les origines - השרשים

Depuis le mois de septembre 2023, le contenu de cette page existe sous forme d'un livre qui a été envoyé aux directs protagonistes de cette famille au sens large. J'ai découvert que la France a perçu des droits de douane pour ce qui était de mon point de vue un envoi cadeau. Mes excuses pour ceux qui ont dû ainsi payer pour recevoir un cadeau. Nul ne m'a prévenu que cela allait être le cas.
Si quelqu'un est interessé par le livre et ne l'a pas reçu je l'invite à se mettre en contact avec moi.


on clique sur les photos: elles s'agrandissent.
נותנים קליק על כל תמונה והיא מתרחבת.

table des matières :
1. Pisanté
2. Tauber
3. Pisanté-Wajnberg
4. Fliederbaum-Tauber
5. La Troche
6. Fliederbaum-Globus
7. Trieste
8. Sznajder
9. Le voyage à Pulawy
10. Mordokhaï Pisanté
11. Sur l'origine du nom Pisanté
12. Du blog au papier et une ouverture.

  1. Pisanté




la famille Pisanté peu avant son départ de Kuzkunjuk pour Paris. Photo non datée mais étant vraisemblablement des années 1914-1918, 
En haut, de gauche à droite : Vitali, Raphaël Danon, Chemaya
En bas, Rebecca, Rachel (ép. de Raphaël), Sarah, frères et soeurs de mon grand-père Mordokhaï
En bas à droite, leur mère, Sultana, décédée à Paris. 
A cette date, l'aîné Bekhor Pisanté rentrait de Paris, un diplôme de la faculté de médecine en poche. Il s'installa à Kuzkunjuk et resta le médecin de la communauté juive jusqu'à son décès en 1940, laissant deux enfants, Suzanne et Jacques. Son petit-fils Nissim (Mimi) et ses enfants vivent encore aujourd'hui à Istambul. Comme par la dynamique des vases communicants, le reste de la famille s'en alla s'installer à Paris. 
משפחת פיזנטה מצטלמת דקה לפני ההגירה לפריז כנראה ב1920 או מעט לפני. למעלה, משמאל לימין : ויטאלי, רםאל דנון, שמעאיה,
למטה רבקה, רחל (אשת רפאל), שרה, כל אלה אחים ואחיות של סבי מרדוכי פיזנטה.
למטה, מימין, אימם, סולטנה, אשר נפטרה בפריז.
בתאריך זה, בנה הבכור - ושמו בכור - חזר מפריז בעל תעודת רופא טרי מהתנור. הוא פתח קליניקה בקוזקונג׳וק וכיהן במקום כרופא של הקהילה עד לפטירתו ב 1940.
הוא התיר אחריו שני ילדים סוזן ויעקב. יעקב גם הוא היגר לפריז ואילו, סוזן נשארה בתורכיה. נכדו ניסים, אשתו צ׳לה וילדיהם ונכדיהם מתגוררים באיסטנבול 
עד היום, 



2. Tauber



Ma grand-mère Rachel Fliederbaum ( en haut à droite) et ses soeurs ( Lonia tout à gauche).
 סבתי, רחל פלידרבאום, לבית טאובר, מימין, עם אחיותיה לוניה, סלווה וחווה, 


Mon trisaïeul Yankele Tauber. Aveugle sur la fin de ses jours, et assis au quotidien dans la graineterie familiale à Pulawy, il ne vit pas arriver le soldat allemand qui l'abattit d'un coup de fusil dans un de ces actes d'inouïe bravoure que provoque l'antisémitisme à court ou moyen terme. On a vu de ces actes commis au cours des quarante dernières années par quelques "héros" palestiniens, et on n'a pas manqué d'invoquer, dans la presse ou les courants d'opinion, une certaine "occupation de territoires" ou encore d'autres motifs relatifs à un certain emploi "disproportionné" de la force militaire israélienne comme cause possible (ou évidente selon certains) à de tels actes...mon trisaïeul a peut-être été "victime prophétique"(ou antidatée) d'une telle mésaction israélienne, colonialiste, ou militaire, diraient peut-être les mêmes.
סבא רבא רבא יענקליה טאובר. בערוב ימיו היה עיוור והיה יושב יום יום בחנות הדגנים המשפחתית בעיירה פולאווי.
כך, הוא לא ראה את החייל הגרמני ה"גיבור" שהתקרב וירה בו למוות. בשישים השנים האחרונות ראו בישראל לא מעט אקטים של "גבורה" מעין אלה ולא נדיר לקרוא בעקבותיהם בעיתונות זרה או מקומית שהסיבה להם היא בוודאי הכיבוש ו הישראלי או אי צדק כלשהו . הסיבה למעשים אלה היא אנטישמיות ותו לא.

3. Pisanté-Wajnberg



Mon grand-père Mordokhaï Pisanté et sa femme Marie née Wajnberg 
הי"ד à leur mariage à Paris en 1924.
סבי מרדוכי פיזנטה ואשתו מרי למשפחת וויינברג הי"ד, ביום נישואיהם בפריז שנת 1924.

Mon père Henry-Jacques Pisanté ( à droite), sa mère, sa soeur Suzanne, sa tante Genia et sa cousine Margaret,
Angleterre 1935
אבי, הנרי פיזנטה מימין, ולידו, אימו, אחותו, דודתו ג'ניה ומרגרט הקטנה. אנגליה 1935.

4. Fliederbaum-Tauber



Mes grands parents Salomon Fliederbaum et Rachel Tauber, mariage à Tel Aviv 1925.
סבי שלמה פלידרבאום וסבתי רחל לבית טאובר, ביום חתונתם בתל אביב, שנת 1925.




 à gauche,  ma mère, Irène Fliederbaum et sa soeur Mathilde, 1935.
à droite, Salomon, Rachel, Mathilde et Irène Fliederbaum, 1940.
על התמונה משמאל, אמי אירן פלידרבאום ואחותה מטילד ז"ל, 1935.
מימין, שתי האחיות עם הוריהם, שלמה ורחל פלידרבאום, 1940


 



La définition rendue possible sur le blog ne permet pas l'affichage des détails de cet arbre généalogique dessiné en 1992 et tenu relativement à jour depuis...
consultable chaque Souccot ou à la demande.
אין ביכולתו של בלוג זה לאפשר ניתוח של אילן ייחוסין זה. ניתן לראות אותו כל שנה בסוכה אצלנו או על פי בקשה מיוחדת.


Mariage d'Arnold Tauber et Léa, Paris, décembre 1954.
première rangée, de gauche à droite : la mère de Léa, tante Malche (Buzin), Rachel Fliederbaum, nièce de Léa, Arnold Tauber, Léa, Claude Stern, Lonia et Henri Gumanster
deuxième rangée : soeur de Léa, tante Franyeh, Evelyne Lévy, Berthe Stern, Yvette (cachée), Salomon Fliederbaum, Henri Stern, Suzy Levy, Sylvain Levy, Odette Fizelson, Irène et Henry Pisanté, Simon Sznajder, Natche, copain d'Arnold, Lazare Rosenwain.
נישואיהם של ארנולד ולאה טאובר, פריז, דצמבר 1954.
למטה משמאל : אימה של לאה, דודה מלצ'ה בוזין, רחל פלידרבאום, אחייניתה של לאה, ארנולד, לאה, קלוד שטרן, לוניה והנרי גומנסטר,
שורה שניה מלמטה, משמאל : אחותה של לאה, דודה פרניה, אוולין לוי, ברטה שטרן, איווט מוסתרת, שלמה פלידרבאום, הנרי שטרן, סוזי לוי, סילוון לוי, אודט  פיזלסון, אירן והנרי פיזנטה, שמחה שניידר, נטשה, לייזר רוזנוויין.

5. La Troche



La Troche, 1957. Ce quartier éloigné de la commune de Palaiseau, sur le plateau de Saclay, devint le ballon d'oxygène de la famille dès l'acquisition après guerre de deux maisons, une par mes grands parents, une par Lonia et Henri Gumanster (Lonia était la demi-soeur de ma grand-mère Rachel. Elle était remariée - après le décès de son mari Yankeleh Friedman pendant la guerre - avec Henri. Celui qui les avait fait se rencontrer n'était autre que Lazare Rosenwain, petit-cousin de Lonia et de Rachel. Lazare était le petit fils d'une soeur de mon trisaïeul Yankeleh. Il avait été déporté à Auschwitz, de Paris où il était aussi installé avec femme et trois enfants. A Auschwitz il avait connu Henri. C'est aussi par Lazare à qui appartenait la maison que La Troche est devenu un pôle de la famille. Lonia et Henri lui ont acheté sa maison, et dans la foulée, Salomon et Rachel ont acheté la leur). Les 11 adultes présents sur la photo (1ère rangée de gauche à droite : Odette, Lonia, Daniel, Rachel et Jean sur ses genoux, Renée. 2ème rangée : Arnold, Irène, Simon, Salomon, Henry, Henri, Mathilde) se retrouvèrent régulièrement tous les dimanche pendant les 40 ans qui suivirent. Petit à petit, ils agrandirent et amènagèrent les maisons et jardins, petit à petit ils arrivèrent en voiture et non plus en train (il fallait prendre le train -avant qu'il ne soit nommé RER- qui menait jusqu'au boût de la vallée de Chevreuse, descendre à Orsay, et monter les quelques 150 marches qui aboutissaient au plateau). Enfants, on se postait souvent en vélo à l'arrivée, pour accueillir quelque visiteur essoufflé, ou simplement pour contempler le panorama. Puis, on enfourchait le vélo et on allait à la carrière ou à quelque autre petit bois. Depuis leur départ à la retraite, en 1965 environ, mes grands parents quittèrent Paris et s'installèrent à La Troche, jusqu'à leur départ en Israël, en 1980. Lors de mon dernier passage à La Troche en décembre 2015, la maison de mes grands parents était toujours en l'état. La deuxième maison avait été détruite et remplacée par de nouveaux lotissements.
לה טרוש, 1957.
עיירה נידחת זו, על "רכס סקלאי", הפכה לחמצן של המשפחה לאחר רכישת שני בתים. בית אחד נקנה על ידי סבותיי, הבית השני נקנה על ידי לוניה והנרי גומנסטר
פרט מעניין : לוניה והנרי קנו את הבית מלייזר רוזנוויין שהיה בן דוד שלה. הוא הגיע לפריז בתחילת המאה, התחתן ונהיו לו שלושה ילדים. הוא נשלח לאושוויץ שם הוא הכיר את הנרי ובהמשך הוא זה ששידך את הנרי ואת לוניה. 
אחד עשר המבוגרים אשר על התמונה נפגשו בעיירה זו מדי שבוע במשך ארבעים השנה שחלפו אחרי זה.
שורה עליונה משמאל לימין : ארנולד, אירן, שימון, שלמה, הנרי, הנרי ומטילד.
שורה תחתונה משמאל : אודט, לוניה, דניאל, רחל עם עבדכם הנאמן על ברכיה, רנה.
אנחנו הילדים הצטרפנו לאט לאט וכבשנו את המקום בעזרת האופניים ומשחקי הכדורגל והמחבואים.
ב 1966 בערך, סביי מכרו את החנות שלהם בפריז והשתקעו במקום עד לעלייתם ארצה בקיץ 1980.


La Troche, dernier dimanche, 1980. Ayala a deux mois.
debout : Lyliane Sznajder, Jean et Marianne, Simon, Sznajder, Daniel Sznajder, Mady Caën
Assis : Salomon Fliederbaum, Ayala sur ses genoux, Rachel Fliederbaum et Benjamin Sznajder sur ses genoux, Henri et Lonia Gumanster, Armand et Lucette Buzin, Mathilde Sznajder, Laure Halber.
לה טרוש, יום אחרון לפני העליה, יוני 1980
עומדים משמאל : ליליאן שניידר, ז'אן ומריאן, שימון, דניאל ומדיכהן
יושבים משמאל : שלמה פלידרבאום עם אילה בתנו על ברכיו, רחל עם בנימין שניידר על ברכיה, הנרי ולוניה גומנסטר, ארמנד ולוסט בוזין ומטילד שניידר.
למטה במרכז, לור הלבר לבית שניידר

idem.
לה טרוש, אותו יום. משמאל לימין, בנימין, רחל, שלמה עם אילה, ז'אן ומריאן, לור וליליאן


6.Le sinueux destin de la famille Fliederbaum-Globus malmenée par la tempête sociologico-politique à laquelle furent confrontés les juifs originaires de Pologne.

.גורלה עתיר הפיתולים של משפחת פלידרבאום-גלובוס הקרועה בין  הזרמים השונים של העולם המודרני שטלטלו את יהדות פולין


Je ne sais remonter beaucoup plus haut que 1900, date approximative à laquelle Avraham Itshak  Fliederbaum, fils de Kalonimos Kalman,  père de quatre enfants devenu veuf de Blima Gerç épousa  Hanna Globus, elle-même également mère de quatre enfants et veuve de Nathan Globus. Ceci se passait à Dobryn Nad Wisla, petite bourgade à forte présence juive, au nord ouest de Varsovie, ou peut-être déjà à Varsovie puisqu'ils passèrent de l'une à l'autre..
.

Les circonstances de ces secondes noces contiennent plus d'inconnu que de connu. Quelle était la couleur idéologique de cette famille au regard des diverses catégories connues du judaïsme polonais d'alors (hassidim, mitnagdim, émancipationnistes, sionistes, communistes, - ils n'étaient probablement pas hassidim vu que le hassidisme n'existait pas à l'ouest de Varsovie) ? Ce mariage ne dura probablement pas très longtemps si je me fie à la légende familiale selon laquelle mon grand-père, devenu orphelin en bas âge (Avraham Itshak est décédé en 1911, donc quand il avait 8-9 ans), fut élevé par ses frères. Mais quels frères ? et dans quelle atmosphère (religieuse, séculière) ?

Deux enfants des précédents lits, Israël Fliederbaum et Ytkeh Globus trouvèrent dans ce mariage leur conjoint, et, en 1920, naquit de ce mariage Jack.



המקורות שלי מרחיקים עד לתחילת המאה העשרים בלבד. בשנת 1900 בערך, בעיירת דוברין, צפון מערבית לוורשה,התחתן אברהם פלידרבאום עם חנה גלובוס כאשר לשניהם זו היתה חתונה שנייה.  על מפגש זה ועל משפחה זו יש יותר ערפל מפרטים ברורים. , ובמיוחד לגבי שאלת ההשתייכות היהודית של התא המשפחתי (לחסידים, למתנגדים או לאמנציפציוניסטים(
כמו כן, מהידע הישיר שהגיע אליי ולפיו, סבי התיתם בגיל צעיר וגודל על ידי אחיו, אני גם מסיק שהצשפחה המחוברת מחדש הזו לא האריכה ימים.

מחתונה זו נולדו שני ילדים אחת בשם הלן, שנספתה בשואה, ואחד בשם שלמה שהיה עם השנים לסבא שלי.
באופן מפתיע, מצאו שני הילדים ממשפחות המקור של הזוג החדש את בן זוגם. הם התחתנו וג׳ק נולד לזוג  זה בשנת 1920 בערך.
באותה שנה נולדו לסבא שלי שלושה אחיינים, ג׳ק, נתן שהיה בן לאחד הבנים של חנה, וארמן שהיה בן לאחותו מלצ'ה.
סבא שלי, שלמה, הכיר בחנות בה התחיל לעבוד בוורשא את רחל טאובר. החנות היתה בבעלות יעקב היינסדורף, שהיה נשוי לאחת האחיות של נתן גלובוס, ממנו התאלמנה חנה, אימו של סבא שלי.  
שניהם תכננו להתחתן בתל אביב. הם היגרו לפלסטין בדרכים נפרדות  )סבא דרך טריאסטה, שהיתה ״שער לציון״ בתקופה ההיא, סבתא שלי נסעה דרך אודסה). הם אכן  נפגשו בתל אביב, שם היגרו לפניהם מלצ׳ה, אחותו של סבא, ובעלה יחיאל בוזין.
כעבור שנה בערך, מסיבות כלכליות, כולם היגרו בשנית, לצרפת הפעם. 
מלצ׳ה ובעלה השתקעו בניס, בדרום צרפת, סבא וסבתא שלי השתקעו בפריס
 נולדו להן שתי בנות, מטילד(חנה) שהיתה אימא לדניאל ולמישל, שניידר ואירן()יהודית שהיתה אימא שלי ושל אחותי אן.

אם סבתא שלי שאפה בעיקר לעזוב את פולין, סבא שלי היה ציוני. הוא שאף כל חייו לחזור לישראל והם   באמת חזרו בשנת 1980. סבתא שלי נפטרה ב 1985, כאשר הוא נפטר בירושלים בשנת 1993. אני למעשה כותב שורות אלה בערך ביום בו  מלאו 24 שנים לפטירתו.

Du remariage des parents naquirent deux enfants, Salomon, mon grand-père, en 1903, et Helen . Dans un autre texte, j'ai raconté son itinéraire, qui l'a fait rencontrer ma grand-mère Rachel Tauber alors qu'ils travaillaient tous les deux dans l'épicerie de luxe - à Varsovie - d'un cousin du nom de Yakub Heinsdorf (Yakub et son frère épousèrent deux soeurs nées Globus, soeurs de Nathan cité plus haut. Yakub était donc beau-frère de la mère de Salomon, mon grand-père), épicerie de "produits coloniaux" sise 11 rue Karmelicka (au coinde la rue Nowolipie), puis l'a emmenée dans un premier temps en Palestine en 1924, via Trieste, sur les traces de sa soeur Malche et de son mari, tous deux sionistes idéalistes socialistes, pour la retrouver et l'épouser à Tel Aviv en 1925. Ayant rapidement quitté la Palestine du fait des rudes conditions matérielles, Il a ensuite passé 54 ans en France en compagnie de sa femme et de leurs deux filles (Mathilde l'aînée, et Irène, la cadette, ma mère ), avec la guerre et la shoah au centre, avant de revenir finir ses jours à Jérusalem après y avoir vécu 13 ans. J'écris ces lignes le jour de l'anniversaire de sa mort. Il y a donc maintenant 24 ans.







Je connus personnellement Malche née du premier lit  Fliederbaum (Avraham et Blima Gerc) qui avait entretemps aussi quitté la Palestine, et qui vécut à Nice après la guerre jusqu'à sa mort. Je connus ses trois enfants Suzy, Armand et Yvette et plusieurs de ses descendants nés Buzyn. 

Je connus aussi Nat, fils de Avraham Globus,




ainsi que Berthe, fille de Shmuel  Globus (De Kleïne Shmil). Et je connus sans jamais la rencontrer Blanca, fille de Shmuel Fliederbaum (De groïsseh Shmil)  qui mourut l'an dernier en Australie, où elle résida depuis 1948, ces trois-ci nés aussi à Varsovie au début du vingtième siècle.

Mais je n'ai pas su qui étaient ces frères qui élevèrent mon grand-père, ni dans quel axe l'ont-ils élevé ?

Je peux juste savoir trois éléments majeurs à ce sujet. L'un est l'attachement profond qu'était celui de mon grand-père à la tradition juive, à la pratique des mitzvot. Le second  est le fait qu'il est parti de Pologne en direction de la Palestine en référence à une optique résolument non religieuse. Le troisième est qu'aucun des descendants survivants de cette double famille Fliederbaum-Globus n'a transmis à ses enfants la moindre pratique des mitzvot.  


אני הכרתי אישית את מלצ׳ה שבזכרוני היתה קרובה למדי לסבי. הכרתי את שלושת ילדיה, סוזי, ארמן ואיווט, והכרתי אף ילדיהם של שתי הבנות, ארמן לא הביא לעולם ילדים.

הכרתי גם את נת, את ברט, שניהם ילידי הצד גלובוס, והכרתי גם את בלנקה שלמעשה התגוררה באוסטרליה מאז 1948. יש קשר של מכתבים איתה עד לפטירתה בשנה האחרונה ועם בתה אן.
אני גם מכיר את ג׳ק בערך מאז אני בן 9. ג׳ק כפי שמספרת אימי היה זה שלמד בישיבה כאשר כתביו של   מרקס על ברכיו בסתר, אבל הוא לא זה מבין צאצאי פלידרבאום-גלובוס שנהיה לקומוניסט.

