jeudi 20 octobre 2016

Henry-Jacques Pisanté. Pour contribuer à élever...le débat.

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Dimanche 16.10. 2016 avaient lieu les shloshims d'Henry-Jacques Pisanté, décédé subitement le 18 septembre.









Ainsi qu'il est d'usage à Jerusalem, la pierre tombale fut dévoilée au cours d'une brève cérémonie en présence de la proche famille et d'amis.

La coutume nous prescrit tout un lot d'actes destinés "à l'élévation". On dit en général "élévation de l'âme du défunt", certains prennent l'expression à la lettre, considérant qu'il s'agit véritablement, par l'intermédiaire de prières et de récitations de Psaumes, de contribuer à ce que l'âme mène à bien son ascension vers le ciel. D'autres sont très opposés à des rites qu'ils considèrent nécrophiles, et donc répréhensibles. D'autres encore considèrent qu'il faut voir cet effort d'élévation à un niveau plus collectif, plus général, plus figuré, un peu comme si la mort et le deuil nous "plaquaient au sol" et qu'il convenait d'aider l'humanité à dépasser ce stade et à reconquérir de la hauteur.

Certains vont au cimetière, à l'issue des sept jours, des trente jours, de l'année, puis tous les ans, ainsi qu'aux veilles de fêtes, d'autres manifestent à ces rites différentes nuances  d'opposition.

J'ai choisi de dire quelques mots, sur le thème des Psaumes, lors de ce qui aura été la dernière réunion au cimetière pour Henry suscitée par moi.

On a l'habitude de voir que ce qui relie le premier et le dernier mot de la Torah (Beréchit et Israël) est la présence des trois lettres qui forment le mot "chant" (shir). 
Une tradition nous rapporte de plus que le roi Hizkiahou remplissait toutes les conditions pour être le messie, à un grave défaut près, qu'il était imperméable au chant et à la poésie.

Je me suis proposé de développer un tout petit peu ce qui dans la lecture des Psaumes qui ont été dit à cette cérémonie (on utilise le psaume 119, alphabétique, pour broder/tresser ainsi de Psaumes le nom du défunt) m'a sauté aux yeux comme "faisant sens" concernant mon père, comme si certaines phrases semblaient avoir été écrites "pour lui".

C'est ainsi que je me permets de suggérer de considérer les Psaumes : ils sont l'insertion du poétique, et donc de l'émotionnel, dans ce qui, sans cela, risquerait de ne devenir qu'une pratique intellectuelle ou fanatique. 

Je les utilise non comme un médicament pour tout (il existe pléthore d'indications reliant tel psaume à tel ou tel sujet. Il n'y a qu'à dire le psaume en question et la maladie s'arrête...) mais comme une indication de l'émotionnel comme voie d'accès au spirituel.

Je ne considère pas à la légère le fait que les Psaumes sont plus dans le canon biblique que les fables de La Fontaine, mais comme ce qui les place doublement à cette place : ils proviennent d'une écriture doublement inspirée, inspirée par l'émotionnel et par le prophétique.

Et ainsi, certains versets de la série induite pas les initiales du nom de mon père (youd- heth- zaïn-kouf-aleph- lamed- pour Yehezkel et ainsi de suite) m'ont interpellé, m'ont paru hautement signifiants, m'ont paru s'accorder particulièrement avec le souvenir que j'ai de ce qu'étaient la personnalité et la vie de mon père.

C'est le sens que je propose de donner aux Psaumes, afin ni de m'opposer à leur récitation, mais de non plus leur attribuer un sens magique qui nous met aux limites de l'idolâtrie : chercher comment ce texte universel peut être habité d'un sens particulier, peut nous aider à nous mesurer à ce qui nous est particulier, et non par la voie de l'intellect mais par celle de l'émotionnel. 

Notre rôle sur cette terre n'est-il pas de donner un sens aux choses, aux évènements ?

On a trop longtemps limité la notion de sens à ses composantes rationnelles et logiques. De nombreuses sagesses ont dû pour cela être mises de côté, ramenées au silence.

Les choses font parfois non moins sens par leur résonnance (je suis tenté d'écrire "résonnement" en jeu de mot sur raisonnement) tripale en nous que par leur logique cartésienne ou maïmonidienne. 

Les premiers versets de cette chaîne de Psaumes me racontent ainsi l'histoire de mon père, dont la vie, partagée en trois parties distinctes, est marquée d'éléments que ces versets mettent en lumière.

Cette chaîne retrace en particulier ce que fut son itinéraire, né enfant de migrants devenus agnostiques de leur judaïsme par une succession d'aléas, devenu à 14 ans orphelin du fait de la folie nazie, puis n'ayant eu de cesse de redresser la barre.

Outre une tendance à la rigueur et à la constance qui marquait tant son comportement en famille, au travail, qu'en société, mon père a œuvré au long de sa vie en France pour apaiser les conflits, principalement entre les gens dont il était proche, puis il s'est consacré lors de ses 39 ans de vie ici en Israël à donner à son judaïsme le maximum de sens, étudiant en particulier le talmud et la Torah au quotidien, et vivant de façon synagogale trois fois par jour.

