vendredi 11 juillet 2014

La règle du jeu


Paradoxalement je trouve qu'il est presque plus dur en ces temps de ne pas recevoir de roquettes que d'en recevoir. Bien entendu, au correctif près : "dans les actuelles règles du jeu - c'est à dire un jeu visiblement orchestré par une instance supérieure qui veille à augmenter la capacité de la technologie et à pallier à ses imperfections". 

Dans ces conditions, à Jérusalem, dans une maison équipée d'un espace protégé, je me berce de l'illusion que je préfère entendre les roquettes, que savoir qu'il en pleut ailleurs et vivre ma vie comme si de rien n'était.

Ce jeu est très impressionnant, surtout quand on en lit les règles avec quelques lignes de Psaumes entre les paragraphes :

- il faut se protégér, faire absolument tout comme si le danger était majeur. Cela veut dire courir vers l'espace protégé dans les limites du temps imparti. Tu n'as pas d'espace protégé construit à cet effet ? Dans une pièce intérieure ou dans la cage d'escalier. Tu ne te trouves pas dans un batiment ? Courir se mettre à l'abri du mieux que l'on peut ? Pas d'abri aux alentours ? Se coucher par terre les mains sur la tête.

Si tu respectes ces règles, il y a quelque chose  (appellerait-on cela un ange que l'on risque automatiquement de déclencher le rire chez le cartésien de service, mais quel autre nom pourrait mieux s'appliquer ? ) qui vient rajouter son grain de sel : la roquette tombe à côté de toi mais providentiellement, n'explose pas. La roquette tombe mais dans le jardin à côté du bâtiment. La roquette tombe, mais c'est pile à l'endroit où tu étais avant de te précipiter dans l'abri.

Autrement dit, si tu joues le jeu, ça a de bonnes chances de marcher. Et nul doute que quand ça marche, ça ne fait pas qu'impressionner, ça regonfle les batteries. 

Ça n'est pas la version juive du triste got mit uns, ou le discours enflammé de l'illuminé de service, c'est juste le produit de l'observation des derniers jours.

Ce sont des situations où les yeux voient des choses différentes de ce que nous montre le quotidien.

Malheureusement, je ne vois pas que je pourrais être un journaliste ou un politique. Parce qu’au quotidien je serais très à gauche, très porté au dialogue, à l'empathie, à comprendre la position de l'autre. Alors qu'il vaut mieux ces jours-ci que je n'aie pas à croiser trop d'individus que je puisse imaginer avoir des sentiments positifs à l'égard du Hamas.Et donc, il vaut mieux que je ne sois pas tenu à rester fidèle à une ligne, comme des Amira Has, des Gideon Lévy ou des Menakhem Klein. Je les plains s’ils sont comme moi, influencés par la situation.  

Cette polarisation fait-elle aussi partie du jeu ? Les miracles se produiraient-ils aussi si nous faisions des courbettes, si nous restions fidèles à un discours victimaire concernant les arabes au lieu d'envoyer des bombes (ciblées, précises et avec pincettes) ? J'ai envie de répondre par la négative.

J'ai envie de rester persuadé que ces affrontements viennent nous rappeler que « conciliant conciliant, merci de ne pas exagérer ». 

On a aujourd'hui sans aucun doute affaire à la situation dite : " qui vient te détruire, tire le premier" ( ou en hébreu הבא להורגך השכם להורגו maxime rabbinique sur Bamidbar 25), et être conciliant n'est pas de rigueur.  

En revanche, Il fait peut-être partie des mêmes "miracles" que Lieberman ait rompu son alliance avec le likoud la veille du début de cet affrontement. Il nous vaut mieux gérer cela sans un oiseau de son espèce, sans extrémisme démesuré.

La brute sauvage qui a commis l'assassinat de l'adolescent de Shouafat n'est pas le miroir des deux qui ont enlevé puis assassiné nos trois adolescents. 

Ces derniers sont des combattants zélés, mais de pâle envergure, de sinistre espèce. Ils sont des terroristes et méritent peut-être, eux les exécutants, d'être exécutés, mais seulement  si c'est le résultat du jugement qu’il recevront bientôt je l’éspère.
Ils sont du calibre d'Abou Mazen ou d'Abdallah Abdallah ou autres figures palestiniennes qui se sont livrés ces derniers jours à des jeux à la Dieudonné, l'un expliquant que le crime de Shouafat est - restez assis, ça vous évitera de vous blesser en tombant  - la nuit de cristal des palestiniens, l'autre expliquant comment cet acte est le reflet de la mentalité juive. Ces oiseaux sont des pantins antisémites qui cherchent comment exploiter au mieux toute situation pour plaider ce qu'ils estiment être leur cause. C'est ce qu'a n'a cessé de faire Arafat, c'est ce que continue de faire Abou Mazen, indépendamment des réels besoins d’un peuple dont ils ne se préoccupent nullement. 

Les dirigeants du hamas sont d'une autre espèce, celle de ceux qui prennent des initiatives meurtrières au nom d'un idéalisme belliqueux, fondamentaliste, et qui entrainent derrière eux une partie plus ou moins grande de l'humanité. 

La brute de Bet Chemech est venue redonner les proportions. Oui, même le peuple juif, même la fraction qui étudie la Torah peut atteindre de pareils excès de pensée, et surtout d'action, mais il est aussitôt désavoué, réfuté, condamné par la société entière. Une société qui doit encore apprendre à surtout ne plus produire de deuxième exemple de cette bassesse, mais qui ne l'approuve en aucune manière.

Le peuple de Gaza doit choisir s'il veut être mené par cet extrémisme de la haine et du fanatisme, et en attendant ses dirigeants, élus ...! , ne méritent pas jugement mais d'être frappés sans pitié.

C'est peut-être aussi une des règles du jeu. De savoir le faire sans bavures, mais à condition de savoir le faire, et de le faire.

J'ai l'impression que c'est ce que nous faisons, et cela reçoit mon approbation (même si personne n'en a besoin).

J'ai l'impression que c'est le jeu. Notre rôle, les passifs, n'est pas de couper les citrons à la mi-temps, ni d'applaudir, et surtout pas quand on entend que x ou y ont trouvé la mort. Notre rôle est de protéger les nôtres, de nous mettre à l'abri,  d'insérer les phrases de Psaumes entre les paragraphes de la règle du jeu, et de garder le moral.

Shabbat shalom !

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