הוא אמנם נסע מפולין לכיוון ספרד כבר ב 1936 על מנת להילחם נגד פרנקו, אך הוא לאחר נסיון זה המשיך לפלסטינה. שם הוא התגייס לצבא הבריטי, שרת כטייס והופל עם מטוסו בקרב מעל צפון אפריקה, שם שהה  שנה בבית חולים צבאי עם פגיעת ראש אך השתקם והיה בין מקימי חיל האוויר הישראלי לאחר עצמאות ישראל. הוא התחתן עם ברונקה ואיתה ועם בנם הקטן מייק, נסעו   לדוסלדורף שבגרמניה ב  1958.
הוא התחיל שם קריירת איש עסקים שלקחה אותו בהמשך לטהרן שבאירן ולאנגליה.
לאחר מכן, הוא וילדיו מייק ואורנה חזרו לישראל תוך שהם ממשיכים בעיסוקיהם העסקיים בישראל ומחוץ לישראל.

במובן מסויים הקשר בינו לבין משפחתי היה מרוחק אך קבוע. ג׳ק הגיע לכל מסיבה אליה הוא הוזמן והוא   תמיד נהג לתת מתנות נדיבות, שזה יהיה לבר מצוה או לחתונה.

אולם, כל השנים הקשר בינו לבין אימא שלי בעיקר התאפיין בשני פערים משמעותיים. פער ראשון היה פער הדת הפער השני היה ביחס לפולין. 

לג׳ק אורך חיים סקולרי כאשר למשפחתנו אורך חיים מותאם על פי תורת ישראל מי שקרוב יותר להלכה מי שפחות. פער זה לא היווה אמנם עילה למתח כפי שהפער השני היווה מתח.

בכלל, קשה לי מאד לפענח את מהות הקשר ליהדות שרווח אז במשפחה. אני יודע שלסבא שלי היתה רגישות מיוחדת ודאגה חזקה לשמירת המצוות. אני גם יודע שבעת עליייתו ארצה  או לפחות בעת עזיבתו לארץ ישראל הוא לא היה דתי אלא בעל אידאל סוציאליסטי. אני גם יודע שאף אחד בצאצאי משפחות גלובוס-פלידרבאום לא קיבלו מהבית את שמירת המצוות.

סבתא, סבא שלי, ובהמשך אבא שלי - שאימא שלו נספתה באושוויץ אחזו בדעות אנטי פולניות מובהקות בו בזמן שג׳ק נשאר קשור לפולין קשר הדוק כל ימי חייו.
סבא שלי היה נוהג להגיד שאם שרפה שורפת את כל פולין מקצה לקצה הוא לא היה מזעיק את מכבאי האש, סבתא שלי דיברה באופן פחות נחרץ אך לא היתה פחות קיצונית ממנו, ואבא שלי התנגד למשל נחרצות לכל תרבות הביקורים לפולין של   העשרים שנה האחרונות בטענה שפולין עושה תיירות על מחנות ההשמדה דבר שהוא לא יכול לקבל בשום פנים ואופן.

פער שני זה היה נושא למתח ואף לויכוחים אפילו רבים במשפחה.


Ma mère, Irène née Fliederbaum à Paris en 1931, sait raconter au sujet de Jack qu'alors assis sur les bancs de la yeshiva, il avait la guemara sur la table, et Marx sur les genoux mais cette thèse est contestée par Mike, fils de Jack, qui est sûr que son père n'a jamais mis les pieds dans une yeshiva.  Jack en tout cas ne montra pas d'attachement au mode de société communiste, ne vécut nullement comme un communiste. 

Il quitta néanmoins la Pologne avant la guerre, tentant dans un premier temps de combattre contre Franco dans la guerre d'Espagne, puis âgé de 18-19 ans, et ayant rejoint la Palestine, se portant volontaire dans l'armée anglaise. Devenu pilote, il fut abattu en Afrique du nord, et passa un an dans un hôpital avec un trauma crânien, avant de revenir en Israël et de participer à la création de l'armée de l'air israélienne.

En 1958, il partit accompagné de sa femme Bronca et de ses deux enfants Mike et Orna, s'installer à Dusseldorf en Allemagne où il débuta une activité d'homme d'affaires qui l'enrichit apparemment assez considérablement. De Dusseldorf, il passa à Téhéran d'où il partit par le dernier avion El Al à quitter l'Iran avant la révolution des ayatollas, poursuivant ensuite son activité professionnelle entre Londres et Tel Aviv. 

Mes parents le connurent en 1957 lors de leur premier voyage en Israël. Je l'ai connu pour ma part en 1964, lors d'un voyage à Dusseldorf, dans l'unique intention d'aller leur rendre visite. Jack fut présent au long des 52 dernières années, venant pratiquement à chaque fête où il fut invité, et accompagnant chaque fois sa présence d'un chèque d'un montant généreusement élevé.
Henri et Lonia Gumanster, Salomon Fliederbaum, Irène Pisanté, Jack Fliederbaum, Mathilde Sznajder, Henry-Jacques Pisanté, Bronca Fliederbaum, Rachel Fliederbaum.
Assis : Simon Sznajder portant Michel Sznajder, Daniel Sznajder portant Anne Pisanté.




Ses relations avec ma mère furent toujours ombragées de deux fossés idéologiques qui les séparent jusqu'à aujourd'hui, le premier fossé relatif à son état depuis encore la Pologne d'anti religieux fervent, elle ne vibrant qu'au rythme de l'étude de la Torah. Le deuxième fossė relatif à la Pologne.

Jack par exemple récuse totalement cette légende de son étude des textes juifs. Pour ce qu'il a transmis à ses descendants, il n'a jamais eu le moindre contact avec une éducation des textes religieux. Il ne connait pas un mot de yddish. Il a grandi dans un foyer hashomer hatzaïr, chez une mère qui travaillait comme éducatrice chez Yanusz Korczak.

Ces derniers détails laissant  supposer que le couple de ses parents, émanant des deux premiers mariages, comme expliqué plus haut, avait totalement tourné le dos à la tradition, soit par la faiblesse de l'attachement dans les maisons paternelles et maternelles respectives, soit par révolte du couple avec les parents et la tradition.

Si le premier fossé engendra surtout une prudente tenue à distance de chacun des côtés, le second fut l'occasion de violentes disputes à plusieurs reprises, non entre Jack et ma mère qui ne se disputèrent jamais, mais disputes qui eurent lieu dans la famille Fliederbaum à plusieurs endroits et à plusieurs reprises.

Mes grands-parents, ainsi qu'une grande partie de la famille de ma grand-mère (Tauber de Pulawy), ont quitté la Pologne sans regarder derrière eux. Si le départ de mes grands-parents de Pologne, en 1924 était nourri d'intentions sionistes, l'abandon de la Pologne ne l'habitait pas moins. Ma grand-mère voyagea néanmoins en Pologne avec ses deux filles en 1935, mais non tant dans l'idée de les montrer à sa famille, que dans celle de convaincre cette dernière de la rejoindre en France, ou tout au moins de quitter la Pologne.

Sa demi-soeur Lonia fit la même chose, se rendant en 1938 en Pologne depuis Paris, en compagnie de sa fille Odette, sans mieux réussir à sauver les siens qui étaient restés là-bas, et qui périrent là-bas. Arnold quitta Pulawy en 1933, Yaïr à la dernière minute en 1938, Shlomo, sa femme et leur enfant, Hazkel, sa femme et leur fils, Israël et sa femme, périrent probablement à Sobibor. 

Mon grand-père ne retourna jamais en Pologne, et surtout, ne voulait à aucun prix retourner en Pologne. 

Du côté de mon père, sa mère, sa tante et sa grand-mère (Wajnberg de Varsovie) avaient pour leur part quitté la Pologne en 1914 mais sans intention de n'y jamais retourner, et elles ne furent jamais animées de sentiments anti-polonais.

C'est ainsi que les rencontres familiales du dimanche à La Troche, où mes grands-parents avaient dans un premier temps une "maison du dimanche" avant de s'y installer en 1965, rencontres dont les protagonistes fixes étaient mes parents et nous (ma soeur et moi), ainsi que la famille de la soeur aînée de ma mère (Mathilde et Simon Sznajder et leurs fils Daniel et Michel), ma grand-tante paternelle (Renée Wajnberg), tandis que les occasionnels étaient Nat (Globus), Henri et Berthe (Stern. Elle née Globus), et les descendants de Malche (Armand et Lucette Buzin, René et Yvette Maratrat, elle née Buzin),ces rencontres étaient fréquemment le lieu de discussions enflammées au sujet de la Pologne.


מיד אחרי מלחמת העולם השנייה, הסבים שלי רכשו בית בפרוורים המרוחקים של פריס. , מקום קטן בשם "לה טרוש". בית בו הם נהגו לבלות בימי ראשון ובחופשים עד ליציאתם לפנסיה בשנת 5196 ,בית בו הם התגוררו משנת 1965 ועד לעלייתם בשנת  1980.

בבית זה התקיים כל שבוע במשך 35 שנים אלה מפגש משפחתי.
המשפחות שלי ושל מטילד ובעלה סימון וילדיהם דניאל ומישל היו הקבועים
ואילו כל שאר המשפחה היו למבקרים מזדמנים.

נת למשל בא לבקר הרבה מאז 1958, שנת הגעתו לצרפת, בני הזוג סטרן, ברט ובעלה הנרי היו באים   בעיקר לחגיגות, איווט ומשפחתה גם כןארמן ולוסט היו באים לביקורים תדירים קצת יותר.


Yvette et René Maratrat, et Salomon Fliederbaum. Anne Pisanté enfant.
Daniel Sznajder et Jean (?e (?)) et Ann
Arnold et Léa  Tauber, Lonia Gumanster, Mathilde Sznajder


באופן מסורתי היו שם המבוגרים משחקים קלפים בו בזמן שאנחנו הילדים היינו מסתובבים בסביבה, משחקים ביערות שסביב הבית. הרבה פעמים המפגש היה מסתיים עם חשיכה, גם בחדר הטלוויזיה, לפני שהיינו חוזרים כל אחד לביתו.
לפעמים היו מתעורר ויכוח סביב פולין. היו שם אנשים שפולין נשארה להם בזכרון כארץ געגועים והיו שם אלה הנ״ל עבור מי המילה פולין היתה סדין אדום.
הסבים שלי הרי היגרו לפלסטינה בשלב ראשון מסיבות ציוניות אך לא פחות עזבו את פולין כדי לעזוב את פולין.
סבתא נסעה מפריס לפולין עם שתי בנותיה ב 1935 במטרה להראות את בנותיה לבני משפחתה, אבל לא 
פחות על מנת לשכנע אותם לעזוב את פוליןהיא נכשלה , הם נשארו בפולין והם נספו בפולין לרובם.

דודתי רנה, אחותה של אם אבי גם היתה מצטרפת אלינו כל שבוע לביקורנו ב״לה טרוש״. היא היגרה מפולין בשנת 1914, עם אימה, אחותה ואחיה, והיא נשארה עם געגועים לפולין.
כך שהמפגש השבועי היה התפתח תדיר לשיחה על פולין, שבצד אחד או השני היה נושא חשוב מאד לכולם, מי בעד ומי נגד.

בזיכרון שלי, נת לא היה לוקח צד בויכוחים קולניים אלה גם אם הם היו בדציבלים גבוהים.  
נדמה שנת היה מאלה שמצד אחד נאלצו לברוח מפולין או לכל הפחות לתפוס ממנה מרחק וגם יחד נשארו קשורים מאד מאד. 
הוא גם נשאר בעל דעות שמאלניות-קומוניסטיות מאד בו בזמן שיתר בני המשפחה נהגו כל אחד לפי תורו להתרחק מהקומוניזם, מי אחרי שהצבא האדום פלש להונגריה, מי אחרי פראג, מי במרוצת הזמן וככל שנודע במערב על מצב האוכלוסיות בארצות הסוציאליסטיות.

בגלל פער שני זה נותק יום אחד הקשר בין סבי ובין נת, כאשר זה האחרון הודיע שהוא מתחתן עם אישה לא יהודיה ובנוסף ממוצא פולני.










Ma tante Renée représentait le courant pro-polonais, parlait de la bonne éducation polonaise, tandis que mon grand-père qui ne brillait pas par ses capacités diplomatiques, était farouchement anti, ma grand-mère n'en pensant pas moins mais exprimant moins ses idées à voix haute. Mes parents étaient identifiés au côté anti et certaines de ces disputes se prolongeaient entre mon père et sa tante. C'est au cours de tels échanges que les cartes à jouer se retrouvaient mises de côté, la belote interrompue. C'est à cette occasion que je peux encore entendre mon grand-père dire que si un feu éclatait à un bout de la Pologne et ravageait le pays entier, lui n'appellerait pas les pompiers.

Dans mon souvenir, Nat ne participait pas au feu de la discussion. Je peux encore entendre son fort accent polonais. Il était arrivé en France en 1958, et jusqu'à aujourd'hui je ne connais pas les circonstances exactes de cette émigration. Mes parents savaient dire - et ma mère le dit encore aujourd'hui - qu'il était directeur d'une centrale électrique et en parallèle très impliqué en politique, en tant que communiste, et que c'est par antisémitisme qu'il a été contraint de quitter ces deux activités et la Pologne. Arrivé en France, où il avait fait une partie de ses études de physicien avant guerre, il écrivit sa thèse de doctorat, s'intégra comme chercheur au cnrs jusqu'à y recevoir des fonctions très importantes. Ma mère se souvient très bien comment il souffrit encore une fois de son état de juif polonais communiste au cnrs et que cela se traduisit par le fait que c'est son directeur de laboratoire (A. Néel) qui reçut en 1970 le prix nobel pour des découvertes menées en fait par Nat, découvertes qui aboutirent à la définition du phénomène dit hystéresis, décrivant au niveau des ferrites une certaine "mémoire" des matériaux. J'ai par exemple entendu récemment que c'est ce phénomène qui fait qu'une pile doit être chargée à partir du plus bas niveau de charge possible afin de lui communiquer un éventail de charge maximal, dont elle gardera la mémoire et pourra ainsi avoir un rendu maximal.



נת, בזכרון שלי לא היה מביע דעה , לא היה לוקח חלק בויכוחים, אבל היה פולני מאד. בקרב המשתתפים בשיחה הוא היה הפולני מכולם, זהשבילה הכי הרבה שנים בפולין זה שעזב את פולין הכי מאוחר.

נת היה ידוע במשפחה כ״המדען״. הידע והסטטוס שלו היו ידועים ומרשימים מאד. יחד עם זאת הוא גם היה בעל פרופיל אופייני של אדם שכל הראש שלו שקוע במחקר שלו ולא כל כך במציאות.

הוא היה מאד אהוב על ידי, על ידי כולם. היה קצת מספר על עצמו אך לא הרבה. דניאל זוכר איך פעם אחת הוא עזב בסוף היום...כשהוא לובש את הג'קט של סימון, אביו של דניאל, ובתוכו ניירות ומפתחות של האוטו. נת בכלל לא שם לב ונאלצו לרדוף  אחריו כדי לקבל בחזרה את כל זה.

אימא שלי זוכרת כיצד ערב אחד,כאשר היה מוזמן לארוחת ערב, הוא היה שקוע בסיפורי מאבקי הכוח   במעבדתו, מאבקים בהם הוא למעשה הפסיד, והוא בכלל לא שם לב לכך שאימא שלי הפילה על הרצפה, ובהמשך אספה , את כל הארוחה.

במכתב משנת 1979 לאימא שלי, דניאל סיפר על איזה ויכוח עז ששוב פרץ ביום ראשון, ב״לה טרוש״, הפעם בנושא פוליטיקה. היתה אז תקופת ההתגייסות של אנשי שמאל, התגייסות שהביאה בשנת 1981 לזכיית מיטרן בבחירות לנשיאות. דניאל סיפר כיצד סבא שלי התווכח מול נת בנושא הקומוניזם, כאשר סבא שלי הכריז שאם הוא צריך בהצבעתו לתמוך אפילו בעקיפין בנציג קומניסט,   הוא מעדיף להימנע מלהצביע. סבא שלי היה למעשה מאד חם על נת, בגלל אהדתו הבלתי נדלית לקומוניזם, על אף ההיסטוריה האישית שלו וההיסטוריה האוניברסלית, ובגלל אהבתו הלא פחות מושרשת וקבועה לפולין. 

כאשר נת הודיע שהוא הולך להתחתן עם אישה פולניה לא יהודיה, סבא שלי ניתק עימו את הקשרים.

הסבים שלי עלו ארצה ב 1980 ובשנה זו הסתיימו הימי ראשון ב״לה טרוש״. התמונה הצבעונית ועליה כל בני המשפחה כולל ארמן ולסט בוזין היא התמונה האחרונה, שצולמה ביום ראשון האחרון ב״לה טרוש״, ימים ספורים לפני שהמוביל ארז ולקח את כל החפצים.

הקשרים בין בני המשפחה הישראלים ונת נשארו מנותקים 36 שנה והתחדשו אך ורק בזכות ביקורם של מייק  וג׳ק אצל הוריי בירושלים, שעה בה ישבנו שבעה על אבי שנפטר באופן פתאומי בספטמבר 2016. 

מייק דפדף באלבום תמונות המשפחתי וגילה להפתעתו תמונה של נת ב״לה  טרוש״ ואמר לי שהוא  ישלח   אותה לבת שלו...שמתגוררת בארץ.

ממשפט קטן זה התגלגל המצב לחיבור מחודש בינינו לבין גלובוס.

יש קשר לא הדוק בינינו לבין צאצאי מלצ׳ה בצרפת, יש קשר מכתבים בינינו לבין צאצאי בלנקה באוסטרליה, ויש קשר בינינו לבין ג׳ק וילדיו ונכדיו.

נדמה שהשמות פלידרבאום, גלובוס, בוזין לא ימשיכו להיות בשימוש במשפחתנו מכאן ואילך. בצד השני של משפחתי, אותו גורל חל עלהשמות  ויינברג פוזנר.



Nat avait beaucoup du savant, et était considéré comme tel. Il était souvent absorbé soit dans ses pensées (Daniel se souvient qu'il lui a raconté s'être un jour réveillé sur le tapis au salon entouré de notes qu'il avait rédigées jusqu'à tomber d'épuisement et passer là la nuit), soit dans son récit. Ma mère se souvient comment un soir à Wissous, elle fit tomber par terre un plat de poulet - riz qu'elle mit un certain temps à ramasser, tandis que Nat occupé à raconter son vécu de recherches et découvertes ne remarqua rien de toute la scène. Un autre jour, on s'aperçut qu'il était reparti de La Troche ayant enfilé la veste de Simon avec papiers et clés de voiture, et il fallut le rattraper in extremis avant qu'il ne monte dans le train. Il ne s'était pas aperçu de sa méprise.   

En 1979, alors que mes parents étaient depuis un an en Israël, Daniel raconta par lettre la scène qui s'était passée à la Troche le dernier dimanche. La discussion avait démarré à propos des élections présidentielles qui s'approchaient, élections que remporta François Mitterrand, porté au pouvoir par l'union de la gauche. il était à ce moment question de constituer cette union et alors que Nat se prononçait en faveur de cette union, mon grand-père exprima qu'il voterait blanc plutôt que de soutenir même indirectement un candidat communiste. La discussion tourna à la dispute. 

Je sus par la suite que les relations entre mon grand-père et Nat s'étaient coupées, du fait de mon grand-père, et au delà de ces dissensions politiques, surtout du fait que Nat avait un jour annoncé à mon grand-père, son oncle, son mariage avec une femme polonaise non juive. 

En visite en France en 1989, ma mère eut une conversation téléphonique avec Nat. Il voulait la rencontrer mais elle était déjà presque sur le départ et il lui dit que c'était bien dommage, qu'il avait des choses à lui raconter. Ce n'est qu'a posteriori qu'elle réfléchit que Nat tentait en fait de renouer et ceci ne se fit pas, cherchait à dialoguer et elle ne sut le sentir sur le moment. Il lui raconta ce jour qu'il travaillait à la rédaction d'un livre autobiographique, qu'il se préparait à intituler non moins que : "je m'excuse d'être né". Si le livre a paru, ce ne peut qu'être en polonais, la langue dans laquelle Nat l'a certainement écrit.