      Il a orienté son action quotidienne en fonction de la pratique du judaïsme, ("ce sont       tes mains qui m'ont formé et organisé, donne-moi l'intelligence pour que                       j'apprenne à connaître tes commandements" Ps. 119, 73,  "c'est mon lot à moi, ô           Eternel, me suis-je dit, d'observer tes paroles" ibid. ,57, "rappelle-toi, en faveur de       ton serviteur, la promesse où tu as voulu que je mette mon attente" ibid. 49)

     Il a puisé en l'Eternel son principal réconfort, ("je t'invoque de tout coeur, exauce-          moi Seigneur, je veux observer tes préceptes" ibid. 145, "heureux ceux dont la voie        est intègre, qui suivent la voie de l'Eternel" ibid. 1, "pour l'eternité, Seigneur, ta            parole demeure immuable dans les cieux" ibid. 89, "je t'appelle, viens à mon                  secours et je garderai tes statuts" ibid. 146)

     Il a ainsi été un modèle pour ses contemporains et ses descendants ("ceux qui te            craignent, en me voyant, seront dans la joie car j'espère en ta parole" ibid. 74)

      Il a intégré cet effort à la tendance profonde qui était la sienne de rechercher la               justice en tout lieu ("j'ai pratiqué la justice et l'équité, ne m'abandonne pas à mes         oppresseur" ibid 121)

      Il a donné un virage à sa vie ("comment le jeune homme rendra-t-il pure sa                     conduite? En se conformant à tes paroles" ibid. 9).

Que les Psaumes, à l'instar de ce que nous conte le livre de Samuel sur l'action apaisante de la harpe de David sur la mélancolie du roi Saül, nous soient une source d'apaisement de l'âme, et nous aident à nous mesurer au manque et à la tristesse,

Que son souvenir demeure en nous, s'intègre en notre quotidien, pétrisse notre avenir, et que nous réussissions à intégrer son âme dans la chaîne de la vie. 


ערב סוכות, כפי שנהוג בירושלים קיימנו בהר המנוחות טקס גילוי מצבתו של אבי ז״ל הנרי, יחזקאל יעקב, אשר נפטר בט״ו אלול האחרון.

נהוג לראות טקסים אלה, אזכרות, אמירת תהילים, כמצטרפים למאמצים לטובת עילוי נשמת הנפטר.

אחדים מתיחסים לביטוי זה באופן הכי מילולי ומתכוונים במלוא מובן המילה שיש לעזור לנשמה להתעלות אל השמיים.  אחרים לעומתם אינם מוכנים לייחס חשיבות כה קונקרטית לאמירות מיטולוגיות מעין אלה, על גבול הפגניות, או לפחות, מבוססות על דבר שאין בידינו אף לא האינפורמציה הכי קטנה.

אנשים רבים מרבים לפקוד את בתי הקברות, פעם בשנה, בערבי חגים, ואילו, אנשים אחרים תופסים מרחק ממנהגים אלה, וקיימים בספרות היהודית תימוכין רבים לדעה זו או לזו.

בחרתי לבסס על התהילים את המשפטים שאמרתי בטקס גילוי המצבה, אחרי שנדהמתי למצוא  לאורך אלה שאמרנו, אלה שאיתם שזרנו את שמו, כמה וכמה פסוקים שמזכירים לי את אבי, כמעט כאילו לאבי הם נכתבו.

זה מביא אותי לנסיון לחפש אינטגרציה בין שתי הגישות לתהילים ולעילוי הנשמות. נדמה לי שלתהילים מעלה מיוחדת, ועל כך הם נבחרו להיכנס לתוך התנ״ך.

הם בעיניי יותר מסתם שירה אך הם עדיין שירה. כלומר, הם טקסט שמעורר בנו שכבות אחרות מאלה אשר טקסט מחשבה מסוגל לעורר.שירה יוצאת מהרגש ומעוררת בנו רגשות, וראוי אולי הרבה יותר להתחבר לאדם קרוב שזה עתה נעלם דרך הרגש מאשר דרך השכל.

מול אלה אשר מייחסים לתהילים כוח אוניברסלי לפתרון בעיות או מחלות, אני מציע לייחס להם את הכוח להוות כלי דרכו הרגשות הספציפיים  שלי כלפי אבי יוכלו להיאמר במילים.

                                                     אבי הקדיש עצמו ללימוד התורה ולשמירת המצוות כהלכתן כמה שנאמר ״ידיך עשוני ויכוננוני הבינני ואלמדה מצוותיך״ (תהילים קיט עג) וכמהשנאמר ״חלקי הי אמרתי לשמור דבריך״ (שם שם נז) וכמה שנאמר ״זכר דבר לעבדך על אשר יחלתני״ (שם שם מט)

אבי הכיר את חסר האונים של האובדן הלא מוסבר ומצא נחמה בפסוקים ״קראתי בכל לב ענני ה׳ חוקיך אצורה״ (שם שם קמה), בפסוק ״קראתיך הושיעני ואשמרה עדותיך״ (שם שם קמו), ובפסוק  ״אשרי תמימי דרך ההולכים בתורת ה׳״ (שם שם א)
הוא האמין באמונה שלמה ואיתנה על פי ״לעולם ה׳ דברך נצב בשמיים״ (שם שם פט) והוא שם עצמו דוגמה על פי ״יראך יראוני וישמחו כי לדברך יחלתי״ (שם שם עד)

הוא ייחס חשיבות עליונה לצדק  כמה שנאמר ״עשיתי משפט וצדק וממשפטיך יראתי״ (שם שם קכא)

ובהיותו עדיין נער, בחר הוא מהר בדרך שתשמור עליו על פי ״במה יזכה נער את אורחו לשמור בדברך״ (שם שם ט).


מי ייתן ומשפטים אלה, הלקוחים מספר הספרים ובה בעת אשר נראים כתובים במיוחד עבורו, יתנו לנו את הכוח להתמודד עם האובדן, ובתוך כך יעזרו לנו להתעלות, ויעזרו לנו לזכור ובהמשך להתמלא מן הדברים המיוחדים שאיפיינו אותו, כך שנשמתו תהיה עבורנו צרורה בצרור החיים.