jeudi 17 juillet 2014

comment faire jaillir la paix de la haine ?


On me dit que David Grossman a écrit quelque chose de très joli, et je tente que la partie en moi qui veut le lire l’emporte sur celle qui est tellement éprouvée et écoeurée par ces dernières 24 heures de ballet de cessez le feu arrosés de roquettes, de tentatives d’infiltration, et qui  n’a en bouche que haine.

J’écrivais récemment que je n’aurais pu être journaliste versé dans la prise en pitié des palestiniens car comment faire aujourd’hui ? Je dois rajouter à la liste de ceux dont je suis heureux de ne pas faire partie les politiques, ceux qui vont devoir aller dialoguer avec le hamas.

Dialoguer avec le hamas….et quoi ? se retirer pudiquement de temps en temps pour aller vomir discrètement ?

Dialoguer avec le hamas quand on a en tête les figures haineuses de Hanyeh , de Nasrallah lors de leurs  invectives contre  Israël ? Dialoguer quand on voit la tête de Erdowan en train de re-dire que les israéliens se livrent à un génocide.

Dialoguer avec le hamas quand on voit l’autre dont le nom m’échappe sans cesse, et cela doit vouloir dire que je l’ai effacé, que la malédiction d’effacement du nom a déjà pris nous concernant lui et moi zut ! voilà que le nom me revient, Ahmed Tibi. Lui qui est médecin, qui fut le conseiller de celui qui imagina toute cette mise en scène constante de maintenir les palestiniens dans le rôle de malheureux, lui dans la foulée de qui  le hamas cache ses roquettes dans les écoles, dans les hôpitaux. Lui qui prend l’air grave pour parler de ce pilote ‘moral’ (les guillemets sont de lui)  qui a su tirer sur les quatre enfants sur la plage. Quel air grave.  Quoi ? c’est guignol ?
Ne nous dis pas que tu y crois à ce que tu dis, toi qui parles alors que l’UNRWA vient de révéler qu’il a trouvé 20 roquettes dans une école de ses propres services ?

Quoi Erdowan, égorgeur d’arméniens, toi qui poursuis un manifestant dans la rue en le traitant de « sperme d’Israël », tu y crois vraiment au génocide des enfants palestiniens ?
Toi qui trouves opportun de dire sur les ondes que notre députée Mikhal Shaked te rappelle Hitler, venant de toi, c’est au moins une déclaration d’amour…  Toi qui parais tant vouloir revenir aux temps du sultan, on voudrait réécrire pour toi la lettre des cosaques zaporogues  adressée à ton modèle et reprise merveilleusement par Appollinaire :
 Réponse des Cosaques Zaporogues au Sultan de Constantinople », insérée dans le poème La Chanson du mal-aimé,de Guillaume Appollinaire, pièce maîtresse de son recueil Alcools (1913) :

Plus criminel que Barabbas
Cornu comme les mauvais anges
Quel Belzébuth es-tu là-bas
Nourri d'immondice et de fange
Nous n'irons pas à tes sabbats
Poisson pourri de Salonique
Long collier des sommeils affreux
D'yeux arrachés à coup de pique
Ta mère fit un pet foireux
Et tu naquis de sa colique
Bourreau de Podolie Amant
Des plaies des ulcères des croûtes
Groin de cochon cul de jument
Tes richesses garde-les toutes
Pour payer tes médicaments


Voilà ce que je ne saurais me retenir d’avoir en tête et en bouche si je devais aller dialoguer avec  tous ces personnages qui ne paraissent eux-mêmes n’avoir en eux que haine et fanatisme religieux.

Et pourtant je sais qu’il n’y a pas d’autre issue. La guerre n’engendre que la guerre, et la paix ne naît que de la rédaction conjointe de traités de paix écrits….avec son ennemi.
On ne fait la paix qu’avec ses ennemis, disait Yshaïahou Leibovitz, et heureusement que le traité de paix ne comprend en général pas le paragraphe : « tu aimeras ton ennemi comme toi-même », heureusement que la Bible nous a épargné ce commandement. Qu’en aurais-je fait ?
Et voilà que mes doigts ont jeté tout cela sur le clavier, avant de n’avoir même pu ouvrir le texte de David Grossman.  .
Et j’y suis quand même allé. Je n’y ai pas trouvé le texte lui-même mais un ancien entretien dans lequel il s’exprime sur le texte qu’il a écrit après avoir perdu un de ses enfants au cours de la seconde guerre du Liban.
Il dit qu’écrire après une pareille tragédie est contre nature, de la même manière que perdre un enfant est un évènement contre nature.
Je crains que faire la paix avec le hamas ne soit pas moins contre nature.

Mais, c’est entre aussi pour cela qu’il faut la faire. Qu’il faut tenter de la faire…en ayant la préoccupation technologique adéquate pour être prêts à l’affronter à nouveau le jour où ça l’aura repris.

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