mardi 29 mars 2016

Lycée français de Jérusalem en 1981 - 2ème texte. En parallèle de début d'études israéliennes

גם כאן, כמו בטקסט הקודם, יש טקסט בעברית במקביל לטקסט בצרפתית. אין זה התרגום של זה. שניהם מתארים את מה שארע במקביל באותה עת. מה שהתרחש בצרפתית מסופר בצרפתית. מה שארע בעברית מסופר בעברית


Le lycée français de Jérusalem était à cette époque une structure composée de trois internats : l'internat non-religieux des "secondes" et "premières" situé à l'intérieur de la "havat hanoar hatzioni", l'internat religieux pour les secondes, premières et terminales situé au mahon Pardess qui était à l'époque rehov Gad et dirigé de ferme mais chaleureuse manière par Shlomo Zemour - dont Martine, la femme, avait été ma collègue à l'école française, et l'internat non religieux des terminales, autrement appelé "internat de la mochava" en référence au quartier dans lequel nous nous trouvions, et du lycée situé alors rehov Sokolov.

Nous étions à une semaine de la rentrée scolaire, et mon agenda s'était tout de suite trouvé rempli d'une réunion après l'autre.

Me reste le souvenir saisissant de mon premier contact avec le lycée : je me vois parcourant à pied la distance qui séparait l'internat du lycée, en compagnie de celui qui était le directeur sortant du lycée. Ce fut en fait mon unique rencontre avec ce professeur de math. devenu directeur, qui quittait pour des raisons que j'ignorais, mais qui était encore de la mise en place de l'année scolaire qui s'ouvrait, et que j'entendis soudain, alors que nous marchions l'un à côté de l'autre sur un chemin que je faisais pour la première fois, me dire à propos de je n'ai plus aucune idée quoi : "c'est de ta faute". Cet individu ne me connaissait que depuis quelques minutes, ne devait plus jamais me revoir (nous ne nous sommes jamais re-rencontrés), savait que je venais de prendre mon poste la veille, et avait le toupet de déjà savoir ainsi me tancer, savait ainsi si élégamment me souhaiter la bienvenue ! Je ne répondis rien, n'étant pas de nature à commencer immédiatement à me battre dans la cour de récréation mais l'idée que je me fis de lui sur le champ ne fut jamais compensée par rien et reste donc intacte jusqu'à ce jour.

Je ressentais surtout le soulagement de n'avoir pas à travailler avec un pareil caractériel. Il était heureusement remplacé par David Perez, professeur de philo, qui resta en poste les deux ans où je dirigeai l'internat, que j'appréciai sans ombre et avec lequel j'eus de très bons contacts. Il était très philosophe, dans son regard sur le monde, dans ses relations avec les collègues et les élèves, et dans sa façon de diriger.

Il était en fait un de l'équipe des profs, celui qui avait été sollicité pour remplacer le directeur sortant, et qui avait accepté, tandis que l'ambiance reflétait que peu lui auraient contesté le poste, peu se seraient ainsi jetés dans ce qui paraissait de l'eau loin d'être constamment agréable.

L'équipe me parut assez homogène, plus qu'elle ne l'était vraiment, mais émanait des contacts que j'eus petit à petit avec l'un puis l'autre, une très sympathique et impressionnante ambiance familiale, chaleureuse, et de dévouement illimité au soutien aux élèves. 

C'était nouveau pour moi. J'arrivais cependant d'une école juive, mais qui était néanmoins française, et donc où on ne se tutoyait pas tous et où seulement certains se faisaient appeler par leurs prénoms. Ici, les profs n'avaient des noms de famille qu'afin de ne pas les confondre avec ceux qui avaient le même prénom, et bien qu'en français, tout se gérait à l'israélienne, sans le moindre vouvoiement.

La secrétaire du lycée, Huguette, était, sans en avoir encore l'âge, comme la grand-mère de tous les élèves, celle de qui ils peuvent tout sinon attendre, au moins éspérer, celle qui ne leur ferait jamais aucun reproche et au contraire intercèderait constamment et en toutes circonstances en leur faveur.

Tout ce monde était très fier des progrès qui étaient ainsi réalisés année après année, et les uns comme les autres se vantaient régulièrement de comment les choses n'étaient "plus du tout "comme à Natanya" (où le lycée avait fait ses premiers pas) ou comme du temps où tout le lycée était à "la mochava" et où les élèves "venaient même en classe en pyjama".

Sarah (à cette époque encore Kadosh), Shimon Darmon, Sarah Ventura, Odile, Sarah Darmon, Guy Mimouni, Yossefa, Ada, Yaël, Guéoulah, Maïmon, Avi, Rivka, Nelly, marie-Paule, Chantal (zal) et ceux dont le nom ne se présente pas à mon esprit mais dont je revois les visages et dont j'entends les voix, constituaient une équipe sympathique, jeune et très impliquée, convaincue d'oeuvrer pour le sionisme et l'intégration en Israël.

Pour ce qui est de l'internat, nous recevions cette année-là 53 élèves, pour s'occuper desquels nous étions une équipe de cinq. Une "em baït" ( un terme - ainsi que la fonction - que je découvrais. Il s'agit de la personne invariablement féminine, en charge de tout l'aspect matériel du bien être des pensionnaires, incontournable dans les internats israéliens. Sa fonction concrétisait ce à quoi nous étions virtuellement rattachés : la grande chaine des internats israéliens, des internats d'Alyat Hanoar, et elle était à peu près le seul ingrédient israélien authentique de toute la structure ), trois éducateurs et moi. La "em baït" était Martine, que je connaissais des e.i.s, qui avait déjà trois ou quatre ans d'ancienneté au lycée français, et les éducateurs, Haï et Ruthy, anciens élèves devenus éducateurs après leur période d'armée, et Jean-Pierre. Nous tous étions des français, nous-mêmes en cours d'intégration, et en fait avec assez peu d'écart d'âge et d'avance dans ce domaine sur les élèves dont nous avions la charge.

Tous ces profs. et équipe de l'internat avaient quelques longueurs d'avance sur moi aux chapitre Israël et au chapitre lycée français et émanait d'eux une atmosphère de prudente confiance mélée d'une certaine défiance dont le contenu sous-jacent était que ce travail "n'était pas de la tarte". J'allais donc être accompagné, mais non moins observé, et jugé. 
  
J'avais moi-même 26 ans et j'avais déjà vu sur la liste que certains élèves n'avaient que sept ou même six ans de moins que moi.

