vendredi 11 mars 2022

Et ce si problématique et conflictuel sujet de l'Ukraine, ne faut-il pas plus en parler ?

 


La Russie envahit l'Ukraine, pour les raisons dévoilées qu'elle a "toujours fait partie de la Russie,  qu'une partie de l'Ukraine, russophone, devrait redevenir russe, et que l'Ukraine fait des démarches pour intégrer l'Europe et l'Otan", pour les raisons cachées/exprimées non ouvertement que l'Ukraine est un des territoires les plus riches en ressources naturelles de l'ancienne URSS.

l'Ukraine a à sa tête depuis quelques années un président d'origine juive (mais ayant fait baptiser ses enfants, "détail" qui n'est pas sans importance comme la fin de cet article le montrera), et surtout, surtout, l'Ukraine est le pays le plus antisémite du monde, le pays de John Demaniouk, le pays d'où sont sortis moult exemples de personnages "pires que les nazis", le pays où le massacre de Bab Yaar a été commis, le pays où a surgi l'antisémitisme et les pogromes au 17ème siècle.

Les critiques ouvertes à l'égard d' Israël n'ont pas tardé à s'exprimer, en particulier en provenance de l'extrême gauche ou d'ennemis ouvertement déclarés d'Israël (je n'ai lu que ce torchionnaire de Pappé mais encore en partie parce qu'interrompu par la nausée) : pourquoi  Israël rechigne-t-elle à accueillir des réfugiés ukrainiens ?

Ceci  alors qu'Israël accueille des réfugiés  ukrainiens (certains chiffres  - contestés au présent ou au futur certainement par certains mais énoncés en attendant à la radio - à la date du 12 mars pourraient même attester qu'Israël aura été parmi les premiers pays non limitrophes de l'Ukraine à accueillir des réfugiés).

Le véritable débat, la véritable critique concerne la distinction juifs/non juifs. Ce qui est brandi d'un doigt accusateur  c'est la question de la ségrégation raciale : comment Israël justifie de recevoir des juifs avant ou plutôt que des non juifs ?

Pourquoi ne pas remonter aux sources ? pourquoi ainsi ne pas rappeler qu'Israël-le peuple est possesseur d'un patrimoine ("le peuple du livre"), d'une histoire, d'un devoir ("tu l'enseigneras à tes enfants"…"quand ton fils te demandera"…références bibliques faciles à localiser) et d'une préoccupation : comment conserver ce patrimoine culturel malgré l'exil, préoccupation constante des 2000 dernières années, au prisme de l'émancipation et de la modernité, de l'assimilation, de l'Inquisition, et, de plus, d'exemples plus anciens comme celui du roi Osias, en – 650 environ au cours du règne duquel fut "retrouvée" cette Torah, oubliée et enfouie sous terre ? Pourquoi ne pas rappeler aussi que la situation des juifs aujourd'hui dans le monde est radicalement différente - en mieux - de celle de tous les 19 siècles précédents et ce du fait de la création puis de l'existence du pays d'Israël, pensé puis créé AFIN DE DONNER AUX JUIFS un lieu où le judaïsme pourrait s'exprimer librement, un pays d'où les juifs ne risqueraient pas d'être chassés comme l'histoire des 2000 ans l'a régulièrement montré ?

Pourquoi ne pas rappeler que ce pays encore balbutiant, et sous peuplé, et démuni de tout a accueilli en 1945 des juifs meurtris par la shoah ?

Pourquoi ne pas rappeler que ce pays qui est passé au cours des 74 années depuis sa création officielle non seulement de l'état ci-dessus évoqué à l'état de puissance internationale, mais aussi d'une population de quelques centaines de milliers d'habitants à une population de plus de 9 millions d'habitants, a entre autres atteint cet essor démographique du fait d'une énorme intégration de population dont les gens comme moi – venus en Israël par choix – ne sont qu'une minorité ( les irakiens, les yemenites, les marocains, les ethiopiens pour ne citer que les plus nombreux parmi les groupes ethniques, et en dernier lieu les soviétiques – issus de l'ancienne URSS sont les exemples les plus connus de populations venues en Israël par défaut, pour y être recueillies ) ?

Pourquoi ne pas mentionner que la Torah n'a jamais été autant étudiée, le judaisme autant fleurissant, l'hébreu autant parlé et développé que depuis l'existence d'Israël ?

Israël est donc le lauréat mondial du prix non-décerné du pays qui intègre le plus, qui accueille le plus, et dont la vocation première est l'intégration.

Israël est le seul pays où l'individu – ou le groupe, fut-il de plusieurs centaines de milliers – est non seulement accueilli mais invité à venir puis équipé, accompagné, instruit à la langue, et aidé économiquement, et ceci au cours des 120 dernières années de son existence (encore avant la proclamation de l'état en 1948).

Et donc, Israël accueillera autant de juifs ukrainiens que ceux qui déclareront vouloir venir s'y installer, même provisoirement ( sur le million de juifs soviétiques accueillis depuis 1990, on estime qu'environ 150000 sont repartis), et reste la question des non-juifs.

Israël accueillera probablement des réfugiés de guerre pour raisons sanitaires, par solidarité, par raison d'urgence qui relègue TOUT au second plan (le rabbin de Moldavie exprimait à voix haute la semaine dernière que le shabbat n'aurait probablement pas lieu samedi dernier mais que cela n'avait aucune importance parce que l'urgence repousse le shabbat, et ce même shabbat, Bennett, premier ministre traditionaliste israélien a pris l'avion pour aller rencontrer Poutine au kremlin) , mais il est fort probable que leur intégration ne sera pas naturelle, ne pourra pas être naturelle, ne saurait être naturelle…pour toutes les raisons évoquées plus haut, qui sont toutes des raisons valables si ce n'est qu'il serait inconvenant de les taire et de les reléguer au passé.

 "les petits enfants ne sont pas responsables des crimes de leurs grands-parents" entend-on dire les plus humanistes d'entre nous.

Je suis certain  - et fier - que ceci doit être et soit exprimé. Je vois dans cette phrase l'expression de ce à quoi vise la Torah : faire de l'individu le plus éthique qui puisse émaner de lui. Je vois dans cette phrase l'illustration qu'il n'y a pas que la Torah qui mène l'individu à devenir éthique. Mais je suis sûr que la mémoire doit faire partie de l'éthique de l'individu. Il faut accueillir les réfugiés ukrainiens non-juifs avec la plus grande circonspection, parce qu'il ne sont pas uniquement "le miroir des juifs de qui les peuples avaient peur parce qu'ils auraient des cornes, ils seraient les représentants du diable etc", la plus grande circonspection parce que l'antisémitisme a perduré dans ces pays, parce que l'assimilation menace le judaïsme dans ces pays, et ceci n'est pas uniquement une crainte-reminiscence du passé. C''est une crainte à ne pas oublier....en premier lieu en cette veille de shabbat zakhor.