dimanche 11 août 2019

Voyage aux sources polonaises. Clotûre


Jeudi 25.7
Aujourd’hui commence en fin de compte le voyage en Pologne, mais est-il tellement différent des passages à ulica Karmelicka, au cimetière de Varsovie, à la rue Chlodna de Varsovie, à Pulawy ?
Nous nous rendons à Kasimir Dolny, considérée comme étape touristique. C’est effectivement un village estival sur les bords de la Vistule, dans lequel il y a aussi une vieille synagogue désacralisée, transformée en librairie et lieu d’exposition et dans laquelle on trouve beaucoup de belles photos en noir et blanc du vieux judaïsme de Pologne, il y a un cimetière profané semi-restauré et avec une impressionnante sculpture/stèle...et il s’est mis à faire très chaud.



Le trajet jusqu’à l’étape suivante est une balade à travers la Pologne profonde, où nous passons par pléthore de petits villages dans lesquels on peut sans cesse se demander s’il y avait ici ou non des juifs.

A mi chemin du trajet vers Krakow, on s’arrête à l’initiative de Suzanna dans une petite ville, Chmielnik, dans laquelle ne subsiste qu’une synagogue désacralisée, transformée par les polonais locaux en salle d’exposition, dans laquelle ils ont créé une bima ..en verre ! La seule au monde est très fier de nous dire le guide local...ils ont aussi fait une sorte de ohel zikaron dans le terrain attenant, dans lequel il prétend qu’ils ont écrit les noms de familles de tous les douze mille juifs qui étaient sur place avant la shoah..et ont tous disparu.




Il nous projette aussi un très intéressant morceau de film tourné par des polonais qui avaient émigré aux USA et sont revenus à Chmielnik dans les années d’entre les deux guerres. Un témoignage unique de ce qu’était le paysage humain juif en Pologne à cette époque, qui contient quelques interviews de femmes polonaises non juives au langage complètement nostalgique..

Le mystère de la relation juifs-non juifs - avec ses aspects de haine réciproque, mêlés de relation amicale interconfessionnelle - persiste.

Arrivée en fin de journée à Krakow où nous recevons un appartement en plein quartier juif, au troisième étage d’un vieil immeuble aux plafonds hauts..ce qui les fait compter pour 5 si à en juger au nombre de marches..et assez joliment installé...mais dans lequel il manque pour ainsi dire une pièce. D’une part cela nous contraint Marianne et moi à dormir dans le salon, d’autre part ce salon royal avec lustre et canapés en faux cuir vert foncé permet de recevoir tout le groupe pour la super réunion de fin de voyage (le dimanche se passe en formation éclatée) le shabbat en fin de journée.



Le vendredi matin, visite en groupe, de niveau de guide relativement moyen, mais elle me montre - au groupe synagogue-cimetière du Remah près - des choses que je n’avais pas vues (la synagogue haute, la maison d’Helena Rubinstein, le musée de Galicie, et la rue où logeait - et où a été tournée une partie du film - Oskar Schindler).

L’après-midi, tandis que les Friedson partent pour encore une étape-visite dans les mines de sel pluricentenaires de Wieliczka aux alentours, nous nous rendons chez un luthier, Matthiew Farley, dont j’ai découvert l’existence, et avec lequel la rencontre est super interessante. Il s’agit d’un américain qui s’est en fin de compte retrouvé luthier en Pologne par une succession peu ordinaire de hasards...ayant commencé son périple hors des USA pour retrouver une française qui l’a plaqué à son arrivée à Paris...ce qui l’a conduit à reprendre contact avec de vagues connaissances polonaises...de quoi est sortie une relation avec une nana qu’il a suivie à Rome, où il a enseigné l’anglais entre autres à un étudiant qui était régulièrement couvert de copeaux de bois...ce qui éveilla sa curiosité...et le conduisit à s’intéresser puis à apprendre la lutherie.
Quelques années plus tard il quitte l’enseignement et s’installe comme luthier, spécialisé en violes de gambe...qui parait un instrument dans lequel est exigée énormément moins d’exactitude que pour les violons...ce qui est une lueur d’espoir...même si il ne me parait pas l’individu le plus exact et le plus porté sur les finitions. Mais il raconte s’être créé une notoriété et avoir des commandes..très sympa en tout cas.





Dimanche 28.7.
Visite paisible de la grande place, le musée national (avec en particulier le tableau de De Vinci de la jeune fille à l’hermine, qui provient du musée Kartorycky de Pulawy),



 consommation d’excellente limonade à la framboise écrasée chez iqos, et des extérieurs du chateau Wevel, à l’entrée duquel se dresse la statue équestre de Tadeusz Kosciusko, le héros polonais qui organisa une insurrection contre la domination russe et prussienne en 1794....suite à laquelle la Pologne disparut de la carte de l’Europe jusqu’en 1918...avant d’être envahie en 1939 par les nazis..puis « libérée" en 1945 par Staline...ce qui décrit le tragique de la nation polonaise...apparemment trop dominée par la vodka et l’église pour ne pas encore et encore tomber dans le ridicule.

Dimanche 11 août.
Et, en fin de compte, sans l'avoir plus prévu que son commencement, une fois revenus, avoir raconté, s'être à nouveau retrouvés, avoir repris contact avec le pasteur de Pulawy, s'achève ce voyage avec le 9 av.

Un voyage "pour retrouver comment avaient vécus mes ancêtres" et qui a quand même été frappé continuellement du sceau de la shoah. 

Peut-on aller en visite en Pologne ? sans y rencontrer la shoah ? Je m'y suis pourtant promené en permanence avec la kipa sur la tête sans ressentir le moindre regard hostile, ou même critique. Beaucoup plus facilement qu'en France d'aujourd'hui..

Le judaïsme renaît aujourd'hui en Pologne ( où réapparaissent deplus en plus d'enfants du silence qui re découvrent leur lien au judaïsme), en Allemagne vers laquelle les israéliens sont attirés comme les abeilles par le miel, et en parallèle, l'antisémitisme aussi réapparait.

Il est possible de lire les textes de tichea beav avec un regard relativisant : aux textes sur la destruction de Jérusalem présente quand même un singulier contraste la Jérusalem d'aujourd'hui, capitale de l'état d'Israël où vivent près de 9 millions d'habitants dans d'excellentes conditions de niveau de vie, de niveau de société n'en déplaise aux détracteurs et aux éternels Cassandre, une Jérusalem plus que rebâtie, dans laquelle n'ont jamais étudié autant de juifs, dans laquelle l'hébreu n'a jamais été une langue aussi vivante.


Et pourtant, comme on dit en hébreu justement "toute personne dont les yeux sont à leur place sur la tête" ne peut que voir comment tichea beav n'appartient pas au passé.   

1 commentaire:

  1. Merci pour ce partage de cette ballade dans "notre" passé, dans cette Pologne pleine de contrastes

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