La veille de la rentrée scolaire, l'internat ouvrit ses portes. Je n'avais qu'une semaine d'ancienneté en Israël mais j'avais rempli la première étape de mon contrat, j'étais installé dans l'appartement ( encore sans ni Marianne, ni Ayala, ni nos meubles, mais installé  !), et il y avait déjà eu au moins une réunion de chacun des différents forums avec laquelle ma fonction exigeait le contact.

Il ne restait plus qu'à recevoir, découvrir, installer les élèves, puis se mesurer à eux. Je n'avais en fait aucune appréhension. Surtout un peu d'anxiété. Celle qui vous accompagne avant de lire la Torah et de réciter le discours de remerciements le jour de la bar mitzvah.


בקיץ 1978, אחרי פרידה נרגשת מתפקידי כמורה בבית ספר ע״ש הרמב״ם בבולון, התכניות שלנו היו לעליה.
למבחן הפסיכומטרי נבחנתי נדמה לי בתחילת אותו קיץ ותוצאותיו פתחו לי דלתות ללימודי פסיכולוגיה באוניברסיטה העברית. מריאן הייתה אמורה לעלות לשנה ד׳ בלימודי הרפואה והיתה אופציה קיימת לעבור מלימודים בצרפת ללימודים בישראל בשלב זה.

לא ממש ארזנו חפצים, כי נשארה עדיין אי וודאות מסוימת, אך הלכנו ללמוד באולפן הקיץ של האוניברסיטה. מריאן התחילה לפניי ביולי, והצטרפתי אליה בתחילת אוגוסט. היה מאד נעים. היינו גרים בדירות לזוגות נשואים, ברחוב גואטמלה שבקרית היובל, לא רחוק מהכיכר השכונתית החמודה, שעד היום משמשת לב השכונה. היה עליה הסופרמרקט, חנות ה״טמבור״ הטיפוסית, היתה בוודאי מגדניית פראש, היו כל מיני חנויות קטנות, לכלי תפירה, לכלי מטבח, לכלי הכתיבה, חנות הספר, קיוסק ה״לוטו״, הפיצוציה, מוכר העיתונים, והיה עדין ״קולנוע 1״ עם האווירה ״וינטייג׳״ המיוחדת של קולנוע שכונתי. נדמה לי שחוץ מהקולנוע, כל החנויות נשארו כמעט בלי שינוי עד היום.

האולפן היה אינטנסיבי. בילינו חודש מצויין בירושלים, בשימוש אינטנסיבי בקו וים 18 ו24, על הדשא של הקמפוס, בין המנזה הבשרית לקיוסק ולאקדמון, וגם על הדרך עד לדירת הוריי דאז, בשכונת גילה הרוחקה והמבודדת, אך יצא שמריאן לא התקבלה להמשך לימודיה, ונאלצנו לחזור לצרפת לעוד שלוש שנים.

זה היה אילוץ מסוג ״נאלצנו - אך לא בכוח נסענו״. אני אמנם זוכר שהיינו מוכנים להשתקע כבר בארץ, אך לא שחווינו את החזרה הזאת כאסון.

התחלתי ללמוד פסיכולוגיה בפריס. כעבור שנה, חזרתי גם לבית הספר ללמד במקביל ללימודים שלי, והמשכנו לחיות חיי צעירים בפריס, עם היציאות, עם האווירה הפריסאית, עם החברים, עם הנסיעות הקצרות פה ושם לאזורים שונים בצרפת, פעם לים, פעם לסקי, פעם לכפר. 

כעבור שנה, עברנו דירה, או, יותר נכון, נכנסנו לדירה בבעלות המשפחה, מריאן נכנסה להריון והתחלנו להתכונן לבוא התינוק.

בשלוש השנים הללו, התחלנו גם לפקוד בעקביות את שיעורי לוינס בשבת בבוקר בבית ספר ENIO, המשכתי למלא תפקידים בצופים, מריאן שילבה תפקידי אחות אחדים עם לימודי הרפואה.

האם יכולנו כך להמשיך אולי שלושים שנה ?

שלושה פרמטרים ״הצילו״ אותנו. אני בפירוש מתכוון במלוא המשמעות למונח זה שיישמע אולי קיצוני. נשארתי עד היום די קרוב וקשור לידידיי בצרפת, אך אין לי כל ספק שלא הייתי רוצה כלל וכלל לחיות את חיי שם. בגלל כמעט כל הסיבות שבעולם. העליה ״עלתה״ לנו ברמת החיים ועיכבה אותנו בהתקדמות המקצועית, אך בו בזמן, ״הרווחנו״ את כל מה שהרווחנו. את האווירה הבית ספרית לילדים שלנו, את הגדילה ה״שכונתית״ שלהם, עם החברים מגיל הגן ועד היום. ובמיוחד הרווחנו את החוויה להימצא במקום בו ניתן לחיות את היהדות בדרך הטבעית והאינטגרטיבית ביותר, שמהווה עבורי את הרגשת ה״להרגיש בבית״. בצרפת, לא הייתי ״בבית״. לא בעיניי, אך בגלל שגם לא ובעיקר לא בעיניי הצרפתים.

הפרמטר הראשון היתה כוונתנו המקורית, בעקבותיה עלו הוריי. רצינו לעלות. זו היתה החלטתנו, וגם התחלנו מהלך, וכתוצאה ממהלך זה, הוריי היו כבר בירושלים. שנה לאחר מכן הצטרפה אליהם אחותי, ושנתיים אחרי זה סבי וסבתי הגשימו את חלומם בן ה 60 שנה.

הפרמטר השני הוא הפיגוע של רחוב קופרניק ב 1980. פיגוע מכוון נגד היהודים, פיגוע שסיים את ״עידן הזהב״ של יהדות צרפת ופתח את העידן החדש, עידן בו הותר הרסן על הדיבור האנטישמי. זה התחיל באותו יום עם פליטת הפה המפורסמת של ראש הממשלה דאז (ריימונד בר) ״זה היה פיגוע מכוון נגד היהודים ויצא שנפגעו צרפתים חפים מפשע״. האיש ספג המון בקורת על אמירה זו, אך היא פתחה את הדרך. מאז, חזרו באופן איטי אך עקבי כל  סממני האנטישמיות אל קדמת במת החברה הצרפתית.

הפרמטר השלישי הוא שיחת הטלפון שקיבלתי ביוני 1981, ובה, באמצעות קולו של קלוד סיטבון, הציעו לי תפקיד ב״מגמה הצרפתית״ של ״עליית הנוער״.