Ce ne fut que 18 ans plus tard, à l'occasion de la visite de condoléances que nous firent Jack et Mike après le soudain décès de mon père, que je découvris l'existence - et surtout la présence en Israël  ! - de sa fille Naomi. Le bruit m'était parvenu de façon vague que Nat aurait eu deux filles, et je les croyais coupées de la famille.

La situation n'était en fait pas si différente de cela. Un certain lien qui existait du temps de la présence de mes grands-parents en France se dénoua pour au moins trente six ans après la vente de La Troche.

Aujourd'hui, le lien existe entre les israéliens, Jack, Mike, Orna et ses filles Maya et Mica, Naomi et nous. 

s
Le lien avec Claude Stern (fils unique de Henri et Berthe, qui a aussi trois enfants) n'a pas survécu à la disparition de ses parents à Nice dans les années 2000, le lien avec Yvette Maratrat (fille de Malche) et ses descendants est très ténu, il est aussi presque coupé avec les descendants de sa soeur Suzy à un échange electronique unique près avec Marc son fils, domicilié aujourd'hui aux USA, et à quelques visites ponctuelles chez nous à Jérusalem, de Sophie, de Julie, d'Evelyne. Le lien épistolaire se maintient avec Anne Sowey, fille de Blanca, résidant depuis sa naissance en Australie.


Il n'apparait pas cependant que les noms Fliederbaum, Globus ou Buzin, vont être portés par quiconque de la prochaine génération. Dans ma famille paternelle, le même sort échut aux noms Wajnberg et Pozner.


7. Trieste




Dans un précédent texte sur mon histoire familiale, je relatais le départ de mon grand-père maternel de Pologne en 1925 en direction de la Palestine d'alors et je mentionnais sa première étape qui avait été la ville de Trieste, dans laquelle il séjourna six mois. Je ne sais toujours pas ce qui fit qu'il séjourna là-bas si longtemps, ni comment il vécut, s'il explora ou profita de la ville, questions qui accompagnaient mon propre voyage là-bas, mais j'ai récupéré quelques informations supplémentaires.
J'ai par exemple appris que mon grand-père quittait à cette époque la Pologne pour la Palestine au moins du fait d'une impulsion ajoutée d'une influence ouvertes : son beau-frère, mari de sa soeur, était un fervent socialiste, son but était en premier lieu la vie au kibboutz, en second lieu la Palestine, et il semble que le départ de mon grand-père s'opéra sous son influence.



photos extraites du livre "Trieste la porta di Sion - Storia dell'emigrazione ebraica verso la Terra di Israele 1921-1940


Il est possible que l'impulsion maîtresse de mon grand-père, le retour en Israël après deux mille ans d'exil juif, lui soit précisément venue de son passage à Trieste et de son étude sur place, avec un "Chouchani" personnel. 

Que cela ait été de ce fait ou d'autres paramètres, pour mon grand-père le socialisme fut secondaire, après le sionisme, tandis qu'il fut primordial pour son beau-frère, et d'autres membres de ma famille.

Ce socialisme est quand même singulier. Il semble qu'il ait ainsi été le moteur de bon nombre de ceux qui se rendirent en Palestine dans la première moitié du vingtième siècle, la plupart fuyant pourtant, pour beaucoup d'entre eux, des pays que le même socialisme avait bouleversés mais sans pour autant avoir fait disparaître l'antisémitisme qui avait accompagné la vie des juifs dans les mêmes pays des siècles durant. 

Le kibboutz a été, de son fait, un très fort pôle d'attraction jusque dans les années d'après guerre, menant entre autres en Israël beaucoup de jeunes volontaires de tous les pays, séduits par ces villages novateurs, et venus les examiner de près. Mais les kibboutzim pour ainsi dire n'existent plus. Quelques rares sont demeurés entièrement collectivistes et, en cela, attachés à cette idéologie première, la plupart des autres ne se sont pas dissous mais se sont privatisés, laissant - loin - derrière eux la partie "socialiste" de leur identité, en général principalement pour raisons...économiques, mais avec de nombreux constats - et de blessures - de dégats parallèles, aux chapitres de la vie familiale et de la vie sociale.

Le monde a vu par ailleurs les tristes résultats-dégâts du socialisme muté en communisme dans les pays où il a été mis en application, a subi les catastrophes (plusieurs dizaines de millions de morts !) dues à un certain "national socialisme". Tandis que ce qui s'appelle encore aujourd'hui parti socialiste, ou de gauche dans tel ou tel autre pays n'a plus qu'un très lointain rapport avec les idées fondatrices de la révolution russe de 1917.

Et ceux qui se revendiquent encore aujourd'hui de façon militante de ce socialisme sont d'une part très peu de gens, et surtout encore moins de vrais prolétaires. Les prolétaires sont souvent plus identifiés avec la version trotskiste, version très particulière "de révolution permanente", et d'opposition de principe - et pérenne - au pouvoir. Il s'agit ici d'une position politique qui ne peut accéder au pouvoir qu'à condition de se parjurer ou se métamorphoser  en quelque chose qui pourrait n'être que très dictatorial, tel que l'a été le maoïsme par exemple, tant l'identification politique de ses adhérents repose sur l'opposition au pouvoir, à la classe dirigeante, corrompue de façon intrinsèque à leurs yeux.

Ceux qui connaissent mon histoire familiale savent que mon grand-père maternel, après avoir finalement atteint la Palestine, y avoir retrouvé ma grand-mère, l'avoir épousé à Tel Aviv en 1925, s'est retrouvé en France dès 1926. Les conditions de vie en Palestine étaient alors très dures, ma grand-mère, enceinte, craignait pour l'avenir de l'enfant.

Alors qu'au niveau de ma famille polonaise (trois branches confondues), il semblait depuis 1914 qu'elle quittait la Pologne pour la Palestine du fait d'une combinaison de trois principaux facteurs : l'attrait pour le socialisme qui prédomina chez certains, l'attrait pour le retour à Sion, comme ce fut le principal pour mon grand-père, et la fuite devenue possible d'une Pologne qui les avait trop régulièrement haïs et massacrés, il s'avérait en 1930 que seuls deux ou trois individus s'étaient effectivement installés dans les kibboutzim, deux avaient eu un parcours individuel et très personnel, et que la plus grande partie de ceux qui avaient quitté la Pologne se trouvaient en France.

La France était aux yeux de ma grand-mère le pays des droits de l'homme, mais avant cela, elle était - pour quelqu'un qui avait grandi démunie de droits civiques et dans une relative pauvreté - le lieu d'une possible prospérité économique, le lieu du progrès.

Ma grand-mère était un personnage actif, décidé. Elle avait quitté la maison familiale parce qu'elle n'acceptait pas que son père la marie contre son gré, elle voyagea plus tard à Pulawy, sa ville natale, avec ses deux filles, l'été 1935, principalement dans le but de convaincre ses frères, soeurs et père (et grand-père) restés sur place, de fuir la Pologne. Elle ne réussit pas.


Se joignirent cependant à mes grands-parents plusieurs couples issus de leurs familles respectives, dont le fameux beau-frère communiste et sa femme, sœur de mon grand-père, ainsi que trois soeurs de ma grand-mère. Plus tard, juste avant la guerre et après guerre, se joignirent encore d'autres membres de la famille.

Mon grand-père maternel, la mémoire sans doute lourde de pogroms, ne faisait confiance à aucun non-juif. Son identité la plus profonde était son identité juive, composée de la crainte et du souvenir de la persecution antisémite pour une part, et du désir de vivre pleinement son judaïsme en Israël (peut-être acquise, en tout cas renforcée à Trieste) pour l'autre part. 

D'autres membres de la même famille résolvaient la même équation de façon sensiblement différente pour l'importance respective de ces trois paramètres, le judaïsme, le sionisme et le socialisme.

La seconde guerre mondiale fut pour tous une catastrophe à des degrés différents selon les individus.

Ceux qui avaient atterri en Israël ne souffrirent pas directement de la shoah. Mon oncle Yaïr, demi-frère de ma grand-mère, installé au kibboutz, tenta, lui aussi sans succès, de sauver ceux demeurés à Pulawy, son frère Arnold réussit à quitter la Pologne in extrémis, ainsi que deux cousins de mon grand-père, Yaacov et Nat, le premier ayant déjà quitté la Pologne en 1936 pour combattre en Espagne aux côtés des brigades rouges, le second, communiste encore plus, ayant cherché et trouvé refuge à l'est. Les autres furent massacrés par les allemands.

En France, l'entrée des allemands à Paris provoqua l'exode, la fuite de beaucoup de français, de mes grands-parents maternels, ainsi que de mes grands parents paternels, chacun de leur côté : ils ne se connaissaient pas encore.

Mes grands parents maternels atterrirent à Prades, dans les Pyrénées, surtout pour fuir le plus loin possible en zone libre, mais aussi avec un œil sur l'Espagne, comme position de repli potentiel.



Se retrouvèrent ainsi à Prades en 1941 plusieurs couples, de la famille de ma grand-mère, en particulier deux soeurs à elle, mais aussi d'autres cousins, et ils n'y étaient pas les seuls juifs, Prades ayant eu la réputation, comme le Chambon sur Lignon, comme Nice, comme quelques autres endroits de France, que les juifs pouvaient s'y réfugier.

Ils purent effectivement y vivre sans être trop inquiétés jusqu'à février 44, les deux filles de mes grands parents, ma mère et sa sœur, allant à l'école puis au collège sur place, mais tandis que mon grand-père comme tout homme, et à titre supplémentaire comme homme juif, a dû se cacher dès l'entrée des allemands en zone libre, en 1942, afin de ne pas éveiller la curiosité.
Il ne sortit pas de la maison pendant une très longue période, qu'il employa partiellement à construire la cachette qui sauva la vie à leur noyau familial quand les allemands frappèrent à la porte cette nuit de février 1944.

Le socialisme, le sionisme faisaient-ils partie des discussions des adultes pendant toute cette période ? Je l'ignore. Je suppose qu'ils luttaient trop dur pour leur survie pour faire des rêves d'avenir, mais leur survie tenait aussi à leur espoir de survie, à leurs rêves d'avenir, aux choix de vie qu'ils envisageaient de faire et qu'ils firent, et le socialisme faisait alors partie du répertoire.

L'irruption des allemands en février 44 sema une nouvelle fois la panique parmi eux. La cachette les avait sauvés, mais ils ne pouvaient plus rester dans la maison.

Ils se séparèrent. Mon grand-père ainsi que la famille de la sœur Eva de ma grand-mère à l'accent yiddish trop prononcé pour envisager de circuler en sécurité, furent hébergés dans la montagne au-dessus de Campoussy, à Palmes - une ferme - un mas - dont mes parents connurent les propriétaires par hasard vingt cinq ans plus tard -, tandis que ma grand-mère et ses filles partirent sur les routes.

Elles cherchaient de l'aide, un foyer, et ma grand-mère espérait en trouver auprès d'un fournisseur d'avant-guerre, qui lui avait laissé un bon souvenir. Elles le cherchèrent d'abord à Saint Etienne, puis à Paris où il avait échoué. Il eut la délicatesse de ne pas les dénoncer aux allemands, mais c'est ce à quoi se borna son soutien.

Après un bref passage - très dangereux! -  à Paris, dans un hôtel du Paris 12ème où elles avaient vécu jusqu'en 40 et où elles risquaient d'être reconnues dans la rue et dénoncées et qu'il fallait fuir rapidement, elles se retrouvèrent à l'Isle-Jourdain (Gers), dans cette localité où se trouvaient, et où vivaient plutôt bien en cette dure période de disette, pas mal de juifs.

De là parvint aux oreilles de ma grand-mère que le groupe de Palmes prévoyait de passer en Espagne, et elle se déplaça jusque là-bas pour les convaincre de ne pas faire ce qui lui apparaissait comme une folie. Elle ne parvint à convaincre que mon grand-père.

Les autres regardaient l'Espagne comme leur salut, attirés là-bas par des cousins qui avaient réussi à franchir la frontière.

La sœur Eva de ma grand-mère, son mari, et leur fils Jeannot furent pris par les allemands alors qu'ils tentaient de passer la frontière, et furent envoyés à Auschwitz.





La sœur de mon grand-père et son mari socialiste étaient eux aussi passés antérieurement en Espagne et avaient continué vers le Maroc quand ils eurent à choisir, après avoir hésité entre les USA, la Palestine et le Maroc.

Paradoxalement, celle de leurs enfants qui à ce stade voulait surtout rejoindre la Palestine, par conviction socialiste, resta après guerre fortement marquée par ces mêmes idées...au point de devenir anti sioniste !

Ici est le paradoxe fou de ce socialisme, dont Israël fut peut-être le seul pays au monde où son application fut réellement novatrice sans devenir hautement nuisible (en tout cas dans sa version communiste), et dont les anachroniques adhérents d'aujourd'hui (gauche et surtout extrème gauche, avec entre autres cette France "insoumise" du triste Mélenchon) comptent parmi eux les antisionistes les plus ardents, et les plus stables dans leurs convictions. 

Que le communisme soit resté un idéal aux yeux d'une frange de la société européenne même après le stalinisme, même après l'ouverture du rideau de fer et la découverte de ce qu'avait été la vie là-bas, est en soi une énigme. 

Que les idées communistes soient - comme cela parait être le cas - en équation inépuisable avec l'antisionisme est une non moins grande énigme.

Que ces idées soient embrassées par des juifs, pour la plupart issus des pays où le socialisme a été le plus vénéneux, et que cela soit ce qui les polarise contre Israël, est la plus grande de ces énigmes

Les palestiniens, de leur côté, ont réussi le tour de force médiatique de revêtir aux yeux de ces résidus socio communistes l'apparence sempiternelle des damnés de la terre, qui plus est damnés par la faute des israéliens présentés aujourd'hui comme l'incarnation du colonialisme, de l'impérialisme et des apartheidistes. 

Ces défenseurs de la cause palestinienne ont en fait une attitude paradoxale. D'un côté, ils paraissent mieux que tous être décrits par ces quelques lignes de Charles Enderlin ( dont je n'ai pourtant pas vraiment apprécié la contribution en particulier autour de l'affaire A-Dura mais que je cite ici néanmoins) :  
"Pour les professeurs Almond, Appleby et Sivan ( Strong religion. The rise of fundamentalisms around the world. University of chicago press 2002) il y aurait parmi les élites occidentales une forme de myopie séculière produisant « une vision réductrice de la religion, épiphénomène des réalités économiques, politiques et psychologiques. Le principe de la séparation entre l’église et l’état, était, depuis les Lumières, le principal critère de modernisation et de liberté individuelle.[1] » En d’autres termes, intellectuels, journalistes et politiques ont tendance à considérer la religion comme relevant exclusivement du domaine privé et sont souvent quasi imperméables à la vision fondamentaliste totalitaire. (In Charles Enderlin. 25.11.15)",

Tandis que d'un côté, ils demeurent aveugles à ce développement du fondamentalisme religieux, de l'autre côté ils ont en fin de compte une attitude qui, bien qu'ouvertement laïque, a tous les traits de l'attitude religieuse, avec des convictions immuables et solides à toutes sortes de preuves ou d'arguments, ils ont des interdits, ils prononcent des blâmes, des excommunions...

Israël est très loin d'être aujourd'hui une contrée socialiste, mais n'est pas très différente en cela de la plupart des pays du monde développé, et surtout, les palestiniens, représentés et "dirigés" par des nababs corrompus ne me paraissent pas souffrir en premier lieu de cette "domination" israélienne devenue tellement emblématique et négative en occident, en particulier aux yeux des derniers communistes révolutionnaires convaincus, au point que leur facette musulmane fondamentaliste leur reste impunie même après les attentats commis par Daesh à Paris, Bruxelles ou ailleurs, et alors qu'ils ne paraissent pas le moins du monde adhérer eux-mêmes à de quelconques idées égalitaires, ou collectivistes.

Viendra-t-il un jour où ces gens ouvriront les yeux ? A quel prix accepteront-ils de cesser cette démonisation à laquelle ils prêtent main ? Ou devrions-nous nous-mêmes ouvrir les yeux, et nous résoudre à comprendre ce qui meut réellement cette animosité ?

Je suis reconnaissant à mon grand-père d'avoir inculqué à ses enfants et ses descendants avant tout le message de la pérennité du peuple juif, et de n'avoir pas signé pour cette inféodation sempiternelle à des idées sociales qui se sont avérées déficientes et tellement opposées à cette pérennité.

Il a espéré pouvoir vivre un jour en Israël pendant les 54 ans de sa vie en France, et a obtenu - en récompense d'un espoir secret qui ne faiblit jamais - que ses descendants fassent le pas qu'il n'avait pas réussi à faire, et lui permettent, en lui ouvrant la voie, de vivre les 13 dernières années de sa vie au bon endroit.

Yaakov, le neveu de mon grand-père, qui quitta la Pologne et le monde traditionnel dans lequel ses parents avaient été élevés pour aller combattre le fascisme en Espagne, passa en Palestine et se rallia en 1940 à l'armée britannique où il servit, et fut blessé, comme pilote. Il participa ensuite à la création de l'armée de l'air israélienne et se lança dans les affaires dès 1958, partant vivre dans un premier temps en Allemagne, dans un second temps en Iran, avant de revenir se partager entre Israël et Londres. Il a quitté le monde juif et la Pologne par idéal socialiste et a bifurqué.

Nat, autre neveu de mon grand-père, compère de Yaakov durant l'enfance adhéra lui aussi aux idées socialistes au point de quitter la Pologne pour l'URSS où il passa toute la guerre. Il retourna en Pologne et participa à la mise en place là-bas d'un régime socialiste. Grand savant physicien, il devint directeur d'une centrale électrique en Pologne et y demeura jusqu'en 1958 où il dut fuir, poursuivi tant en tant que juif qu'en tant qu'activiste politique. Il se rendit à Paris et poursuivit une brillante carrière scientifique, au cnrs, dans un laboratoire dont les travaux furent couronnés en 1970 du prix nobel pour la découverte du principe d'hystérésis. Mourut-il communiste, lui qui vu de l'extérieur y adhéra à la façon d'Icare ? je l'ignore.

On en vient à se demander quelle doit être en 2017 la place de ce socialisme dans les choix à effectuer lors des grandes consultations électorales actuelles, en Europe comme aux Etats Unis comme en Israël.

Il parait assez clair que le socialisme est né de la détresse sociale. Il parait non moins clair que les populations des pays européens et du nouveau monde souffraient de statut social jusqu'aux révolutions, révolution française, révolution russe, et que seules d'infimes minorités souffrent encore aujourd'hui de telles inégalités. La plupart des individus sont aujourd'hui protégés par les droits de l'homme  et même alors que les écarts salariaux ou de richesse familiale restent énormes peu vient aujourd'hui ni dans la misère ni même dans des situations qui rappellent les conditions du prolétariat russe d'avant 1917 ou du bas peuple dans la France d'avant 1789. 

Le socialisme a porté la société, a incarné l'espoir d'individus en attente d'un monde meilleur. Le socialisme a été le pivot ou le tremplin pour de nombreux individus dont mon grand-père, Yaakov,  Nat sont quelques exemples. 

Le socialisme les ayant aidés, propulsés, peut-être un peu malmenés aussi, ils n'y sont pas restés, ont continué plus loin.

Au chapitre collectif, le socialisme a permis le soutien aux classes économiquement faibles, au prolétariat, aux damnés de la terre, mais il a soit terriblement échoué (URSS) soit tragiquement dérivé (dictature cubaine, vénézuelaine), ou a été perverti ("national socialisme) mais il parait très difficile de désigner un pays dans lequel il soit devenu l'instrument d'un pouvoir sage, social, humaniste..

Les kibboutzim ont représenté une application heureuse mais ils se sont détachés de ce collectivisme avec la prospérité économique.

