mercredi 29 avril 2015

En route familiale et partiellement familière




Notre escouade se compose de trois véhicules, qui vont sillonner les routes de l'Alsace et des Vosges, pendant cette semaine de fin d'hiver, accompagnés d'une sarabande incessante de pluies, grêle, neige, et rayons de soleil.




Le but avoué était une ré-imprégnation familiale de souvenirs anciens, d'atmosphère de vie en Alsace, souvenirs et traces ayant été communiqués à certains d'entre nous de façon directe, et aux autres indirectement, le plan sous-jacent, tenu jalousement secret par tous les participants, est un retour de flamme de vacances familiales.

Au programme officiel, le village d'où est issue une partie de la famille de Claude, la ville de Strasbourg où naquirent Mady puis Marianne, et où vécurent Mady et sa famille proche jusqu'en 1982, date de l'alyah de Suzy Kosmann. En dessous de table mais ne figurant pas moins au programme, dégustations de saveurs aux frontières du licite, pillages organisés de quelques lieux de dépense incontournables. Et autour de cela, visites de lieux, de villages, de la campagne et la montagne.

On a ainsi maintes fois raconté la grisaille mais quand ce fut elle qui se présenta pour nous accueillir en ce dimanche après-midi de fin mars, l'impression physique - désagréable ? Bah ! Quand ce n'est une fois par décade, c'est tout juste de l'exotisme - était elle aussi au rendez-vous.



Les yeux de ceux qui sont nés en France, y ont grandi, et ont été rassasiés année après année de ces couleurs et teintes monochromes de ciel, de cette instabilité climatique, enregistrent sans même le mentionner le  vert de la campagne, les façades des maisons, les arbres en pleine explosion de leurs bourgeons. 



L'effet est tout autre pour ceux qui n'ont qu'entendu parler de cela. Et ont-ils entendu quelque chose ? On ne raconte pas à ses enfants ce que les sens ont enregistré. On raconte les souvenirs, qui sont la plupart du temps souvenirs évènementiels et non transmission d'impressions. Qui d'entre nous sait, en quittant Israël à la période où la chaleur commence à s'installer, qu'il va devoir remettre manteaux, gants et même bonnets, qu'il va devoir marcher dans la boue, sous la pluie ? Si une partie était préparée à cela, personne ne s'attendait à trouver de la neige comme nous en trouvâmes le mercredi, y compris au point de devoir rebrousser chemin sur une route qui devenait trop dangereusement enneigée, et dans une situation où nous marchâmes - par choix, que dis-je ? par appétit ! - une heure et demi dans la neige, une partie du temps sous la neige.



Le gîte est comme au cœur de la forêt. On l'atteint en sortant de la petite route de campagne en un certain endroit - non indiqué, connu des seuls chanceux dont nous sommes -  et en escaladant promptement un abrupt sentier forestier. La maison paraît nichée au creux des bois, elle même entièrement construite dans ce matériau, au point qu'on reçoit en y pénétrant une impression peut-être un peu trop rustique, si ce n'est inquiétante. Nous protègera-t-elle de ce froid, de la pluie ?
Autour, se promènent en liberté quatre gros chiens de berger, deux ânes, et un ou deux chats, qui nous voient arriver puis s'installer sans manifester aucun étonnement.




Nous nous installons, pour découvrir rapidement que le confort est bien plus au rendez-vous qu'il n'y paraissait. Ces quatre nuits vont être en fin de compte plus qu'agréables, et cette maison, digne d'avoir logé Baba Yaga, sera la base idéale à notre programme de visites.

Le premier jour nous trouve en route dès le matin pour la "volerie des aigles", située dans les ruines du château de Kintzheim, au-dessus de Sélestat. 

Partis par la route des vins, nous progressons, voitures en queue leu leu, à travers la petite route bordée de vignes, essuie-glace en position alternée en ce matin de très légère pluie, mais sous un ciel aux tendances tantôt menaçantes, tantôt éclatantes.



Nous arrivons bientôt à un rond-point auquel, alors que notre direction devrait être vers la gauche, apparait soudain sur la droite le village de Bergheim. 



Nous n'y avons aucune source familiale, mais nous y sommes rattachés....par Frankie, une des bornes de notre voyage, et qui y grandit. Il se trouve que c'est un très joli village, dont nous reste le souvenir de la synagogue, vue lors de notre précédent passage en Alsace et alors que n'étaient avec nous que Naam et Yaara, et dans lequel je sais identifier, et - crois-je - retrouver la maison de Frankie.



 L'endroit est idéal pour une première étape-visite.




Alors qu'Elie, affecté à la garde de Yahav, endormie, reste dans la voiture, nous sortons en première marche dans ce village coloré et très accueillant (quoique désert..) dans la lumière du matin.
Il y a quand même un marché où nous achetons un pot de confiture locale - et certainement authentique ! - et nous commençons à imprégner notre corps, nos jambes, nos yeux, nos sens, de l'atmosphère locale.



La synagogue ( désacralisée comme bon nombre de ses semblables, dans tous ces petits villages où vivaient naguère les juifs qui se sont maintenant regroupés dans les villes ) est imposante...et fermée, n'ayant à nous offrir que l'inscription gravée sur son frontispice. Nous la considérons cependant avec le respect qui lui est dû, nous remémorons comment huit ans auparavant nous avions grimpé le long du mur pour entrevoir çe que l'on pouvait voir à l'intérieur à travers les fenêtres (nous avions surtout vu qu'y était installée une exposition de tableaux dont le plus proche de notre regard ne représentait rien moins que la figure la plus emblématique de la religion locale...un peu incongrue dans une ancienne synagogue).





Cette religion est bien présente en ces jours d'avant Pâques, et les lapins (qui en Alsace tiennent pour cette fête le rôle qu'ont les cloches dans le reste de la France ) et les œufs abondent, dans les espaces publics et aux balcons de bon nombre d'habitations.



Nous contemplons, admirons, et - non sans avoir montré à Eviatar sur le mur d'entrée du village ce pittoresque bas relief évoquant malicieusement le droit d'asile



 - poursuivons notre route vers la volerie des aigles où se tient dans un froid de canard notre premier pique-nique et où nous attendent d'autres sortes d'impressions.





A suivre.

3 commentaires:

  1. Salut Jean c'est philippe ruiz, voici ma nouvelle adresse email mistoufle39@gmail.com
    envoie-moi un mail s'il te plaît

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  2. pas mal cette balade en Alsace. la neige ça doit te changer de Jérusalem

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    1. tu sais, Jérusalem est à 800 m d'altitude et il neige presque chaque année. Cette année, il a neigé deux fois. Ce qui est vrai c'est qu'en général, ça ne tient pas,mais des balades dans la neige, et des dégats occasionnés par la neige, on en a presque chaque année.

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