התכוננו לנסיון השני לעלייתנו גם לפני שיחת טלפון זו. וגם עשינו מעשים קונקרטיים, וביניהם מהלכים לקראת לימודי התואר השני בפסיכולוגיה בארץ. 
לא שמהלכים אלה היו כל כך מעודדים. זכור לי בעיקר ביקור במחלקה לפסיכולוגיה (אז, עדיין בגבעת רם) ומפגש עם יועצת המ.א. דאז, פרופ׳ רות גוטמן, אשתו של פרופ׳ לואיס גוטמן המנוח.
שיחה זו לא יכלה להיות פחות אופטימית ומעודדת. לדעתה, לא כדאי היה לי להתכונן למבחן כניסה, מכיוון שלא היה לי שום סיכוי להתקבל. 

יצאתי מהשיחה, הלכתי להירשם למבחן דאז (מבחן ה g.r.e. של האוניברסיטאות האמריקאיות) וקניתי את הספר Hillgard שהיה נחשב "תנ״ך הידע הפסיכולוגי" ו"ה"חומר המיוחד לקראת המבחן, לקחתי איתי את הטפסים לרישום ונסענו חזרה לפריס.

למידת החומר מתוך ה Hillgard לא היתה משימה פשוטה. כמובן שהכל היה באנגלית (כך גם היה המבחן) ובנוסף, לא היה לי מושג ירוק כמעט ברוב התחומים שעליהם היה מדובר בספר : הייתי סטודנט באוניברסיטה מוקדשת כולה לפסיכואנליזה ולמדתי ב.א. שונה בתכלית השינוי מב.א. בישראל, ללא אף ״מבוא לזה״ ו״מבוא לזה״. כך שלא ידעתי כלום, לא על פסיכולוגיה התנהגותית, פסיכולוגיה חברתית, או אפילו פסיכולוגיה מחקרית. 

הגיע יום המבחן. זה התנהל באיזו דירה מטעם הקונסוליה האמריקאית בפריס והייתי המתמודד היחיד. אורך המבחן היה כאורך הגלות, היה עליי לשבת בחדר קטן וחצי חשוך ולענות נדמה לי על 200 שאלות תוך 170 דקות, כאשר תשובה לא נכונה היתה גוררת ציון שלילי, נדמה לי של חצי נקודה. כלומר מבחן אמריקאי מתוכנן כך שהיה מסוכן מאד לענות באופן עיוור.

בנוסף, נוסף לי מבחן באנגלית, ה toeffl. יצאתי מהמבחן במצב של אפיסת כוחות ותקווה. כאן, היה נדמה, הסתיים החלום ללמידת מ.א. בישראל.

בכל זאת, על בסיס תוצאות הפסיכומטרי מלפני שלוש שנים, הגשתי מועמדות למ.א. בירושלים ובבר אילן.

ביולי 1981, אחרי שיחת הטלפון הנ״ל, ניגשתי לראיון קבלה אצל בנימין עמירם בעליית הנוער, וכשהוא שמע שיש לי תכניות ללימודי פסיכולוגיה, הוא מיד דרש ממני להתחייב לא ללמוד בשנה הראשונה, גם אם אתקבל. הייתי כל כך משוכנע (בהשראת רות גוטמן, ואחרי המבחן המפרך) שלא אלמד שהתחייבתי באותו רגע.

ופתאום, במרוצת החודש הראשון בפנימייה, הגיעה מהאוניברסיטה העברית תשובה חיובית. לא האמנתי למשמע אוזניי. לא האמנתי עד כדי כך שעד היום אני לא מאמין שהתקבלתי בזכות תוצאותיי. האמנתי לתוצאות המבחן באנגלית שהעניקו לי פטור. האמנתי כי היה לזה הגיון. אבל לא ידוע לי כתוצאה מאיזה נס השגתי ציונים שגרמו לכך שהתקבלתי לפסיכולוגיה. אולי היו חייבים לקבל אחוז מינימאלי של סטודנטים מחו״ל ובאותה שנה רק אני נרשמתי ? לא אדע לעולם.

התשובה החיובית של האוניברסיטה, הבשורה הטובה שהתקבלתי אמנם יצרה בעיה לא צפויה : כיצד לפתור את ההתחייבות לבנימין עמירם ?

אם לא ידעתי מה גרם לכך שהתקבלתי, ידעתי בוודאות שנס זה לא יחזור על עצמו פעמיים. כך שהחלטתי ללמוד ללא היסוס. 

הלכתי עם זה לממונה עלי, קלוד סיטבון. הצעתי לו שארשם רק לחצי תכנית, שאפרוש את הלימודים על שלוש שנים במקום שנתיים. הוא היה נבוך, לא נתן לי תשובה.

בהמשך, קיבלתי תשובה ג׳נטלמנית מאד : ״היתה אי הבנה. דרשו ממני לא ללמוד כי חשבו שאני מתכוון לתואר ראשון. עכשיו שהסתבר שמדובר בתואר שני, אין בעיה״. עד כאן לשון התשובה.

וכך היה שהתחלתי את לימודי המ.א. בפסיכולוגיה באוניברסיטה העברית בירושלים. 


dimanche 13 mars 2016

Alyah. En 1981, et au lycée français mais initiée bien auparavant.

הקורא בשפה העברית ימצא טקסט בעברית מיד אחרי הטקסט הראשון, הכתוב בצרפתית. אין הטקסט בעברית תרגום עברי למקבילו, המתאר את החוויה ״הצרפתית״, אלא  שהוא מתאר את החוויה הישראלית

Ce 22 août 1981, j'arrivai donc avec armes et bagages prendre mon poste, et l'appartement de fonction qui allait avec, dans l'internat de "la mochava", au 5 rehov Dor dor vedorchav, cette perle architecturale où se trouvait depuis déjà plus de dix ans le "lycée français de Jérusalem".

Il s'agissait d'un petit terrain comprenant deux bâtiments et un magnifique jardin les reliant l'un à l'autre, le tout comme dissimulé à tout regard entre les vieilles maisons du quartier de la colonie allemande de Jérusalem.

L'appartement de fonction qui m'était destiné était situé aux deuxième et troisième niveau d'un des deux batiments, et comprenait une terrasse gigantesque de laquelle on voyait jusqu'à la vieille ville, mais d'où on n'était visible par personne. Le bâtiment est du style de ces maisons des templiers dont cette partie de Jérusalem regorge, et il est situé à quelques minutes à peine d'Emek Refaïm, qui n'était alors pas encore l'artère fancy de la ville mais dont la métamorphose entamée était déjà un peu perceptible.