Et donc, y a-t-il à souhaiter qu'un gouvernement soit socialiste ? la véritable place du socialisme n'est-elle pas l'opposition ? celle qui permettrait (en situation idéale) aux délaissés par les dirigeants obnubiliés par la croissance croissance économique et leur enrichissement personnel d'être néanmoins protégés.

Israël est finalement  né du socialisme  dans son ensemble ou pour une part non négligeable. C'est la raison pour laquelle ses premiers gouvernements ont été socialistes...jusqu'à ce que la droite ne prenne - et garde (démocratiquement) le pouvoir, le parti socialiste réalisant le même score que celui de Hamon lors de la dernière consultation française.

Et il reste de nombreuses questions.

Israël n'est pas le pays de cocagne, et a sa part de responsabilité dans le fait que le conflit avec les palestiniens ne soit pas encore réglé, mais l'acharnement dont il fait l'objet à travers les innombrables condamnations, les mouvements de boycott et les toutes récentes mesures d'étiquetage de ses produits d'exportation ne parait ni justifié, ni exempt d'antisémitisme, ni surtout pouvoir contribuer à une quelconque solution du conflit. 

Et surtout, d'où est sortie chez bon nombre de juifs aujourd'hui antisionistes, cette adhésion tenace contre un Israël tenu comme bastion d'un impérialisme, eux qui ont su de près combien ce pays ne s'est pas construit comme une colonisation émanant d'une métropole riche, mais à la sueur du front de pauvres immigrés, leurs frères ou leurs cousins, eux-mêmes rescapés d'horreurs que le monde a trop vite oubliées ?

Ces condamnations, boycotts, étiquetage, paraissent tellement antisionistes à leur base - et non en relation avec les territoires controversés parce que conquis par la guerre des six jours -, tellement compulsivo-obsessionnels, qu'ils ne peuvent qu'avoir pour effet d'encore ajourner la reprise des négociations, ce qui est peut-être le vœu secret des boycotteurs les plus ardents.

Et je ne sais pas, finalement, si ça n'est pas mieux.

Et concernant nos enfants, que souhaiter pour eux ? je souhaite qu'ils reçoivent de moi un héritage idéologique semblable à celui que j'ai gardé de mon grand-père (qui s'est très très peu exprimé idéologiquement) : les valeurs les plus solides sur lesquelles un juif a à se reposer sont les valeurs de la Torah. C'est elle qui présente le projet individuel et collectif le plus compétent et le plus moral, et en outre le plus intéressant, projet qui peut inclure adhésion à telle ou telle conviction politique, mais projet qui dépasse les convictions politiques par son ampleur et sa profondeur. Je ne parle pas d'affiliation à telle ou telle forme de judaïsme, ni des représentants officiels de cette Torah, je parle de la Torah, source inépuisable de réflexion et de conduite, et non moins fondamental, patrimoine de chacun d'entre nous.
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Ce n'est pas nous qui la gardons, c'est elle qui nous garde. Ne la délaissons pas.




7bis - Voyage à Trieste


Qu'est-ce qui pousse les anguilles à faire tout le trajet vers la mer des Sargasses pour se reproduire ? Qu'est-ce qui pousse les saumons à remonter les fleuves jusqu'aux montagnes ? Qu'est-ce qui pousse cette race de papillons éphémères à poursuivre dès leur naissance le chemin entrepris par la génération précédente sans avoir pu le mener au bout ? Qu'est-ce qui poussait Elkana, père de Shmuel Hanavi à se rendre chaque année quoiqu'il arrive à Shilo, à une époque où la population se dispensait de cela ? 

Et qu'est-ce qui m'a poussé ainsi vers Trieste, une ville à l'extrémité est de l'Italie, devenue touristique il y a seulement dix ans ?



Pépé n'a pas tellement raconté, n'a rien raconté à moi directement de ce passage qu'il y fit en 1924, sur la route qui le menait de Varsovie à Haïfa. Je sais par ce qui était connu dans la famille, qu'il était passé par la ville, y était resté un petit temps, et utilisait le vendredi soir un petit tas de sable sur lequel il se couchait après avoir mangé un repas trop copieux, pour caller son ventre trop plein contre la masse résistante et dure du sable.
Récemment, je découvris qu'il n'avait pas été seul à faire cette étape. 

Trieste, qui avait appartenu à l'empire austro-hongrois, était devenu italienne (sur une base de population italienne au moins en partie) au démembrement de celui-ci, et devenait en 1920 et pour environ dix ans "porte de Sion" pour les juifs polonais de la seconde alyah, qui quittaient par son port une europe natale mais hostile.



Les juifs de Trieste étaient alors une grosse communauté. Une partie vivait au ghetto, où étaient en activité quatre synagogues, certaines ashkénazes-italiennes, certaines sepharades-du rite grec, pour les juifs de Corfoue étant venus s'installer ici quelques dizaines d'années plus tôt. Le ghetto de Trieste est très ancien et les conditions de vie y réstèrent précaires jusqu'à sa fermeture. Il donnait directement sur la Place de la Bourse, et ne subsitent plus aujourd'hui de l'endroit que le porche d'accès depuis cette place dit "arco de la fortizzia", les rues extrèmement étroites, et une auberge "du ghetto".




Les juifs qui avaient réussi à s'élever économiquement et socialement ne vivaient plus au ghetto. Installés en ville, et probablement engagés dans les activités commerciales rendues possibles par la situation géographique de l'endroit (Trieste est aujourd'hui le plus gros port de la Méditerranée), ils étaient devenus une communauté si prospère qu'ils s'étaient fait construire déjà en 1912 une synagogue gigantesque, la deuxième d'Europe par la taille.



Les juifs du ghetto n'appartenaient pas à cette communauté, et les juifs polonais de passage ne daignaient pas fréquenter ce batiment aux airs de cathédrale, pourvu de vitraux, et d'un orgue de surcroît.
Ils étaient logés dans une petite rue escaladant la colline la plus ancienne de Trieste sur laquelle se tiennent le chateau et la cathédrale, une rue très en pente, ayant reçu de ce fait le nom de "via del monte".





Là, les organisations sionistes avaient acheté quelques locaux dans lesquels ils avaient installé un restaurant, une auberge, une synagogue, et quelques bureaux depuis lesquels se menaient les démarches de l'émigration.
Les juifs polonais restaient en général peu de jours à Trieste. Ils arrivaient par le train, se rendaient via del monte, et quelques jours plus tard, embarquaient vers la Palestine à bord du paquebot "Jerusalem" dont le capitaine, Umberto Steindler, juif de Trieste passioné de navigation et devenude ce fait capitaine au long cours, avait fait un lieu comme "israélien avant l'heure" : pourvu "au naturel" d'une synagogue et d'une cuisine cachère.

Pépé resta six mois à Trieste et la raison ne m'en est pas connue. Peut-être dût-il attendre tout ce temps pour obtenir non seulement un visa pour lui-même, mais aussi pour que mémé puisse le rejoindre ? Je sais qu'elle ne passa pas par Trieste mais par Odessa, et le rejoignit bel et bien à Tel Aviv, où ils se marièrent en 1925, mais je ne sais pas pourquoi elle ne passa pas par Trieste, ni si ce détail est à l'origine de la prolongation du séjour à Trieste. 

Pépé, né d'une famille de hassidim, était devenu orphelin très tôt et il n'avait apparemment plus de lien avec la pratique des mitzvot quand lui et mémé se rencontrèrent à Varsovie et conçurent le projet de créer en Palestine leur vie commune et leur foyer.
Le séjour à Trieste le transforma, au moins en apparence : il monta sur le bateau déjà non plus laïque, déjà en décalage avec ce qu'il avait été au moment de sa rencontre avec mémé.

Qui avait opéré en lui ce changement ? Quelle atmosphère ? Quel monde juif ? Quelle personnalité ?  Peut-être d'autres desendants savent une réponse à ces questions.

Elles sont à l'origine de mon voyage à Trieste. 

Je savais que je ne trouverais sur place aucun indice concret.

Je ne suis allé qu'humer l'ambiance. Me mouvoir dans la ville, dans ses parties religieuses, dans ses quartiers commerçants, le long de la jetée, sur la colline du chateau de San Giusto,





 sur la falaise, en bout de trajectoire du tramway funiculaire qui relie la ville à Opicina. Je cherchais le climat. Moi, qui déteste le vent, ésperais expérimenter cette "bora", le vent local à cause duquel des barres en métal sont installées le long des murs afin de s'y aggriper les jours où il souffle.



Nous avons passé la fin de Souccot en compagnie de la seule communauté qui subsiste aujourd'hui, après que les nazis aient exterminé les quelques 9/10 de la population juive. 

A l'instar du mouvement qui avait motivé mon voyage en Pologne, je ne suis pas allé sur le site du camp d'extermination, au sud de la ville, le seul qui ait été installé en Italie, et je ne suis pas non plus allé me promener dans le cimetière juif. Je n'étais pas en voyage de pélérinage, ni en quête de tombes et de témoignages d'un passé disparu, j'étais en recherche de ce qu'avait été là-bas la vie de mon grand-père, la vie de ceux qu'il a cotoyés le temps d'une demi-annėe.

La communauté nous a accueilli d'une façon qui s'est progressivement faite de plus en plus chaleureuse. Nous avons pu, au cours du repas communautaire dans la soucca le vendredi soir principalement, échanger, converser avec le hazan, le rabbin, le shamash, le directeur du musée juif installé aujourd'hui via del monte, et le petit-fils du capitaine du paquebot Jerusalem.

Nous les avons accompagné dans une partie de leurs activités (les laissant sans nous, étudier - en italien - le soir de Hochaana rabbah, et fêter Simkhat Torah le jour où la fête était déjà terminée pour nous autres israéliens) et ils nous ont joint, aux prières, au kiddouch, m'ont donné la lecture de la haftarah : "maintenant tu as bouclé la boucle, m'a ensuite dit le rabbin, tu as lu la haftarah à l'endroit où ton grand-père était passé il y a 90 ans", nous ont fourni les repas du vendredi soir et du soir de la fête - repas que nous allâmes prendre au Bet Avot, encore en activité, et où nous cueillîmes au passage un kaki, qui paraissait déjà à point, mais qui daigna mûrir et devenir comestible cinq jours plus tard. Les kakis européens doivent être consommés mous, voire très mous, si on ne veut pas souffrir de leur âpreté. Le nôtre était resté encore un peu âpre quand nous le mangeâmes, le samedi suivant à Venise, en déssert de notre repas de midi.

Nous avons arpenté Trieste, nous avons, pour nous rendre à notre appartement via Capitolina, dans le prolongement de la via del monte, sur les flancs de la colline de San Giusto où se tient le "parco della rimembrenza", escaladé les "scale dei giganti", et les moins hauts "scale dei benedicti".


Nous avons exploré la place Goldoni, la via Carducci, la via Battisti, la piazza dell'unita d'Italia, le port. Nous avons monté les 145 marches qui mènent au sommet de la "lanterna", le vieux phare aujourd'hui inusité, et nous avons assisté au soleil couchant au départ d'un de ces gigantesques paquebots de croisère qui peuvent accoster à Trieste depuis l'aménagement du port à cette intention il y a seulement quatre ou cinq ans.
Nous avons bu un café au café San Marco que fréquentaient James Joyce, Italo Slavo et Umberto Saba, nous avons bu le café Illy, produit de Trieste et à leurs yeux le meilleur de l'Italie si ce n'est du monde (et il est possible qu'ils n'aient pas tort),



 nous avons mangé une gelata dans le square Attilio Hortis, observé les ruines romaines de l'amphithéatre, via del teatro romano, nous avons marché le long du grand canal, sur la place de la Bourse, dans les petites et étroites ruelles de l'ancien ghetto, nous avons fait quelques courses au marché couvert, en n'oubliant pas de boire au passage un espresso au comptoir, et nous avons admiré les façades début vingtième siècle, la bibliothèque municipale créée puis dirigée par Hortis,



 et nous avons visité le musée Sartorio.





Nous avons fait tous ces trajets tandis que je me demandais ce que pépé avait vu et vécu de tout cela. Combien de fois était-il allé au port ? Le long des grandes avenues ? Combien de fois s'était-il appuyé les marches et les montées de cette ville aux raides collines ? Combien de fois sa bourse lui avait-elle permis de goûter le café italien ?

Nul doute qu'il ne vit la même ville que nous qu'à explorer le sujet à très basse résolution. Je suis né dans un Paris non encore ravalé et où la beauté était enfouie sous la crasse, et il est visible combien Trieste doit une partie de sa beauté au ravalement progressif de ses façades...mais peut-être en 1924 la pollution n'avait-elle pas encore tout noirci ? Combien pépé, alors jeune homme de 22 ans préoccupé essentiellement de sa survie économique immédiate, de son projet sioniste, et de la consécration de son couple, était-il sensible à l'architecture ? Qui savait à l'époque que James Joyce qui avait juste achevé la rédaction d'"Ulysse" avait vécu quelques vingt ans à Trieste?




 Qui connaissait déjà Umberto Saba, né vingt ans plus tôt dans le ghetto, et dont la nourrice habitait la même via del monte ? Connut-il l'existence d'Italo Svevo, écrivain alors déjà traduit en plusieurs langues, juif de la Trieste austro-hongroise, et qui devait s'éteindre à peine quatre ans plus tard ?



Nul doute que pépé ne put découvrir en six mois ce qui s'est offert en cinq jours à nos yeux de touristes bien pourvus économiquement et disposant de tout le temps nė essaire pour cette exploration. Nul doute, partant, que nous ne vîmes pas, lui et moi, la même ville. 

On ne saurait revivre la vie de ses ancêtres.

Peut-être ce voyage nous aura-t-il juste un peu plus affichés au chapitre décrit dans la massekhet Avot De rabbi Nathan :" comparés aux anciens qui étaient des géants, nous sommes des nains, du fait de la détérioration progressive de l'humanité. Mais, si nous savons profiter de leur expérience, nous devenons des nains juchés sur les épaules des géants, ce qui nous permet, malgré la détérioration, de voir plus loin qu'eux.

Ce voyage a été agréablement soutenu par tout notre environnement, par des copains qui choisirent de s'associer au projet, par notre famille qui nous convainquit de ne pas l'annuler malgré des circonstances un peu défavorables. Qu'ils soient tous remerciés.





8. Sznajder - les 11ème et 12ème arrondissements.

Les extrémités géographiques du périmètre que je vais tracer sont à l’ouest la seine et, au-delà du pont d’Austerlitz le jardin des plantes, au nord-ouest, la place de la Bastille, au nord, la rue Basfroi à son confluent avec l’avenue Ledru Rollin, et au sud la gare de Lyon. A l’est, la frontière est tristement je dirais marquée par l’hopital Saint Antoine, auquel aboutit ce récit.

C’est un périmètre qui s’étend à cheval sur le onzième et le douzième arrondissement, et dont l’artère centrale est la rue du faubourg Saint Antoine, celle qui marque précisément la frontière entre les deux arrondissements.





Entre l’avant-guerre et le milieu des années quatre-vingt, ma famille maternelle habitait ce quartier.



Ma mère et ses parents s’y étaient installés avant-guerre, au 219 rue de Bercy, tandis que mes grands-parents investissaient les économies méticuleusement obtenues en dix ans de travail sur les marchés dans la location de « la boutique », sur l’avenue Ledru-Rollin, en face de l’église Saint Antoine.

 La demi-soeur et le demi-frère de ma grand-mère les avaient rejoints, et la guerre mit cette lente installation en hibernation. Une hibernation très mouvementée, la famille ayant quitté Paris lors de l’exode de 1940, puis s’était réfugiée à Prades dans les Pyrénées orientales, d’où ne devaient revenir qu’une partie d’entre eux.

Ils surmontèrent les difficultés du retour d’après-guerre, difficultés financières (le stock qui leur avait permis de survivre s’était écoulé, l’appartement dont le loyer avait pourtant été régulièrement payé, avait été loue à un triste individu qui ne se laissa pas facilement expulser) et se réinstallèrent dans le quartier.
Les deux filles de mes grands-parents, ma tante Mathilde et ma mère quittèrent bientôt le foyer maternel, chacune s’étant mariée, et elles s’installèrent aussi dans le quartier.



Tandis que mon cousin Daniel naissait en 1949 au 4 rue de Candie, je vins au monde en 1955, au 64 avenue Ledru Rollin,


où nous habitâmes jusqu’au passage à Wissous en 1961, au deuxième étage d’un immeuble hausmannien, tout en longueur, avec balcon sur l’avenue. Un balcon baigné quotidiennement de la fumée des locomotives de la dernière ligne non electrifiée circulant le long de l’avenue Daumesnil et traversant l’avenue Ledru Rollin sur le pont qui jouxtait le balcon.



J’ai des souvenirs olfactifs de cet appartement qui abritait aussi le cabinet dentaire de ma mère, et des réminiscences (qui me paraissent plus le souvenir de quelque chose que l’on m’a raconté qu’un véritable souvenir d’enfance) de ce long couloir que je parcourais en tricycle, et qui s’achevait par une chicane avec la cuisine sur la droite et la chambre (ma chambre?) sur la gauche.

L’appartement des Sznajder était au 5ème étage, ce qui fait que lui aussi (la plupart des immeubles hausmanniens ont un balcon au second et un balcon au 5ème) avait un balcon, balcon très ètroit mais sur lequel fut quand même chaque annee installée une soucca, entre 1973 ou 74 et peut-être le dèbut des annees 80, avant la maladie puis le dècès de Simon en 1985, et le départ de Mathilde pour Israël peu de temps après.





On m’a raconté maintes fois comment une partie de mes activités régulières étaient les visites à la boutique qui fut dans un premier temps tenue par mes grands parents et ensuite par tante Lonia.

Je fus aussi irradié aux ultra violets par Jacques Mallah en compagnie de Daniel (Mallah) qui a un an et demi de plus que moi, dans leur appartement de la rue Michel Chasles où se trouvait aussi le cabinet médical avant qu’ils ne montent habiter au 5ème, où il y avait aussi un balcon. Une photo de lui, son frère Michel et moi dans une poubelle de jardin publique est une preuve des jeux que nous avons joués ensemble au jardin des plantes, lequel abritait aussi le jardin botanique, le musée paléontologique et une ménagerie dont l’attraction la plus populaire - à mes yeux, aussi souvenir induit - était le chameau.

J’allais à l’école maternelle rue Charles Beaudelaire, où mme Lopata fut mon insitutrice, tandis que sa fille Geneviève fut à peine plus tard ma première prof. de piano. Michel aussi apprit les bases du piano chez elle, et peut-être continua-t-il plus longtemps que moi, je me souviens en tout cas qu’il atteint un meilleur niveau que moi. Plusieurs années à la suite, les Lopata, mère et fille, organisaient une séance annuelle de concert pour tous les élèves dans leur maison de Sucy en Brie où nous nous rendions cérémonieusement. J’ai quand même le souvenir de leur immeuble, et en particulier des chaises qui avaient été disposées par elles sur les palliers afin qu’elles puissent s’asseoir en cours de montée. Il me semble qu’elles habitaient aussi au 5ème.

Mais à la différence des balcons de la rue de Candie et de la rue Michel Chasles d’où nous lachâmes maints liquides sur de malheureux passants, rien de tel ne se produit depuis l’appartement Lopata où je ne suis venu que pour m’asseoir docilement face au piano et y jouer quelques morceaux de débutant sous la conduite bienveillante de Geneviève assise à mes côtés.

Le marché d’Aligre était dans mon souvenir comme le centre du quartier, et je ne sais pourquoi, c’est à Mathilde qu’il est associé, peut-être parce qu’elle en était la plus proche géographiquement, ou qu’elle l’aimait.


Tante Lonia habitait au coin de la rue Emilio Castelar et de la rue de Prague, ainsi qu’Arnold et je n’ai que de vagues souvenirs de leurs maisons.


Habitait aussi dans le quartier, rue de Charenton, un couple sans enfants, les Stark, et j’ai dû passer du temps chez eux parce que j’ai plus de souvenirs. Ils avaient un chien nommé Bobby, une bonne pâte de chien, genre basset, et Lola, dont j’entends encore dans mon oreille la voix et l’accent polonais me servait quand je venais chez elle de la pomme râpée saupoudrée de sucre, que j’aimais beaucoup, ainsi que leur contact, à Francis et à elle.



