lundi 21 juillet 2014

lettre à mes amis


salut,

merci de prendre des nouvelles.

Au niveau "micro", tout va très bien.

Mais on n'a pas beaucoup de mérite. On est dans un appartement équipé de son propre espace protégé, installé dans une ville qui ne reçoit quasiment pas de roquettes..

Et donc, on dort normalement, on vient de passer un shabbat des plus tranquilles, on est partis ce matin au travail de la façon la plus habituelle du monde  (avec quand même moins d'embouteillages que d'habitude).

En levant un peu plus le nez du clavier, ou de l'intérieur de l'appartement, c'est forcément déjà beaucoup plus préoccupant. Pour l'instant, aucun de mes enfants n'est directement sur place, mais combien de temps cela va-t-il rester comme ça ?

En levant encore un peu plus le nez, je crois savoir que la situation continue d'être sous contrôle pour ceux que je connais, même si leurs enfants sont plus directement impliqués que les miens.

Mais quel sens cela a-t-il de jeter des regards selectifs ?

quoi ? on est contents que ce soit les enfants des autres ?
forcément non. 

Ni les soldats adultes qui sont déjà tombés, ni les soldats rappelés, ni les soldats en cours de service militaire, ni même les habitants des villages bédouins non protégés par le dôme de fer et dont plusieurs ont déjà été touchés, ni même les enfants, femmes, vieilles personnes et simples "citoyens" de Gaza, n'auraient dû laisser leur vie, ou même être blessés dans ce ènième affrontement.

Chez nous, les avis étaient étaient assez partagés avant hier autour de la table familiale, jusqu'à devenir - comme d'habitude...- fortement vocaux, mais la majorité - comme celle du pays je pense - s'accordait à rester sur l'impression que nous ne sommes pas menés en bateau par nos dirigeants, que l'opération est finalement devenue inévitable, que le fanatisme du hamas est quasiment impossible à combattre d'une autre manière, tout en étant impératif à être combattu puisqu'il œuvre en vue de notre destruction.

Je suis très désolé de ces manifestations de condamnation d'Israël, qui deviennent amalgamées à la haine du juif, qui ont lieu à Paris, à Londres, à Istanboul, et dans de nombreux autres pays.

Je continue de souffrir beaucoup de lire ce que dit Erdowan, ce que disent d'autres négationnistes, et chaque fois plus au prorata de l'audience ou des responsabilités de la personne qui parle. Ce que j'ai écrit sur eux dans les précédents posts reste valable.

Je suis quand même soulagé de pouvoir lire - presque trop - d'avis non uniquement écrits par le juif formaté pro israélien de naissance mais aussi par des non juifs, par des musulmans, qui s'expriment en talkback, par leur statut sur FB, ou sur un blog de ci ou de là.

Je déplore un peu tout cet assaut médiatique qui s'exprime sur le net, que ce soit autour des pages des journaux, que ce soit par facebook, mais je pense qu'il est positif. Il permet non seulement aux gens de s'exprimer - et même si le côté impulsif l'emporte souvent sur la réflexion quand il n'y a qu'à cliquer sur "enter" et tout est déjà visible de tous, je préfère que les gens puissent s'exprimer - mais il vient aussi confirmer que le monde n'est pas un tissu monochrome.

Même de Gaza se font entendre des voix autres. Même de l'intérieur d'une manifestation propalestinienne parisienne, quelqu'un a enregistré devant un micro qu'en fait sa conscience le poussait à soutenir Israël !

Il y a forcément aussi pas mal de désinformation dans tout ce fouillis et c'est une donnée à garder en tête constamment. 

Et ainsi, malheureusement, si les traditions sont en Israël de ne pas se marier, de ne pas se réjouir, de ne même pas mener à bien des contrats pendant la période qui sépare le 17 tamouz du 9 av, que nous permettrait d'espérer que tout retourne à la normale pendant cette même période ?

Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage.

Ce que cela n'est pas, c'est un été de vacances. Je comprends ceux qui n'ont pas changé leurs plans et qui sont maintenant en train de se promener dans les montagnes, mais je ne pourrais me voir aujourd'hui ailleurs qu'ici? Et ce n'est pas que je fasse beaucoup pour qui que ce soit, mais même si l'armée ne le fait plus en ce qui me concerne, la situation mobilise. 

Même si il va falloir rester bien accroché à ses convictions, au fur et à mesure que l'opération militaire va se poursuivre et que les quantités de morts vont forcément aller croissantes comme nous l'a malheureusement prouvé la journée du 20 juillet, je reste persuadé que nous bénéficions jusqu'ici - et je m'excuse auprès des proches de victimes - de protection venant du Haut. Il n'y a aucune autre façon de regarder le bilan des innombrables roquettes tirées jusqu'ici sur presque tout le territoire d'Israël. Invoquer uniquement la technologie et le hasard, 'la chance" me paraissent s'auto condamner à l'aveuglement.

Ce matin, sur « ynet », un article publié à la rubrique judaïsme attirait déjà une centaine de talkbacks, dont bien 90 étaient agressifs. L'auteure, professeur de Bible, et rabbine à la ville, et donc connue comme telle par une bonne partie des signataires de réaction, écrivait en substance que l'histoire biblique, qui nous présente les midianites comme nos pires ennemis -  en Bamidbar 25 :12 et suivants,  ainsi que dans tout le chapitre 31 -  alors qu'ils sont nos cousins (fils d'Abraham et de Quetorah), l'histoire biblique nous enseigne que notre ennemi d'aujourd'hui n'est ni notre ennemi d'hier ni celui de demain, et de déduire que nous sommes tous "midianites".

Ce qu'elle ne mentionnait pas c'est que c'est précisément au sujet des mêmes midianites que les rabbins du talmud avaient innové la formule que je citais dans un précédent billet : "haba lehorguekha, hashkem lehorgo". Qui vient dans l'intention de te tuer, précède-le.

Les midianites de plusieurs bords se font un peu - très peu - entendre, et je suis persuadé que quand leur message deviendra autre, il y aura une majorité en Israël pour les écouter. Mais il faut savoir que cela prendra du temps, et il faut aussi surtout savoir que même si un individu a toujours la potentialité de devenir ton ami, tant que ce qu'il dit est qu'il est ton ennemi, alors il doit être considéré comme tel.

Il est probablement important d'avoir en soi les réserves de moralité qui nous permettront de dialoguer un jour avec notre ennemi, mais pour ce qui est de l'aimer, probablement rien ne doit nous exhorter à cela. Il n'y a pas de commandement "tu aimeras ton ennemi comme toi-même".

Et je dois dire, avant de conclure, un mot sur les cent victimes palestiniennes d'hier.

Il est sûr qu'une bonne trentaine est directement lié à l'incident au cours duquel un semi tank a été touché et sept soldats sont morts d'un coup. En pareil cas, les "forces" se replient pour ramener les morts et les blessés, et les tirs destinés à protéger et assurer ce repli deviennent des tirs tous azimuths. C'est inévitable même si très regrettable.

Il est très triste qu'une autre partie de ces morts soit le résultat d'une politique : celle du hamas d'ordonner aux habitants de demeurer en place alors que l'armée israélienne les a prévenus qu'il devient dégager. Malheureusement, les madianites comme nos pires ennemis même si tu viens dire « mais je les ai prévenus !», en fin de compte, c'est celui qui a appuyé sur la gâchette qui reste avec le mort sur la conscience.

C'est ce que disait Golda Meïr : le plus gros compte que nous aurons avec nos ennemis, c'est qu'ils nous poussent à les haïr.

Mais tant que telle est la situation, il faut manier les armes. 


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