A cette époque, le terrain avait deux entrées, une par le haut, la rehov Dor dor Vedorchav, pour piétons et véhicules, et une par le bas, par la toute petite rue Emmanuel Noah', pour piétons uniquement. Cette deuxième entrée servait aux élèves l'après-midi et le soir, tandis que l'entrée du haut servait le matin, aux élèves et au fonctionnement général de l'internat. Je devais condamner l'entrée du bas au cours des deux ans que je passai sur place, mais je ne le savais pas encore en cette fin d'été 81.

Je relevais de ses fonctions Matitiyahou Schliachter qui avait occupé le poste pendant deux ans et qui quittait par convenances personnelles (je devais deux ans plus tard quitter moi-même pour exactement les mêmes raisons mais je ne le subodorais pas encore).

Je les avais déjà rencontrés lui et sa femme Myriam lors de mon voyage de prospection en juillet. Ils m'accueillirent très chaleureusement  et devinrent des amis pour les trente cinq ans qui suivirent, nous proposant soutien et accompagnement qui contribuèrent à notre intégration de telle manière que je leur suis reconnaissant de cela jusqu'à aujourd'hui.

Pour moi, ce poste était incontestablement une aubaine (qui fait ainsi son alyah en recevant salaire et appartement de fonction depuis le premier jour ?) mais il était non moins un saut en avant.

Marianne renonçait à son rêve des logements étudiants dont nous avions goûté l'été 1978 quand nous étudiions à l'oulpan dans l'attente de devenir étudiants à plein temps, et il me fallait surtout commencer un peu tout en même temps : apprendre à diriger un internat d'adolescents, mais non moins apprendre à exercer en milieu israélien, ce qui voulait dire aussi exercer en hébreu au moins en partie. Peu de temps après, il s'avéra que je devais aussi joindre le statut d'étudiant à celui de directeur.

Je devais ce poste à deux des fonctions que j'avais remplies au sein des e.i.s. Pendant trois ans j'avais été responsable national, "permanent au QG", et l'été 1980 j'avais dirigé l'auberge e.i. C'est la conjugaison de ces deux facteurs qui avait permis lors des discussions au sommet et des recherches d'un remplaçant à Matityahou, qu'un (Gaby Weill) dise :"et si on proposait à Jean Pisanté?" Et qu'un autre (Claude Sitbon) puisse répondre :" ah oui ! Pourquoi pas ? Je le connais". C'est cette conjugaison qui fit que je reçus un beau jour, à l'école Maïmonide à Boulogne, un appel téléphonique d'Israël et que fut entamé le processus.

En juillet, j'avais eu un premier contact avec cet "état dans l'état" qu'est l'agence juive. Lors de mon entretien d'embauche avec cette image d'Epinal de kibboutznik dati qu'était Binyamin Amiram, j'avais dû d'entrée de jeu accepter de renoncer à être étudiant en parallèle du poste, et je garde de cet entretien un souvenir global de première prise d'empreinte de Jérusalem, de première immersion dans ce qui allait être ma nouvelle vie.
Mon interlocuteur me paraissait proche de la retraite, était vêtu d'une chemise à carreaux, une kippa crochetée sur le crâne, et je ne savais pas encore que je parlais avec le représentant d'un parti politique. Tandis qu'il me sondait, je regardais par la fenêtre située derrière lui, et je voyais les créneaux de l'école Betsalel. C'étaient mes premiers regards d'habitant, c'était le début de la découverte de ma nouvelle réalité.

Une autre rencontre préalable avait été avec un personnage non moins coloré et qui était lui aussi comme ambassadeur de la  tendance politique opposée au sein d'"alyat hanoar". Le "Docteur" Chaari n'était pas médecin, et je ne savais pas encore qu'un jour on m'appellerait Docteur Pisanté alors que je ne serais pas médecin, je ne savais pas encore qu'en Israël un docteur en histoire, en éducation ou en psychologie ne renonce en aucun cas à son titre. 

Ni Binyamin Amiram ni Dr Chaari n'étaient francophones, et ils étaient chacun persuadés d'être le dernier mot dans la gestion de cet établissement, qui n'était à leurs yeux que  "le programme français", qu'ils administraient en parallèle du projet brésilien, du projet américain, le tout ensemble constituant ce qu'était à l'époque le reste de cet empire d'immigration de mineurs qu'avait été ce département au glorieux temps d'Henrietta Solz, en cette période où Alyat Hanoar administrait surtout les internats eux aussi survivance d'une autre facette de la même epoque révolue, celle de l'éducation en villages d'enfants, époque du socialisme et des kibboutzim, époque du pionnierisme et des beaux jours du sionisme socialiste. 

Binyamin Amiram et le Dr Chaari avaient en tête chacun son "lycée français de Jérusalem", sans avoir une idée exacte de ce de quoi était constituée l'identité juive française des années 70-80.

Ils étaient à mes yeux un peu comme deux fossiles, deux representants d'époques qui me semblaient déjà appartenir au passé, et ils regardaient le lycée et ses élèves uniquement depuis leur lorgnette israélo-sioniste, mais ils étaient nėanmoins à des postes clés de notre département, comme c'était aussi le cas dans les autres départements de l'Agence juive ou de l'organisation sioniste mondiale, regorgeant d'individus nommés en fonction de l'équilibre obtenu au vote du congrès sioniste, de la même manière que dans un gouvernement sont attribués les maroquins.

Yosske Shapira était "notre" ministre, le chef "politique" du département de "l'alyah des jeunes" auquel je découvrai chaque jour un peu plus que j'appartenais.

Le lycée français était ainsi réparti en un établissement scolaire, et trois internats, installés selon la même logique politique. Un internat religieux, un internat non religieux au sein de la "havat hanoar hatsioni", ceci non tant du fait que cela correspondait au judaïsme français qu'à la répartition des tendances au sein de l'appareil de l'agence juive, et l'internat que l'on me "confiait" (de facon extrèmement relative comme la suite va le montrer), qui était comme un terrain neutre entre ces deux extrèmes.

Tandis que les nouveaux immigrants en Israël découvrent l'agence juive en tant qu'ils sont dépendants d'elle, voici que j'appartenais déjà à l'appareil, sans pour autant mieux le connaître.

Je découvris dès les premiers jours qu'exercer ma nouvelle fonction procédait ainsi d'un savant exercice de funambulisme entre une réelle fonction de direction, à laquelle j'étais relativement préparé par mon expérience antérieure, et une fonction de "pion" dans un jeu dont les régles m'étaient totalement étrangères.

Une semaine avant que les premiers élèves ne commencent à arriver, j'allai de jour en jour, de découverte en découverte.

