dimanche 13 mai 2018

la fête du 40ème jour de l'omer



1. La version aboutie de l’homme est la version rationnelle se plait-on à revendiquer en occident.

A Paris (et comme disait Lévinas, « intellectuellement, nous sommes tous de Paris »), on ne croit pas aux balivernes. Dans la ligne de « je crois ce que je vois », et surtout dans le plus profond mépris (c’est profond au point de ne plus même être exprimé, on n’en ricane même plus. C’est au niveau du gaon de Vilna refusant de même rencontrer ce besht qui avait fait tout le trajet dans l’espoir d’une entrevue).
Qui au vingtième siècle, en Europe, serait pris au sérieux s’il venait fonder son propos sur un sentiment, sur une intuition? Pire sur quelque chose de mystique ?

Aujourd’hui est un de ces jours qui commémorent un évènement « qui n’en est pas encore un ».

Aujourd’hui, des mystiques, des excités, des idéalistes aveuglés par leurs idées préconçues fêtent , que dis-je prétendent fêter le jour de la réunification de Jérusalem.

Comme si pareille réunification avait réellement eu lieu vous diront certains. Jérusalem ? réunifiée? Continueront-ils « et la barrière? Jérusalem est une des seules deux villes encore marquées de la honte de la séparation vous assèneront-ils. « Ce qui s’est réellement passé en 1967, c’est que l’armée a contraint le pays à devoir dominer un million et demi d’arabes » auront-ils poursuivi avant que vous n’ayez repris votre souffle.

Jérusalem ? Réunifiée ? Vous diront d’autres « Jérusalem sera réunifiée quand le messie sera venu et qu’on n’y verra pas d’horreurs comme on voit aujourd’hui : mini jupes, publicités honteuses. On a même vu ces derniers temps une réclame pour des abonnements de couples pour un théâtre avec en illustration...un couple de deux hommes ! « Et il faudrait se réjouir ? Jérusalem devenue pire que Sodome et Gomorrhe, voilà la réalité » concluront-ils avant de vous laisser en plan avec vos illusions.

Jérusalem ? Réunifiée ? Mais quel juif oserait s’aventurer en partie arabe sans protection militaire ? Quel arabe s’installerait-il dans un immeuble de la partie ouest de la ville sans être repoussé, conspué si ce n’est répudié ? Vous diront les plus pragmatiques.

Et donc, non ! En aucun cas mentionner ce fait ! Aucun « yom yeroushalaïm » qui tienne ! En aucun cas ne dire ce jour un rituel de prière festif (hallel). Et si l’autorité rabbinique du pays l’a ainsi institué, ne s’y soumettre à aucun prix ! Et on ne dit pas le hallel pour un évènement militaire quelle horreur ! Business as usual.

2. Une tradition mystique véhicule l’idée que la période de l’année du calendrier juif dans laquelle nous nous trouvons, la période de l’omer qui dure 49 jours et sépare Pessah’ de Shavouot, est une période de deuil qui deviendra un jour période de joie, et que au fil de l’histoire, les évènements feront que les jours de fête s’y installeront jusqu’à remplir ces sept semaines de moments de joie.

Il y a déjà le fameux lag baomer, qui se rattache à des évènements s’étant produits du temps de Rabbi Akiva, il y a près de deux mille ans, et qui marque déjà comme la semi fin de la période d’ombre au bout de 33 jours au lieu de 49. On continue à se sentir pendant l’omer entre le 34ème et le 49ème jour, mais le deuil n’est plus de rigueur, on peut se couper les cheveux. On peut même célébrer un mariage.

Et certains disent que yom haatsmaout aussi est venu se placer pendant ce omer. Le 20ème jour.

Mais yom haatsmaout ne se rattache qu’à des évènements survenus il y a 70 ans. Et il faut plus que 70 ans pour convaincre des rationalistes. Deux mille ans passent tout juste la barre.

Yom haatsmaout « bénéficie » ainsi de sensiblement la même « popularité » que yom yeroushalaïm. Non évènements. Non jour de fête. Jour de catastrophe pour les plus extrémistes..ou les ennemis.

3. La semaine dernière, est venue s’ajouter aux dates de l’omer transformées en jours de fête la date du 40ème jour de l’omer.

Et il se passera probablement très longtemps avant que cela ne soit ratifié, et encore plus longtemps avant que cela ne soit accepté, tant par les sceptiques, que par les rationalistes, de Paris ou de Jérusalem.

Et pourtant, la semaine dernière s’est trouvée comme actualisée une histoire que l’on trouve dans la Bible, en Rois II chapitre 7. Où il est conté que le siège de Jérusalem s’est trouvé soudain comme miraculeusement levé. L’ennemi était là, et il s’avéra au matin qu’il était parti, qu’il avait levé le siège.

Les rationalistes, les gens sérieux, les européens, les parisiens, les lecteurs du Monde, vous diront que l’histoire géopolitique contemporaine n’est pas un ramassis de croyances primitives. « Soyons sérieux ! La Bible et ses légendes, comparée à notre actualité d’hommes modernes..laissez-moi rire » entendrez-vous rapidement si vous osez assimiler vos vues de l’esprit à la réalité.

Rien ne s’est passé la semaine dernière. Et surtout pas par l’intermédiaire ni d’un ou deux discours de dirigeants à ne prendre en rien au sérieux, assoiffés de rating, d’idées fixes, de populisme, ni du fait d’une prétendue opération secrète, ni du fait d’une attaque aérienne.

Rien ne s’est passé...si ce n’est que l’Iran qui suit ces vingt (ou quarante et une) dernières années une même ligne de demonisation d’Israël, d’obsession négationniste vis à vis de la shoah, et de menaces d’éradication de ce pays de la carte mondiale, le même Iran qui s’installait militairement en Syrie toutes ces dernières années, le même Iran qui menaçait tout dernièrement de réagir violemment à une attaque imputée à Israël, le même Iran a prononcé son « attachement à la paix au moyen orient et à un regard serein vers l’avenir ».

Il n’y aura que les mystiques pour oser avancer que le monde, et Israël en particulier a assisté la semaine dernière à un miracle. Un miracle en vertu duquel l’actualité est soudain passée de menaçante à tranquille. Les abris du golan ont été re-verrouillés, cela, tout le monde a pu le lire dans les journaux ou l’entendre à la radio, mais il ne se fait pas au 21ème siècle dans les cercles sérieux, rationnels, d’être départis de scepticisme et de croire à ce que l’on dit à la radio ou dans les journaux.

Je suis de ces mystiques. Une guerre a été ou évitée ou miraculeusement gagnée en temps éclair, et il convient d’appeler de tels retournements du nom de miracles.

Il faut dire le hallel à yom haatsmaout, à Yom Yeroushalaïm, et peut-être aussi le 40ème jour de l’omer.

Peut-être fixer d’élever ces jours au rang de jours de fête du calendrier juif est-il hâtif, inconsidéré. Peut-être ne pas les élever ressort-il de l’ingratitude.