mardi 17 mars 2020

Encore Pourim et Pessah'...à l'ombre du corona



Et en l’espace de peu de jours, nous voici dans une situation qu’il nous a été impossible d’anticiper.

Selon les pays, les mesures ont eté plus ou moins efficaces, plus ou moins rapides, mais il apparaît que le résultat est sensiblement identique d’un pays à l’autre, c’est à dire que nous sommes confinés.

Je reste frappé par le caractère imprévisible de cette situation, même s’il ne manque pas , comme toujours, de gens pour venir vous rappeler comment « il aurait fallu », « il aurait été simple », « untel l’avait dit »...

On a l’impression que le monde n’a pas vu venir une situation qui nous paraissait inimaginable, tant nous étions sûrs de notre haut niveau scientifique, de nos progrès. Les épidémies nous paraissaient des souvenirs anciens. Le hiv a été contrôlé, le sars aussi, aujourd’hui plus d’épidémies, pensions-nous...

Et voilà que nous sommes confinés...dans nos maisons, alors que nous croyions il y a seulement quelques heures que nous n’étions que « mieux avisés » de ne plus prévoir de voyages, quelques jours à peine après avoir regardé de haut tout ce qui se passait loin chez les chinois mais heureusement pas chez nous....

Nous ne sommes pas, pour la plupart d’entre nous, malades, mais nous lisons d’effrayants chiffres, et surtout il semble que personne ne soit capable de nous donner une perspective de temps.

Nous sommes confinés...jusqu’à nouvel ordre.

Je tiens à dire en premier lieu que je ne suis confiné que physiquement. Psychiquement, intellectuellement, ou affectivement parlant, je reste avec autant d’espace qu’auparavant. De plus, je me sens lié à tous ceux qui me sont chers, que je les ai ou non vus récemment.

J’écris ce texte en premier lieu pour exprimer ceci haut et fort, et pour appeler à réactions. Ne nous contentons pas de ces posts qui nous sont relayés et que nous relayons nous-mêmes par fb ou autre. Échangeons personnellement. Écrivons-nous, parlons-nous.

En second lieu, je veux essayer de vous faire partager quelques impressions, idées ou questions.

Nous sommes entre Pourim et Pessah’. Shabbat dernier (qui pour l’instant était notre dernier shabbat sous forme encore semi communautaire) était « shabbat Parah », c’est à dire celui des quatre shabbatot précédant Pessah’ où est centrale la notion de purification, entre autres avec la lecture publique dans la Torah des détails des fabrications de l’huile d’onction et de l’encens (exode 30).

Personne ne connaît le secret de la composition de cet encens, c’est à dire de la raison des espèces incluses ou non incluses dans sa préparation.

Depuis la destruction du temple, cet encens n’est plus préparé ni utilisé, mais la liste des composants est scrupuleusement lue deux fois ou trois fois par jour, comme partie intégrante du rituel des prières.

Et le monde rabbinique (pas uniquement kabbalistique) accorde à cet encens une énorme importance. Il faut absolument lire sa composition mot à mot, assis, « parce qu’il est un des secrets de la survie d’Israël » peut-on trouver (par exemple dans le Shaaré Aaron sur Ki tissa) , parce qu’il est lié non seulement à la survie mais à la survie en cas d’épidémie (et le texte biblique détaille cela en Nombres 17  11-15).

Et ce n’est pas uniquement son exhalation qui nous sauve que sa conservation, y compris sa conservation "litanique". Lire sa composition est équivalent à sa consumption, sa combustion.

Avant le Pessah’ d’Egypte, les hébreux ont été tenus de se tenir confinés dans leursmaisons, après avoir mis le sang de l’agneau pascal sur le linteau de la porte, afin que la mort n’entre pas dans leurs maisons, tandis qu’au dehors l’épidémie faisait rage.

Je ne viens pas pieds nus échevelé et vêtu d’une robe blanche vous annoncer que les temps annoncés sont venus. Je viens d’une part souligner la coïncidence entre l’actualité et le calendrier, et je viens d’autre part essayer de suggérer de ne pas toujours nous retrancher dans notre duffisance scientifique moderne ou post moderne.

Si nous nous trouvons pris en flagrant délit d’incapacité à l’échelle mondiale face au corona, consacrons quelques minutes à ne pas seulement balayer du revers de la main une vague analogie avec l’histoire ancienne, mais à réfléchir.

Si ça se trouve, la solution au corona ne se trouve pas uniquement dans l’avenir, dans le « quand on aura développé le vaccin », d’ici un an ou deux..elle peut aussi se trouver dans l’étude de ce qui nous est décrit dans certains textes qui nous paraissent bien obscurs, mais qui décrivent une situation...qui ressemble bien un peu à la nôtre.

Et donc, pourquoi ne pas approfondir, tenter d’approfondir le sujet ? Les docteurs du Talmud comme les appelait Lévinas (à une époque où le doctorat était bien plus valorisé qu’aujourd’hui), intellectuellement nourri chez Chouchani, considéraient ce thème avec le plus grand sérieux.

Je regarde cela avec respect...et je lis consciencieusement la composition de la ketoret, les détails de sa préparation et les commentaires sur le sujet, deux fois par jour, je vous invite à faire de même, et je lirai avec plaisir tout ce que vous me répondrez sur le sujet.

Dans un éventuel prochain texte je tacherai d’entrer dans les détails.

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