Leur immeuble était d’un niveau inférieur aux autres mentionnés jusqu’ici et j’ai le souvenir de la cour, d’escaliers plus rudimentaires, et surtout des wc à mi-étages qui devaient encore être bien courants dans le Paris des années 50.



Les rues, leurs trottoirs, leurs pavés, et les entrées d’immeubles avec leurs lourdes portes ne sont ainsi pas moins importants dans mon stock de souvenirs que les maisons et les gens.




J’ai de forts souvenirs de l’avenue Ledru Rollin, ses trottoirs, ses feux, ses ponts (celui du chemin de fer mais aussi le pont d’Austerlitz qui en est l’aboutissement..ou le point de départ), ses boutiques (le restaurant « la frégate » dont j’aimais l’enseigne), souvenirs qui ne remontent pas qu’à la petite enfance puisque plus âgé, j’allais à la piscine située alors (le bâtiment a été détruit il y a bien trente ou quarante ans) dans les premiers numéros de l’avenue.

Je sens sous mes pas la rue Trousseau que j’empruntais pour arriver rue de Candie, rue Trousseau où Daniel, puis Michel, allaient à l’école - on en voyait la cour depuis son balcon, elle est aujourd'hui le collège Anne Frank- , le passage Saint-Bernard, la rue de la forge royale (un nom qui m’a toujours fasciné), où était la boucherie cachère, 
et « le faubourg » comme tous l’appelaient.

Il était à l’epoque encore le coeur de l’activité ébéniste parisienne.

Ce sont les artisans ébénistes qui menèrent la révolte puis la destruction de la Bastille.


 Dans la partie qui va de l’hopital Saint Antoine à l’avenue Ledru Rollin se trouvaient
tous les magasins, toutes les échoppes de materiel, quincailleries spécialisées en serrures, en poignées, en vis de toutes tailles. Après le métro faidherbe-Chaligny, en direction du boulevard Voltaire se trouvaient tous les magasins d’outillage du menuisier ébeniste, rabots, gouges, limes, ciseaux à bois, scies, maillets à plaquer, trusquins, equerres, et dans la partie qui reliait l’avenue Ledru Rollin à la place de la Bastille on ne trouvait aucun autre commerce que marchands de meubles.

Ai-je puisé à ce faubourg la source de mon activité ébéniste qui m’accompagne sans discontinuer depuis l’arrivée à l’âge adulte ? Peut-être. Je me souviens que Marianne et moi fabriquions ma première vraie table à La Troche sous l’oeil interessé de Simon, qui arriva le prochain dimanche avec un « niveau », en bois passablement vermoulu, qu’il tenait de son père et me remit ce jour solennellement en cadeau. Le niveau est toujours en bonne place dans mon atelier.



Et last but not least j’ai le souvenir d’énormément de temps passé dans l’appartement de la rue de Candie, chez Simon et Mathilde, et Daniel et Michel Sznajder, aujourd’hui tous les quatre disparus.

Cet appartement m’était très familier. Je peux encore sentir son atmosphère, l’odeur d’encaustique qui l’envahissait, je me souviens du moulin à café electrique accroché au mur de l’étroite cuisine, au-dessus de la table, et de son fracas quand il était mis en marche, peut-être plusieurs fois par jour.

Je me souviens de la conformation de l’appartement, la salle à manger avec son accès au balcon, la chambre de Daniel et Michel et je me souviens de m’y trouver, surtout en compagnie de Michel, mais avec Mathilde, Simon, et Daniel, en toile de fond.



Daniel avait six ans de plus que moi, et donc sept ans et demi de plus que Michel, et c’est une grande différence d’âge quand on n’a pas encore même 15 ans. Je me souviens qu’il racontait les chahuts de sa classe du lycée Charlemagne, comment il imitait tel prof. (qui par exemple demandait à son meilleur copain pour le prier de baisser le store : « Charmes, faites-en sorte que le soleil disparaisse » et Daniel de raconter cela à grands renforts d’éclats de rire comme si n’existait pas de manière plus cocasse de s’adresser à un élève).

Mes souvenirs de lui sont aussi très reliés à nos grands parents communs, auxquels il était très attaché et au sujet desquels son discours était régulièrement ponctué de fous rires, que ce soit pour raconter tel épisode survenu en voiture, ou telle expression meurtrière - et en yiddish - de pépé, et sont associés à la deuxième boutique, celle qu’ils tenaient rue des fossés Saint-Jacques, en bordure du panthéon, quand Tante Lonia eut repris la boutique de l’avenue Ledru Rollin. Alors, eux aussi avaient dejà quitté le quartier, ayant un appartement au-dessus de la boutique.

A partir de cette époque, le centre de mon activité parisienne se déplaça et se situa au quartier latin, avec le boulevard Saint Michel, les stations Luxembourg et Odéon, et la rue Servandoni, racontée ailleurs.

Je ne revins au faubourg que comme adulte nostalgique qui trouve toujours une raison de passer par là-bas à chaque visite à Paris, en général pour acheter du matériel d’ébénisterie, ou photographique sur le boulevard Beaumarchais, de l’autre côté de la place de la Bastille.

Il y a un mois, Daniel ne survivait pas à son hospitalisation en soins intensifs à l’hopital Saint Antoine, et succombait encore avant d’avoir même entamé la vieillesse à une féroce maladie auto-immune.
Que son souvenir soit source de bénédictions.



מרכזה של המפה המנטלית שברצוני לסרטט כאן נמצא סביב רחוב אחד בפאריס, שמוביל מן הקצה המזרחי של העיר אל מגדל הבסטיליה, ושמו rue du faubourg Saint Antoine.
הרחוב כמעט ישר לכל אורכו. הוא עובר דרך בית חולים Saint Antoine, שוק marché d’Aligre, חוצה את avenue Ledru Rollin ומסתיים כאמור בכיכר de la Bastille שעל רצפתה נמצאו שנים ארוכות שרידיה של המבצר שהופל במהפכה הצרפתית ושבמרכזו מתנשא המגדל ולמעלה מלאך קטן שעומד על רגל אחת.
ביליתי בשכונה זו את שנות חיי הראשונות, הייתי גר בavenue ledru Rollin, לסבים שלי היתה חנות ללבני נשים באותו רחוב, הדודים שלי היו גרים ברחוב קטן מקביל לfaubourg, בrue de Candie, ועוד בני דודים אחדים היו מתגוררים בקרבת מקום, ב rue de Prague. כולם היו קונים בשוק marché d’Aligre, אני למדתי את שנות הגן, école maternelle, ב rue Charles Baudelaire.
לציר המרכזי הזה, היסטוריה מפוארת. זה היה מחוזם של בוני הרהיטים לאצולה, המקום בו התפתחה הנגרות הארופאית, וכל חצר, כל חנות היו עוד מקום בו לקנות דברי פרזול או כלי עבודה, או רהיטים, ונגריה ועוד נגריה.
העובדים בנגריות אלה, שהיו עושים את כל עבודתם באופן ידני, לפני עידן החשמל, היו הפועלים שלקחו את החלק הפעיל והמרכזי במהפכה הצרפתית. אלה הם שהפילו את מבצר הבסטיליה, אבל אלה הם על מי יושבת מקצועיות עבודת העץ ליצירת רהיטים. בחצרות אלה פותחו ושוכללו כל הטכניקות מהן מתפארת אומנות זו, באמצעות מפסלות, מקצועים, מסורים ופצירות מכל מיני סוגים.
ואני גדלתי שם באופן מקרי בלבד, כי השכונה היתה יחסית זולה, ולא רחוקה מהמרכז היהודי של פריס דאז.
אבל המקצוע הזה, ועיצוב ובניית רהיטים הפכה לחלק מאד מרכזי בחיי.
אין לי יותר אף אחד מבני המשפחה בשכונה, אבל לעליות לרגל, או לחיפוש ורכישת כלי עבודה ומרכיבי פרזול, או סתם לצילומי רחוב, אני חוזר לשם שוב ושוב


.8Le voyage à Pulawy - juillet 2019   

Suzanna est d’un calibre « hors calibre ». Petite nana souriante à la belle chevelure dorée, aux yeux bleus et au grand sourire, elle explique rapidement comment elle sait l’hébreu grâce aux six mois d’oulpan qu’elle fit à Haïfa suite à son alyah...une alyah qui dura six mois, après lesquels elle fuit littéralement Israël à cause de la chaleur (!). Elle est interprète de formation mais essentiellement guide de tioulé shorashim depuis deux ans, monitrice de ski en Italie l’hiver, étant native de Zakopena, et elle pilote de main de maître même dans les rues les plus étroites son Opel vivario de neuf places.

Elle a pris contact avec notre hôte de Pulawy, le prêtre protestant Yaroslav Bator (dont Katarzyna a découvert puis m’a donné les coordonnées) qui nous attend à 16:30 au bord de la rue principale d’accès à Pulawy.


C’est un gros bonhomme au crâne rasé, vêtu de noir, d’une cinquantaine d’années, circulant en scooter, ne parlant que le polonais, et qui fait plutôt fruste. Il est pasteur, mariée à une pasteure, père de quatre enfants, est né à Pulawy...et a un passé de néo-nazi qui s’était même fait tatouer le sigle ss...jusqu’à avoir commencé à lire la Bible et le nouveau testament. Depuis quelques bonnes années, il œuvre à faire connaître l’histoire des juifs de Pulawy (ainsi que de Kurow, d’après sa page facebook, mais il ne sera pas question de Kurow au cours des quatre heures que nous passerons en sa compagnie. D’après le musée, l’histoire du judaïsme est plus courte à Pulawy qu’à Kurow...mais c’est Pulawy notre sujet).




La visite débute au bord de la route, au pied de la toute petite pierre gravée et ornée d’une plaque et d’un Magen David, située au haut d’un monticule fleuri et entretenu (aux frais de la mairie précise-t-il. Cette pierre a été érigée...puis profanée, et est restée en l’état, recouverte de peinture, jusqu’à ce que lui-même vienne la frotter et la restaurer), et alors qu’il nous retrace l’histoire de l’invasion nazie, il confirme ce que les lectures m’avaient appris : les nazis arrivèrent à Pulawy dès début septembre 1939, bombardant et incendiant les deux synagogues en bois encore le 6 du mois, installant le deuxième ghetto en date de toute la Pologne encore au cours de ce même mois. Ce ghetto fut fermé le 28 décembre 39 quand les juifs furent transférés-regroupés dans d’autres ghettos...et l’histoire du judaïsme à Pulawy s’arrête brutalement et définitivement à cette date. Michèle et moi savons par les récits historiques familiaux que la famille n’était pas dans ce ghetto mais qu’ils avaient fui à Baranow, village (très – trop…) proche. Quand tous ceux du ghetto furent conduits à Sobibor, cela incluait aussi ceux qui avaient fui à Baranow et dans peut-être d’autres villages-bourgades environnants. Bator raconte comment ce 28 décembre , il faisait moins 30 et comment les juifs ont été contraints quand même à marcher, ceux qui n’en avaient pas la force étant enfermés dans la synagogue, où ils moururent de froid. Ces récits se trouvent dans le livre « yskor buch Pilow ».

Mais la visite se poursuit. Ou plutôt commence.

De là, il nous montre d’un geste un peu évasif que se trouvaient à proximité la synagogue et le mikveh...mais rien de cela n’est à voir : ces bâtiments ont été détruits et ont été construites d’autres choses à leur place. A ce stade, la situation parait être qu’il n’y a que cette stèle à voir avec les yeux à Pulawy, et que le seul habitant qui conserve le souvenir de la présence juive à Pulawy se trouve face à nous.

Nous marchons cependant, en direction de la Vistule tandis qu’il nous raconte comment dans ce qui est la maison où habitait le rav Mendel Naj (le dernier rabbin de Pulawy), lui et le petit groupe qui l’accompagne dans ces actions vouées au souvenir au judaïsme de Pulawy, ils se sont soudain aperçus de l’existence d’une soucca ! dit-il avec excitation. Nous nous trouvons à ce moment dans une petite rue parallèle à la grand-rue, alors qu’il nous désigne du bras deux immeubles d’habitation récents en disant « ici était la synagogue, ici le mikve » alors que nous ne pouvons rien en voir. Deux ans plus tard, sur les témoignages de tante Lonia déposés à Yad Vachem, je découvre soudain l'adresse exacte de la famille Tauber : 2 rue de la synagogue. Une rue qui a visiblement autant disparu que la synagogue, mais qui devait être à l'endroit où nous nous trouvons. Nous continuons à marcher 20 mètres, et découvrons sur la gauche une vieille maison de briques rouges, d’environ 60 mètres de long, sur deux étages, inhabitée....et dont il nous explique qu’ici vivait le rav Naj.





 A une extrémité, au premier étage, un balcon sur lequel se trouve comme un mahsan en bois et c’est, dit-il, la soucca. Le mahsan ainsi que le balcon sont couverts, la toiture les incluant et les couvrant entièrement, et après quelques secondes d’hésitation, je lui explique qu’une soucca doit être ouverte sur le ciel pour en être une. Il répond que le bâtiment a vécu des jours difficiles, a été d’abord utilisé par les allemands, qui y ont entreposé toutes sortes de choses, une écurie entre autres, il sait ce que je viens de lui répondre sur la soucca, et répond que le toît n’est pas celui qui existait du temps du rav Naj. C’est la première maison, le premier signe tangible que nous découvrons.




Ce sont des signes d'autant plus impressionnants qu'ils sont inattendus. Ces découvertes sont néanmoins impersonnelles, ne nous touchent qu'indirectement : ma grand-mère, le père de Michèle ont quitté Pulawy bien avant ces évènements..


Nous revenons en direction de la grand-route, et il nous montre sur le trottoir d’en face deux maisons dont il dit qu’elles étaient des maisons juives, tandis que nous continuons à deviser et que je crois constater que j’en connais un peu plus que lui sur l’histoire du judaïsme de Pulawy : lui connait surtout la tragédie (à cause des allemands - encore une fois) de la seconde guerre mondiale. Il semble n’avoir pas conscience de la différence entre hassidim et mitnagdim, et ne sait pas que le judaïsme de Pulawy avait d’abord deux versants (mitnagdim venus de Lithuanie en fin dix-huitième siècle, puis hassidim fin dix-neuvième) puis plusieurs encore (toute la gamme de la haskala et des mouvements d’inspiration sioniste). Voici ce que je crois savoir : Le rav Naj était le rav officiel de la ville, et en parallèle de sa communauté s’est installé en 1895 le rebbe Haïm Israël Morgenstern, petit fils du Menahem Mendel Morgenstern, « saraf miKotzk » et premier Kotzker Rebbe. Avec son installation à Pulawy, se créa la hassidout Pilev (nom yiddish pour Pulawy), qui attira de nombreux juifs (et en particulier Yankeleh Tauber, père de Israël, qui passa pour cela de Szydlowiecz à Pulawy) et avec elle se développa non seulement la présence juive mais aussi l’importance socio-économique de toute la bourgade. Ce rebbe est l’auteur du « shalom Yeroushalaïm », premier livre hassidique sioniste avant le « em habanim semekha » et dans lequel il prône l’achat de terres et l’installation des juifs en Palestine. A sa mort en 1906, lui succéda le Moshe Mordekhaï Morgenstern, son fils, deuxième admor de la hassidout Pilev...qui quitta Pulawy en 1914 pour Varsovie, vraisemblablement du fait de la guerre, pour finir ses jours en 1939 et être enterré au cimetière juif de Varsovie, là où nous .vîmes hier sa tombe, son ohel.

De cette date commença le déclin de la présence juive à Pulawy dont notre famille contient l’illustration et l’éventail : Israël Avraham Tauber naquit en 1880 à Pulawy (en fait, ici subsiste une petite enigme : lui et ses enfants du premier mariage naquirent apparemment à Kurow, bourgade toute proche, je ne comprends pas ce détail), alors Nova Alexandryi parce que sous domination russe , épousa Matl Rozenson et mit au monde Hazkel en 1998, puis Rachel en 1900, Etl en 1901, Eva en 1903 et Nahman en 1906. Puis elle mourut et Israël se remaria avec Hanna la fille de Moshe Mayer Teitelbaum, de qui il eut Slava, Lonia, Yaïr, Arnold et Shlomo.

Israël tenait la graineterie qu’avait ouvert Yankeleh, Moshe Mayer était actif dans le commerce de la farine, possédait des moulins et vendait dans toute la région...mais sa journée se déroulait entièrement dans le bet hamidrash, aux côtés de Yankeleh son ami que tous surnommaient « rabbi Tarfon ». Même le jour où mourut Ytel sa femme, il fit le hesped depuis le bet hamidrash mais n’alla pas jusqu’au cimetière. Ses enfants ne restèrent pas des hassdim. Son aîné Hazkel se laissa cependant marier à la mode hassidique avec une cousine, mais servit dans l’armée, s’installa à Lublin et vécut en juif hiloni. Rachel refusa de se laisser marier, exigea de partir à Varsovie où elle rencontra Salomon, alors que les deux étaient hilonim. Lonia, Yaïr, Slava et Arnold fréquentèrent les groupes sionistes qui se développaient à Pulawy. Slava rencontra Yehoshoua Milrad, lui aussi de Pulawy, Eva rencontra Bernard Borenszteijn, lui aussi de Pulawy.
Rachel et Salomon étaient partis en Palestine en 1925. Salomon était parti le premier, avait stationné six mois à Trieste puis ayant réussi à atteindre Haïfa, avait envoyé un visa à Rachel. Lonia a raconté comment les hassidim de Pulawy l’ont accompagnée à la gare en chantant : « elle partait pour eretz Isroel ! ».
Rachel et Salomon se marièrent à Tel Aviv en 1926 ( à rosh hodesh Iyar) mais émigrèrent pour Paris en fin1926/début 1927. Les y rejoignirent Slava et Yehoshua, Eva et Bernard, puis Lonia suivie de Yankeleh Frydman, aussi de Pulawy, qui l’épousa à Paris. Arnold ne quitta Pulawy qu’en 1935, Yaïr ne quitta/fuit qu’en 1939, et Israël Avraham, et sa femme Hanna, et leur fils Shlomo firent partie de ceux parmi les juifs de Pulawy qui finirent leurs jours déportés à Sobibor.

Il semble qu’ainsi que cela apparait sur la photo de groupe en 1935, lors du voyage de Rachel accompagnée de ses deux filles Mathilde et Irène, alors qu’elle tentait sans succès de leur faire quitter Pulawy, n’étaient plus hassid qu’Israël et sa femme. Alors qu’il a encore le couvre-chef typique et est boutonné droite sur gauche, et sa femme la tête couverte d'une perruque, tous les autres sur la photo sont vêtus à l'occidentale.


A Pulawy 1935.


Mais ils fréquentaient encore la « cour » du rebbe, telle qu’elle est décrite dans le livre de Pulawy...et nous découvrons cette cour dont j’avais cru avoir lu qu’elle avait été détruite en même temps que la synagogue.!!

Extrait du yzker buch Pilev (édité en 1964, écrit par un collectif, dont Yehoshua Milrad. Traduction Michèle Tauber) :


La shil, les kley-qoydesh (fonctionnaires de la vie religieuse),
et les shamossim
(p. 86-87)
La grande cour de la synagogue faisait trois cents mètres de long et était délimitée au sud par la Lubliner Gass (rue de Lublin) et au nord par ce qu’on appelait le zamd, le Sable.
Du côté sud il y avait trois accès étroits : 1) à côté de la boutique de Velvl Tsukerman, l’entrée « paradner » : l’entrée « d’honneur », dont le sol était bétonné, 2) à côté du shoykhet Mendl Kutner, 3) à côté de Yitskhok Honigstein. Dans les deux derniers accès s’écoulaient au milieu du chemin des caniveaux…
Voici les habitants de la cour de la shil :
1) Velvl Tsukerman
2) Itamar Rubinstein
3) Yisroel Rubinstein
4) Menukhè Rubinstein
5) Rayzl Rossèt
6) Mordkhe Regerman
7) Hayim Tugentraikh
8) Mendl Kutner
9) Arn-Mayer Edelstien
10) Khanè Shayndl
11) Gdaliè Feder
12) Khayè Rubinstein
13) Yisroel-Avrom Toyber (Tauber)
14) Noyekh fin der teyvè (Noé de l’Arche !)
15) Moyshé Foygl
16) Tankhum Tenenboym
17) Avromtshè Hershman der melamed
18) Yidl Sokhatshevski
19) Yankl Vlostovitser
20) Yankl Borenstein
21) Yitskhok Honigstein
22) Avrom Tshujè
23) Sholem Grinberg et d’autres…..

photo extraite du livre édité par Jaroslav Bator, pasteur à Pulawy


Le bâtiment qui longe encore aujourd’hui la route d’accès à Pulawy, qui s’appelait alors Lubelsky, est le batiment de 300 m de long décrit dans le yzker buch, qui abritait le bet midrach et les maisons des proches du rebbe, dont Yankele, Israël, Moshe Mayer et les autres.

photo prise par moi le 25 juillet2019

Il a encore le fronton triangulaire qu’on voit sur les photos de l’époque, dont le pasteur nous montre un exemplaire. Nous ne trouvons trace d’aucune mezouza, mais il y a encore les entrées vers la cour intérieure. 




