vendredi 2 août 2019

Voyage aux sources polonaises - 2ème volet

Lundi 22 juillet

Arrivée sans encombres, et récupération de l’appartement (chmielna 73) dans un complexe d’immeubles d’un laid accompli, d’inspiration soviétique. Une énorme cour entourée d’une dizaine d’entrées identiques le tout sur environ sept étages. L’appartement est propre et installé comme il faut, et correspond complètement à nos besoins, Marianne, Michèle et moi.




La première étape du voyage est la cérémonie en souvenir de la déportation à Treblinka de tous les juifs du ghetto, qui debuta le 22 juillet 1942 (qui s’avère avoir été ...le 8 av de cette année) et s’accomplit en quelques semaines, déportation vers la mort de quelques 380000 juifs du ghetto.



La cérémonie, située à la humshlagplatz, d’où partaient les trains, entièrement en polonais, et réunissant quelques deux mille personnes, incluant « el male rahamim », couverte par une forte présence policière bienveillante, est suivie d’une marche dans les rues du ghetto,



la première étant karmelicka que nous descendons, non jusque l’endroit où se trouvait la boutique Heinsdorff (au 11 de la rue, au coin de la rue Nowolipie) dans laquelle travaillaient pépé et mémé, firent connaissance l’un avec l’autre et commencèrent l’histoire familiale à laquelle nous appartenons. Je quitte le défilé (j’étais en train automatiquement d’écrire le convoi..!) quelques minutes le temps d’aller photographier ce coin de rue...qui n’a bien entendu aucun rapport avec l’aspect qu’avait l’endroit en 1923 : nous sommes dans le ghetto entièrement rasé en 1945 suite aux bombardements, cf film « le pianiste » de Polanski.
Et à propos complètement détruit, la marche, après être passée par la rue Chlodna (sur le trottoir de laquelle on voit clairement les limites du mur du ghetto, dessiné sur le sol)






s’achève à l’endroit où existent encore deux maisons, derniers vestiges de ce monde disparu. Cette marche a lieu tous les ans et est chaque année dédiée à un personnage. Cette année, il s’agit d’un poéte, non juif, Wladyslaw Szlengel, dont les fenêtres (dans la maison qui précisément subsiste) donnaient sur le ghetto, et qui écrivit poèmes et chansons sur cela.


La journée s’achève par un repas chez Katarzyna et David, de catering cachère, en compagnie de Bella Shwartzman- Zarnota, traductrice et écrivaine polonaise, née en 1947 à Waroslav, 


                                      


et qui nous raconte sa vie, comment la période 45-48 a été relativement emplie d’espoir de réinstallation, ombragée si ce n’est complètement obscurcie par le pogrom de Kielce, suivie d’une période laïque jusqu’à l’arrivée du communisme en 1968. Le retour collectif au judaïsme date de la fin du communisme en 1991, avec depuis, l’ouverture de l’institut d’histoire juive, la réparation de la synagogue Nozykov seule ayant survécu à la guerre, et le retour de de plus en plus de juifs au judaïsme. Cette Bella, qui semblait dans les premiers temps d’après guerre être attachée uniquement à un judaïsme laïque composé essentiellement de yiddish, a progressivement fait elle-même un retour vers la Torah, étant active dans la mise en place de gans pour enfants, d’écriture de livres de paracha, en marge de son activité de traductrice du français au polonais, qu’elle a progressivement converti en traduction du yiddish en polonais, activité pour laquelle elle vient de recevoir un prix, (de l’institut Yivo de recherche sur la culture yiddish) que nous fétons en levant un verre. Elle vit à Varsovie, en compagnie de son mari,non- juif, mais incite ouvertement sa fille à partir en Israël, à ne pas faire sa vie en Pologne

Mardi 24.7.


Après une petite marche dans une Varsovie grise et fraîche, très parve/moche, arrivée au cimetière juif où les choses ne se passent pas comme je pensais.
Je pensais que comme m’avait été localisée la tombe du trisaïeul, j’y irais rapidement le matin en arrivant, avant la visite groupée.
En fait nous avions rv à 10:00, y arrivons tout juste avant...pour découvrir que le cimetière est fermé et n’ouvre...qu’à 10:00.
Ensuite, le Przemyslaw Szpilman, directeur du cimetière, qui m’a localisé la tombe est loin de chercher à engager la conversation, et c’est notre guide, Vitek, qui s’avère au long de la visite être une véritable encyclopédie sur pieds, et qui est un spécialiste accompli de ce cimetière, ayant contribué pendant quatre ans à travailler jour après jour au recensement et à l’inscription en ligne des tombes, qui m’explique que je n’ai aucune chance de trouver seul cette tombe, mais il m’assure que nous y passerons.




Il nous emmène ainsi dans une promenade de trois heures dans ce cimetière gigantesque qui est surtout une véritable forêt. C’est touffu d’arbres certains très hauts, et on marche dans le limon. Il y a quand même des chemins. On passe par quantité de tombes dont il nous raconte l’histoire, tombes sculptées, tombes vénérées, tombes méprisées, celle du fondateur du cimetière, Zonenfeld qui se fit appeler Berek Son...qui devint Bergson, et dont Henri Bergson était le descendant, tombe magnifiquement sculptée, 


                                                 
celle de ce traître, ayant travaillé pour les allemands, dont le corps a été déterré en cachette et laissé aux chiens et devant la tombe duquel les survivants du ghetto ne passaient pas sans cracher, celle de Y.L. Peretz, celle de Zamenhof inventeur de l’esperanto, celle du rebbeh de Slonim, celle du Moshe Mordekhaï Morgenstern, le kotzker qui quitta Pulawy en 1914 s’installa puis mourut à Varsovie, 


                                           
la cachette dans laquelle s’est caché Avraham Carmi....encore pléthore d’autres, et la tombe du trisaïeul Avraham Ytshak ben Kalman Fliederbaum, dont la découverte est émotionnellement très chargée : la tombe est parfaitement lisible, est couverte d’un texte élogieux, elle est en bordure de rangée dans un des endroits les plus reculés du cimetière...

 

La suite de la journée quoiqu’incluant la visite aux restes du mur du ghetto, 




en passant par la place où une des maisons ayant tenu et ayant été rénovée se tient à côté d’une encore tristement en état, place qui fut le haut lieu de la délinquance juive ayant inclus la traite des femmes, quoiqu’incluant la visite de la synagogue et une très intéressante rencontre avec Stas, le rabbin d’Etz Haïm, la partie réformée de la communauté de Varsovie, le suite de la journée m’est bien plus terne que cette visite du matin.

La journée s’achève par un repas d’une partie du groupe chez nous dans une très sympathique ambiance.

2 commentaires:

  1. Merci encore pour ce partage qui me parle complètement !
    Question : pourquoi "retour du communisme en 1968" ?

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    1. c'est vrai que c'est pas en phase avec l'histoire. Comme si c'est a ce moment que les gens ont plus adheré à l'idée, ont retrouvé une conscience politique ? pas clair pour moi non plus

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