazir - avec Lévinas

Que les non hébréophones me pardonnent !
Ce texte prononcé en partie en souvenir d'Itshak Madar :

הטקסט נמצא בעמוד "גם בעברית" של הבלוג

lundi 21 mai 2012

consultation botanique publique : le brachychiton populneus


J'aime les arbres. J'aime surtout les connaître personnellement, les identifier, assister à leur croissance, observer leur rythme saisonnier. En général, même si je ne les connais pas tous, ou ne les reconnais pas sur le moment, c'est un petit problème : il suffit d'un peu de patience, de se souvenir en rentrant à la maison qu'on voulait interroger l'herbier, même si l'opération peut prendre plusieurs mois, elle a un aboutissement, on finit par connaître et même par mémoriser l'éspèce.

Celui-ci me maintient en échec depuis déjà de longues années. Il y en avait un dans la cour de Bet Hanna, où j'ai travaillé près de 20 ans. Et au long de toutes ces années je me suis demandé "qui" il était. Jusqu'à aujourd'hui je ne trouve pas. 

On peut trouver de ces arbres un peu partout dasn Jérusalem.C'est visiblement un arbre utilisé/planté en ville à des fins environnementales. Peut-être une sorte de baobab ? (la structure du tronc, et ce passage du vert au gris entre jeune et vieux existe aussi chez ces éspèces me semble-t-il, moi qui ne suis botaniste que relatif), sans en être absolument certain, je dirais qu'il s'agit d'un arbre sempervirent ( non caducifolié, pour ceux qui préfèrent :-)

Quelqu'un pourra-t-il m'aider ? Je compte sur les botanistes, non nécéssairement absolus, mais compétents.

Ceci est l'aspect général du sujet. 

 Quand il est jeune, la branche, et même le tronc (comme dans la photo ci-dessous) sont verts.
 Puis l'écorce du tronc devient grise, et craquelée.
 Les feuilles sont très finement ciselées, fines, et d'un vert bien prononcé.
 Les fleurs, qui poussent donc en mai ressemblent à des clochettes
 et les fruits, demeurent sur l'arbre d'une année sur l'autre, étant devenus noirs et durs.

Je recevrai avec grand plaisir toutes contributions !!

mercredi 9 mai 2012

Le poids et le lieu du nom. Sacré nom d'une pipe !


Le texte figure à la page midrach du blog.

lundi 30 avril 2012

après l'extinction des lampions..

le texte n'étant plus d'actualité, fut retiré et mis en archive.

mercredi 18 avril 2012

venez nous rendre visite...(parcourir jusqu'au bout du message)



Ce fut un projet
puis un achat,



qui passa au stade d'esquissse
qui évolua en dessin
qui fut executé sur plan

qui dut passer par touuuuuuuuuuuuuuus les employés
de la municipalité et être par chacun approuvé

Cela devint ensuite un chantier,
Un énorme et affreux  trou à combler


 Il y eut un squelette




Qui petit à petit s'habilla
revêtit "peau et tendons"
jusqu'à aboutir à devenir

notre nouveau chez-nous.









Venez y terminer la journée de Yom Haatsmaout Jeudi prochain, entre 17 et 20 Heures,


Venez évaluer l'évolution du grenadier et du citronnier
occupés à renaître après la tourmente

Un an et demi après la brit d'Eviatar,
Venez refouler le sol et voir les lieux
après transformation.

On vous attend !

Marianne, Jean,
Ichaï, Matan, Naam, Yaara,
Ayala, Elie et Eviatar.

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