À certains endroits, subsiste un pavage ancien, du côté intérieur subsiste l’aspect d’époque,

la cour hassidiaque vue de l'intériieur. Juillet 2019


 d’une autre maison aussi en briques, que je croyais avoir été détruite par les allemands et qui est face à nos yeux. 
Il est loin d'être impossible que cet appentis soit d'avant-guerre.
  Tandis que Jaroslav parle, un habitant sort sur le balcon au premier étage et me lance un « shalom » spontané et ému (je suis en kipa). Nous échangeons des signes d’amitié.



photo magnifique, extraite de la page facebook de JBator, années 20. Il y a dessus Tévié le laitier, le porteur d'eau, des enfants que mes grands oncles et tante et grand-mère ont connus..et l'agneau du sacrifice..



La rue Piaskowa, perpendiculaire à cette rue, voie centrale d'accès à Pulawy depuis Lublin, est celle qui était appelée alors "le sable".

Jaroslav nous emmène encore au « nouveau » cimetière, en bordure du cimetière catholique, où seule une pierre monument atteste de la présence jadis d’un cimetière juif. Il ne reste rien, et il précise que ce sont les nazis qui ont détruit, mais les soviétiques communistes qui ont ensuite accompli le travail et nettoyé la place. Il nous montre l’endroit où était enterré le kozker, nous voyons le creux dans lequel les allemands ont abattu ceux des juifs qui n’ont pas été déportés à Sobibor, en compagnie des polonais qui avaient été jugés traitres et avaient tenté de combattre l’occupant, et nous voyons les quelques tombes juives parmi les soldats natifs de Pulawy tombés au front. Il raconte qu’il sait avec certitude où était le cimetière et les tombes parce que c’est un ami à lui qui a acheté le terrain pour en faire un garage, et quand il a creusé pour aménager, il a trouvé des ossements, qu’il a enterrés, Jaroslav disant le kaddish, le rabbin n’ayant pas daigné honorer la cérémonie de sa présence.


Puis il nous emmène dans la dernière partie de la visite, au « vieux » cimetière, qui est aujourd’hui rien moins qu’un cimetière de carrosserie..rien ne permet de distinguer qu’un jour il y eut là un cimetière, alors qu’il nous indique de la main où était la bet tahara, et les limites du cimetière. Il est inquiet, demande que l’on s’en aille avant que quelqu’un ne vienne lui chercher querelle, peut-être nous prendre à parti...tandis qu’il raconte encore comment les pierres tombales ont servi à faire la rue attenante, et comment certaines ont été trouvées par la suite par des ouvriers de terrassement, tandis qu’en creusant, des habitants ont trouvé des ossements. Il nous montre deux photos de pierres tombales qui ont un jour été exposées dans le musée de Pulawy, aujourd’hui fermé.

seul souvenir visible du cimetière juif. On remarquera que le texte "hébraïque" sur le monument est....en "gibrish".

Sous cette butte aurait été enterré l' admor de la hassidour Pilev.



Cette émouvante rencontre s’achève au café qui appartenait jadis aux deux frères juifs qui tenaient une fabrique de vinaigre, et nous nous séparons avec la promesse de rester en contact, de l’accueillir s’il vient en Israël, et de contribuer à la cérémonie commémorative-exposition qu’il a l’intentiond’organiser pour les 80 ans de la tragédie, le 28 décembre prochain.

10. 

Ce texte hébreu français en trois parties raconte dans un premier temps l’histoire de Mordokhaï, qui fut mon grand-père, et décrit sa vie et les traits de sa personnalité.

Dans un second temps, le lecteur trouvera certains éléments de l’histoire des juifs d’Istanbul (alors Constantinople), et du lien entre cette histoire et l’origine du nom Pisanté.

 טקסט עברי צרפתי זה מספר על פני שלושה חלקים את סיפור חייו ואת מאפייני אישיותו שך מרדכי פיזנטה שהיה סבי. בחלקו השלישי הטקסט גם יחקור את מקורות שמה של משפחה זו, וזה יוביל את הקורא ללמוד גם על היסטוריית יהודי תורכיה.


 Premier chapitre

פרק ראשון


בפורים של שנת תרס״ג - או שמא היתה זו תרס״ד - נולד ילד נוסף ליעקב וסולטנה פיזנטה (או שמא יש לכתוב פיזנטי ? או פיזנתי ? או פיזאנטי ?) תושבי קוסגונצ׳וק. לילד קראו מרדכי לכבוד החג. הוא היה סבי. 

 En 1893 - ou 1894 ? - aux alentours de la fête juive de Pourim, naissait dans

le quartier Kuçgunjuk à Constantinople, un enfant que Yaakov et Sultana Pisanté choisirent de nommer Mordokhaï, en reférence au personnage central de la fête .Il fut mon grand-père.


אם קוסגוצ׳וק נבלע מאז לתוך אוסקודר, שעצמה הפכה להיות השכונה האסיאטית של העיר איסטנבול, הוא היה אז כפר קטן, על שפתו האסיאטית של הבוספורוס, הלא אינו הוא הסמבטיון, אותו נהר אגדי שעובד כל ימות השבוע ונח ביום שבת. נהר ציורי וגם ההיסטוריה של האזור בעלת היבטים ששגוניים ועשירים. החל משמו של הכפר אשר הינו בעל משמעות לשונית משמעותית. יש שאומרים שמשמעות השם היא ״עורב קטן״, ויש שאומרים שהיא : ״אשנב עם סורגים לעולם״ , שם ציורי למקום ממנו רואים את אירופה אך ללא גישה ישירה אליה. מהכפר, רואים את העיר איסטנבול (פעם קונסטנטינופוליס) ועד לארבעים שנים האחרונות, לא היה גשר בין אסיה לאירופה ושנים ארוכות, מי שהיה שם רק יכל לחלום על מה שראה בעיניו.

 

Kuzkunjuk (que l’on trouve aussi orthographié Kuçgunzuk) était alors un village, à forte population juive. Le lieu existe toujours et est aujourd’hui intégré à Uskudar, localité devenue le quartier asiatique de la ville d’Istanbul. On trouve encore là-bas deux synagogues en activité, et un important et ancien cimetière juif, dans lequel est enterré Bekhor Pizanté, frère aîné de mon grand-père.





Le nom Kuzkunjuk signifie « petit corbeau » mais aussi « fenêtre pourvue de barreaux », cette deuxième signification paraissant l’expression de ce qu’ont pu longtemps ressentir ses habitants. De là-bas, alors qu’on est en Asie, on voit l’Europe, Constantinople, qui fut capitale de trois empires, et on n’y a pas accès. Ce n’est qu’entre 1970 et 1973 que fut construit le premier pont qui rattachait l’Asie a l’Europe. Kuzkunjuk est aux pieds de ce pont.

 

Istanbul vue depuis Kuzkunjuk....איסטנבול כפי שניתן לראותה מקוסגונג'וק
Le  parokhet dans la synagogue      פרוכת בבית הכנסת


Mais revenons sur Mordokhaï Pisanté.

 

היו לזוג מספר ילדים מכובד, שאבל לא זכו אלא שבעה מתוך השנים עשר שנולדו, להגיע לגיל הבגרות. אולי בפרט זה טמון מקור נחישותו של בכור, הבכור מבין שנים העשר, ללמוד רפואה ?

 

יהודי תורכיה היו ועדיין הינם מאד נאמנים לאימפריה ולסולטן. הם חיו בתנאים יחסית טובים ואת ילדיהם, שלחו יעקב וסולטנה לבתי הספר הטובים של העיר איסטנבול, ושאפו לשלוח אותם ללמוד במקומות טובים. בכור נסע לפריס ללימודי רפואה, ונשאר שם שנים ארוכות, בין היתר בגלל שמלחמת העולם הראשונה פרצה לא הרבה זמן אחרי יציאתו. לא היה קל להיות אזרח תורכי בצרפת בזמן מלחמה זו, שתורכיה היתה בצד גרמניה, אויבה המסורתי של צרפת.

 

Yaakov et Sultana eurent douze enfants mais dont seuls sept atteignirent l’âge adulte, détail qui est peut-être à l’origine de la détermination de leur aîné Bekhor de devenir medecin.

 

La situation des juifs turcs, traditionnellement protégés par le sultan était assez bonne et Yaakov et Sultana avaient à coeur que leurs enfants étudient dans de bonnes écoles.

 

Bekhor s’en alla étudier médecine à Paris, Mordokhaï fit ses études au lycée allemand (école autrichienne?) de Constantinople.

 

La première guerre mondiale éclata. Bekhor était un turc à Paris, tandis que la Turquie était alliée de l’Allemagne, ennemie de la France. Mordokhaï, encore en Turquie, fut mobilisé et servit comme interprète dans l’armée allemande.

 

בזמן מלחמה זו, מרדכי כבר היה בן 19 - או שמא 18 בלבד, והוריו רשמו אותו לרשויות בשנה איחור, במטרה לקצר את שרותו הצבאי ?- והוא נקרא לשרת כמתורגמן : מרדכי היה טוב בשפות זרות, והוא גם סיים את לימודי התיכון בגמנסיה הגרמנית של איסטנבול. הוא שרת למעשה למען הגרמנים, תרגם בינם לבין התורכים.

 

בסוף המלחמה, ובעקבות העובדה המצערת של הפסד גרמניה במלחמה, גם נפגעה האימפריה האוטמנית ונוצרה כתוצאה מכך סיטואציה מעוררת חרדה עבור יהודי תורכיה : האם רשויות תורכיה החדשה, והחילונית, ימשיכו לשמור על היהודים כפי שהסולטן התפאר תמיד שיעשה (על אף שלא תמיד עשה עד הסוף...)?

 

משפחת פיזנטה החלה לברר אצל בכור את אופציית הגירתה לפריס. הוא כנראה סידר להם תנאי קליטה מסויימים, כך שהם כולם נסעו, סולטנה, האם שנותרה אלמנה מאז 1912, וחמשת הילדים הלא נשואים ושנותרו בתורכיה. בן נוסף, שמעיא, אף הוא היה כבר בצרפת, ובכור לפתע חזר להתישב בעיר מולדתו, שבינתיים הפכה לאיסטנבול, והחל לתקן את מצב התמותה שפקדה את הקהילה ואת משפחתו. הוא נשאר כרופא נשים ומיילד של הכפר עד מותו בשנת 1939. בנו ז'ק עבר אף הוא לפריס והקים בה משפחה, בתו סוזן, נשארה לידון באיסטנבול והצאצאים שלה מתגוררים עד היום בתורכיה.

 

La fin de la guerre et la défaite allemande provoquèrent le démembrement de l’empire ottoman, Constantinople devint Istanbul, les juifs ne pouvaient plus compter sur le sultan pour les protéger et la famille Pisanté, comme bon nombre de juifs turcs, chercha où poursuivre sa route. Bekhor parvint semble-t-il à mettre en place une infrastructure qui les séduit, et en 1920, Sultana devenue veuve déjà depuis 1912, accompagnée de ses cinq enfants (Bekhor et Shemaya étaient à Paris) s’embarqua sur l’orient express en direction de la capitale  française.

 

photo prise à Kuzkunjuk avant le départ pour la France.   תמונה שצולמה בקוסקונג'וק ערב ההגירה לצרפת


Bekhor finissait alors ses études et peut-être porté par le devoir, repartit devenir le principal médecin accoucheur de Kuzgunjuk jusqu’à sa disparition en 1939. Son fils Jacques partit aussi s'installer à Paris tandis que sa fille Suzanne restait auprès de lui à Istanbul, où ses descendants demeurent encore aujourd'hui..

 


Bekhor et Louna Pisanté, avec Mimi (approx. 1938) בכור ולונה פיזנטה, עם נכדם מימי

La branche française de la famille Pisanté élut domicile à Bois-Colombes en région parisienne.


מרדכי היה הפעיל מכולם. הוא למד צרפתית במהרה, והקים עסק קטן לאספקת חומרי גלם ליצירת נעליים. הוא גם פנה לשדכנית, שאולי הכירה את גברת לורטה, דודתה של מריה וויינברג, שזה עתה עברה מאנגליה עם אחותה ואימה, והתחתנו ב 1924 בפריס מרדכי התורכי עם מריה הפולניה.

כעבור שנה נולדה להם בת, סוזן, וכעבור ארבע שנים נוספות נולד להם בן, לו הם קראו הנרי, עם שם שני יעקב, לזכר הסב המנוח.

 

Mordokhaï était le plus actif de la fratrie. Il apprit rapidement le français, créa une entreprise de fournitures pour chaussures, « Tapic » (acrostiche de « Tous Articles Pour l’Industrie de la Chaussure ») et se mit en quête d’une compagne. Quelqu’un lui fit connaître une certaine Maria, récemment immigrée de Pologne après dix ans passés en Angleterre, et Mordokhaï et Maria se marièrent en 1924. 



Un an plus tard naissait Suzanne, en 1929, naissait leur deuxième enfant, un garçon qu’ils nommèrent Henry (à l’anglaise)-Jacques (en souvenir du grand-père défunt).

 

Cette deuxième naissance leur apporta la nationalité française - que Pétain devait leur retirer quelques douze ans plus tard - et la famille s’installa au 3 rue Pierre Demours dans le 17ème arrondissement.

 

La guerre leur fut catastrophique. Prévenus par des voisins en dernière minute ils échappèrent à la rafle du vel d’hiv. de julllet 1942, mais ils quittèrent alors Paris, en se séparant du fait de la judéïté de Mordokhaï, jugée trop visible et potentiellement dangereuse pour qui l’accompagnerait.

 

Il était seul à Grenoble quand Maria se fit prendre par les allemands le 1er octobre 43 à Nice.

 

Suzanne et Henry le rejoignirent, il y eut encore quelques péripéties quand dénoncé par son logeur il fut aussi arrêté mais il dut aux qualités épistolaires de sa fille sa libération et, la guerre achevée ils remontèrent à Paris.

 

Deux ans durant, ils espérèrent le retour de Maria dont ils avaient eu vent de la déportation vers la Pologne, se rendant presque au quotidien à l’hotel Lutétia où arrivaient au compte gouttes les déportés survivants. En 1970, avec la publication par Serge et Béate Klarsfeld des listes des convois, ils surent de façon précise quand Maria avait été assassinée par les allemands.


 

המשפחה התישבה ברובע ה 17 בפריס, רחוב פייר דמור 3, מרדכי הצליח לאט לאט להגדיל את היקף היצירה של העסק...אך פרצה מלחמת העולם השנייה...שהיוותה להם קטסטרופה. אחרי שהם ניצלו במזל ממבצע עצירת היהודים ביולי 42, הם ברחו לדרום צרפת, נפרדו מרוב פחד בגלל המראה היהודי לוונטיני המובהק של מרדכי, והתיישבו, האם והילדים בעיר ניס, מרדכי בעיר גרנובל, בפאתי ההרים. ב 1 לאוקטובר 43, נתפשה מריה על ידי הנאצים, והיא נשלחה קודם למחנה דרנסי שליד פריס, ובהמשך לאושוויץ, משם היא לא חזרה. שני הילדים (סוזן כבר בת 18 והנרי בן ה 14) חברו לאביהם, ועם סוף המלחמה הם חזרו לפריס, כל אלה בתוספות של עוד ועוד קשיים.

 

הם קיוו כשנתיים את חזרתה של מריה, היו מתיצבים באופן סדיר במלון לוטסיה, מקום אליו הגיעו הפליטים ממחנות ההשמדה, עד שהבינו שלא תהיה חזרה. עם פירסום רשימות משתתפי המסעות על ידי סרג׳ ובאט קלרספלד, (בשנות השבעים) נודעה להם האמת בוודאות.



Mordokhaï (ou Mordo - quand ce n’était pas Maurice - comme il se faisait appeler ) était un individu énergétique. La guerre terminée, il se remit à son affaire, laissa à Henry le temps d’obtenir son baccalauréat puis le réquisitionna à ses côtés.

 

Il se remaria, (en 1957) avec Renée Meyer, elle aussi veuve de guerre, avec laquelle il fut en fin de compte marié plus longtemps que ce qu’avait duré son mariage avec Maria, et il redevint un fidèle de la synagogue de Neuilly.




 

L’affaire reprit. Avec le temps, elle fut rachetée par une affaire anglaise (ce qui valut à Henry de nombreux voyages et séjours à Northampton, ainsi que deux amitiés, une avec Bill Bellamy, l’autre avec Dick Garnett), et le père et le fils travaillèrent ensemble au quotidien jusqu’en 1970 environ, date à laquelle Henry exigea de son père qu’il prenne sa retraite. Signalons au passage que travaillèrent aussi aux côtés de Mordokhaï et de Henry, Robert Pisanté et Simon Sznajder, l'un fils de Jacques Pisanté, cousin germain de Henry, et l'autre, beau-frère de Henry.

 

מורדו, כפי שהיה נהוג לקרוא לו, היה אדם אנרגטי מאד. עם תום המלחמה, הוא הקים מחדש את העסק שלו וגייס את הנרי לצדו, אמנם לא לפני שסיים את הבגרויות. הוא גם התחתן בשנית, בשנת 1957, עם אישה בשם רנה מאיר, שהיתה אף היא אלמנת מלחמה. באופן קצת משונה - כי לעיננו, היא היתה האישה השניה, הוא נשאר נשוי לה יותר שנים ממה שזכה להיות נשוי לאשתו הראשונה. העסק התחיל להתרומם מחדש, עם האב והבן יום יום זה ליד זה. ראוי לציין שגם רובר פיזנטה, בנו של ז'ק, בן דודו של הנרי, וגם שמון שניידר, גיסו של הנרי מצאו בעסק זה כל אחד לתקופה מקום עבודה ופרנסה. הקשר שהיה כבר לפני המלחמה עם אנגליה התעדק, דבר שגרם להנרי לנסיעות רבות וגם הביא לו שתי חברויות, עם גיק גרנט ועם ביל בלמי. זה האחרון הגיע אפילו לבקר את הנרי בירושלים, כעשר שנים אחרי שהוא עלה ארצה.

בסביבות שנות ה 70, הנרי דרש מאביו לצאת לפנסיה, או שהוא עצמו עוזב את העסק ומורדו, על אף שלא גילה שום כוונה לזה, נכנע.

 

Mordo était alors âgé de 76 ans, et il devint rapidement veuf à nouveau. Encore du vivant de Renée, il se lança avec toute l’énergie dont il disposait, dans une entreprise tout à la fois grandiose et pathétique : il se mit à écrire - beaucoup - et à produire en quantité impressionnante - Il acquit une ronéo qu’il troqua assez rapidement pour une photocopieuse professionnelle - une littérature qu’il appelait « sa propagande".

 

Il s’agissait vraisemblablement d’atteindre un public aussi large que possible, juifs comme non-juifs, afin de persuader les uns et les autres de vivre ensemble, et dans le but de convaincre les catholiques de l’ineptie de l’antisémitisme.

 

Il se procura les annuaires de tous les départements français et consacra tout son temps ainsi que toute sa retraite à écrire, imprimer, envoyer et distribuer sa propagande.

