On me dit que
David Grossman a écrit quelque chose de très joli, et je tente que la partie en
moi qui veut le lire l’emporte sur celle qui est tellement éprouvée et écoeurée par ces
dernières 24 heures de ballet de cessez le feu arrosés de roquettes, de
tentatives d’infiltration, et qui n’a en
bouche que haine.
J’écrivais
récemment que je n’aurais pu être journaliste versé dans la prise en pitié des
palestiniens car comment faire aujourd’hui ? Je dois rajouter à la liste
de ceux dont je suis heureux de ne pas faire partie les politiques, ceux qui
vont devoir aller dialoguer avec le hamas.
Dialoguer avec le
hamas….et quoi ? se retirer pudiquement de temps en temps pour aller vomir
discrètement ?
Dialoguer avec le
hamas quand on a en tête les figures haineuses de Hanyeh , de Nasrallah lors
de leurs invectives contre Israël ? Dialoguer quand on voit la tête
de Erdowan en train de re-dire que les israéliens se livrent à un génocide.
Dialoguer avec le
hamas quand on voit l’autre dont le nom m’échappe sans cesse, et cela doit
vouloir dire que je l’ai effacé, que la malédiction d’effacement du nom a déjà
pris nous concernant lui et moi zut ! voilà que le nom me revient, Ahmed
Tibi. Lui qui est médecin, qui fut le conseiller de celui qui imagina toute
cette mise en scène constante de maintenir les palestiniens dans le rôle de
malheureux, lui dans la foulée de qui le
hamas cache ses roquettes dans les écoles, dans les hôpitaux. Lui qui prend
l’air grave pour parler de ce pilote ‘moral’ (les guillemets sont de lui) qui a su tirer sur les quatre enfants sur la
plage. Quel air grave. Quoi ? c’est
guignol ?
Ne nous dis pas
que tu y crois à ce que tu dis, toi qui parles alors que l’UNRWA vient de
révéler qu’il a trouvé 20 roquettes dans une école de ses propres
services ?
Quoi Erdowan,
égorgeur d’arméniens, toi qui poursuis un manifestant dans la rue en le
traitant de « sperme d’Israël », tu y crois vraiment au génocide des
enfants palestiniens ?
Toi qui trouves opportun de dire sur les ondes que notre députée Mikhal
Shaked te rappelle Hitler, venant de toi, c’est au moins une déclaration
d’amour… Toi qui parais tant vouloir
revenir aux temps du sultan, on voudrait réécrire pour toi la lettre des
cosaques zaporogues adressée à ton
modèle et reprise merveilleusement par Appollinaire :
Réponse
des Cosaques Zaporogues au Sultan de Constantinople », insérée dans le
poème La
Chanson du mal-aimé,de
Guillaume Appollinaire, pièce maîtresse de son recueil Alcools (1913) :
Cornu comme les mauvais
anges
Quel Belzébuth es-tu
là-bas
Nourri d'immondice et de
fange
Nous n'irons pas à tes
sabbats
Long collier des sommeils
affreux
D'yeux arrachés à coup de
pique
Ta mère fit un pet
foireux
Et tu naquis de sa
colique
Des plaies des ulcères
des croûtes
Groin de cochon cul de
jument
Tes richesses garde-les
toutes
Pour payer tes
médicaments
Voilà ce que je
ne saurais me retenir d’avoir en tête et en bouche si je devais aller dialoguer
avec tous ces personnages qui ne
paraissent eux-mêmes n’avoir en eux que haine et fanatisme religieux.
Et pourtant je
sais qu’il n’y a pas d’autre issue. La guerre n’engendre que la guerre, et la
paix ne naît que de la rédaction conjointe de traités de paix écrits….avec son
ennemi.
On ne fait la
paix qu’avec ses ennemis, disait Yshaïahou Leibovitz, et heureusement que le
traité de paix ne comprend en général pas le paragraphe : « tu
aimeras ton ennemi comme toi-même », heureusement que la Bible nous a
épargné ce commandement. Qu’en aurais-je fait ?
Et voilà que mes doigts ont jeté tout cela sur le clavier, avant de n’avoir
même pu ouvrir le texte de David Grossman. .
Et j’y
suis quand même allé. Je n’y ai pas trouvé le texte lui-même mais un ancien
entretien dans lequel il s’exprime sur le texte qu’il a écrit après avoir perdu
un de ses enfants au cours de la seconde guerre du Liban.
Il dit
qu’écrire après une pareille tragédie est contre nature, de la même manière que
perdre un enfant est un évènement contre nature.
Je crains
que faire la paix avec le hamas ne soit pas moins contre nature.
Mais,
c’est entre aussi pour cela qu’il faut la faire. Qu’il faut tenter de la
faire…en ayant la préoccupation technologique adéquate pour être prêts à
l’affronter à nouveau le jour où ça l’aura repris.
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