Le plus étrange était cette conciliation, qui procédait de l'acrobatie, entre la fonction de directeur, et celle de pion.

Au chapitre pion, je devais travailler dans un bureau, aux côtés d'une secrétaire (Monette), qui travaillait déjà avec Matityahou et qui était toute bienveillance, mais en ne comprenant elle-même qu'une partie de toute cette administration dont nous n'étions qu'un rouage, et dont elle se tenait le plus à distance possible, la jugeant - à juste titre - comme la dépassant totalement.

Le personnel technique de l'internat était aussi à la fois une donnée que je devais administrer mais en l'absence de tout pouvoir, de tout droit de décision les concernant. 

Ils étaient les employés de l'agence juive, ou du catering à qui cette dernière avait confié la cuisine et la préparation des repas, et ils devaient fonctionner au service de l'internat mais tout en n'en dépendant absolument pas.

Chaque semaine voyait ainsi défiler une farandole permanente d'individus, qui tournaient en permanence autour de l'internat, qui étaient chacun investi de la certitude d'être aux commandes chacun de son paquebot, et qui n'étaient pour moi que le décor dont je devais tout d'abord assimiler les règles du jeu. Je voyais ainsi passer, Shmuel Hoïzman, qui donnait ses ordres au personnel de cuisine et de maintenance, qui prenait les décisions de travaux d'entretien, qui se vantait auprès de moi d'avoir eu sous sa responsabilité la signature de contrats de plusieurs millions, et qui serait le seul décisionnaire si je décidais de faire remplacer même une simple porte. Apparaissait de temps à autre Shlomo Gabizon, beaucoup plus chaleureux et aimable que le précédent, qui était assistant social et "coiffait" apparemment l'état mental général des élèves, mais, non francophone, il n'était pas le psychologue auquel je pouvais faire appel en cas de problème (et il allait y avoir des problèmes, je ne le savais pas encore mais ils ne tardèrent pas à surgir). Je connus aussi un autre "patron" , Méïr Gottesman, chef de l'appareil executif de l'Alyat hanoar avec lequel je n'eus que très peu de relations, je connus aussi Méïr Beck, chef du personnel et duquel je dépendais donc directement. Paradoxalement, Binyamin Amiram, et le docteur Chaari, cités plus haut, ne faisaient pas partie de cette farandole. Ils évoluaient dans des sphères supérieures à cette sous-partie qu'était notre internat.  Par ailleurs, je connus aussi "adon Rogojinsky", qui arrivait presque tous les matins au volant de sa pontiac rouge et qui était le patron enrichi (on racontait derrière son dos qu'il avait débuté comme distributeur de thé dans les bureaux de l'agence juive et avait petit à petit bâti un empire) du catering entre les mains de qui était laissée la cuisine. 

Tous ces personnages d'une certaine manière ne me "voyaient" pas, à l'exception peut-être de Meïr Beck de qui je dépendais vraiment et qui semblait investi d'esprit de responsabilité. J'étais pour eux le "pion" de passage. J'allais être là puis être bientôt remplacé et cela ne changerait rien à leur vie. 

En parallèle de tout cela, j'avais au-dessus de moi tout un appareil, francophone celui-là, plus spécialement dédié à la tâche qui était la nôtre et qui consistait à veiller au quotidien et aux ėtudes des élèves. Je le décrirai plus loin.

Et j'avais autour de moi les personnages plus directement en place, affectés à notre seul internat, Dany l'homme d'entretien, Esther la cuisinière et ses subordonnés, et Ruben le gardien de nuit.

Esther était employée par Rogojinsky, et elle était d'un calibre bien supérieur à ce qu'exigeait la préparation de repas pour 60 élèves. En conséquence de quoi étaient préparés au quotidien dans la cuisine de l'internat AUSSI ces 60 repas, aux côtés desquels Esther préparait, dirigeant de main de maître toute une équipe qui travaillait au jour le jour à l'internat mais n'obéïssait qu'à elle, moult denrées destinées à buffets de réceptions et cérémonies en tous genres. Travaillaient sur place au quotidien plusieurs employés. Certains étaient comme les représentants de catégories que je découvrais, propres au paysage israélien, et qui m'étaient encore étrangères. Il y avait ainsi le mashguiakh', inévitable figurant de toute cuisine israélienne, de traiteur, de restaurant, ou de tout établissement pourvu d'un certificat de cacherout. Celui de l'internat était du profil classique : un septuagénaire visiblement spécialisé dans l'inutilité, et dont le rôle unique était semble-t-il de trier le riz. Il y avait Ahbed, l'aide-cuistot principal d'Esther, lui-même en général secondé d'un, deux ou trois journaliers selon la quantité de travail du jour. Il était à l'image de beaucoup de ses compatriotes : on sentait clairement en lui une sourde hostilité dont il était difficile de décider si elle était uniquement politique ou si s'y ajoutaient quelques ingrédients socio-économiques. Je suppose qu'il savait l'hébreu mais il ne le parlait pas et nous restait la langue des gestes, ponctuée d'un minimum de sourires. La situation face à lui était tendue, et cela s'accentuait encore quand il se mettait à dialoguer comme "autour de moi" avec un de ses aides, en général sur un air un peu musical. Il me paraissait toujours qu'en pareilles circonstances, ils se riaient en fait de moi, de nous, étrangers dans leur pays, ne connaissant ni leur langue ni leurs usages, mais prétendant néanmoins être les habitants de ce pays plus authentiques et légitimes qu'eux, visiblement à leur constante irritation.

Le tout constituait une bizarre situation d'état dans l'état dans l'état.

J'avais un siège et une table dans le bureau d'un directeur en qui les élèves voyaient l'autorité locale (très relative pour certains) tandis que les fonctionnaires de l'agence juive ne voyaient en moi qu'un petit subordonné.

J'arrivais ainsi d'un poste (aux eis) où j'avais eu la responsabilité d'un budget assez considérable et j'avais ici une autonomie équivalente à 500 shekels d'aujourd'hui, la comptable de Tel Aviv que je n'avais jamais vue se permettant de me crier dessus au téléphone si manquait un shekel.