 

Il se rendit aux conférences, journées d’études destinées aux uns comme aux autres et, aux côtés des mendiants qui tendaient la main pour qu’on la leur remplisse, il tendait lui sa propagande sous forme de papiers de couleurs différentes, agrafés ensemble, imprimés au maximum de texte possible sur la page, pliés bien au carré, accompagnés de petites invitations à la lecture : « intéressant ? Peut-être », « non urgent » , et rédigés dans le style le plus levantin qui soit.

 

Peu de temps après la disparition de Renée, l’appartement revêtit l’aspect irréversible de l’intérieur typique du célibataire. Tables jonchées de papier, crayon, stylos et articles de papeterie éparpillés sur les meubles et le sol...

 




 

עם מעבר למעמד פנסיונר, מורדו הקדיש את כל מרצו לנושא אותו כינה ״התעמולה״ שלו.

הוא רכש ציוד, מכונת הדפסה, צרכי כתיבה והפצה נוספים, הזמין מרשות הדואר את ספרי הטלפון של צרפת כולה והתחיל לעסוק במשרה מלאה בכתיבה והפצת מסרים שמטרתם לשכנע שאין לאנטישמיות סיבה להיות, הנוצרים המוסלמים והיהודים חייבים להגיע למסקנה ששאיפותיהם דומות אם לא זהות, הכל כתוב בצורה הצפופה ביותר כך שלמעשה קשה היה מאד לקרוא.

 

הוא היה שולח את זה לכל מיני אנשים, ראשי ערים, כמרים, ראשי קהילות יהודיות, וגם היה מתייצב באופן עקבי בסוף הרצאות, שיעורים, קונצרטים או כל הזדמנות קהילתית. שם הוא היה עומד, בצד הקבצנים, אך הם היו מושיטים את היד על מנת שהיא תתמלא, כאשר הוא היה מושיט את היד על מנת שיקחו ממנה.

 

אחרי מות אשתו השנייה, הפכה הדירה למעונו הטיפוסי של הרווק המושלם, כל פינה היתה נתונה להערמת ניירות, ציוד עזר לשיכפול, הדפסה, הפצה...

 

Il restait le grand-père que j’avais toujours connu. Celui que je ne voyais que quatre ou cinq fois par an mais de qui la présence était inséparable des « turqueries » qui marquaient chaque rencontre, que l’on soit allés avec lui au restaurant turc « les diamantaires  » rue Lafayette, ou qu’il nous ait apporté halva, loukoums, tarama, ou biscuits de sésame, ou qu’il nous ait laissé un saladier rempli de malébi de sa fabrication, entièrement recouvert de cannelle. Il était un monsieur très corpulent toujours vêtu dans mon souvenir d’un costume trois pièces gris foncé, d’un pardessus et d’un chapeau (même si il apparaît coiffé d'une casquette sur une ou l'autre photos).

 



Cette photo est celle que je préfère. On lui voit aussi un large sourire que je n'ai que très rarement vu.תמונה זו היא האהובה מכולן עלי. רואים אותו עם חיוך רחב...לא אופייני לו. 
 

Il était le grand-père vociférant, celui de qui mon père semblait ne plus pouvoir rien supporter, ni les cris ni les agissements ou initiatives, au point que même si je n’ai pas le souvenir de l’avoir moi-même entendu crier, j’ai le sentiment d’avoir dans les oreilles les souvenirs de quelques altercations au cours desquelles il aurait asséné telle ou telle phrase..comme : « je n’ai pas, moi, du sang de poisson dans les veines ! ». Si l’idée était d’exprimer qu’il avait le sang chaud...voilà qui était convainquant.

 

J’ai le souvenir d’une sévérité que l’on m’avait appris à ne pas prendre au sérieux, ni quand petit, il tenta de me convaincre d’abandonner l’usage de la main gauche au profit de la droite (il était lui-même gaucher contrarié..mais acquis à la cause) ni quand plus tard il « n’aimait pas » ma coupe de cheveux, le port de la kipa, ou ni quand je le vis surgir à l’improviste, un matin où j’étais seul à la maison, couché et la jambe droite plâtrée du haut au bas, et qu’il me lança - sévèrement - encore avant de dire bonjour : « c’est la moto ? ». C’était la moto...

 

Mes parents  partirent en Israël en 1977. Nous les suivîmes en 1981, et il vint plusieurs fois manger chez nous dans l’intervalle. Ces repas étaient plutôt agréables même s’il n’était pas très enclin à la conversation libre. J’ai le vif souvenir de la fois où il raconta qu’il avait vu une inscription antisémite sur un mur à la sortie du métro et où il ajouta avec cet air malicieux qu’il avait parfois, et en sortant de sa poche un gros feutre noir indélébile : « je m’en suis occupé ».

 

Dernière visite à la rue Pierre Demours, avec Ayala, lors de notre visite en France de 1983 ביקור אחרון בדירה בפריס, ב 1983, עם אילה.. \

הוא בכל זאת נשאר כל השנים אותו סבא בעיניי. איש מבוגר, שמן, לבוש כל השנה חליפת שלושה חלקים ומעליה מעיל, ומגבעת של שנות ה 50-60. בילדות שלי הייתי רואה אותו לסרוגין, כשהיינו פוגשים אותו לרגל יציאה למסעדה תורכית, או כשהיה מביא לנו דברי מתיקה מאותה ארץ, חלווה, לוקום, שומשומים, טרמה, או מלבי שהוא עצמו היה מבשל.

 

הוא גם היה ידוע לי כסבא הצועק, הסבא המתרגז מהר...אפילו אם אני לא זוכר שאני שמעתי אותו מרים את הקול. אבל זה היה הדם שלו, של אדם שמסוגל לרתוח בן רגע ולהתחיל לצעוק לדאבון אבי.

 

אני זוכר שהוא היה כאילו אדם קשוח, אדם שדורש דברים, אבל תוך שהבהירו לי הוריי שאין דרישותיו על סדר היום. הוא כך ניסה לשכנע אותי להיות ימני, ולא שמאלי, וגם לא ללכת עם כיפה על הראש, או עם לבוש לא לרוחו. יום אחד בחורף 1971, הייתי לבד בבית והוא פתאום נחת. לא שמעתי אותו נכנס לבית, הייתי במיטה, עם גבס כל אורך הרגל. פתאום ראיתי אותו מולי ושמעתי אותו אומר :״זה האופנוע !״. זה באמת היה האפנוע. הייתי אחרי תאונת דרכים בגללה נשארתי מגובס שלושה חודשים. הוא אמר את זה בנימה כעוסה. אבל הוא לא ממש חיפש להשפיע עלינו הנכדים שלו. הראש שלו היה מוקדש לדברים אחרים, ובעיקר לתעמולה שלו.

 

ב1977, עלו הוריי ארצה ואנחנו התעקבנו עוד ארבע שנים. בזמן הזה, הוא בא לאכול אצלנו מספר פעמים. זה היה בעיקר נחמד. יום אחד, הוא סיפר כיצד ביציאתו מהרכבת התחתית, הוא נתקל בכותבת אנטישמית על הקיר. הוא אז שלף מהכיס טוש שחור עבה ובלתי מחיק והוסיף, עם חיוך שובב ״אני טיפלתי בעניין״.

 

Sa « propagande » était ainsi militante mais il ne parvint pas à s’élever au dessus du niveau d’un « Mangeclous » d’Albert Cohen, c’est à dire un de ces juifs du levant admirateurs de la culture européenne et convaincus d’en être les plus authentiques représentants, mais tout à la fois marqués à vie par leur lieu de naissance, au point d’être surtout des personnages pittoresques.

 

J’ai plusieurs photos de voyage qu’il fit, à Istanbul, à Athènes. Il avait peur de prendre l’avion et voyageait toujours en bateau.


   Mordo et Renée, Pierrette et Jacques Pisanté, à Bois Colombes avec Laurent, fils d'Elisabeth. מרדו פיזנטה ואשתו השנייה, ז'ק פיזנטה ואשתו פיירט עם על הברכיים לורן, בנה הבכור של אליזבט, בביתם בבוא קולומב, בפרוורי פריס.

 

Visite de l'acropole, Athènes. ביקור באתונה, האקרופוליס

En 1978, il se rendit en Israël, en visite chez son fils, mes parents. Nous étions aussi en programme de vacances en Israël, mais en passant par l’Italie, ce qui fit que nous partîmes de Paris par le même train et que nous voyageâmes ensemble jusqu’à Milan. Au passage de la frontière nous remarquâmes que son passeport était périmé. Mais il n’y avait rien à faire. Nous ne pouvions pas faire repartir à Paris cet homme de 84 ans. Nous avons tablé sur la clémence des autorités israéliennes...qui le laissèrent finalement entrer en Israël...mais certains témoins surent nous raconter combien l’épisode avait été loin de s’être déroulé dans le calme et en silence...

 

גם התעמולה שלו היתה אקט מיליטנטי, אבל בדומה לגיבוריו של אלברט כהן, יהודי הציוריים של האי קורפו, הוא היה גם יחד מחוייב לתרבות הארופאית בו בזמן שהיה לוונטיני על כל גידיו ואבריו, ועל כן, כתביו לא עברו את רף המעשה הציורי.

 

במרוצת השנים, הוא נסע קצת, ביקר בתורכיה, ביוון, כל פעם באניה או רכבת, היה מפוחד מטיסות. בשנת 1978, הוא נסע לבקר את הוריי, את בנו, בישראל, וזו גם היתה שנה בה נסענו אנחנו. מכיוון שלנו היו תכניות לחצות קודם את איטליה, ליווינו אותו ברכבת עד מילנו. במעבר הגבול בין צרפת לאיטליה ראינו שפג תוקף דרכונו. לא היה כבר מה לעשות. לא התערבנו, הוא המשיך, וקיווינו שרשויות ישראל ירחמו עליו. בסוף הוא אכן נכנס לישראל...אבל אחרי צעקות שכל העיר חיפה שמעה אותן...

 

À l’âge de 92 ans, il céda aux exhortations de mon père et vint s’installer en Israël, à Jérusalem, dans un appartement au sein d’une résidence pour le troisième âge (lui qui écrivait depuis quelques bonnes années qu’il était « du quatrième âge »). Mon père ne le laissa pas emporter avec lui sa photocopieuse, mais il ne put tout empêcher et mon grand-père arriva avec tout un équipement. Il trouva rapidement un imprimeur et continua ses correspondances.


exemples de papiers de sa propagande. J'en ai plus que cela, peux les envoyer à la demande...שתי דוגמאות מהתעמולה שלו.


 Il acquit très vite une très bonne autonomie de circulation, utilisant les autobus presque au quotidien, même si l’hébreu n’était pas vraiment au nombre des langues qu’il dominait. Sur le mur à la hauteur des yeux à sa table de travail, je découvris un jour un bout de papier fixé avec du scotch sur lequel figuraient les prénoms de mes enfants...à fins de pense-bête, pour quelqu’un dont la mémoire n’était défaillante en rien mais dont l’esprit était absorbé par tout autre chose que ses descendants...qu’il aimait cependant beaucoup comme son regard en témoignait quand ils lui rendaient visite.

 

Mon grand-père était donc en fin de compte tout sauf attentif. Il agissait en fonction de ce que son bon sens, sa réflexion et ses intuitions le poussaient à faire, mais il n’avait pas la capacité d’intégrer au mouvement les réactions de qui que ce soit. Qui ne le suivait pas risquait vite d’être perçu comme un opposant...qui réveillait alors sa colère . Est-ce parce qu’il se sentait alors menacé de devoir affronter l’échec ? Une perspective qui le désarmait et éveillait alors les cris, en guise de réaction de dernière extrémité ? Cela n’est pas impossible. Il a livré une fois à Marianne que ses accès de colère l’effrayait lui-même en premier lieu...mais ils lui permettaient probablement de ne pas se remettre en question, ne pas devoir constater l’inefficacité de toute cette entreprise et sentir que la reprise en main et l’amélioration étaient au-delà de ses forces.. ce qui dans le jargon professionnel s’appelle « défense maniaque » : l’individu n’est pas véritablement bi-polaire mais il est poursuivi par une menace de dépression contre laquelle il adopte une suroccupation constante ou un semblant de bonne humeur constante.

..

 


ב1986, כאשר הוא בן 92 הוא נכנע לפניותיו החוזרות של בנו והוא עבר מצרפת לישראל, לדירה בדיור מוגן, בתוך מושב זקנים. אבי ניהל איתו משא ומתן קשוח על מנת שהוא יוותר על כוונותיו להביא ארצה יחד איתו את כל הציוד להדפסה ולהפצת התעמולה. הוא גם לזה נכנע אך הגיע עם ציוד מינימלי והמשיך מהארץ גם את הכתיבה וגם את ההפצה. הוא נהיה כאן עצמאי מהר מאד, על אף גילו המופלג. היה נוסע באוטובוסים ומצא בית דפוס ממנו הוא הזמין את כל החומר שלו. אצלו בחדר, על הקיר, ליד שולחן העבודה, גיליתי יום אחד פתק קטן מודבק על הקיר באמצעות סלוטייפ ועליו שמות הנינים שלו...לא שהיו לו בעיות זכרון, פשוט הראש שלו לא היה בזה. לא שלא אהב אותם. היה מסתכל עליהם במבט די רך ואוהב..

 

C'est la guerre du golfe à laquelle il dût la fin de sa vie, à l'âge de 97 ans et de demi, triste de n'avoir pu atteindre les 100 ans. Il mourut parfaitement lucide mais après être tombé dans son appartement un mois plus tôt, lui que la situation de belligérance à laquelle Israël était associée avait beaucoup éprouvé, et n'avoir pas réussi à se relever. C'est son fils qui lui ferma les yeux, le lendemain de la fête de Souccot, il y a maintenant 29 ans. Soit son souvenir source de bénédictions.

 


הוא נפטר בגיל 97.5, עצוב מהעובדה שהוא לא הגיע לגיל 100, וכנראה בעקבות מלחמת המפרץ, שגרמה לו לחרדה גדולה. חודש לפני פטירתו, הוא נפל בדירה שלו ולא הצליח להתרומם מחדש. לקחו אותו למחלקה הסיעודית והוא נפטר יום אחרי שמחת תורה לפני 29 שנים, הנרי שהיה לידו סגר לו את העיניים. יהי זכרוח ברוך.

 

בז׳רגון המקצועי, נהוג לקרוא לתופעה הזו ״הגנה מאנית״. האדם הנתון לה למעשה בורח מנטייה דכאונית בשארית כוחותיו. כי אז, הוא מעסיק את עצמו ללא הפסקה או נוהג במצב רוח מרומם מעבר לפרופורציות.



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 Sur l'origine du nom Pisanté

Petit récapitulatif de recherche des origines du nom Pisanté  :
 

Texte bilingue -טקסט עברי-צרפתי

תמצית תוצאות החקר הלא מקצועי שערכתי על מקורות שם המשפחה שלנו :


A la différence de celui qui nait Dupont ou Goldberg, patronymes dont l’origine est évidente, celui qui naît avec un nom que personne d’autre ne porte (et en France, je n’ai jamais connu d’autres Pisanté que dans ma famille) est naturellement poussé à s’interroger sur l’origine du nom. Le point de départ auquel je me suis trouvé confronté est celui de l’ignorance complète, de l'énigme absolue. Je ne suis pas le premier à avoir posé la question, je suis à peu près sûr que mon père l’avait posée, mais lui et moi n’avons pas eu de véritables réponses, n’avons entendu que des suppositions :

אם למי שמסתובב עם שם ברור כגון כהן או גולדברג, או פרנקפורטר אין שאלות על מקור שמו, מי שנולד בארץ בה הוא האדם היחיד הנושא שם מסויים, מובל אוטומטית לשאלות אטימולוגיות. ידוע לי שהנרי (אבי עליו השלום) שאל את עצמו ואני שאלתי את עצמי כל אורך הדרך, גם ביני לבין עצמי, גם בעקבות הערות/שאלות/השערות של הסביבה.


  • Mon grand-père qui avait dit que quand on appelait les Pisanté à la Torah en Turquie, ils étaient « ben peshat » et donc, l’origine du nom était probablement le métier de changeur de monnaie (peshat comme pesetas),  
  • Yaakov Pisante de Rishon letzion tient de son père la même hypothèse (il est hispanophone, prononce son nom Pissanté et dit que l'origine du nom serait  "pesante" comme pour désigner en espagnol celui qui pèse), l'origine du mot pesetas…
  • Ruth Rachelberg, spécialiste universitaire israélienne de littérature séfarade et qui affirmait que l’origine du nom était la ville de Tolède,
  • Certains qui avaient émis l’hypothèse de Byzance→ Byzantin→ Pisanté..
  • Et rapportons aussi l'hypothèse du rédacteur de l'encyclopédie "arzé levanon", Moshe Wanono, qui voit dans certain poème l'indication que le nom Pisanté renverrait à la colombe . Je n'ai pas encore trouvé le dit poème ni élucidé cette hypothèse..

 

...et je me sens quant à moi assez tenté d’opter pour une hypothèse « Pise-Byzance » pour plusieurs raisons :


  • il y avait à Constantinople du moyen âge (années 1100-1200) trois quartiers dans lesquels vivaient des juifs au sud de la corne d’or, un de séfarades espagnols (déjà avant l’expulsion de 1492), un de vénitiens et un de pisans, et il y avait au nord de la corne d’or, dans le quartier Pera nommé aujourd’hui Galata un quartier de juifs mizrahim-égyptiens et byzantins (romaniotes) . Il y a eu plusieurs vagues, de quartiers qui ont brûlé, d’où les juifs ont été chassés au fil des guerres et des changements de souveraineté, en particulier le quartier pisan qui fut incendié en 1203, et une nouvelle fois quelques années plus tard, provoquant des déplacements de sa population. 

  • David Jacoby (historien de l'université hébraïque de Jérusalem spécialisé dans l'histoire des juifs balkans et auteur de très nombreux articles sur le sujet) a retrouvé des contrats d'achat de maisons, par des pisans, dans le quartier de Pera. Par ailleurs, le statut pisan était très auto valorisé et il est bien possible que cela ait poussé des exilés à se parer de leur provenance, ou à être désignés par leur provenance. Le même Jacoby dit qu'on ne trouve plus trace de commerce avec des pisans passé 1390, ce qui pourrait indiquer qu'à cette époque le quartier fut habité par d'autres habitants et que l'identité pisan ne fut plus qu'un souvenir à garder. J’imagine donc aisément qu’un pisan qui arrive dans un autre quartier, Kuzkunjuk par exemple, alors village sur la rive asiatique du Bosphore, peuplé essentiellement de juifs et dans lequel se seraient installés les sefaradim à leur arrivée d’Espagne, puisse être appelé Pisanté, ou décider de se faire appeler ainsi, peut-être même en double souvenir, de Pise et de Byzance, deux nationalités déchues, à l'époque où les juifs romaniotes se sentaient un peu malmenés par cette vague d'immigration de juifs d'Espagne qui les a finalement noyés, peut-être dans un accès de créativité…même si la créativité n'était pas trop en vogue dans cette période de l'histoire du monde. 




  • le Bosphore et Istanbul vus depuis Kuskunjuk. הבוספורוס והעיר איסטנבול, מבט מקוזקונג'וק


  • De la même manière, la terre d’Israël ayant été incluse dans l’empire ottoman à compter de 1244, il est possible d’imaginer que d’autres pisans aient pu aller se réfugier jusqu’en Bulgarie ou en Israël, ce qui expliquerait la présence de Pisanté aussi à Tsfat et à Jérusalem (comme en attestent le "livre des envoyés d’Israël" qui mentionne deux Rabbi Pisanté, un né en 1540 environ, l’autre en 1820 environ, et l’encyclopédie « Arzé halevanon » qui fait mention de cinq rabbis Pisanté supplémentaires au fil des siècles, les cinq ayant vécu en Israël).

