mercredi 1 octobre 2014

"Win win lose lose" on the one hand. "Yom hadin" on the other hand.



Quand Abbou Mazen accuse à l'ONU les israéliens de commettre un génocide et d'être un état d'apartheid, c'est win win :

- c'est un double et énorme mensonge, et il en est parfaitement conscient, mais :

- il est un homme politique et ne doit donc, de son point de vue, aucun compte aux notions de vérité et mensonge. Il doit "marquer des points".

- il sait qu'il frappe sous la ceinture des juifs et des israéliens, qui s'étrangleront de fureur à chaque fois qu'il utilisera contre eux ainsi des termes qui sont encore au centre de leur subjectivité et de leur identité nationale et tripale, qui sont leur point faible.

- il sait que ces termes seront repris par les antisémites et néga-sionistes qui s'en délectent comme de mets succulents.

- il sait que les imbéciles souvent nés juifs et introduits depuis le biberon à la névrose existentielle s'identifieront immédiatement et donneront sans réfléchir dans la culpabilité instinctive. Eux qui ne sont jamais venus en Israël - pensez! l'état voyou, édifié sur les ruines de l'antique civilisation palestinienne - se rendront tout de suite à Ramallah et applaudiront la première analogie qui sera faite entre les camps ( réfugiés - concentration à la Saramago ou autres), en auront pour leur argent d'impression de colonialisme, de ségrégation et autres horreurs faites israéliennes.

-et il sait que le sujet fait recette, qu'il bénéficie de l'aura de la lutte des faibles contre les forts, les colorés contre les blancs, les colonisés contre les colonisateurs. La tactique Arafat de maintenir les palestiniens au statut de réfugiés et de ne surtout pas les hisser ou les développer a porté ses fruits. Les mangeurs de frites de la fête de l'huma. continuent à "acheter" et à descendre le boulevard Voltaire en portant la banderole - mitée, pensez! Après quarante ans...- du droit des palestiniens à l'autodetermination.

Et donc," à la Goebbels": "mentez ! Il en restera forcément quelque chose", il remet régulièrement une couche, et ça passe.


Quand Bibi parle à la même tribune, il ne vient que très indirectement en homme politique. Il vient tout d'abord s'égosiller à prouver que son armée est morale, et il le dit du fond des tripes, et il est tellement persuadé d'avoir raison qu'il oublie qu'il est politicien. Il redevient adolescent, sûr que comme il dit la vérité, il va forcément être cru et convaincre. C'est ce qui le place aussitôt en position d'infériorité, et cela contribue à détériorer sa crédibilité.

Le menteur a d'entrée de jeu une longueur d'avance, il a placé l'autre qui plaide l'integrité en position de devoir se défendre.

J'ai été frappé au début de l'été de découvrir sur un blog ouvertement propalestinien le jugement de Salomon placé comme en exergue. 

Je me suis demandé comment ce jugement de Salomon pouvait "appuyer" la thèse palestinienne, alors qu'il me saute régulièrement à l'esprit, pour appuyer le bon droit du sionisme justement.

La différence de vision résulte des différences de topiques selon lesquelles sont positionnés les protagonistes.

Celui qui s'attache aux éléments matériels et concrets du jugement de Salomon voit surtout l'enfant, dont une "mère" est légitime et l'autre non, comme l'objet du conflit. Cet enfant n'a pas de vie, il est le décor.  Aux yeux de ce premier protagoniste, celle qui accepte de le couper en deux se trouve dévoilée du fait de cette acceptation. Elle a mal joué.  
A ses yeux, la mère légitime est celle qui ne peut supporter l'idée de partager. Elle est vouée à celui qu'elle aime mais il ne compte pas en tant que lui-même, il est objet, l'objet du conflit. 

Selon cette topique, celui qui remplace "enfant" par "terre", voit comme illégitime le peuple qui accepte de partager la terre. Le peuple qui refuse le partage devient ipso facto à ses yeux le véritable propriétaire.

A l'inverse, l'autre protagoniste est positionné tout autrement. Celui qui met au premier plan les sentiments, la moralité, l'amour maternel, voit autrement le jugement, et fait à l'envers la retranscription au conflit israélo-palestinien : la mère illégitime tout à son argumentation "jette l'enfant avec l'eau du bain", prouve qu'elle n'a en fait aucun sentiment pour le bébé, tandis que la mère légitime met en premier plan la vie de l'enfant et préfère renoncer à le posséder pourvu qu'il vive. 
Selon cette topique, la possession est secondaire, c'est la fructification qui compte. Et le roi Salomon rend la vraie justice. Il ne récompense pas le plaideur mais il rend l'enfant à sa vraie mère, celle qui l'aime vraiment et qui ainsi prouve qu'elle est la vraie mère.

A mes yeux, les palestiniens qui n'ont jamais investi ni dans leur peuple, ni dans le développement, les propalestiniens qui voient un casus belli dans le développement des infra structures dans les territoires, prouvent par cela même que la vie du bébé ne compte aucunement pour eux. On pourrait ainsi se demander en quoi les dérangerait de recevoir en aboutissement d'hypothétiques négociations un pays déjà développé plutôt qu'un désert. 

Celui qui investit dans le développement et l'embellissement du pays, ainsi que dans la situation matérielle et spirituelle de ses habitants, celui qui a fait fleurir le désert fait montre de son authentique lien à la terre et à l'histoire, ainsi que de son authentique motivation. "les oliviers appartiennent à ceux qui les travaillent" disait Paco Ibanez.

Celui qui vise en premier lieu à discréditer, n'hésitant à utiliser aucun terme, aucune analogie fut-elle la plus horrible, est analogue à mes yeux à celle qui est prête à tout pour avoir raison, fusse au prix de la vie d'un enfant.

Et celui qui est avant tout attaché à sa propre moralité est hors jeu. Il n'aura gain de cause qu'au tribunal de Salomon. 

La tribune internationale, dont l'amphithéatre de l'ONU est la triste caricature, en est la plus flagrante antithèse. Chez elle, il ne s'agit pas de légitimité, de sentiments ou de sens commun, il s'agit d'une scène, d'un jeu, dans lequel il y a des perdants et des gagnants, un jeu qu'il faut gagner à tout prix.

Se battre en duel sur cette pseudo scène internationale n'a probablement aucun sens. Cela ne veut pas seulement dire qu'il n'y a là-bas aucune chance de gagner, cela veut surtout dire qu'il n'y a aucun interêt à essayer de gagner là-bas, dans ce casino où les dés sont pipés.

La "convocation d'automne" comme l'appelait Daniel Baroukh, est entre autres là pour nous rappeler que la situation n'est pas une situation de win ou de lose. Elle est plus complexe, elle a d'autres ramifications, de plus profonds enjeux, elle n'est pas qu'horizontale, et ne tient que peu aux qualités oratoires de ses protagonistes.