Nous ėtions dans la dernière ligne droite avant le début de l'année scolaire, et les peintres et les maçons étaient en action. J'étais effaré. L'internat entier était repeint comme venait de l'être l'appartement de fonction dans lequel j'entrais, c'est à dire un peu comme les bureaux de Spirou peints par Gaston Lagaffe à l'arrosoir automatique, avec de la peinture jusqu'au centre des fenêtres, les plinthes et le sol. L'administration avait aussi décidé l'installation d'une grille sur un des murs extérieurs et un des voisins, Mr Minsker débarqua dans mon bureau à la première heure de mon troisième jour, un poteau enduit de béton mouillé dans une main, et un chapelet de reproches en excellent hébreu à la bouche. Il était scandalisé. Comment avais-je pu lui faire pareil affront ? Installer une grille entre son domaine et le mien, devant ses fenêtres, sans même le consulter...moi qui n'avais rien décidé ni même rien su de tout cela. J'étais celui qui avait les clés du bureau du directeur donc cela me désignait naturellement à être son interlocuteur. Heureusement, Shmuel Hoïzman, qui venait "inspecter" les travaux, arriva bientôt et il prit "l'écouteur". Il ne s'interessa pas plus au niveau de finition qu'aux récriminations de Mr Minsker qu'il balaya d'une phrase lapidaire qui sonne encore dans mes oreilles : " assita din latsmekha, ein li ma ledaber itekha". ( "Tu t'es fait justice toi-même - le pauvre homme avait sorti du béton tous les poteaux avant que ce dernier ne sèche et que le fait de l'installation de la barrière, imposée par le même Shmuel Hoïzman, soit irréparable - je n'ai rien à discuter avec toi !").

Je dus laisser le champ libre, à tel point que je n'ai jamais su comment ce conflit s'est trouvé règlé. Ce sujet était résolument au delà du domaine de mes compétences, et surtout, j'avais d'autres urgences, que ni Shmuel Hoïzman ni Mr Minsker ne soupçonnaient : j'étais à "jour j - 4". Les élèves arrivaient quatre jours plus tard et j'avais ce jour ma première réunion d'équipe de l'internat. 

Ceci était dans mes compétences et sera raconté dans les prochains épisodes.



חיי בארץ התחילו בשריד.

אני זוכר במעורפל את הנחיתה הראשונה שלי בנתב״ג ביולי 1970. זכורה לי אווירת הנחיתות דאז. באופן די קבוע, ריחות פרחי הדרים היו מקבלים אותך עם היציאה מהמטוס, החום הלח היה עוטף אותך באותו רגע כברכת ברוך הבא הראשונה, והנחיתה הראשונה בארץ היתה גם ההיכרות הראשונה עם נהג האוטובוס הישראלי האגדי (וה״אגד״י).

שכחתי את פרטי הנסיעה באוטו, אולי עמינדב בא לאסוף אותנו ? אולי פשוט נסענו במונית שירות ?
אבל אני זוכר את ההגעה לשריד, את הכביש הכפרי העובר בין העצים, את הכניסה לקיבוץ דרך שער הברזל הגדול בצבע בג׳ צבאי בפיתול של הכביש הצר, בנוף המקסים ושתוף השמש של הגליל התחתון.
היה זה עבורי מפגש ראשון עם המציאות הישראלית, אחרי שגדלנו על המיטוס ששמו : המשפחה שלנו בישראל.

ה״משפחה הישראלית שלנו״ היתה אז מחולקת אזורית בין שלושה מקומות : קיבוץ שריד, קיבוץ קרית ענבים, ותל אביב.

בקיץ זה, נסענו שלושתנו, דניאל - שזו לא היתה נסיעתו הראשונה לארץ, ושכמבוגר מאתנו מספר שנים היה לכאורה אחראי עלינו, מישל ואני. הייתי בן 15.

המשפחה בקיבוץ שריד מנתה 5 נפשות. דבורה, שהיתה בת הדודה של אימי ושתיהן בנות אותו גיל, בעלה עמינדב, ושלושת ילדיהם, נחשון (ז״ל), ערן וענת.

במשפחה הגרעינית שלי, אולי בהמשך, או כבר בתקופה הזאת, ידעו לציין בפליאה כיצד בקיבוץ ״השומר הצעיר״ ידעו לקרוא - באופן תנ״כי פרדוקסאלי - לילד הראשון שנולד לעמינדב, נחשון. בוודאי לזכר נחשון בן עמינדב, האדם הראשון שהעז להיכנס לים בשעת ״יציאת מצרים״ האגדית, ושבזכותו נפתח הים. בתור צרפתים, לא הכרנו את המושג ״קפיצת נחשון״, לא ידענו שהפרט המדרשי-תנכ״י הזה לגמרי השתלב בעברית המודרנית, וראינו את זה כקוריוז, כהוכחה לדברי ״מניטו״, המורה והרב האגדי של יהודי צרפת בכלל, ושל הוריי בפרט. ״מניטו״ היה מלמד שאין לראות את היהודים הדתיים כבעלים בלעדיים של המסורת. הוא היה מדגיש את קיבוצי השומר הצעיר כהוכחה מסויימת לכך שהגאולה הגיעה. הרי שהם מתנהגים כיהודים על אף שהם לא מרגישים זאת, או על אף שהם השתדלו לשנות את המסורת ולהתרחק ממנה. והנה. בא ילד ראשון לאב ששמו עמינדב, והם קוראים לו נחשון !

נחשון היה שנתיים מעליי, ערן היה שנתיים מתחתיי, וענת היתה אז עדיין ילדה קטנה. אולי בת 9 או 8, אינני זוכר.

דניאל היה כבר דובר עברית יחסית טוב ואני זוכר אותו מחליף משפטים שלמים עם דבורה ועמינדב להפתעתי ולהערצתי. אני, לעומת זאת, ידעתי את מה שה״תלמוד תורה״ הקנה לי עד לשלב זה - וזה לא היה הרבה - ועל כן, הקשר שלי איתם היה מבוסס על תנועות ידיים ועל מילים בודדות.


הקיבוץ היה הבסיס שלנו ונדמה לי שיצאנו ממנו מעט, לחיפה לפחות, לקרית תיבון הקרובה. בקיבוץ, אני זוכר את ה״חדר״ של משפחת חרמוני, את מקום העבודה של עמינדב, האסם, ואת הבית חרושת לאבני השחזה, עליו הסביר לנו עמינדב בגאווה שהקיבוץ היה מייצא אותן עד אל מדינות ערב, בהסוואת שם, כך שהקונים לא יידעו שאלה מיוצרות בישראל. אני לא פחות זוכר אל עמינדב עצמו, שהיה בעל מראה גלילי טיפוסי בעיניי. אדם בעל עור שזוף, מיובש ומקומט מהשמש הקשה, עם המראה הקלאסי והקסום בעיניי של הקיבוצניק, עם הכובע קסקט, השרוול הקצר לחולצת עבודה הכחולה, השפם והמראה הכללי השרירי. תמונה אחת מהאוסף של פרדריק ברנר, מקיבוץ ברעם, מראה כך שני חברי קיבוץ יושבים בחדר אוכל קיבוצי, משוחחים זה עם זה וסלט ירקות ישראלית-קיבוצית בצלחות פשוטות לפניהם.