  • Renforce cette hypothèse l’opinion d’Avshalom Kor, spécialiste de la langue hébraïque, dont personne en Israël n’ignore le nom et les capacités, en matière d’étymologie de l’hébreu en général et des noms en particulier, consulté sur le sujet, et qui rattache le nom Pisanté à Pise,

  • Renforce cette hypothèse le type nettement italien de plusieurs des membres de la famille (Jacques, mon grand père, Rebecca) et cela va dans le sens de ce qu'écrivait Moïse Franco en 1897, dans son "essai sur l'histoire des israelites de l'empire ottoman depuis les origines jusquà nos jours".

  • Renforce cette hypothèse le résultat de mon analyse de salive par ancestry qui me gratifie de 9% d’origine italienne contre 0% espagnole

  • Renforce cette hypothèse le fait que le nom Pisanté ne figure pas sur la liste des noms des ressortissants espagnols potentiels publiée par le ministère espagnol des affaires civiles.

  • S’oppose à cette hypothèse l’affirmation de ma cousine Cela d’Istanbul qui véhicule la tradition que les Pisanté sont des séfarades d’Espagne,

  • S'oppose également à cette hypothèse la lecture "Pissanté" (et donc hispanophone ) du nom.

  • Mais je peux comparer à ce sujet ma propre expérience d’un grand-père qui ne m’a laissé aucune tradition en ladino (mais je sais de source sûre qu'il parait ladino parfaitement. Néanmoins, il semble que la langue de la famille était plutôt le français), avec par exemple d’autres traditions de juifs turcs qui ont reçu encore et encore maintes recettes de cuisines ou traditions en ladino.

  • Et mon grand-père en arrivant en France, se fait appeler Pisanté (et non Pissanté), de même qu'est inscrit sur la tombe de Bekhor "Pizante", de même que les rabbins mentionnés au fil de l'histoire portent en hébreu le nom "Pisanté" (c'est-à-dire avec un "zaïn" et non avec un "samekh",

  • Et renforcent enfin l'hypothèse d'une origine Pizanté-Pizanty (plutôt que Pissante) les nombreux personnages que l'on trouve en sollicitant google en hébreu (joueur de foot, joueur de basket, professeur au technion, professeur en stomatologie, avocat, prof. de Feldenkreiz, tourneur professionnel et autres), ainsi que dans le domaine du judaïsme (un Reuven Pizanty qui écrit des livres de commentaires de la Torah, un David Pizanti parmi les enflammés du troisième temple..ceci pour Israël. En faisant la recherche en lettres latines, on trouve aussi une Nathalie Pisante, sculptrice, en Grèce…

  • Facebook est aussi relativement rempli de Pisante et de Pizante et il me semble que les premiers sont surtout italophones, et non juifs, tandis que les seconds sont plus hispanophones , et aux USA ou en Amérique, et juifs pour une assez grande partie d'entre eux.

  • Tout ceci atteste d'une assez large présence du nom en Italie et aux USA, mais aussi semble renvoyer à une présence en particulier dans l'ancienne Asie mineure (Turquie, Rhodes, Grèce, Egypte, Israël et Bulgarie). De plus, existe une compilation des rabbins "babyloniens" (c'est-à-dire étant arrivés à Jérusalem d'Irak et alentours) dans laquelle figure au moins un Pisanté.

 




נוכחתי לגלות שנקודת המוצא ביחס לחיפושים אודות השם פיזנטה היא אי ידיעה מוחלטת.

·         הנרי אבי קיבל מאביו את התשובה : ״כשעלו בני המשפחה לתורה, היו קוראים להם ״בן פשט״ וזה אולי מתחבר למילה הספרדית ״פסטה״ שמשמעה מטבע כסף, דבר שאולי נובע מזה שהפיזנטה הראשון התעסק - כמו הרבה יהודים - בסחר של כסף, חלפנות.

·         יעקוב פיסנטה, מראשון לציון, בן דוד רחוק, קיבל מסורת קרובה : מקור השם במילה "פסנטה" שבספרדית משמעה "לשקול", כשם שניתן לאדם שעיסוקו שקילה, שקילה של כסף...מקור שמד דומה ומוביל אף הוא למילה פסטה..


 כשהגענו ארצה מצאנו עוד מספר לא מבוטל של אנשים בעלי אותו שם (או בווריאציות קלות, פיזנטי למשל), רשימה ארוכה למדי אפילו. הייתה למשל חנות של מוכר שעונים/תכשיטים פיזנטי מול הדואר המרכזי בירושלים, ברחוב יפו, הייתה רופאת פה לסת בהדסה בשם פרופסור פיזנטי. וחיפוש בגוגל מעלה עוד הרבה בעלי אותו שם. אלה מהחנות וגם הרופאת שיניים היו מבולגריה. אחרים הם מרודוס, ממצרים, היה שחקן כדורגל ידוע בעל אותו שם, וגם כדורסלן, ויש חרט ידוע בשם פיזנטי. ויש ראובן פיזנטי אחד שגם כותב ספרים בנושאים של יהדות, ויש דוד פיזנטי אחד בין פעילי הקמה מוקדמת של בית 

המקדש השלישי.

גם מצאנו קרובי משפחה, והם הגיעו ארצה מארגנטינה – אחרי שהיגרו לשם מתורכיה -  והם כותבים את שמם "פיסנטה". הם צאצאיו של יצחק (שהיה אחיו של יעקוב, סבא רבה שלי) וכתבתי לעיל מה השערותיהם על מקור שמם,

 אבל טרם נמצא מקור מוצק לשם.

 פרופ׳ רות רחלברג, המנוחה, שהיתה מומחית לספרות ספרדית, וליהדות יוצאי ספרד באוניברסיטת בר אילן, ידעה להגיד שבאופן וודאי מקור השם הוא בעיר טולדו שבספרד.

 ברם, כאשר ממשלת ספרד פירסמה לפני מספר שנים את רשימת שמות המשפחה של אלה שיכולים לבקש אזרחות ספרדית, על פי היותם צאצאים של מגורשי ספרד, השם פיזנטה לא היה ברשימה.

 

Et donc. En l’absence de certitudes, il faut faire des choix. Comme je l’ai écrit, l’hypothèse Pise-Byzance est celle qui me plait le mieux. Je ne me sens pas espagnol, et les analyses historiques que j’ai lues, en particulier dans les nombreux articles de David Jacoby, me permettent de tenter de reconstituer comme un itinéraire des Pisanté au fil des siècles, englobant l’Italie, la Turquie, Jérusalem, la France, itinéraire par des lieux que j’aime, ayant comme une sympathie pour le judaïsme italien, pour la Turquie (sympathie teintée de craintes vis à vis d’un peuple que je vis comme très agressif, malgré la douceur de sa cuisine), ayant conservé un fort attachement à la France où j’ai encore de la famille ainsi que de très bons et chers amis, aimant trouver la trace de plusieurs Pisanté ayant vécu au fil des siècles à Jérusalem où je vis depuis presque quarante ans.

 

ולעניות דעתי, אני מרגיש נמשך אל המקור האיטלקי-טורקי מקורי, כלומר אני נמשך לראות את השם "פיזאנטי" כנובע מ"פיזה" (העיר) ומ"ביזנטיום" (שמה הקדום של איסטנבול), בעיקר בעקבות קריאת מאמריו של פרופסור דוד יעקובי מהאוניברסיטה העברית בירושלים שכתב עשרות מאמרים בנושא יהדות טורקיה ויוון, מימי הקדם ועד היום.

 

הוא מספר כיצד עד לשנת 1390 היה בקונסאנטינופוליס, רובע של יוצאי העיר פיזה שבאיטליה, ושיש עדות ליהודים ביניהם. רובע זה היה סמוך לרובעיו של יוצאי וונציה. והייתה גם פעילות מסחרית ענפה לתושבי שני רובעים אלה, וגם תחרות ביניהם. ההיסטוריה של העיר כללה לא מעט כיבושים, מצורים, מלחמות, ולמשל רובעיו של יוצאי פיזה הוצת מספר פעמים, פעם אחת זכורה לשמצה בשנת 1203. יעקובי מספר על תושבים שעברו את "קרן הזהב" והלכו להתיישב בשפה הצפונית שלה, ברובע שנקרא אז פרה, ונקרא היום גלטה.

 

אני מסתדר יפה עם השערה לפיה היו כבר יהודים בקונסטנטינופוליס עוד לפני גירוש ספרד, ואני מדמיין יהודי אחד, או יותר מאחד שעבר מהרובע האיטלקי הזה אל החלק האסיאטי של הבוספורוס, והגיע לכפר קוזקונג'וק, שם הייתה כבר קהילה יהודית, והוא החליט לשמר את מקורותיו וקרא לעצמו פיזנטה (או פיזאנטי), על שם פיזה, או שמא קרא לעצמו כך, או שקראו לו כך, כתערובת של יוצא פיזה ויוצא ביזאנטיון, שהיה שמה של העיר עוד הרבה לפני כן.

 

תומכת בהשערה זו (שקוראת תגר להשערה ה"ספרדית") עובדת איזכורם של לא פחות מחמשה רבנים בשם "פיזאנטי" .באנציקלופדית "ארזי הלבנון", איזכורם של עוד שניים בספר שלוחי ארץ ישראל (שד"ר

 

 וגם תומכים בדעה זו ד"ר אבשלום קור ומשה פרנקו  שכתב ב1897 את הספר הראשון בדבר הסטוריית היהודים באימפריה האותמנית..

ובמצב בו אין לך מסורת מוצקה, או וודאות,

 

אני בחרתי בהשערה הזאת בגלל תחושת בטן, לפיה אני לא מרגיש ספרדי מספרד. ועל אף דעותיהם של צ'לה מאיסטנבול, אלמנתו של מימי, שהיה נכדו של בכור פיזנטי מקוזקונג'וק, ועל אף המסורת שאבי שמע מאביו, ועל אף דעתו של יעקב פיסנטה (פסטה – המטבע הספרדי), אבל אם מקור השם היה "פיסנטה", למה היה סבי קורא לעצמו בצרפת "פיזנטה", ולמה נקראו כל הרבנים האלה "פיזאנטי" ?

 

גם בגלל שאחרי שמסרתי דגימת רוק ל"אנססטרי" הם ייחסו לי 9% שורשים איטלקיים ואף לא 1% שורש ספרדי מספרד, וגם בגלל ששת הרבנים, עליהם אני אפרט קצת בהמשך.

 

מי שמחפש Pisante  ב FB ימצא בעיקר איטלקים, רובם ללא קשר כנראה עם העולם היהודי. מי שמחפש Pizante באותו מקום, ימצא הרבה אמריקאים, מצפון ומדרום אמריקה, לנראה שלרוב יש קשר עם היהדות.

 

נוסף לכל זה, עליי להוסיף אנקדוטה : אבי הפך עם הגעתו לירושלים ליהודי הרבה יותר הדוק מכפי שהוא גדל בפריס. עם השנים הוא עשה עצמו קבוע במספר בתי כנסיות בעיר, וכולן היו בתי כנסיות בבליים. על אף שהכרנו מקרוב מאד את נוסח יהודי צפון אפריקה, לא נמשכנו אליו, לא הוא ולא אני. לפעמים, קול האינסטינקט גם מדבר.

 

Appendice :

 

A.    les sept Pisanté mentionnés dans l’encyclopédie des Cèdres du Liban .

 

Rabbi Moshé Pisanté. Le plus sulfureux des quatre, mais aussi le plus ancien. On pourrait dire qu’il est « premier du nom », on le trouve mentionné en de nombreux endroits, du fait des livres qu’il a laissés, certains lisibles aujourd’hui, certains disparus. Prof. Spiegel de l’univ. Bar Ilan a consacré une recherche sur son livre, "Houkat haPessah", qui est un commentaire sur la hagadah de Pessah’, imprimé pour la première fois...en 1565 à Constantinople, réédité peu après à Salonique, et réédité à Jerusalem....en 1998 !

    Ses autres livres sont : « la maison de prière » commentaire sur la prière, un commentaire sur les pirké avot - disparu, un commentaire sur le traité kidoushin - disparu, « le livre du pauvre, commentaires sur divers sujets »- disparu, « zera kodesh » commentaire sur le "zeraïm » du talmud de Jérusalem - disparu, « ner mitzva  » commentaire sur les mises en gardes de Shlomo Ibn Gvirol, « yesha Israël » commentaires sur la fête de Souccot,

     


    R. Moshé Pisanté est aussi au nombre de ceux que l’on a appelés « shloukhim derabanan » (envoyé des rabbins), il figure comme ayant été basé à Safed, et....capturé en compagnie de deux autres juifs par des brigands turcs qui l’ont finalement assassiné - à 33 ans ! en 1573 - alors qu’une somme d’argent était en route pour tenter de le sauver. Le titre de « rabbin de grand chemin » lui revient de plein droit. Un rabbin dont l’érudition a eu un impact plurimillénaire, mais qui n’a eu que vie de vagabondage, errance et pauvreté, qui ne s'est trouvé "envoyé" apparemment que par lui-même et sa situation économique catastrophique, comme il en atteste lui-même dans une de ses introductions à ses livres, et qui n’a pas établi de famille.

     

    Rabbi Yossef Pisanté qui semble avoir vécu au XVIIème siècle , à Jérusalem, célèbre pour sa h'azanout.

      3.Rabbi Haïm Moshé Pisanté, lui aussi « envoyé rabbinique », de qui on trouve la trace en particulier au Maroc, au XIXème siècle, 1838-1857.

      Rabbi Yehouda Yehoshua ben Haïm Pisanté, rabbin à Constantinople, est passé en 1877 puis a exercé à Jérusalem jusqu’en 1915 environ.

      rav Ytshak Haïm Pisanté(1876-1930) Jérusalem, fils du précédent, dayan.

      Rabbi Yehouda ben Ytshak Haïm Pisanté, Jérusalem, fils du précédent

      B..   Les 360 fois où le nom Pisanté (פיזאנטי) est référencé dans une banque de données de livres traditionnels (אוצר החכמה), il s'agit des mêmes six cités ci-dessus, mais c'est une attestation de la valeur de leurs propos, suffisamment lus, estimés et retenus pour être cités..

        

      נספח.

       

      א.      שבעת רבי פיזאנטי אשר מוזכרים באנציקלופדיית "ארזי הלבנון".

       

      1.      הראשון ביניהם, הקדום מכולם, הוא גם העסיסי מכולם : ר' משה בן חיים פיזאנטי נולד כנראה ב 1540 ונרצח ב 1574, כלומר בהיותו בן 34 בלבד. הוא כתב לפחות שמונה ספרים שרק ארבעה מתוכם הגיעו עד אלינו, אבל אחד מהם  "חוקת הפח", שהודפס לראשונה בעיר קונסטנטינופוליס ב 1567 הודפס שוב לאחרונה בשנת 1996 ! יתרה מזו, ספר זה, שהוא פירוש על הגדת פסח הוא זה שזכה להכי הרבה אזכורים בספרות היהודית מכל העולם. הרב משה פיזאנטי כתב גם "בית התפילה" פירוש על התפילה, פירוש על פרקי אבות – נעלם, פירוש על מסכת קידושין – נעלם, "ספר העני" אוסף פירושים – נעלם, "זרע קודש" ספר על סדר זרעים מתלמוד ירושלמי - נעלם, "נר מצווה, פירוש על אזהרותיו של שלמה אבן גבירול, ו"ישע ישראל" פירוש על חג הסוכות.

      חייו של רב' משה בן חיים פיזאנטי מעוררים חמלה יותר מהערצה. הוא כנראה נמנה על שלוחי ארץ ישראל (שלוחי דרבנן) מעצם העובדה שלא יכל לקיים את עצמו, ובגלל זה יצא לדרכים, תוך שהוא נודד מעיר לעיר, מתארח אצל מי שמקבל אותו, וכותב, כותב ולומד כנראה בצורה אינטנסיבית ומרשימה עד מאד. סופו הטראגי אינו פחות עסיסי מהשאר : ביחד עם עוד שני יהודים, הוא נשבה על ידי לסטים טורקיים...שרצחו אותם על אף שהיה מישהו בדרך אליהם כדי להביא כופר להציל אותם...האך הגיע מאוחר מדי. ר' משה בן חיים לא זכה להקים משפחה ולהוליד ילדים. ספריו הם אלה שהשאירו את זכרו חי עד היום.

      2.      ר' יוסף פיזאנטי, שחי במאה ה 17 בירושלים והתפרסם בזכות החזנות שלו והפייטנות שלו.

      3.      ר' חיים משה פיזאנטי, אף הוא שליח ארץ ישראל, שהיה פעיל במרוקו בשנות 1838-1857 בערך.

      4.      ר' יהודה יהושע בן חיים פיזאנטי שהיה רב בקונסטנטינופוליס ועבר לירושלים ב1877, ונפטר כנראה ב 1915.

      5.      ר' יצחק חיים פיזאנטי, ירושלים, סופר בי"ד ודיין, בן של הקודם.

      6.      ר' יהודה בן יצחק חיים, בנו של הקודם, אף הוא סופר בי"ד בירושלים,

      7.      ר' בן ציון פיזנטי, שהיה גם הוא בנו של ר' יצחק חיים פיזנטי, וחי בירושלים עד שנות ה 30 של המאה ה 20.(1876-1930), גם הוא סופר בי"ד.

       

      ב.      השם פיזאנטי (או פיזנטי) מובא לא פחות מ 360 פעם באתר "אוצר החכמה". רוב הערכים הם מתוך ה"חוקת הפסח".


      Signature


      Mon grand-père Mordokhaï Pisanté a vécu jusqu'à l'âge canonique de 97 ans. Dès qu'il fut à la retraite, il se consacra à l'écriture et à la distribution massive (par deux moyens essentiellement : la remise de main en main et la poste) de textes destinés à la lutte contre l'antisémitisme, textes touffus qui pourraient avoir été écrits par un des personnages levantins d'Albert Cohen mais émanant de la meilleure intention du monde. Nul doute qu'il eut beaucoup aimé pouvoir s'exprimer sur blog....



      Et Israël ? Il était mon arrière grand-père maternel. Et quel renseignement capital apporte cette précision ?
      סבי מרדכי פיזנטה נפטר בגיל 97. מרגע יציאתו לגמלאים הוא הקדיש את כל מרצו , זמנו וכספו לכתיבה והפצה של טקסטים רבים מיועדים למלחמה נגד אנטישמיות. הוא הפיץ ביד ובדואר את הטקסטים האלה בצורה שלא איפשרה כל כך את קריאתם מרוב שהם היו כתובים בצורה צפופה ובשפה לוונטינית למדי.
      כוונתו היתה לקידוש השם. אין ספק שאילו היה חי עד לשנות האינטרנט, הוא היה נהנה מאד מהאופקים שטכנולוגיה זו פורשת לפנינו.

      ומי היה ישראל ? הוא היה סבי רבא מצד אימי. ומה מוסיף פרט חשוב זה ?






      12. Du blog au papier...et une ouverture.




      • Le mois de juillet de l'année 2023 se trouve marqué par la publication des éléments de cette page   "origines" sous forme de livre, bilingue, édité et publié à l'occasion de la bar mitzva de notre premier petit fils Eviatar.

      • Le livre est envoyé par la poste aux divers ressortissants de ces origines, et cela donne lieu à quelques développements encore avant que le livre ne soit parvenu à tous ses destinataires : cette page de blog a été lue plusieurs milliers de fois mais envoyer par la poste un bien moindre nombre d'exemplaires permet déjà énormément plus d'échanges personnels ou interpersonnels. J'éspère que ces échanges ne vont faire que se multiplier..

      • les envois font apparaître combien la famille Wajnberg aura ici été peu racontée. La raison concrète est que je n'ai en fait rien à raconter mais ceci en soi soulève la question "Pourquoi ?" Peut-être autour de ce nom me lancerai-je dans ce qu'ont fait autour de moi beaucoup de gens : ouvrir une recherche généalogique par le biais d'internet. Je répondais récemment à un ami qui me racontait s'être ainsi trouvé des ancêtres jusqu'au 17ème siècle que je n'avais pas fait ce genre de recherches et que ma seule démarche avait été mémorielle. Je n'ai raconté ci-dessus sur toute cette page "origines"que ce dont je me souvenais. Et voici que je suis aussi dans le cas de quelqu'un qui n'a rien de quoi se souvenir, dans le cas de la famille Wajnberg...


      • A suivre.  

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