החום היה כבד, בעיקר לילד שגדל באזור פריז והתרגל לאקלים ארופאי. אני בעיקר זוכר את העוצמה של אור השמש. אז, לא הייתי עדיין עוסק בצילום אבל נחשון היה חובב צילום, ואני זוכר אותו או מדבר איתי על זה, או מראה לי בעיקר ציוד, מצלמה. 


ב1973, מעט זמן אחרי פרוץ מלחמת יום הכיפורים, התבשרנו על נפילתו בשדה הקרב, עוד ביום הראשון של המלחמה, ביום הכיפורים עצמו, אולי בדיוק שעה שהתפזרה בינינו מתפללי קהילת ״סרוונדוני״ בפריז בשורת השוד והשבר הנוראה והמחרידה, ואני זוכר משנים אחדות לאחר מכן את החוברת שהקיבוץ הוציא לאור לזכרו, ובתוכה זכרונות, מכתבי פרידה ושירים, וכמה צילומים שהוא צילם. אני לא יודע אם ״ירשתי״ חלקית את אהבתי לצילום מנחשון, אבל אני יודע שהתמונות שאני רואה בחוברת זו, די דומים לדברים שגם אני אוהב לצלם. 


אני זוכר באופן ספציפי תמונה של נוף מדברי, וגם תמונת התפלגות אור מאחורי ברז השקייה. 


אין לי עוד הרבה זכרונות מהשבועיים האלה בקיבוץ שריד, חוץ מערב אחד בו הקרינו את הסרט ״רוזמריז בייבי״ של פולנסקי. ניתנה כנראה הוראה בקיבוץ שהסרט מתאים רק לבני 16 ומעלה, או לפחות לילדים מבוגרים מאתנו, ואני זוכר איך מישל ואני התגנבנו לראות את הסרט בהחבא. לא נראה לי שההקרנה היתה לאור הירח, אבל אני זוכר אותנו מתחבאים במדשאות ובין העצים של הקיבוץ בחשכה. אני זוכר את הכעס של דניאל כשהוא גילה זאת, ואני זוכר טוב שהוא צעק על מישל, ולא צעק עליי. 


מבלי שאני זוכר את הרגש שלי באותו רגע, אני זוכר שאני רשמתי את הפרט הזה לעצמי. מספיק כדי לזכור אותו עד היום.


מישל גדל כילד ״בעייתי״. בתקופה זו, ידעתי שהוא ידוע כילד שובב, קצת כילד שאין אפשרות לשלוט בו, כילד שמשגע מורים בבית הספר, כילד שעובר מבית ספר לבית ספר. הכרתי את יכולת ההשתוללות שלו, בין היתר מארועים שהיינו שותפים להם, לאו דווקא ארועים לכבוד שנינו, מעשי קונדס של מתבגרים צעירים. מעט אחרי הנסיעה הזאת, העניינים שלו הסתדרו, לשמחת כולם, בזכות רב פרנקפורטר מקהילת ״עדת יראים״ בפריז, והוא החל, יחד עם הוריו, את השינוי הרדיקלי בחייהם, מחילוניות עד לשמירה קפדנית של המצוות, שהובילה להתמעה מלאה בעולם החרדי. בשנת 1970, הוא כנראה היה עדיין קצת נושא לחרדה עבור דניאל, שבנוסף קיבל את האחריות עליו לחודש זה, ואולי בגלל הקושי, הוא מיהר לצעוק עליו, בו בזמן שלא הייתי בעיניו נושא לדאגה, וגם הייתי שנה וחצי מבוגר ממישל.


אני גם זוכר מחודש יולי זה שנסענו לחתונתם של נורית ויוסי כנראה איפהשהו באזור תל אביב אם לא בתל אביב עצמה. אני לא זוכר כמעט כלום מהחתונה עצמה. את נורית ויוסי הכרנו בעיקר בחודש אחרי, כשיוסי בעיקר לקח אותי, את הורי ואן לטיולים נדמה לי באזור יריחו. מהחתונה נשארת לי תמונה בזיכרון, אך נדמה לי שזהו זיכרון של תמונה, תמונת פורטרט של שניהם בזמן החתונה.
יכול להיות שהחתונה היתה הביקור היחיד שעשינו בתל אביב, שהיתה אז יעד מאד לא פופולארי בקרב משפחתי. עיר לא מחוברת ליהדות, ואולי עיר שמסמלת את כשלון העליה של הסבים שלי. נורית, אחותה הצעירהשל דבורה היתה מתגוררת בתל אביב אצל אביה יהושע אבל אני לא חושב שביקרנו אצלם בבית.


בשלב מסויים, כמתוכנן מראש, עברנו משריד לקרית ענבים והכרנו את המשפחה שלנו השניה, משפחת טאובר. יאיר היה אחיה למחצה של סבתי, היו לו שני בנים ישראל ורמי, והוא היה אלמן ונשוי בשנית לשולמית. גם להם היה חדר צנוע ואמנם היה הקיבוץ בעל מראה פחות מושקע, פחות ירוק.


בקיבוץ היה - איך לא - חדר אוכל אף הוא יותר בסיסי ופשוט מזה של שריד, היה מועדון פתוח בערב, שהזכרון המרכזי שנשאר לי ממנו הוא זכרון של תמיהה : מה יש לחפש במקום זה, בו אין כלום חוץ מאנשים מפטפטים זה עם זה ערב ערב ?


קרית ענבים יושב לא רחוק מירושלים ואני זוכר את הנסיעה באוטובוס אגד הישן, דרך ״שבע האחיות״, הלא הם שבעת הסיבובים של הכביש הישן, בהם האוטובוס היה נראה מוציא את נשמתו בו בזמן שהנהג היה משחק בלי סוף עם ידית ההילוכים תוך שהוא בקושי מסתכל אל הכביש, עסוק בדיון סוער עם הנוסעים על משחק הכדורגל האחרון, או על המצב הבטחוני-מדיני.


אני זוכר את חדר האוכל, את המועדון, ואת החדר של יאיר ושולמית. כשהגענו לשם, מיד אחרי שריד, השתלבנו בתכנית שכנראה יאיר תפר אותה עבורנו. אני עבדתי באפרסקים, בבית האריזה. אנחנו היינו אוכלים בחדר האוכל כי אז לא היתה אלטרנטיבה, והיינו מבלים קצת בבריכה, קצת בנסיעות לירושלים.


יחד עם כמה צעירים, חלקם מתנדבים סקנדינביים, יצאנו לטיול בנגב, במשאית ישנה שהרכיבו לה כמה כסאות מתקפלים לנוסעים בתא המטען.
אני לא זוכר מטיול זה כלום חוץ מהנסיעה עצמה, עם החלק האחורי הפתוח, ואחד הנוסעים שמדגים לנו את האפקט המפתיע של כוח התנופה : הוא היה זורק תפוח בקו אנחי תוך כדי נסיעה, והתפוח נופל היה לו חזרה לתוך היד למרות שהמשאית נוסעת במהירות.

היה זה קיץ עשיר מאד. ההורים הצטרפו אלינו לחודש השני, ואיתם המשכנו בביקור, בתיירות ובנסיעות, עד אילת, כולל ים המלח, מצדה ועוד.

קיץ שהשאיר חותם מאד חזק עליי ואולי כבר זרע את זרעי העליה שהתבצעה 11 שנים לאחר מכן.


mardi 1 mars 2016

Sur le manteau du roi, ou de l'enseignant ? une leçon midrachique de géopolitique


Shemuel tourna les talons. Il l'agrippa par le manteau et il se déchira (Shemuel 1. 15, 27). Quel manteau  ? demande le midrach (midrach Shemuel 18, 5). Celui de Shaül ou celui de Shemuel ?

Un pinaillage superflu serait-on prêts à répondre, presque agacés que ces rabbanim perdent ainsi leur temps à de telles questions ? 

Aux frais du contribuable, entendrait-on tout de suite après, de la bouche de quelque israélien laïque.

Et le midrach sur ce sujet est long. Trois réponses à la question sont ainsi présentées, avant que ne suivent d'autres questions sur le même sujet, mais chacune dans un autre contexte historique, et avec la même construction syntaxique : "le manteau de qui ? Suivi des mêmes trois réponses données par les mêmes intervenants, Rav, Lévi, et Rabbi Shemuel bar Nahmani. 

Rav répond toujours dans un sens, et Lévi toujours à son opposé.

Mais c'est l'avis de Rabbi Shemuel bar Nahmani qui semble être celui dont le midrach nous entretient. Comme si Rav et Lévi étaient le décor, comme si dans chaque question concernant l'humanité, on allait immanquablement se retrouver polarisés, avec Rav d'un côté, Lévi de l'autre, Hillel d'un côté, Shamaï de l'autre, mais comme si cette polarisation ne faisait avancer personne.

Comme vu aujourd'hui sur facebook en réaction à l'assertion : "avec des armes, vous tuez les terroristes, avec de l'enseignement vous tuez le terrorisme". Les talkbacks sont donc - immanquablement, obligatoirement - polarisés entre les partisans de cet avis, et leurs opposants. Il manque un Rabbi Shemuel bar Nahmani pour nous aider à réfléchir.

Finalement, entre Shaül et Shemuel c'est la même répartition. Un est "aux commandes", à l'exécutif. Il a les armes. Va-t-il éradiquer le terrorisme en tuant les terroristes ? 

Notre contexte est précisément juste au moment de la dispute entre Shemuel et Shaül, après que ce dernier ait exterminé les soldats d'Amalek (les terroristes sont-ils quelqu'un d'autre ?) mais ait épargné Agag, le roi d'Amalek, suite à quoi Amalek subsiste, suite à quoi le terrorisme continue d'exister dans le monde.

Pour rabbi Shemuel bar Nahmani (il s'appelle Shemuel, ce n'est certainement qu'une coïncidence), il faut d'abord comprendre ce qu'est ici le manteau.

D'aucuns diraient qu'il est le symbole de la royauté, de la gloire , et partant, diraient que la royauté est sortie tachée de cette erreur de Shaül. Entachée au point que lui-même est licencié, et même au point que la royauté elle-même ne s'en trouve endommagée.

Mais voila qu'existe un passage de la guemara (Sanhédrin 102 b) sur lequel sans doute s'appuie Rabbi Shemuel et qui vient suggérer que le manteau est bien ce dont on se couvre, mais qu'il s'agit surtout des valeurs desquelles on est vêtu - beaucoup plus que du faste. Et c'est apparemment ce qui le pousse à dire :"c'est du manteau de Shemouel qu'il est ici question". Comme pour dire :"ce qui est taché ce n'est non tant les attributs de la royauté, la gloire d'Israël, que l'enseignement de Shemouel qui n'est pas "passé". 

Comme pour dire : le véritable enjeu n'est pas tant la force militaire, que la force morale, l'extermination des terroristes que la capacité à répandre un message, une éducation telle que le terrorisme ne suscitera pas de nouveaux terroristes.

Le midrach est éblouissant de virtuosité, à déterrer ainsi d'un tanakh' que ces rabbanim semblent décidément connaître par coeur, encore et encore un exemple d'ambiguïté du texte, encore et encore un cas où la question :"de qui ? duquel des deux?" peut se poser.

Et pour chacun des cas étudiés, celui du manteau de Jéroboam face à Ahia de Shilo (Rois1, 11, 30), celui de la sandale de qui, de Boaz ou du parent (Ruth 4, 5), celui de qui de Aviah ou de Jeroboam a été frappé par D. (Chroniques 2, 13, 20),  celui de qui de Yehoïakim ou de Evil est mort (Rois 2, 25, 30),  l'avis de Rabbi Shemuel bar Nahmani est finalement toujours le même : parfois même contre le sens obvï du texte, il prend toujours la même position : ce qui est important vraiment, c'est combien l'enseignement aura porté, c'est combien les valeurs auront été malmenées. 

Rabbi Shemuel bar Nahmani pourait rester dans notre mémoire comme "encore un idéaliste", ou même dirait-on peut-être "encore un intellectuel", à moins de ne se retrouver à dire "encore un gauchiste". Ces gens-là sont toujours à réfléchir au lieu d'agir. Avec quelques bons tanks, avec quelques interdictions, quelques censures, quelques expulsions, quelques privations d'identité, quelques destructions de maisons, on réglerait plus vite, plus facilement, plus radicalement les problèmes.

Cela ne semble pas l'avis de rabbi Shemuel, qui parait décidément penser que l'histoire (celle d'Israël en tout cas, mais ne serait-on pas ici dans une perspective paradigmatique ?) n'est pas tant faite par les dirigeants que par les valeurs qui soustendent leurs actes. 

C'est de ces valeurs et de leur enseignement, et de l'audience et de la portée de ces enseignements qu'il faut réellement se préoccuper.